Katungwe Nkukankhana : (Un service rendu en vaut un autre) Rapports de pouvoir inégaux dans les relations et partage des tâches et des décisions

Égalité des genresSanté

Notes au radiodiffuseur

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Notes aux radiodiffuseur.euse.s

Katungwe Nkukankhana (Un service rendu en vaut un autre) est un feuilleton radiophonique sur les rapports de pouvoir inégaux durant les premières années du mariage, une période où les hommes monopolisent souvent les décisions, y compris celles concernant la vie sexuelle et l’utilisation des contraceptifs.

Le Malawi détient un des taux de naissance chez les adolescentes les plus élevés en Afrique, et la santé sexuelle et reproductive, ainsi que les droits de plusieurs adolescentes et jeunes femmes sont toujours compromis et bafoués par divers facteurs, dont la stigmatisation, la discrimination, les normes et les pratiques préjudiciables en matière de genre, ainsi qu’un manque de sensibilisation, d’éducation et d’engagement concernant les droits des femmes, notamment chez les hommes. Les adolescentes et les jeunes femmes sont également exposées à la violence sexuelle et basée sur le genre, qui sont souvent passées sous silence comme c’est le cas dans beaucoup d’autres pays.

Ce feuilleton sur les rapports de pouvoir inégaux montre comment les pratiques culturelles néfastes sont transmises par les parents aux enfants et, lorsque ces pratiques sont tolérées durant les premières années du mariage, elles peuvent s’enraciner et se perpétuer pendant plusieurs générations. L’histoire parle de Takondwa, une jeune femme nouvellement mariée qui confronte les déséquilibres entre les hommes et les femmes, ainsi que les rapports de pouvoir inégaux dans sa relation en ne gardant pas le silence. Grâce au soutien de leur communauté, le couple trouve des moyens pour répartir les tâches ménagères de manière à satisfaire les besoins de Takondwa et de son mari, Chimwemwe.

Vous pourriez présenter ce feuilleton radiophonique dans le cadre de votre émission agricole régulière, en le faisant interpréter par des comédiens et des comédiennes de doublage. À la fin du feuilleton, vous pourriez diffuser une discussion entre des spécialistes de la planification familiale. Sinon, diffusez une publicité sur les services de planification familiale disponibles dans votre pays ou votre région, et expliquez aux jeunes couples où ils peuvent en trouver, ainsi que d’autres services de santé sexuelle et reproductive.

Vous pourriez également demander à des personnes qui militent en faveur de l’égalité des genres et à des membres de votre auditoire d’appeler pour discuter des sujets abordés dans le feuilleton et de la réalité sur le terrain.

Ils pourraient expliquer les lois qui régissent certaines questions soulevées dans le feuilleton et les décisions concernant la planification familiale que les jeunes couples doivent prendre au début de leur mariage, ainsi que la façon de procéder au partage des prises de décision et du pouvoir.

Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.

Texte

Personnages

 

CHIMWEMWE:
Nouvellement marié à Takondwa. Unique fils de ses parents, il ne participe pas aux activités traditionnellement considérées comme des tâches réservées aux femmes au Malawi.

TAKONDWA:
Nouvellement mariée à Chimwemwe. Elle a grandi dans une famille où les enfants, garçons comme filles partageaient équitablement les tâches ménagères.

NAGAMA:
Épouse de Betha, et une cheffe d’équipe du système de groupe de soins du projet Scaling up Nutrition qui forme les couples nouvellement mariés en âge de procréer, les couples qui attendent un enfant et les personnes qui prennent soin d’enfants de moins de cinq ans.

BETHA:
Un animateur de planification familiale villageois, champion dans le projet Scaling up Nutrition, et mari de Nagama.

MONTÉE DE L’INDICATIF PUIS SORTIE EN FONDU ENCHAÎNÉ ET MAINTENU EN DESSOUS

PRESENTATEUR.TRICE:
Bienvenue au feuilleton radiophonique intitulé Katungwe Nkukankhana: (Un service rendu en vaut un autre) concernant les rapports de pouvoir inégaux dans les relations. Le feuilleton illustre les rapports de force inégaux au sein d’un jeune couple qui vit ses premières années de mariage, une période où les hommes monopolisent souvent les décisions, y compris celles se rapportant à la vie sexuelle et à l’utilisation des contraceptifs.

Je suis votre présentateur ou votre présentatrice, ____, et à la fin du feuilleton nous ouvrirons les lignes pour discuter des sujets abordés dans le feuilleton. Donc, réservez vos questions et vos commentaires pour la fin. Vous pouvez appeler ou envoyer un SMS ou un message WhatsApp lorsque les lignes seront ouvertes aux numéros suivants, _____. Et n’oubliez pas d’aimer notre page Facebook pour pouvoir envoyer des questions et des commentaires par Facebook aussi.

MONTÉE DE L’INDICATIF PUIS FONDU ENCHAÎNÉ EN DESSOUS

NARRATEUR.TRICE:
Saviez-vous que les problèmes concernant l’égalité des genres sont parfois des problèmes qui se rapportent simplement à l’amour? Et saviez-vous que les rôles dévolus aux hommes et aux femmes comprennent des tâches qu’une personne qui aime son partenaire effectue sans qu’on ait à l’obliger ou à le lui demander? De même, si vous aimez votre partenaire, qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de discuter du nombre d’enfants que vous désirez avoir, ou des méthodes de planification familiale que vous voulez utiliser pour espacer les naissances? Agréable écoute.

 

SCÈNE 1

 

EFFETS SONORES:
bruit d’oignons qu’on découpe sur une planche à découper.

TAKONDWA:
Chimwemwe, pourquoi tu ne coupes pas les oignons aujourd’hui?

CHIMWEMWE:
Ok pour aujourd’hui, mais je pourrais avoir besoin de votre aide. Tu coupes les oignons depuis toute petite. Mais c’est maintenant seulement que j’apprends.

TAKONDWA:
Tu sais, mon frère, le chef cuisinier de l’hôtel coupe bien plus vite et bien mieux que moi. Il voulait être cuisinier dans un hôtel et, maintenant, il travaille comme cuisinier à l’hôtel.

CHIMWEMWE:
Est-ce que ta mère le laissait cuisiner ou l’a-t-il appris à l’école?

TAKONDWA:
Ma mère faisait cuisiner tous ses enfants, filles comme garçons.

CHIMWEMWE:
Je ne préparais pas chez ma mère. Mes sœurs me chassaient de la cuisine… Quand les femmes préparent le nsima, elles ont besoin d’intimité et cela aurait été difficile pour elles si des hommes étaient présents.

TAKONDWA:
Elles t’ont gâté.

CHIMWEMWE:
Non, tu y vas trop fort. Au contraire, elles m’aimaient comme le fils unique.

TAKONDWA:
Nous aimions aussi notre frère unique, et nous lui avions appris à cuisiner, afin qu’il puisse s’en sortir si un jour nous n’étions pas là. Il aimait ça. Maintenant, il gagne sa vie avec ce métier.

CHIMWEMWE:
C’est bien. Ça, c’est lui et je suis Chimwemwe.

EFFETS SONORES:
bruit d’un seau vide.

TAKONDWA:
Hé, il n’y a plus d’eau. Mon chéri, s’il te plaît, prend le vélo et va chercher de l’eau à la fontaine.

CHIMWEMWE:
Nooon! Bébé, je ne peux pas. Il y a des femmes partout à la fontaine.

TAKONDWA:
Tu veux dire que tu n’aidais même pas ta famille avec la corvée d’eau?

CHIMWEMWE:
À la fontaine? Je crains que non?

TAKONDWA:
Mais quand nous avons commencé à nous fréquenter avant de nous marier, tu m’aidais à pomper l’eau et à transporter le bidon.

CHIMWEMWE:
Je le faisais par amour pour toi. J’aimais ta compagnie.

TAKONDWA:
As-tu cessé de m’aimer parce que je me suis mariée avec toi?

CHIMWEMWE:
En fait, je t’aime même beaucoup plus qu’avant. Mais je ne peux pas m’y rendre seul.

TAKONDWA:
Sais-tu que lorsqu’un homme va à la fontaine, les femmes lui font de la place pour qu’il prenne l’eau en premier?

CHIMWEMWE:
S’il te plaît, pour gagner du temps, vas-y.

TAKONDWA:
Je vais attendre dans la file et cela prendra plus de temps si j’y vais. Si tu m’aimes, pourquoi ne peux-tu pas aller chercher de l’eau pendant que je cuisine?

CHIMWEMWE:
Je n’ai jamais été à la fontaine seul. Nous y allions toujours ensemble. Tu lavais le seau et je pompais. Je n’étais jamais seul à laver les seaux. Mes sœurs même se moquaient de moi.

TAKONDWA:
Est-ce que ce sont les femmes qui doivent laver les seaux? Tu peux le faire aussi.

CHIMWEMWE:
Mais tu ne m’as jamais confié ce travail à la fontaine avant.

TAKONDWA:
Je le faisais aussi par amour. Et, aujourd’hui, l’amour veut que tu le fasses, car je cuisine… Ah! Chimwemwe, tu me compliques la vie. D’accord, trouve quelqu’un pour le faire pour nous.

CHIMWEMWE:
Je peux appeler quelqu’un pour le faire pour nous, mais je n’ai pas d’argent. En as-tu?

TAKONDWA:
Non, je n’en ai pas… Ce n’est pas bien. Nous avons été cultiver ensemble, et, ensuite, je dois venir cuisiner, et aller chercher de l’eau, est-ce que tout doit reposer sur moi?

EFFETS SONORES:
bruits d’une sonnette de vélo

TAKONDWA:
Regarde, le pneu du vélo est dégonflé. S’il te plaît, il faut le pomper pour moi.

CHIMWEMWE:
Oh là! Notre ami Maziko a emporté la pompe en ville au cas où il aurait une crevaison en cours de chemin.

EFFETS SONORES:
BRUIT D’UNE CHAUDIÈRE OU D’UN SEAU VIDE

TAKONDWA:
C’est nous qui avons une crevaison maintenant. D’accord, surveille la sauce et attise le feu, afin que le poisson cuise plus vite. Je vais chercher de l’eau. Nous n’irons pas ensemble, sinon la sauce va brûler…

CHIMWEMWE:
(AVEC HÉSITATION) D’accord, merci. Je vais surveiller la sauce.

EFFETS SONORES:
CHANT DE TRANSITION DE SCÈNE OU INDICATIF SONORE SI LE FEUILLETON EST UTILISÉ COMME POINT DE DÉPART D’UNE DISCUSSION.

NARRATEUR.TRICE:
Takondwa n’est pas contente, mais elle doit aller chercher de l’eau, car son mari a honte de le faire. Dans votre culture, Chimwemwe a-t-il raison de ne pas aller chercher l’eau? Si vous étiez Chimwemwe ou Takondwa, qu’auriez-vous fait?

 

SCÈNE 2

 

EFFETS SONORES:
bruit d’eau qu’on verse dans un seau.

TAKONDWA:
Qu’est-ce qui sent? Est-ce la sauce qui brûle? Est-ce que tu surveilles la sauce ou es-tu occupé avec ton téléphone?

CHIMWEMWE:
Je sentais cette odeur et je me demandais bien ce que cela pouvait être.

TAKONDWA:
As-tu ajouté plus d’eau à la sauce ou ne faisais-tu qu’attiser le feu?

CHIMWEMWE:
Je ne faisais qu’attiser le feu tout le long. N’était-ce pas ce dont nous avions convenu?

EFFETS SONORES:
BRUIT D’UNE MARMITE QU’ON JETTE.

TAKONDWA:
Oh nooon, Chimwemwe. Il faut te comporter en adulte. Tu ne rajeunis pas. Bientôt, tes enfants t’appelleront papa. Tu veux dire que tu ignorais que tu devais ajouter plus d’eau à la sauce? Regarde! La marmite a brûlé!

CHIMWEMWE:
(BALBUTIE) Je… mais…

TAKONDWA:
(L’INTERROMPANT) Non, donne-moi ton téléphone. C’est ce qui t’empêche de réfléchir.

EFFETS SONORES:
PRENANT DE L’EAU DU SEAU POUR EN VERSER DANS LA MARMITE

CHIMWEMWE:
Attends! Mes sœurs disent que, lorsqu’une marmite brûle, on ne doit pas ajouter de l’eau immédiatement sinon la nourriture deviendra amère. On doit enlever la partie brûlée et nettoyer la marmite avant d’ajouter de l’eau.

TAKONDWA:
Tu vois. On t’a appris, mais cela ne t’intéressait tout simplement pas… J’ai entendu dire que tu hésitais à cuisiner. De toute façon, je n’ai plus faim et je suis fatiguée, alors je ne vais pas cuisiner. Laisse-moi aller dormir maintenant.

CHIMWEMWE:
Je suis vraiment désolé, ma chérie. J’étais, en effet, j’étais occupé avec mon téléphone et je n’ai pas remarqué que la sauce brûlait. S’il te plaît, prépare pour nous.

EFFETS SONORES:
BRUIT D’UNE MARMITE QU’ON RÉCURE AVEC UNE CUILLLÈRE

TAKONDWA:
Regarde la quantité de sauce que nous jetons aux chiens, car vous tu as laissé ça brûlé à cause de ton enfantillage!

CHIMWEMWE:
Je suis désolé, bébé, je t’ai dit que je n’aime pas cuisiner.

TAKONDWA:
Nous ne sommes que deux dans cette famille. Tu dois commencer à aimer la cuisine maintenant que tu es marié. Il faudra que tu m’aides à la cuisine, afin que nous puissions être prêts pour les travaux champêtres le jour suivant et que nous ne soyons pas épuisés.

CHIMWEMWE:
La cuisine est une affaire de femmes. Mon père et moi jouions au bao (Note de la rédaction: un jeu de société) après les travaux champêtres et ma mère et mes sœurs cuisinaient pour nous.

TAKONDWA:
Ça, c’était dans l’ancien temps. Maintenant, les époux s’entraident à la cuisine. Dans ta famille, tu as plusieurs sœurs, mais nous ne sommes que deux dans la nôtre. Tu ne peux pas rester là à ne rien faire pendant que je cours au four et au moulin, chéri.

CHIMWEMWE:
Par amour, je t’ai aidé, aujourd’hui, mais tu n’as pas apprécié cela. Alors, je pense que je ne vais plus cuisiner.

TAKONDWA:
D’accord. Ne m’aide plus. Je vais quitter le champ plus tôt que toi et je viendrai rapidement ici pour préparer pour toi, afin qu’à ton retour à la maison, je sois prête à te servir le repas. Faisons ce marché.

CHIMWEMWE:
Si nous faisons ça, quand allons-nous terminer nos travaux champêtres?

TAKONDWA:
Donc, tu veux que j’effectue un travail supplémentaire à la maison et que je travaille autant au champ?

CHIMWEMWE:
Tu effectueras un travail supplémentaire, car la cuisine est un travail de femme.

TAKONDWA:
Qui l’a dit? La cuisine n’est pas un travail de femme. Je t’ai dit que mon frère est cuisinier dans un hôtel.

CHIMWEMWE:
Ça, c’est une profession. Mais à la maison, la cuisine est un travail de femme.

TAKONDWA:
Qui a dit cela?

CHIMWEMWE:
Nos ancêtres.

TAKONDWA:
L’amour doit prévaloir, mon mari. Est-ce que tu aimerais me voir courir au four et au moulin pendant que tu es juste assis à ne rien faire? Et aimerais-tu me voir finir de préparer tes repas, laver la vaisselle, et être fatiguée tout en continuant à faire l’amour le nuit?

CHIMWEMWE:
Pourquoi pas?

TAKONDWA:
Cette surcharge de travail me coupe l’appétit. Je suis rassasié avec cette portion de nourriture. Je m’en vais. Tu me trouveras endormie.

CHIMWEMWE:
Ne dors pas, attends-moi. Rappelle-toi ce dont nous avions convenu hier. Nous avions dit que nous dormirions ensemble aujourd’hui.

TAKONDWA:
Avec le genre de travail que je fais? Contente-toi de finir de manger et ne me dérange pas, s’il te plaît. Je me repose.

EFFETS SONORES:
MUSIQUE DE TRANSITION DE SCÈNE

NARRATEUR.TRICE:
Si vous étiez Takondwa ou Chimwemwe, qu’auriez-vous fait? Est-ce que dans votre société, les maris aident leurs femmes dans les travaux domestiques ou adaptent-ils les travaux champêtres, afin que les femmes puissent cuisiner à la maison?

 

SCÈNE 3

 

EFFETS SONORES:
BRUIT D’UNE PORTE QUI S’OUVRE ET SE REFERME

CHIMWEMWE:
Takondwa! Takondwa! Réveille-toi, réveille-toi!

TAKONDWA:
(SOMNOLENTE) Chimwemwe, dors s’il te plaît. Nous nous ferons l’amour demain. Je suis fatiguée. S’il te plaît.

CHIMWEMWE:
Tu as promis que nous le ferions aujourd’hui. Mais tu reportes ça encore. Ce n’est pas juste.

TAKONDWA:
J’avais prévu ça pour aujourd’hui, et je veux. Mais tu m’as donné beaucoup de travail et de maux de tête. S’il te plaît, apprends à me soutenir physiquement et psychologiquement durant la journée.

CHIMWEMWE:
La religion et la culture disent que tu ne dois pas te refuser à ton mari. T’en souviens-tu?

TAKONDWA:
Non. La religion dit que nos corps appartiennent l’un à l’autre. Durant la journée, lorsque je voulais que tu ailles chercher de l’eau pour moi, tu as refusé. Tu veux que je respecte la religion, mais tu enfreins aux règles quand cela te chante.

CHIMWEMWE:
Alors, comment allons-nous avoir trois enfants si nous ne commençons même pas à en avoir un?

TAKONDWA:
Oh ça! J’ai changé de décision. Avec la charge de travail que tu me donnes, nous aurons deux enfants, et non trois.

CHIMWEMWE:
Pourquoi changes-tu d’idée maintenant?

TAKONDWA:
Tout le travail de prise en charge des enfants m’incombera. Je vais prendre de l’âge et mourir plus rapidement que toi. Donc, demain matin, j’irai au centre de santé pour commencer la planification familiale. J’aurai des enfants seulement quand je saurai que tu es prêt à m’aider avec le travail.

CHIMWEMWE:
Suis-je le premier homme que tu vois ne pas cuisiner?

TAKONDWA:
Tu es mon époux, et c’est ton cas seulement que je connais. Tu refuses de me donner du temps pour me reposer en m’aidant avec certaines tâches. Apprends à aimer ta femme!

CHIMWEMWE:
Je t’aime, Takondwa. Mais tu ne comprends pas ce que je suis en train de dire.

TAKONDWA:
C’est toi qui as besoin d’aide pour comprendre, pas moi. Est-ce que tu veux m’obliger maintenant?

CHIMWEMWE:
Takondwa, Takondwa, tu ne comprends pas.

TAKONDWA:
D’accord, mais utilisons des préservatifs parce que je ne veux pas avoir d’enfants avant que nous réglions nos problèmes.

CHIMWEMWE:
Les préservatifs ne sont pas pour les personnes mariées. Ils sont destinés aux familles qui ont des problèmes et les couples qui ne sont pas mariés.

TAKONDWA:
Ils sont destinés également aux familles qui ont décidé de ne pas faire d’enfants comme nous. Il s’agit d’une des méthodes de planification familiale. N’avions-nous pas convenu d’employer les préservatifs comme méthode de planification familiale? Écoute, j’aime faire l’amour aussi. Mais si tu n’utilises pas les préservatifs, nous ne devrions pas faire l’amour.

CHIMWEMWE:
Takondwa, tu es très difficile. D’accord, j’utiliserai des préservatifs tout simplement parce que je veux vraiment dormir à tes côtés.

EFFETS SONORES:
TRANSITION DE SCÈNE

NARRATEUR.TRICE:
Takondwa a-t-elle eu raison d’arrêter Chimwemwe lorsqu’il a voulu qu’ils font l’amour parce qu’elle était fatiguée? Qu’auriez-vous fait? Que devraient faire les couples pour se faciliter la vie?

 

SCÈNE 4

 

EFFETS SONORES:
COQ QUI CHANTE ET QUELQU’UN FRAPPE À LA PORTE.

TAKONDWA:
Chimwemwe! Il se fait tard. Tu ne vas pas au champ aujourd’hui?

CHIMWEMWE:
Quelle heure est-il? Je n’ai pas le goût d’aller au champ aujourd’hui. J’ai dormi tard.

TAKONDWA:
Moi non plus je ne veux pas aller au champ aujourd’hui.

EFFETS SONORES:
QUELQU’UN FRAPPE À LA PORTE. MAINTENU SOUS LA VOIX DU NARRATEUR.TRICE.

NAGAMA:
(HORS MICRO) Y a quelqu’un?

TAKONDWA:
J’arrive! (PLUS FORT) Oui! Un instant, j’arrive. Qui est-ce?!

NAGAMA:
(HORS MICRO) C’est moi, Nagama et mon mari, monsieur Betha. Êtes-vous là?

CHIMWEMWE:
Dis-leur que j’arrive. Je vais m’habiller.

TAKONDWA:
Oui, nous sommes là. Un instant.

EFFETS SONORES:
UNE PORTE S’OUVRE.

TAKONDWA:
Soyez les bienvenus, madame Nagama et monsieur Betha. Prenez place en attendant que mon mari s’habille et vienne. Comment allez-vous tous les deux?

NAGAMA:
Takondwa, merci. Je vais bien et mon époux, monsieur Betha, se porte bien également.

BETHA:
Non. Laisse-moi répondre moi-même. Je ne porte pas tout à fait bien. Je souffre de rhumatisme et je ressens ça surtout au niveau de l’épaule droite. C’est pour cela que je ne suis pas allée au champ aujourd’hui.

NAGAMA:
Est-ce qu’on appelle ça une maladie? C’est la vieillesse, ce n’est pas une maladie.

EFFETS SONORES:
UNE PORTE S’OUVRE.

CHIMWEMWE:
J’ai entendu que monsieur Betha ne se sentait pas bien et que vous, madame Nagama, vous portez bien. Qu’est-ce qui vous amène chez nous si tôt?

NAGAMA:
J’espère que vous savez que nous sommes une famille modèle dans ce village. Je suis une des responsables du groupe de soutien aux familles pour les questions de nutrition et d’hygiène et mon mari est le facilitateur de la planification familiale et celui qui en fait la promotion auprès des hommes.

CHIMWEMWE:
Nous avons appris cela. Soyez les bienvenus.

BETHA:
Vous êtes de nouveaux mariés et nous rendons visite aux nouveaux couples pour discuter de certaines choses. Avez-vous prévu le nombre d’enfants que vous aurez par exemple?

CHIMWEMWE:
Si. Nous avions prévu avoir trois lorsque nous n’étions pas encore mariés. C’est toujours ce que nous prévoyons.

TAKONDWA:
Non, hier, j’ai changé d’idée et nous n’aurons que deux enfants.

CHIMWEMWE:
(À L’ÉCART) Ne ramène pas ce débat ici. Nous en discuterons lorsque nos visiteurs seront partis.

BETHA:
Non, Chimwemwe, c’est notre rôle de conseiller les personnes nouvellement mariées. Takondwa, parlez.

CHIMWEMWE:
Non, ne parle pas.

TAKONDWA:
Je vais parler, car cela me tracasse. Nous n’arrivons pas à trouver un accord sur le partage des tâches ménagères. Il veut que nous terminions au champ ensemble et que nous rentrions à la maison, et qu’ensuite je cuisine pendant qu’il me regarde le faire et qu’il joue avec son téléphone. Et je sais que je serai seule aussi à m’occuper des enfants.

NAGAMA:
Je vois. Chimwemwe, la préoccupation de votre femme est fondée. Nous, les femmes, avons beaucoup à faire. Nous allons au champ ensemble. Nous revenons à la maison et cuisinons pour vous. Et après ça, vous voulez faire l’amour, même si nous sommes épuisés. Puis, lorsque nous avons un bébé, nous prenons soin de lui toute la nuit pendant que vous dormez. Est-ce que c’est juste?

CHIMWEMWE:
C’est naturel. Que pouvons-nous y faire?

BETHA:
Cher ami, ce n’est pas naturel. Ce qui est naturel, c’est que votre épouse est une femme et que, par conséquent, elle porte les enfants. C’est naturel parce que vous ne pouvez pas le faire.

CHIMWEMWE:
Alors, qu’attend-elle de moi?

BETHA:
Elle ne vous dit pas d’intervertir l’ordre des choses naturelles. Elle demande votre amour.

TAKONDWA:
Oui. Je lui ai dit que je voulais l’amour qu’il avait l’habitude de manifester envers moi lorsque nous n’étions pas mariés.

NAGAMA:
On vous voyait venir chercher de l’eau avec elle à la fontaine.

CHIMWEMWE:
Elle veut me laisser aller chercher l’eau seul lorsqu’elle cuisine.

BETHA:
J’allais chercher l’eau pour ma famille. Maintenant, James, mon fils, va chercher de l’eau pour nous avec un vélo. Quel mal y a-t-il à ce que vous alliez à la fontaine pendant qu’elle cuisine à la maison? Ou que vous cassiez le bois pendant qu’elle prépare le repas?

NAGAMA:
Vous pouvez disposer le repas sur la table à manger. Vous pouvez apprendre à cuisiner et à préparer pour votre femme quelquefois. Vous devriez apprendre, car je sais que votre mère n’aime pas qu’on laisse les hommes cuisiner.

CHIMWEMWE:
Merci, Nagama, je promets d’apprendre. Ma femme se plaignait d’être fatiguée, mais je pensais qu’il était normal pour elle de cuisiner.

BETHA:
Ce n’est pas naturel, c’est quelque chose que nous avons décidé en tant que communauté. Nous disons que les gens devraient travailler par amour, et non par obligation. Faites-le parce que vous savez que votre femme est fatiguée. Aidez-la, car vous voulez lui permettre de se reposer et réduire sa charge de travail. Quand vous aurez des enfants, vous pourrez jouer avec le bébé pendant qu’elle cuisine si c’est que vous décidez.

CHIMWEMWE:
Merci. Je comprends pourquoi ma femme était fâchée contre moi. Je craignais que mes parents disent que j’étais devenue une femmelette et qu’elle m’avait ensorcelé. Je vais la soutenir à partir d’aujourd’hui.

TAKONDWA:
Merci, mon mari. Maintenant, nous pouvons décider d’avoir trois enfants. Nous avions convenu qu’il y aurait un écart de deux ans entre chaque enfant parce que nous voulons qu’ils grandissent ensemble.

CHIMWEMWE:
Oui, ma femme et moi avons convenu de cela. Nous utiliserons l’espacement naturel des naissances. Nous pouvons également utiliser des méthodes non hormonales modernes.

NAGAMA:
Formidable. Il existe plusieurs méthodes recommandées. Jadelle et d’autres implants, les diaphragmes, les comprimés moussants, les gels et les pilules du lendemain sont efficaces.

NAGAMA:
Nous nous réunissons deux fois par mois les samedis chez moi sous l’arbre pour parler de recettes. Les hommes parlent d’affaires et peuvent également apprendre quelques recettes. Nous vous encourageons à vous joindre à ce groupe, car il se peut que vous tombiez enceinte bientôt.

TAKONDWA:
Merci de nous prodiguer de bons conseils.

BETHA:
Nous vous conseillons d’aller faire un contrôle médical avant d’avoir un bébé pour voir si vous n’avez pas d’IST, ou de problèmes comme le VIH ou le cancer. Par conséquent, allez faire des visites médicales de routine pour garantir une maternité sans risque.

CHIMWEMWE:
Aucun souci. Avant notre mariage, nous sommes allés contrôler tout ce dont vous avez parlé et on nous a dit de revenir pour un autre contrôle dans six mois.

NAGAMA:
Merci, Chimwemwe et Takondwa, d’effectuer les visites médicales de routine et de définir le nombre d’enfants que vous souhaitez avoir, ainsi que les méthodes de planification familiale que vous appliquerez pour réaliser vos rêves.

TAKONDWA ETCHIMWEMWE:
(ENSEMBLE) Merci

EFFETS SONORES:
MONTÉE DE L’INDICATIF ET FONDU ENCHAÎNÉ

CHIMWEMWE:
Merci de nous aider à résoudre nos problèmes.

PRÉSENTATEUR.TRICE:
C’était Katungwe Nkukankhana (Un service rendu en vaut un autre), un feuilleton radiophonique sur les rapports de force inégaux au sein des jeunes couples dans le domaine des relations sexuelles, du travail et des méthodes de planification familiales.

Dans ce feuilleton figuraient les personnes suivantes: Le rôle de Chimwemwe était interprété par _____, celui de Takondwa par ___, celui de Nagama par ____, et celui de Betha par _____. Merci d’avoir écouté.

Nous avons ouvert nos lignes pour les SMS et les appels téléphoniques qui vous permettront de discuter. Nous avons aujourd’hui avec nous au studio (noms des spécialistes). Ils peuvent répondre aux questions sur la planification familiale. Et ___, qui est spécialiste en genre, peut discuter des questions relatives au genre dans la pièce.

N’oubliez pas, nos numéros de téléphone sont ___ et nos lignes pour les SMS sont ___.

Acknowledgements

Remerciements

Rédaction : Gladson Makowa, Info-Exchange Agency Consultancy Company et Story Workshop Educational Trust.

Révision : Thembi Thadzi, gestionnaire des programmes et des partenariats, Girl Effect/ZATHU, Malawi.

 

Cette ressource a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada fourni par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet The Innovations in Health, Rights and Development, ou iHEARD. Ce projet est piloté par un consortium formé par Radios Rurales Internationales, CODE, et Marie Stopes International (MSI) et mis en œuvre au Malawi par Farm Radio Trust, Women and Children First, Girl Effect et Viamo.