Script
Les personnages:
L’hôte de l’émission
Andhra Naidoo: Fermière et femme d’Ali Naidoo.
Ali Naidoo: Mari d’Andrha.
DIFFUSER LE GÉNÉRIQUE DE L’ÉMISSION
(Environ 30 secondes et diminuer la musique au moment où l’hôte introduit l’émission).
L’hôte
– L’émission d’aujourd’hui s’intitule “Joindre les deux bouts.” Elle est constituée d’un dialogue au sein d’une famille qui prévoit d’éventuelles périodes difficiles…
MUSIQUE (Pendant 10 à 15 secondes et la diminuer au moment où l’hôte commence à raconter…).
L’hôte
– Payer la nourriture, les vêtements et l’entretien de l’endroit où l’on vit… Peut importe où vous vivez dans le monde, il vous faut de l’argent pour survivre. Pour de nombreuses personnes, il est extrêmement difficile de joindre les deux bouts.
De nombreuses familles n’ont pas les moyens de payer la nourriture, le logis, les frais de scolarité, ou des soins médicaux appropriés. Cela peut entraîner de la malnutrition ou des maladies. Pour éviter de telles situations, certaines familles se séparent. En général, c’est le mari qui part au loin chercher du travail — un exode qui peut durer longtemps. Attendre qu’il envoie de l’argent représente parfois une pression additionnelle.
C’est la situation à laquelle Ali et Andhra Naidoo sont confrontés. Il s’agit pour eux de “joindre les deux bouts.”
MUSIQUE (Forte et vivante pendant 10 secondes…).
Andhra
– (Elle crie pour faire entendre sa voix par dessus la musique) Bonjour… Bonjour…!
MUSIQUE (Diminuer son intensité et la diffuser pendant le dialogue).
Ali
-Andhra! Enfin, tu arrives à la maison…
Andhra
– Oui, j’ai été retardée en rentrant du marché; la route est en si mauvais état. Depuis les fortes pluies, les trous sont encore plus grands qu’auparavant. Pourquoi tout ce bruit? J’ai eu l’impression de m’être trompée de maison en arrivant…
Ali
-Ce n’est pas du bruit ma chère, c’est de la musique! Viens voir ce que j’ai ramené pour toi et les enfants.
Ali
-(Fièrement) C’est un poste de radio. Le son est bon, écoute…!
ALI MONTE LE SON.
Andhra
– S’il te plaît Ali. Baisse le son! J’ai encore la tête pleine des bruits du marché et du bus.
LE VOLUME BAISSE ET RESTE EN FOND DE SCÈNE PENDANT LE DIALOGUE.
Andhra
– Et bien, c’est intéressant. Où l’as-tu trouvé?
Ali
-Je l’ai acheté en ville.
Andhra
– Comment?! Tu l’as acheté? Il a l’air dispendieux. Ali, pourquoi as-tu fait cela?
Ali
-C’est un cadeau pour toi et les filles. Ces postes de radio étaient très populaires la dernière fois que j’ai travaillé en ville. Beaucoup en possédaient. J’ai pensé que nous devrions en avoir un. Nos voisins vont nous envier.
Andhra
– Combien t’a-t-il coûté?
Ali
-Ne t’inquiète pas pour cela. Je suis le chef de famille, n’est ce pas? J’ai économisé régulièrement pour vous offrir ce cadeau. Maintenant, tu auras de la musique pour te tenir compagnie quand je serai loin.
Andhra
-Merci Ali! J’apprécie vraiment ton intention mais comment allons nous compenser pour nos dépensent pendant que tu travailleras en ville? Je pense que si nous avons un peu d’argent d’avance, nous devrions le garder pour quelque chose de plus utile. Ali, est-ce que tu peux éteindre la musique un instant?
Ali
-Bien, d’accord!
LA MUSIQUE S’ARRÊTE.
Andhra, je te trouve parfois trop pratique. Est-ce que je ne t’ai jamais laissé d’argent et d’autres choses à toi et aux enfants?
Andhra
-Oui Ali, nous travaillons dur tous les deux pour être certains d’avoir de quoi faire vivre toute la famille au long de l’année. L’argent que tu nous donne m’aide; mais ce n’est pas assez. Il arrive toujours des dépenses inattendues et les prix continuent d’augmenter sur le marché. Même si j’ai essayé d’établir un budget pour que nous ayons assez d’argent pour les six mois pendant lesquels tu étais absent, les dernières semaines ont été très difficiles.
Ali
-Oui, oui, je le sais! Tu me l’as déjà dit! Mais tu as toujours su te débrouiller. C’est une des raisons pour lesquelles je te considère comme une bonne épouse.
Andhra
– J’essaie Ali. Mais c’est très difficile et j’ai peur de ne plus y arriver un jour. Cette année, nous devons payer les frais de scolarité de Tewfik et mieux vaut prier pour qu’aucun de nos enfants ne tombe malade ou n’ait besoin des soins médicaux. Nous n’avons pas d’argent pour prévoir les cas d’urgence et nous devons penser à ce genre d’éventualités.
Ali
-Alors ma femme, penses-tu que je ne suis pas un bon chef de famille?
Andhra
-Bien sûr que non! Il est seulement de plus en plus difficile de joindre les deux bouts. Chacun se bat quotidiennement Ali. Tu le sais. Je pense simplement que nous devrions mieux nous organiser.
Andhra
-Quand tu entendras ce qui est arrivé à Sarika Patel, tu seras probablement convaincu. J’en ai entendu parler au marché.
Ali
-Raconte. Que s’est-il passé?
Andhra
-Son mari l’a renvoyée chez ses parents.
Ali
-Comment? Je pensais que Nafis était fier de sa femme.
Andhra
-Il l’était, jusqu’à ce qu’elle vende une vache sans sa permission.
Ali
-Pourquoi Sarika aurait-elle fait une chose pareille?
Andhra
-Elle était désespérée…pas stupide. Elle avait besoin d’argent pour payer la scolarité de son fils. Ils avaient tellement de retard pour le paiement que l’école a refusé que son fils vienne à l’école tant que ses parents n’auraient pas payé. Cela signifiait qu’elle devait payer une année entière. Nafis était parti pour trois mois. Ne sachant que faire, Sarika a alors vendu une vache. Le problème, c’est que Nafis considère que ce sont ses vaches et non leurs vaches. Lorsqu’il a appris la nouvelle, il était furieux.
Ali
-Même si elle a bien agi, elle est punie pour avoir dépassé les limites.
Andhra
-Oui! Maintenant, les deux familles vont devoir se réunir pour régler la dispute.
Ali
-Nafis insistera sans aucun doute pour que les parents de Sarika achètent une vache.
Ali
-Pourquoi Sarika a-t-elle fait cela? Pourquoi n’a-t-elle pas demandé de l’aide à la famille de Nafis?
Andhra
-Elle savait qu’ils n’avaient pas beaucoup d’argent et ne voulait pas leur faire porter le coût de la scolarité de leur fils.
Ali
-Je pense qu’elle aurait dû envoyer un message à Nafis pour qu’il lui envoie plus d’argent.
Andhra
-Mais enfin Ali! Cela aurait été long d’attendre que Nafis reçoive le message et qu’elle attende la réponse. Et si Nafis n’arrivait pas à rassembler la somme à temps? Sarika savait que Nafis et elle avaient des vaches alors elle a rapidement décidé de vendre la moins productive pour protéger le futur de leurs enfants. Je la comprends. J’espère ne pas me retrouver dans la même situation quand tu ne seras pas là. Mais au cas où cela serait le cas, nous devrions nous organiser.
Ali
-Qu’est ce que tu entends par-là?
Andhra
-Ce que je veux dire, c’est que tu me permettes de vendre une de nos chèvres en cas de problème.
Ali
-Je ne sais pas. C’est au chef de famille de prendre de telles décisions ou à sa famille en son absence. Je ne sais pas si tu sauras gérer ce genre de décision.
Andhra
-Je t’en prie Ali. Lequel de nous deux prend soin de toute la maison pendant tes absences? Qui s’occupe des récoltes, des enfants et des animaux? Réponds-moi! Qui prend toutes les autres décisions? Alors?
Ali
-Bien…Bien! Cela ne m’empêche pas de penser que tu devrais consulter ma famille avant de prendre une décision en cas de problème.
Andhra
-Bien sûr que je le ferai si quelque chose de sérieux arrivait, mais décider de vendre une chèvre pour payer ce qu’on doit ne devrait pas nécessiter la permission de ta famille. Et si quelque chose arrive et que je suis obligée de prendre une décision très vite? Je ne veux pas me bagarrer avec ta famille pour savoir si j’ai ou non le droit de vendre une chèvre que je nourris et que je trais tous les jours.
Ali
-Je ne sais pas. Que pensera la famille?
Andhra
-Elle pensera que tu es un homme sage et prévoyant si tu leur explique bien la situation. Fais en sorte que chacun sache que nous avons parlé ensemble de ce genre de décision pour le bien des enfants et le mien en cas de problème. Ce n’est pas comme si je vendais une chèvre chaque jour, Ali.
Ali
-(d’une voix rieuse) Comment puis-je être sûr que ce pouvoir ne va pas te monter à la tête?
Andhra
-Je te fais une promesse, Ali: Je ne vendrai pas une chèvre pour acheter un poste de radio!
MUSIQUE (Joyeuse, pendant environ 20 secondes puis diminuer progressivement…).
Acknowledgements
Contribution: Adiat Junaid, Chercheur/Auteur, Canada.
Révision: Beth Miller, Spécialiste du Genre, Heifer Project International, Arkansas, USA.
Information sources
Sisterhood Is Global Institute/L’institut pour la solidarité internationale des femmes, 1200, Atwater Avenue, Suite 2, Montréal, PQ, Canada H3Z 1X4. Tél: (514) 846-9366, Fax: (514) 846-9066, E-mail: sigi@qc.aibn.com, www.sigi.org
The Third World Network website: www.awid.org
UN Radio Feature Programs: Weekly Program on Women’s Issues, www.un.org/unradio/index/html
Women Watch: United Nations website on women’s issues: www.un.org/womenwatch/