Jenu kuruba retourne a la terre

Arbres et agroforesterieCultures agricolesEnvironnement

Notes au radiodiffuseur

Noms de plantes

Acacia = Acacia nilotica et Acacia auriculiformis.
Une plante avec des épines qui pousse vite et ne demande que peu de soins. Si on la sème au début de la saison des pluies, ce n’est pas nécessaire de l’arroser. L’acacia donne une très bonne haie vive.

Casuarina = Casuarina equisetifolia.
Un arbre feuillu que l’on confond parfois avec le pin, parce que ses feuilles étroites ressemblent à des aiguilles, et qui a aussi des cônes. Il peut pousser dans des climats arides, et tolère les conditions rigoureuses, y compris la salinité du sol. C’est un bon arbre pour la sylviculture combinée à l’agriculture, parce que les feuilles minces ne font pas d’ombre sur les cultures qui poussent sous lui. Par ailleurs, la plupart des animaux ne vont pas le manger. On s’en sert comme combustible, pour la construction, comme coupe-vents, et pour la stabilisation des dunes de sable. Ses racines profondes le rendent utile pour la lutte contre l’érosion. Il améliore également la fertilité du sol.

Sapotillier = Achras sapota.
Un arbre fruitier qui vient d’Amérique Centrale, mais qui est maintenant cultivé dans plusieurs régions du monde, surtout en Asie du Sud Est.

Cocotier = Cocos nucifera.
Un arbre à usages multiples qui vient d’Asie du Sud Est, mais qui pousse maintenant dans toute l’Asie, l’Afrique et les Amériques. La chair de la noix de coco est consommée, et le lait de coco peut se boire. Les palmes peuvent servir à confectionner des balais, des paniers, ou de la chaume pour les toits. La sève sert à faire du vin, de l’alcool et du sirop. Le tronc sert comme matériau de construction. La noix de coco donne aussi de l’huile.

Anone = Anona squamosa.
Cet arbre n’a besoin que de peu d’éléments nutritifs du sol et d’eau, et donne un fruit qui est délicieux quand il est frais.

Gliricidia = Gliricidia sepium.
Un arbre légumineux tropical, utile comme bois de chauffe, comme bois de charpente, pour faire des poteaux de clôture vivants, pour le fourrage des bêtes, et comme paillis pour améliorer la fertilité du sol.

Kalli = Euphorbia thirukalli.
Planté comme haie vive en Afrique et en Asie du Sud Est.

Lablab = Dolichos lablab.
C’est une plante légumineuse annuelle, broussailleuse, grimpante, qui s’adapte à de nombreuses conditions de culture. Ses racines profondes lui permettent de survivre à des conditions d’extrême sécheresse. Le lablab a bon goût. La plante est aussi utile pour améliorer la fertilité du sol, et procure de la nourriture pour les bêtes pendant la saison sèche.

Leucaena = Leucaena leucocephala.
Un arbre à croissance rapide qui fixe l’azote. On s’en sert pour stabiliser l’érosion sur les terrains en pente grâce à son système de racines profondes. On s’en sert également comme fourrage, comme bois de chauffe, comme engrais vert, comme coupe-vent et pare-feux.

Mangue = Mangifera indica

Melia = Melia azaderach et Melia dubia.

Papayier = Carica papaya.
Ce fruit pousse bien, dans les régions tropicales humides comme dans les régions subtropicales. Elle a besoin de pas mal d’eau, alors dans les régions sujettes à de longues périodes de sécheresse, il vaut mieux l’entourer de paillis d’herbe.

Coracan = Eleusine coracan.
Dans de nombreux endroits, ce mil est consommé sous forme de gruau et sert à confectionner des galettes de pains.

Tek = Tectona grandis.
Un arbre qui donne du bois dur très précieux.

Texte

Contenu : Jenu Kuruba et sa femme, Javaramma, ont transformé un demi hectare de terrain en pente, érodé et desséché du Sud de l’Inde, en une ferme productive. Tout en travaillant la terre et en arrosant manuellement, sans se servir d’engrais ou d’insecti-cides chimiques, ils font pousser des arbres fruitiers, du bois de chauffe et de construction, des légumes, et des céréales. Auparavant, ils gagnaient leur vie comme travailleurs journaliers sur les fermes des autres. Maintenant, à leur tour, ils attendent avec impatience leurs propres récoltes.

Depuis 15 ans, Jenu Kuruba possédait environ un demi hectare de terre près de la ville de Mysore, dans le sud de l’Inde. Il avait obtenu cette terre du gouvernement lorsque lui et d’autres membres de sa tribu furent réinstallés en dehors de la forêt. On les avait déplacés parce que leur habitat traditionnel, la forêt, avait été déclarée « réserve forestière ». Cette histoire raconte comment Jenu transforma sa nouvelle terre en ferme productive.

Le nom de Jenu est Kadabasavaiah, mais on l’appellera Jenu parce que c’est plus simple. En fait, c’est le nom de sa tribu, les Jenu Kurubas. Les Jenu Kurubas vivaient dans la forêt, et étaient réputés pour leur agilité; à recueillir le miel sauvage. Le mot « jenu » signifie « miel » en Kannada, le dialecte local.

Jenu connaissait bien la forêt et ses secrets. Mais il ne savait pas comment cultiver sa nouvelle terre, sèche et en pente, avec un sol pauvre et pas d’arbre. Alors, il alla avec sa femme Javaramma habiter dans un village voisin, où ils gagnèrent leur vie comme travailleurs journaliers sur les fermes des autres.

Des jeunes plants de manguiers et des conseils sur l’agriculture.

Puis, en 1990, un organisme baptisé BAIF offrit d’aider les Jenu Kurubas à cultiver des manguiers. Les manguiers sont résistants. Ils n’ont pas besoin de beaucoup d’eau ou de soins particuliers une fois qu’ils sont plantés. Et les fruits se vendent bien sur le marché. Les mangues tendres et vertes sont marinées dans du vinaigre, et les fruits mûrs consommés frais, transformés en pulpe et mis en boîte, ou mis en bouteille comme boisson.

Pour que les Kuruba puissent démarrer, BAIF leurs offrit à chacun d’eux 40 jeunes plants de manguiers gratuits : de bons greffons provenant de bonnes variétés commerciales. BAIF leur a aussi montré comment cultiver et s’occuper des leurs fermes.

Au début, Jenu était méfiant. Que cherchaient les gens de BAIF ? Voulaient-ils récupérer la récolte ? Ou peut-être même la terre ?

Mais les travailleurs de BAIF étaient convaincants. Petit à petit, Jenu commençait à croire en leur projet. Il apprit que BAIF avait aidé un groupe de Kurubas d’un autre village à cultiver des pastèques dans le lit asséché d’une rivière. En 3 mois, ce groupe avait récolté plus de 10.000 tonnes de pastèques. Assez pour envoyer plusieurs chargements de camions dans l’état voisin, où les fruits s’étaient vendus à un meilleur prix. Ils avaient gagné beaucoup d’argent, et BAIF ne leur demanda rien.

Alors Jenu décida de cultiver sa terre toute neuve. En collaboration avec BAIF, il étudia attentivement pour savoir comment la cultiver pour tirer le meilleur profit de l’eau rare et comment sauver le sol.

Une approche diversifiée de l’agriculture.

Pour commencer, on conseilla à Jenu de planter une haie de kalli (Euphorbia thirukalli) autour de sa ferme. C’était une idée toute neuve que personne n’avait encore essayée dans le voisinage. Mais Jenu s’aperçut que le kalli formait un mur épais et dense qui éloigne le bétail et les chèvres. Et ses racines fixent le sol, l’empêchant d’être charrié par la pluie.

A l’intérieur de la haie, et sur toute sa longueur, Jenu et Javaramma plantèrent deux rangées de bois d’oeuvre et de bois de chauffe . Ils plantèrent à la fois des espèces à croissance lente comme le tek et d’autres à croissance rapide comme le casuarina (Casuarina equisetifolia) et le melia (Melia azaderach) et Melia dubia). Les arbres légumineux comme le leucaena (Leucaena leucocephala), gliricidia (Gliricidia sepium), et l’acacia (Acacia milotica et Acacia auriculiformis) donneront le combustible et le bois d’oeuvre. Ils ajouteront aussi de l’azote au sol. Jenu a sa propre pépinière où il prépare des jeunes plants pour remplacer ceux qu’il coupera.

La culture de mangues est la plus importante sur la ferme. Il y a 40 jeunes arbres, séparés entre eux par un espace de 9 mètres pour couvrir tout le terrain. Jenu les arrose manuellement. Pour économiser l’eau, Jenu met un paillis d’enveloppes de riz ou de charbon et de cendre autour de chaque jeune arbre.

Dans l’espace entre les manguiers poussent d’autres arbres fruitiers. Il y a des papayers, des sapotilliers (Achras sapota) et de l’anone (Anona squamosa). Il y a des coins pour le coracan (Eleusine coracana) qui est la céréale de base consommée dans cette région. Il y a aussi des piments, des haricots, et d’autres légumes pour la consommation privée de Jenu et Javaramma.

Pour maintenir le sol en place, Jenu a construit des remblais en terre tout le long de la pente du terrain. En contrebas de la ferme, au bas de la pente, il a creusé une canalisation pour l’eau et un petit étang pour recueillir l’eau depluie.

Aucune partie de la terre n’est inutilisée. Même le remblai sur le milieu de la ferme est recouvert de plantes grimpantes de citrouilles.

Jenu et Javaramma labourent et arrosent à la main. Jenu n’utilise ni engrais, ni insecticides chimiques. Ses plantes, nourries au compost « maison », sont en bonne santé et à l’abri des insectes.

Javaramma est responsable de nombreuses corvées sur la ferme. Elle fait le plus gros du sarclage et de l’arrosage et met du fumier quand c’est nécessaire. Elle aide aussi à la récolte, sans oublier de battre et de vanner le mil. Elle récolte les légumes qui sont plantés entre les arbres.

Jenu voit les résultats de son travail.

En deux ans seulement, Jenu et Javaramma ont réussi à faire revivre leur terre. Leurs récoltes annuelles de mil, de haricots et de légumes leur procurent déjà bien plus d’aliments nutritifs que ce qu’ils avaient en travaillant comme journaliers au village. Bientôt, ils auront des fruits qui s’ajouteront à leur régime alimentaire, et il en restera peut-être même pour la vente.

Certains des arbres destinés au bois de chauffe, et plantés autour de la ferme sont presque prêts pour la coupe. Le fait d’avoir prévu son propre combustible permet à la famille d’économiser l’argent qu’elle payait pour son bois de chauffe.

En 1995, les mangues commenceront à porter des fruits une fois par an. Parce que les mangues sont très en demande, Jenu n’aura même pas à les amener au marché. Les acheteurs viendront sur sa ferme pour cueillir les fruits et les amener sur les marchés de la ville. En 1996, les arbres de casuarina et de melia qui poussent sur les bordures de la ferme donneront des poteaux grands et droits, excellents pour la construction.

Mais la meilleure nouvelle, c’est que Jenu et sa famille peuvent maintenant vivre sur cette terre, tout comme d’autres familles Kurubas qui ont pris part au programme de BAIF. Ensemble, ces familles ont délimité leur lopin de terre au centre de la région. Elles ont construit un groupe de huttes traditionnelles Kurubas, rondes, avec de la boue et de la paille, où elles vivent maintenant.

Il y a deux raisons au succès de la ferme. La première, c’est la diversification, le fait d’avoir planté différents produits et des arbres. L’autre, c’est le choix des manguiers, un produit rentable disposant d’un marché sûr. La ferme de Jenu procure à sa famille de la nourriture mais aussi de l’argent.

Jenu et Javaramma travaillent encore parfois pour d’autres, quand on le leur demande, surtout pendant la saison des récoltes. Mais maintenant, ils attendent avec impatience leurs propres récoltes.

Acknowledgements

  1. Ce texte a été écrit par Vrinda Kumble, consultante de rédaction à Pune, Inde.
  2. Le nom complet de BAIF est Bharativa Agro Industries Foundation.

Information sources

  1. Entrevues avec Dr. G.N.S. Reddy, Coordinateur, BAIF, Titpur, Inde
  2. Visites à la ferme de Jenu Kuruba à Balenahally, Karnataka et à d’autres fermes similaires à Vansda, Gujarat, Inde, où BAIF a d’autres projets de rehabilitation.
  3. Plusieurs rapports de projets du centre d’information de BAIF à Pune, Inde.