Florence sauve des jeunes filles de la traite des personnes

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La traite des personnes est un crime contre l’humanité. Elle implique le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou la réception d’une personne dans le but de l’exploiter. Chaque année, des milliers de personnes sont victimes de la traite des personnes à l’intérieur et à l’extérieur de leurs pays, qui sont soit le lieu du crime, soit utilisés comme endroit de transit ou encore comme destination pour les victimes.

La traite des personnes aboutit souvent à un travail forcé ou à la prostitution des victimes qui sont fréquemment recrutées dans des régions rurales sous de faux prétextes et ensuite exploitées. Mettre fin à la traite contribuera à maintenir la santé des jeunes filles et des femmes et à les rendre plus productives dans la collectivité.

La traite des personnes est devenue un problème qui défie une solution permanente au Nigeria et en Afrique de l’Ouest. Décrite comme l’esclavage des temps modernes, elle est dictée par la cupidité, la pauvreté et une mauvaise législation, les victimes étant surtout des enfants, des jeunes filles et des femmes. Au Nigeria, la NAPTIP (National Agency for the Prohibition of Traffic in Persons and other related matters) a sauvé et rapatrié plus de 5 000 victimes. Plus de 60 pour cent d’entre elles, principalement à l’âge adolescent, ont été testées séropositives parce qu’elles se sont livrées au commerce du sexe.

D’après un rapport du ministère américain de l’Intérieur sur la traite des personnes, « le Nigeria est un pays d’origine, de transit et de destination pour la traite des femmes et des enfants dans le but d’un travail forcé et d’une exploitation sexuelle commerciale ». Le rapport poursuit : « Au Nigeria, la traite des femmes et des jeunes filles vise principalement une servitude domestique et une exploitation sexuelle commerciale. »

La NAPTIP déclare qu’il y a des camps d’esclaves peuplés de jeunes filles nigérianes au Mali, en Côte d’Ivoire, au Burkina-Faso, au Niger, en Libye, au Maroc et au Cap Vert.
Le présent texte est une dramatique qui repose sur des entrevues réelles et de vraies histoires. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Personnages

Animatrice
Rose
Johnbull, père de Rose
Joe, ami de Johnbull
Florence, une dame ayant été victime de la traite des personnes

Montée de l’indicatif pendant 30 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animatrice

Animatrice :
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, et bienvenue à notre émission Les faiseurs de changements, qui cible des situations difficiles dans lesquelles des gens sont intervenus et ont apporté des changements. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la manière dont une femme a évité à une jeune fille d’être victime de la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle. Restez à l’écoute. Au micro votre animatrice habituelle, Mary Michael.

Montée de l’indicatif, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animatrice

Animatrice :
Selon un vieux proverbe, tout ce qui brille n’est pas de l’or. Mais certains parents oublient trop rapidement ce proverbe quand il s’agit de gagner de l’argent et d’améliorer la vie de la famille. Ils trompent leurs enfants ou les obligent à accepter des emplois pour lesquels ils ne sont ni prêts, ni qualifiés et qui peuvent leur occasionner de graves ennuis. Certains enfants résistent, tandis que d’autres acceptent avec enthousiasme. Avez-vous déjà vu une offre qui semble trop belle pour être vraie? Que faites-vous avec des offres de ce genre? Restez à l’écoute. Aujourd’hui, nous allons entendre parler d’une offre qui était réellement trop belle pour être vraie.

Bruits de pages d’un journal que l’on tourne. Bruit d’un homme exprimant sa surprise.

Johnbull :
Est-ce un mensonge? Ça ne peut pas être vrai. Je dois rêver! (Il crie d’excitation) Rose, Rose, où es-tu?

Rose :
Oui, papa?

Johnbull
: Ma fille, lis cela. Dieu a exaucé nos prières. Lis, je veux entendre cela.

Rose :
(Lisant) Notre client, un chef de file dans l’industrie du tourisme et de l’accueil, recherche des candidatures convenablement qualifiées pour combler les postes vacants suivants : commis d’hôtel, réceptionnistes et gestionnaires. Exigences : Les candidats (de préférence des femmes) doivent posséder les qualités suivantes: savoir parler l’anglais couramment; mesurer au moins cinq pieds et six pouces; être disposés à voyager à court préavis; être capables de travailler sous pression pour satisfaire les besoins de divers clients. Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme ordinaire national (OND), ni un baccalauréat, etc. car la compagnie dispense une formation interne pour ses employés potentiels. Suite à une entrevue, les candidats dynamiques et polyvalents seront transférés en Europe pour travailler dans quelques-uns de nos plus prestigieux centres d’affaires et de services.

Johnbull :
(Excité) Arrête. Ça suffit. Cela ne répond-il pas à nos prières?

Rose :
(Hésitante) Je ne comprends pas, papa.

Johnbull :
(Haussant le ton) Tu ne comprends pas? Je vais te dire. (Avec insistance) Cela signifie que tu peux te présenter pour ce travail avec ton certificat de niveau ‘O’. Il est dit qu’on n’a pas besoin de diplôme ordinaire national (OND), ni de baccalauréat.

Rose :
Mais papa, je t’ai déjà dit que je ne veux pas travailler maintenant. Je veux poursuivre mes études.

Johnbull :
Avec quel argent? Dois-je mourir de faim pour que mes paroles aient du sens pour toi? Très bien, tu veux aller à l’école? Pas de problème. Tout d’abord, obtiens l’emploi, pars à l’étranger et gagne de l’argent. Quand tu en auras assez, tu pourras poursuivre tes études. Autrement, la faim et la pauvreté nous tueront. Rappelle-toi que tu as des frères et des sœurs.

Rose :
Papa, je n’irai pas en Europe ni travailler à l’étranger. Comment pourrais-je aller à un endroit où je ne connais personne?

Johnbull :
Comment font les autres employés? Ils partent également sans connaître quiconque là où ils vont. C’est parce qu’ils savent ce qui est important – gagner de l’argent, pas des amis. Pourquoi ne peux-tu pas faire comme eux?

Rose
: (Sanglotant) Papa, s’il te plaît, laisse-moi rester ici et …

Johnbull :
(L’interrompant) Je ne veux plus rien entendre à ce sujet. Prépare-toi simplement. Je vais m’occuper de ta candidature pour toi.

Animatrice :
Ce fut le début d’un conflit entre Rose et son père. Elle se plaignit à Florence, une riche femme malade qui lui conseilla de tenir bon et de refuser l’emploi. Son père se plaignit à son ami Joe qui essaya sans succès de mettre fin à l’impasse entre le père et la fille. Ensuite, le père essaya une autre stratégie.

Bruit de pas

Johnbull :
Rose?

Rose:
Oui papa, bienvenue!

Johnbull:
Que tiens-tu dans les mains? Est-ce la demande d’emploi?

Rose:
Non papa, je t’ai dit que je n’accepterais jamais ce travail.

Johnbull:
Alors, que tiens-tu dans les mains?

Rose:
Mes résultats scolaires.

Johnbull :
Très bien, ces excellents résultats. Laisse-moi les regarder de nouveau.

Rose :
(Excitée) Très bien, papa.

(Bruit de papier que l’on déchire)

Rose :
(En pleurs) Non papa, ce sont mes résultats scolaires que tu viens de déchirer. Oh, ma vie est finie. Papa, qu’en est-il de mes études?

Johnbull:
Je t’ai envoyée à l’école, j’ai payé tes frais de scolarité pour obtenir ces résultats et tu me réponds? Laisse-moi voir comment tu iras dans une école.

Rose:
(Sanglotant) Papa, ce n’est pas juste, ce n’est pas juste. Oh non, pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Animatrice:
Rose retourne voir Florence, sa confidente, qui lui promet de parler à Johnbull. Ce dernier rend visite à son ami Joe pour lui annoncer qu’il a trouvé un moyen d’obliger sa fille à changer d’avis. Pendant qu’ils discutent, Rose les rencontre et Joe essaie d’intervenir.

Joe:
(Parlant à Johnbull) Tu penses que cela changera quelque chose?

Johnbull :
Nous verrons bien. (Bruits de pas) Qui est là?

Rose :
C’est moi, papa.

Joe:
Rose, viens ici.

Rose :
Bonsoir, monsieur!

Joe :
Bonsoir, ma fille. Qu’est-ce que j’entends à ton sujet? Tu as toujours été une bonne fille. Où as-tu attrapé ce nouveau vice? Ton père sait ce qui est mieux pour toi – il ne te décevra pas. Alors, écoute-le.

Rose :
Je ne veux pas travailler, ni ici ni en Europe. Je veux aller à l’école.

Johnbull :
Joe, tu vois ce que je disais?

Joe:
Du calme, mon ami. Rose, écoute-moi. Les emplois à l’étranger rapportent beaucoup d’argent. Regarde Florence. Si elle n’avait pas été empoisonnée, elle serait encore en Europe.

Bruits de pas

Johnbull :
Qui est là?

Florence :
C’est moi, oncle Johnbull.

Joe et Johnbull:
Dieu merci.

Johnbull :
Le moment est bien choisi, Florence. Entre.

Florence:
Bonsoir, oncle Johnbull, oncle Joe. Bonsoir.

Joe :
Comment vas-tu, Florence? Comment va ta santé? J’espère que tu vas mieux?

Florence:
Eh bien, oncle Joe, c’est en partie pour cela que je venais voir oncle Johnbull.

Johnbull:
As-tu décidé d’aller avec moi voir ce docteur indigène pour obtenir des herbes médicinales?

Florence :
(Rires) Pas vraiment, mais nous en parlerons plus tard. Je suis venue te voir à cause de Rose.

Johnbull :
Ainsi, toi aussi tu as entendu parler de son inconduite. Rose, tu vois comment tu t’es couverte de honte toi-même?

Joe :
Je venais tout juste de lui dire qu’elle a besoin de ce travail à l’étranger si elle veut réussir dans la vie comme toi.

Florence :
(Nouveaux rires) Oncle Johnbull et oncle Joe, je ne veux pas que vous insistiez pour que Rose accepte un travail en Europe.

Joe et Johnbull:
Pourquoi?

Florence :
C’est la raison de ma visite. C’est le même genre d’annonce que j’ai lue il y a des années quand j’ai posé ma candidature pour l’emploi qui m’a conduite en Europe. Mais savez-vous quel travail j’ai fini par faire? La prostitution.

Joe et Johnbull:
Quoi?

Florence :
Oui, la prostitution. Ces gens vous emmènent en Europe et, lorsque vous êtes là-bas, ils vous obligent à vous prostituer. Vous ne pouvez rien faire parce que vous êtes nouvelle et vous ne savez pas où aller et ils gardent votre passeport. Les madames nigérianes contrôlent la liberté de mouvement des filles, leur lieu de travail, leur horaire et leur salaire. Les filles travaillent contre leur gré et sont retenues captives pour leur exploitation sexuelle forcée. C’est comme un asservissement ou un esclavage! Si vous êtes intelligente et si vous coopérez, vous pouvez gagner de l’argent en plus et trouver un moyen d’en mettre un peu de côté. Sinon, vous n’obtenez rien et ce sont évidemment les clients qui décident quel service ils veulent pour leur argent. Vous êtes tous au courant de ma maladie que l’on a attribuée à un empoisonnement? Ce n’est pas du poison, j’ai été infectée par le VIH.

Joe et Johnbull:
Quoi?

Johnbull :
Mais ils ont dit…

Florence :
(Rires) Oublie ce qu’ils ont dit. Je serais morte aujourd’hui, mais une agence gouvernementale m’a aidée et je prends un médicament spécial. Si j’avais pris les médicaments plus tôt, je n’aurais pas été aussi malade. Je suis encore en vie grâce aux médicaments. Alors, si vous forcez Rose, elle finira comme moi.

Joe et Johnbull:
Dieu nous en protège.

Florence
: Je vous conseille donc de laisser Rose poursuivre ses études et d’informer tous les autres hommes de la collectivité de ne pas permettre à leurs enfants de poser leur candidature pour de tels emplois. Autrement, ils finiront avec des problèmes et une santé chancelante. Certaines personnes perdent même la vie.

Johnbull :
Mais tu sais que je n’ai plus d’argent pour payer ses frais de scolarité en vue de poursuivre ses études – c’est pour cela que je lui ai demandé de trouver du travail.

Florence:
Ne te préoccupe pas de Rose. Je l’aiderai pour ses études.

Johnbull:
De colère, j’ai déchiré ses résultats scolaires.

Florence :
Ne t’inquiète pas; nous en obtiendrons une autre copie de l’école, même si je dois payer pour l’obtenir. J’aiderai aussi toutes les autres filles dont les parents ne peuvent pas les soutenir financièrement pour aller à l’école et celles qui veulent acquérir des habilet, afin qu’elles ne soient pas obligées de se livrer à la prostitution.

Joe :
Tu aideras les autres filles, y compris la mienne?

Florence :
Oui, je vais mettre sur pied une fondation et choisir des personnes dans la collectivité pour m’aider à la gérer et j’impliquerai également des agences gouvernementales et des organismes non gouvernementaux. Je paierai les filles pendant qu’elles apprennent ces habiletés.

Johnbull et Joe:
Merci, ma fille.

Johnbull :
Rose, je suis désolé pour ce qui est arrivé. Tu sais que je n’avais nullement l’intention de te nuire. Je voulais le bien de la famille.

Florence :
Elle le sait. Ne t’inquiète pas, oncle Johnbull. Elle m’a tout raconté depuis le début. C’est comme ça que j’ai su ce qui se passait.

Johnbull :
Cela signifie-t-il que ces filles qui vont travailler à l’étranger et envoient de l’argent à leurs parents se livrent toutes à la prostitution?

Florence:
Non oncle Johnbull, tous les emplois ne sont pas fictifs. Certains sont décents et bons pour les gens qui ont de l’instruction et pour ceux qui sont des professionnels. C’est pour cela qu’il leur est facile d’envoyer de l’argent chez eux. Les gens devraient toujours faire enquête sur les emplois auxquels ils veulent postuler avant de présenter leur candidature, surtout quand ils n’exigent aucune qualification. Cela pourrait leur permettre d’éviter bien des ennuis.

Johnbull :
Oh merci, Florence, merci. Nous allons nous assurer qu’aucune de nos filles ne sera à nouveau dupée et entraînée dans la prostitution ou l’esclavage moderne.

Fondu enchaîné des voix et montée de l’indicatif sous la voix de l’animatrice

Animatrice :
Ainsi, Florence a mis sur pied une fondation pour les filles appelée «La Fondationdes jeunes filles ambitieuses». Elle a également aidé les filles à fréquenter l’école et en a formées d’autres à diverses habiletés, exactement comme elle l’avait promis. Elle leur a aussi versé des allocations pour les aider à soutenir leurs familles. Lorsqu’elles ont eu terminé, elle leur a accordé des prêts pour mettre sur pied leurs entreprises, en fonction de leurs habiletés. Elle est devenue une faiseuse de changements et a rendu tous les hommes du village des faiseurs de changements. Toutes les filles ont également apporté un changement dans leur vie, leurs familles et la collectivité grâce à leurs habiletés et à leur instruction.

J’espère, comme Rose, que nous résisterons à toutes sortes de vices, que nous respecterons nos rêves et que nous apporterons du changement où que nous soyons, de la façon que nous pourrons. N’oubliez pas – c’est payant d’être un faiseur de changements.

Si vous avez des questions sur ce que vous pouvez faire ou sur les endroits où vous pouvez obtenir de l’aide pour faire cesser la traite des personnes, ou si vous souhaitez obtenir plus d’informations, envoyez votre courriel à l’adresse suivante: L’équipe de réalisation, Les faiseurs de changements, info@nsptip@gov.ng, ou téléphonez au numéro 234-1-7030000203 ou 234-1-8077225566. En attendant la prochaine édition de l’émission Les faiseurs de changements, au micro Mary Michael qui vous souhaite une merveilleuse semaine.

Montée de l’indicatif et fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Ugonma Cokey, Voice of Nigeria, un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales
Révision : Busisiwe Ngcebetsha, Media and Training Centre for Health, Le Cap, Afrique du Sud
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

Entrevue avec M. Godwin Morka, agent de recherche principal en chef, NAPTIP, 16 juin 2010.
NAPTIP Newsletter, sans date. Vacancy. Volume 1 Numéro 3.
Adeze Ojuku. Nigeria/West Africa: Human Trafficking. Daily Champion News, 21 septembre 2006 : http://www.stopdemand.com/afawcs0112878/ID=180/newsdetails.html
Site Web de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) : http://www.unodc.org/
Professeur Martin Patt. Human Trafficking & Modern-day Slavery. http://gvnet.com/humantrafficking/