Fermiers et scientifiques travaillent ensemble

Activités après récolteÉlevage d'animaux et apiculture

Notes au radiodiffuseur

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Fermiers et scientifiques peuvent partager leur savoir de façon enrichir les pratiques traditionnelles indigènes. Par exemple, une technique de conservation des sols telle une barrière de pierres, peut être améliorée en ajoutant une haie vivace. Ceci est un cas où le savoir indigène peut s’appliquer d’une façon plus efficace grâce à l’apport du monde scientifique. Ce type de coopération est maintenant chose commune, scientifiques et vulgarisateurs passant plus de temps dans les champs en compagnie des fermiers.

Le texte suivant qui se divise en deux parties, présente deux exemples de ces efforts de collaboration entre fermiers et chercheurs. Dans les deux cas, les fermiers ont pu bénéficier de l’échange des connaissances traditionnelles et celles des scientifiques. Ces informations ne sont pas présentées sous forme de textes pour diffusion immédiate mais plutôt pour générer des idées pour votre propre programmation.

Vos programmes portant sur le développement du savoir indigène peuvent donner lieu à des interviews avec un scientifique et un fermier local, séparément ou ensemble. Les discussions peuvent entre autre porter sur l’enrichissement d’une technique traditionnelle de procédés alimentaires, l’entreposage des aliments, la conservation des sols ou encore la préservation des semences.

Si vous projetez d’aller rencontrer les fermiers dans les champs, rappelez-vous ceci:

  1. identifiez et faites un rendez-vous avec un fermier reconnu pour ses connaissances, au sein de votre communauté;
  2. demandez sa permission avant de diffuser à la radio son savoir;
  3. interviewer le fermier;
  4. vérifiez la véracité des informations recueillies avec d’autres fermiers locaux.

Texte

Exemple 1 – Des fermiers et des scientifiques découvrent et améliorent une cure traditionnelle pour le bétail

L’élevage du mouton est pratique commune dans les hautes terres du Pérou. Ces éleveurs de moutons encourent un problème incessant causé par un parasite appellé «sheep ked». Ce parasite affaiblit l’animal, endommage sa peau et sa toison. Le mouton produit moins de viande; leur peau et leur toison ne peuvent être vendues à un haut prix de sorte que les fermiers perdent de l’argent. Pendant de nombreuses années, les fermiers ont utilisé des produits chimiques agricoles dans leur effort de contrôler le parasite. Eventuellement, les produits chimiques sont devenus trop chers.

Les femmes des fermiers de cette communauté ont rencontré des chercheurs agricoles pour trouver réponse à leur problème. Au cours d’une de ces rencontres, une fermière a suggéré d’utiliser un remède indigène connu de sa grand-mère. Ce remède est tiré des feuilles d’une plante locale. Elle a affirmé que si l’on frottait ces feuilles contre la peau de l’animal affecté, on verrait les parasites littéralement tomber en quelques secondes.

Les femmes voulaient tenter l’expérience et les scientifiques prêts à les aider. Ces derniers savaient que ces feuilles étaient utilisées comme un pesticide efficace dans plusieurs parties du monde. C’était cependant beaucoup trop de travail pour un fermier de frotter ces feuilles sur la peau de trente moutons, ce qui représente la moyenne de leur cheptel. Les scientifiques ont donc mené des expériences et trouvèrent une façon de mélanger les feuille avec l’eau pour en produire une solution liquide. Cette solution pourrait être utilisée comme une «trempette à moutons», une terminologie qui était familière aux fermiers en raison de leur expérience passée avec les produits chimiques.

Deux femmes ont volontairement accepté que leurs troupeaux soient soumis à une expérience. Un troupeau ne recevrait aucun traitement contre les parasites, l’autre traité avec ce remède indigène. Le village entier s’est rassemblé pour assister au premier essai. Tous avaient amassé suffisamment de plantes pour lancer l’expérience. Les hommes du village ont appliqué le remède puisque traditionnellement c’était là leur rôle dans la communauté.

Les résultats? Après 60 jours, les moutons traités présentaient moins de la moitié de parasites que le second troupeau. Ils avaient aussi gagné en poids et étaient en meilleure santé. Les fermiers ont affirmé que le remède traditionnel était tout aussi, sinon plus efficace que les produits chimiques. Les scientifiques étaient aussi d’accord et le remède indigène moins coûteux.

Pour l’avenir, fermiers et scientifiques travaillant ensemble et espèrent améliorer la technique en s’assurant d’abord qu’il y ait assez de plantes sauvages pour tous les fermiers. Il faudrait aussi trouver du financement, maintenir l’équipement pour appliquer le remède, s’assurer que tous utilisent le remède pour prévenir de nouvelles infections chez les moutons qui partagent les pâturages et enfin trouver une façon d’utiliser des feuilles séchées au lieu de feuilles fraîchement cueillies.

Exemple 2 – Fermiers et scientifiques travaillent ensemble pour sauver les semences dites de survie

L’Ethiopie possède une large variété de cultures de grains incluant des milliers de variétés traditionnelles de blé et d’orge. Plusieurs cultures de grains comme le sorgho, le teff et quelques espèces de millet trouvent leur origine en Ethiopie. Depuis des siècles, les fermiers éthiopiens ont choisi les meilleures variétés pour satisfaire leur clientèle locale très variée.

Les fermiers ont augmenté la diversité de leurs cultures:
– en échangeant les semences avec leurs voisins;
– en cultivant plusieurs variétés d’une même culture dans un même champ;
– en plantant des semences de plantes qui en fait étaient des hybrides entre les plantes de culture et leurs cousines sauvages.

Pendant plusieurs décennies, ce savoir indigène a été menacé. A la fin des années 1960 et au début de 1970, les fermiers éthiopiens ont cultivé moins de variétés locales au profit de grains fins à haut rendement. Cependant, ces variétés nécessitaient beaucoup de fertilisants chimiques et de pesticides. Certains fermiers ne pouvaient se permettre tels investissements. De plus, certaines de ces variétés modernes avaient une faible croissance due à la sécheresse, le gel et autres conditions climatiques. Certaines ont été victimes de maladies, infestées par les insectes et d’autres n’ont simplement pas poussé.

Dans les années 80, d’autres problèmes s’ajouteront: la guerre et la sécheresse dans le pays.

Plusieurs fermiers ont dû manger leurs propres réserves de semences, les organismes internationaux ont fait parvenir d’énormes quantités de semences importées, autant de facteurs qui menaceront davantage les variétés indigènes. Plusieurs terres consacrées traditionnellement à la culture ont aussi été détruites.

En 1988, des fermiers éthiopiens, la banque nationale de gènes de cultures et une organisation non-gouvernementale du Canada ont lancé le projet «Semence de Survie». Le projet a aidé les fermiers à cultiver et à améliorer les cultures indigènes variées sur leurs fermes.

Les fermiers ont reçu un approvisionnement de semences de diverses variétés cultivées localement comme le sorgho, le blé et le maïs. Ils ont planté les semences, entretenu leurs cultures pour ensuite les récolter et collectionner les grains de semences. Ils ont ensuite retourné quelques grains de semences à la banque de gènes et d’autres distribués à des fermiers locaux. Vingt-six variétés traditionnelles de sorgho et douze variétés de maïs ont pu être sauvées grâce à cet effort. Les fermiers ont utilisé les méthodes traditionnelles pour sélectionner, cultiver et entreposer les semences.

Les scientifiques de la banque de gènes ont aidé les fermiers de plusieurs façons. Utilisant les grains de semences des fermiers, ils les ont croisé avec d’autres semences. De cette façon, ils ont fabriqué des grains plus résistants aux insectes, à la sécheresse et plus nutritifs. Les scientifiques ont aussi aidé les fermiers dans le croisement de variétés locales et de variétés à haut rendement. En l’espace de quelques années, les cultures résultant de ce croisement ont eu un plus haut rendement que les variétés modernes et celles que cultivaient traditionnellement les fermiers.

Scientifiques et fermiers se sont aussi unis pour améliorer les méthodes traditionnelles d’entreposage telles les puits souterrains et les pots d’argile. Aujourd’hui, en Ethiopie, ils continuent à travailler de concert confrontés à de nouveaux défis.

Acknowledgements

Contribution: Vijay Cuddeford, Toronto, Canada.

Révision: Helen Hambly, Research Officer, International Service for National Agricultural Research (ISNAR), The Hague, The Netherlands.

Information sources

« SOS/E: Promoting Farmers’ Seed – its conservation, enhancement and effective utilization, » par Melaku Worede. A paper presented at the Scandinavian Seminar College Africa Project Workshop, Harare, Sept. 27th – Oct. 1st, 1998. SSC-Africa Project, c/o Peter Gregersen, Centre for Development Research (CDR), Gammel Kongevej 5, DK-1610 Copenhagen, Denmark. E-mail: sustainable@cdr.dk

« Local veterinary medicine: Women farmers in Peru share local recipes, » par Constance McCorkle, Appropriate Technology, Volume 26, No. 3, Décembre 1999, pages 30-32. ITDG Publishing, 103-105 Southampton Row, London, UK, WC1B 4HL. E-mail: itpubs@itpubs.org.uk

« The Potential of Agroecology to Combat Hunger in the Developing World, » par Miguel A. Altieri, Peter Rosset et Lori Ann Thrupp.