Notes au radiodiffuseur
Dans plusieurs régions d’Afrique, les changements climatiques causent des problèmes aux cultivatrices et aux cultivateurs. À l’est du Kenya, les agricultrices et les agriculteurs font face à des périodes de sécheresse prolongées.
Au Kenya, la plupart des bergères et des bergers préfèrent élever des bovins. Toutefois, face aux changements climatiques, quelques agricultrices et agriculteurs d’exploitations familiales de l’est du Kenya ont réalisé récemment que l’élevage de chèvres était une activité rentable qui pouvait se substituer à celui des vaches.
Les chèvres sont des animaux robustes, surtout celles qu’on trouve dans les régions arides. Elles ne consomment pas beaucoup de fourrage, peuvent pendant plusieurs jours se contenter de l’eau contenue dans les aliments qu’elles consomment, n’ont pas besoin de beaucoup d’espace, et, si on s’en occupe bien, elles gagnent assez de poids de sorte qu’on peut les vendre en six mois.
Le présent texte radiophonique illustre comment une agricultrice ou un agriculteur d’exploitation familiale peut obtenir beaucoup de lait et de fumier, et gagner éventuellement sa vie en vendant des chèvres.
Le texte a été produit à partir d’entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour vous documenter et rédiger un texte radiophonique sur un sujet du même ordre dans votre région. Sinon, vous pourriez décider de produire ce texte radiophonique dans votre station, en vous servant de comédiennes ou de comédiens de doublage pour représenter les intervenantes et les intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et de comédiens, et non celles des véritables personnes avec lesquelles les entrevues ont été réalisées.
Vous pourriez choisir de proposer ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole ordinaire, en utilisant des comédiennes ou des comédiens de doublage pour représenter les intervenantes et les intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix d’actrices et d’acteurs, et non celles des véritables personnes avec lesquelles les entrevues ont été réalisées.
Vous pourriez également utiliser ce texte radiophonique en guise de document de recherche ou vous en inspirer pour créer vos propres émissions sur l’élevage de chèvres laitières dans votre pays.
Entretenez-vous avec des agricultrices et les agriculteurs qui élèvent des chèvres laitières. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
Quels sont les avantages que procure l’élevage de chèvres laitières?
Quelles sont les difficultés? Comment avez-vous résolu ces difficultés?
Pensez-vous que les agricultrices et les agriculteurs de cette région peuvent gagner leur vie en élevant des chèvres?
Vous pourriez également animer une tribune téléphonique sur laquelle les agricultrices et les agriculteurs parleront de ces problèmes. Vous pourriez inviter une experte ou un expert pour répondre aux questions et aux observations des agricultrices et des agriculteurs.
Durée estimée du texte : 25 minutes, avec la musique d’intro et de sortie.
Texte
LE VOLUME DE L’INDICATIF SONORE EST AMPLIFIÉ ET réduit
Animatrice :
Bonjour et bienvenue à un nouveau numéro de l’émission « Entre agriculteurs. » Aujourd’hui, nous allons parler des effets de la sécheresse et des actions menées par les agricultrices et les agriculteurs pour y faire face. J’ai rendu visite à quelques agricultrices et des agriculteurs de Mwingi, à l’est du Kenya, qui ont réussi à délaisser l’élevage de bovins au profit des chèvres laitières. J’ai commencé par un entretien avec le coordonnateur d’un groupement agricole du nom de Mcdonald Mnuve.
Animatrice :
Comment la sécheresse a-t-elle amené la population de Mwingi a changé de sources de revenus?
Mcdonald Mnuve :
L’agriculture pluviale constituait la principale source de revenus des populations de l’est du Kenya et la plupart des gens gagnaient leur vie en cultivant. Cependant, le secteur agricole a été mis à rude épreuve par de longues périodes de sécheresse, et cette région a été l’une des plus touchées. Vous avez peut-être appris aux nouvelles que les gens de Nuu’ à Mwingi se nourrissaient de viande de chien parce qu’ils étaient en manque de nourriture!
Animatrice:
Quel genre de répercussions la sécheresse a-t-elle eues sur les agricultrices et les agriculteurs?
Mcdonald Mnuve :
Les agricultrices et les agriculteurs se plaignaient de ce que les semis ne germaient plus, les rendements de cultures étaient mauvais, un grand nombre de leurs bêtes dépérissaient et mourraient par la suite, tout cela parce que les rivières saisonnières tarissaient et qu’il y avait peu ou presque plus de pluies. Cette situation a obligé de nombreux agricultrices et agriculteurs à devenir dépendants de l’aide alimentaire du gouvernement.
Animatrice :
Comment faisaient-ils pour tenir le coup en saison sèche?
Mcdonald Mnuve :
Pour subvenir à leurs besoins, les agricultrices et les agriculteurs se sont mis à couper illégalement du bois, faire du charbon de bois et ramasser du sable dans les lits de rivière asséchés. Cela a endommagé nos terres, a même nui davantage aux activités agricoles.
Les hommes devaient se rendre en ville pour exercer des emplois occasionnels d’ouvriers en construction afin d’avoir un peu d’argent. Même les enfants devaient travailler, car ils ne pouvaient pas aller à l’école le ventre creux. Tout le monde devait contribuer pour que la famille ait de quoi manger.
Mais, maintenant, les agricultrices et les agriculteurs ont trouvé le moyen de s’adapter à la sécheresse. Désormais, nous cultivons des denrées qui résistent à la sécheresse et nous élevons une race de chèvres qui supporte mieux la sécheresse et nous nous en sortons très bien.
Animatrice :
Les conditions de vie des agricultrices et des agriculteurs se sont-elles améliorées après qu’ils ont adopté ces stratégies pour pouvoir faire face à la sécheresse?
Mcdonald Mnuve :
Tout à fait. En ce qui concerne les agricultrices et les agriculteurs de Mwingi qui se sont lancés dans l’élevage de chèvres, même si les pluies sont de très faibles quantité, ils peuvent avoir un peu du lait, ainsi que des chèvres qu’ils peuvent vendre pour avoir de l’argent, et ils ont du fumier pour leurs cultures qui résistent plus à la sécheresse. Leurs familles ne souffrent plus de faim comme c’était le cas il y a cinq ou dix ans. Les enfants sont en bonne santé et vont à l’école. Les agricultrices et les agriculteurs peuvent même fournir un peu de céréales à la cantine de l’école de temps en temps.
Lorsque les agricultrices et les agriculteurs possèdent suffisamment de chèvres et peuvent vendre une pour avoir un bon montant d’argent, nous les encourageons à acheter de bonnes citernes d’eau. Ainsi, ils peuvent tenir le coup longtemps grâce à l’eau de ces citernes, et ce, même lorsqu’il ne pleut pas au moment escompté. Et lorsqu’il commence à pleuvoir, nous les encourageons à collecter les eaux de pluie. Il n’y a aucun doute que cela a transformé la vie des agricultrices et des agriculteurs.
Le volume de l’INDICATIF SONORE EST AMPLIFIÉ ET réduit
Animatrice :
Jusqu’à tout récemment, les agricultrices et les agriculteurs d’exploitations familiales du Kenya n’élevaient pas beaucoup de chèvres. Peu de familles consommaient le lait de chèvre. Toutefois, la situation a changé. Je visité un petit village de l’est du Kenya où les agricultrices et les agriculteurs élèvent des chèvres, et la viande de chèvre laitière y est devenue une spécialité gastronomique.
Il y a quelques années, la vache était l’animal favori de la majorité des agricultrices et des agriculteurs de la localité. Cependant, les vaches ne peuvent pas supporter de longues périodes de sécheresse. Par conséquent, le virage vers l’élevage de chèvres rend les agricultrices et les agriculteurs locaux très heureux. Teresia est une de ces agricultrices. Elle s’emballe lorsqu’elle parle de ses chèvres. Je l’ai rencontré récemment lors d’un de mes voyages à Mwingi, dans l’est du Kenya.
BRUITS PROVENANT D’UNE EXPLOITATION AGRICOLE. BRUITS DE PAS. DIMINUENT et maintenus sous le VOLUME de la conversation.
Animatrice :
Nous voici dans la ferme de Teresia, qui s’étale sur une superficie d’environ une acre. Juste à côté de sa maison se trouve une chèvrerie. Combien de chèvre avez-vous, Teresia?
Teresia :
Actuellement, j’ai dix chèvres, dont deux boucs et huit chèvres. J’ai commencé avec trois.
Animatrice :
Cela fait une sacrée augmentation. Quelle espèce de chèvres élevez-vous?
Teresia :
Elles sont issues d’un croisement entre un mâle de race Toggenburg et une femelle de race locale.
Animatrice :
Comment êtes-vous parvenue à l’élevage de chèvres?
Teresia :
Un groupe d’agricultrices et d’agriculteurs de ce village avait reçu un mâle Toggenburg dans le cadre du projet d’amélioration de la génétique de la chèvre laitière de FARM Africa. À cette époque-là, très peu d’entre nous élevaient les races locales de chèvres, et nous ne savions rien de la race Toggenburg. Mais nous avons appris les avantages que procuraient les chèvres issues d’un croisement, surtout dans les régions arides comme la nôtre.
Les responsables du projet nous ont demandé d’acheter une femelle de race locale pour croiser avec un mâle Toggenburg. J’étais sceptique par rapport à cette idée, mais j’ai acheté trois femelles locales et les ai amenées pour les accoupler avec le mâle Toggenburg.
Chaque chèvre a eu deux chevreaux et j’étais stupéfaite. Ils étaient plus gros et plus robustes que la race locale. J’ai vendu quelques-uns six mois plus tard et j’ai amené les femelles pour les accoupler à nouveau avec le mâle Toggenburg. Les chevreaux suivants étaient encore plus robustes que les premiers! C’est ainsi que j’ai commencé à augmenter le nombre de mes chèvres.
Animatrice :
Avec quoi les nourrissez-vous?
Teresia :
Je les nourris avec du foin et des feuilles sauvages, et parfois je complète cela avec des aliments pour animaux que j’achète dans un magasin de produits agricoles. Je leur donne aussi du sel gemme. Ces aliments complémentaires contribuent assurément à augmenter la production de lait. Lorsqu’ils ont trois mois, je les vermifuge. En général, je fais appel à un vétérinaire pour les soigner lorsqu’ils sont malades.
Animatrice :
Je sais qu’il est important d’abriter les chèvres dans un bon endroit. Dans quel type d’enclos une chèvre doit être abritée pour rester en bonne santé?
Teresia :
D’abord, vous devez construire l’enclos de chèvre avec un plancher à lattes surélevé au-dessus de leur bouse. Si les chèvres dorment sur la bouse, les vers et les parasites peuvent se répandre facilement parmi le troupeau, ce qui le rendra malade. Je m’assure également de nettoyer l’enclos chaque jour.
Animatrice:
Les gardez-vous toujours enfermées dans l’enclos, comme c’est le cas maintenant?
Teresia :
Pas toujours. Parfois, le les laisse paître entre les arbres champêtres et les buissons à l’extérieur de ma concession. Toutefois, j’évite de les laisser se mêler aux chèvres de l’extérieur, car elles peuvent attraper une maladie ou s’accoupler avec des races locales.
Animatrice :
Par rapport aux autres animaux domestiques, quel avantage y a-t-il à élever des chèvres dans cette région?
Teresia :
Il faut beaucoup plus de temps à une vache pour devenir adulte et être prête pour la vente. Six mois seulement suffisent à une chèvre métisse issue d’un Toggenburg pour devenir adulte, et vous pouvez la vendre pour environ 180 $US. Vous ne pouvez même pas vendre une vache d’un an, et si jamais vous y parvenez, vous gagnerez tout juste un peu d’argent avec ça.
Les chèvres locales ne sont pas assez grosses à six mois pour qu’on puisse les vendre. Même lorsqu’elles ont un an, elles peuvent vous rapporter seulement 25 $US. De plus, une chèvre métisse peut vivre pendant six ans si vous en prenez bien soin.
Animatrice :
Les races croisées produisent-elles plus de lait?
Teresia :
Si. Lorsqu’elles mettent bas, les métisses peuvent produire près de deux litres de lait par jour, soit un litre le matin et un autre le soir. Après un ou deux mois, la quantité baisse à 750 millilitres deux fois par jour. Les chèvres continuent à produire cette quantité de lait pendant plusieurs mois. La quantité baisse graduellement à un demi-litre par jour. À ce moment-là, les femelles sont prêtes pour la prochaine saison du rut. Chaque femelle a normalement un petit dans une saison du rut, mais certaines peuvent avoir deux petits en même temps. Si vous continuez à avoir des petits avec ces femelles, au fil du temps, vous pouvez avoir un troupeau avec des femelles qui ont régulièrement deux petits à la fois.
Animatrice :
Les gens de cette localité consomment-ils le lait de chèvre?
Teresia :
Le lait de chèvre est plus apprécié qu’il ne l’était il y a de cela quelques années, mais de nombreuses personnes disent que le lait de chèvre à une mauvaise odeur. Mais on peut éviter cette odeur en tenant le bouc loin de la traite et du lait.
La vérité c’est que la qualité du lait est étroitement liée à la façon dont vous prenez soin des chèvres. L’odeur associée au lait de chèvre résulte du fait qu’on élève les femelles à côté des mâles. Lorsque j’ai commencé à vendre du lait de chèvre dans cette localité, il y avait certaines personnes qui n’en avaient jamais bu. Mais, maintenant, elles en boivent. Elles disent qu’elles préfèrent mon lait, car celui-ci ne sent pas mauvais.
Animatrice :
Les chèvres sont-elles bénéfiques pour vos cultures?
Teresia :
Si, et ce, à plusieurs égards. L’argent que me rapporte la vente des chèvres me permet d’embaucher un ouvrier pour labourer le champ et d’acheter des semences. Les chèvres me procurent du fumier, donc je n’ai pas besoin d’en acheter.
Animatrice :
Vos chèvres produisent-elles suffisamment de fumier?
Teresia :
La quantité est suffisante, car ma terre n’est pas aussi grande.
Animatrice :
Cela n’a pas l’air d’être un métier aisé pour les femmes? Pourquoi avez-vous décidé de le faire?
Teresia :
Je trouvais cela très rentable. Ce sont les bénéfices qui m’ont permis de garder le cap et d’aimer ce métier.
Les chèvres se sont avérées être une bonne chose pour moi. Nous buvons le lait à la maison, et je vends le surplus. Avec le revenu que me procure la vente du lait, je peux acheter des provisions pour la maison. Quand j’ai un besoin urgent d’argent, je peux vendre une chèvre ou deux pour payer les frais de scolarité et les frais médicaux.
J’ai ouvert un magasin de céréales non loin d’ici grâce aux recettes que m’ont rapportées ces chèvres. J’ai contracté un prêt et j’ai économisé également de l’argent en vendant mes chèvres à mon organisation paysanne. J’ai acheté une voiture et, maintenant, je peux transporter mes céréales et mes chèvres au marché pour les vendre.
Mais par-dessus tout, mes trois enfants ont pu étudier grâce à ces chèvres. Deux des filles ont terminé leurs études universitaires et une autre étudie actuellement au collège. Mes petits-enfants aiment aussi le lait de chèvre. Ils sont en très bonne santé!
Animatrice :
C’était Teresia, une éleveuse de chèvre laitière qui élève des chèvres issues d’un croisement entre un bouc de race Toggenburg et des chèvres de race locale. Allons maintenant à la rencontre d’un éleveur-sélectionneur de chèvres qui réside dans le village de Teresia.
musique de transition en fondu enchaîné dans des bruits provenant d’une ferme. DIMINUER ET MAINTENIR SOUS LE VOLUME DE LA CONVERSATION.
Teresia :
Nous voici dans la concession de Joseph. C’est un après-midi chaud et Joseph est probablement en train de faire la sieste. Je vais essayer de le trouver. (APPEL) Joseph, Joseph, vos visiteurs sont là.
Joseph :
(HORS MICRO) J’arrive, donnez-moi une minute.
BRUITS DE PAS
Joseph :
(BÂILLANT) Veuillez m’excuser. (RIRES) Je suis un vieil homme maintenant et avec ce soleil chaud je m’endors facilement. Bienvenue dans ma concession. Comme vous pouvez le constater, c’est très petit ici. Il y a juste ma maison et l’enclos de chèvres, tout cela sur un quart d’acre de terre.
Teresia :
Joseph, je vous présente Winnie. C’est d’elle que je vous parlais quand je vous ai dit qu’une personne nous rendrait visite aujourd’hui pour parler de nos chèvres.
Joseph :
Ravi de faire votre connaissance. Je m’appelle Joseph et je croise les chèvres de race Toggenburg avec des chèvres indigènes locales pour avoir des métis. Actuellement, j’ai un mâle de race pure Toggenburg et deux chèvres métisses.
Animatrice :
Ils ont l’air en pleine forme. À combien vendriez-vous le Toggenburg?
Joseph :
Je ne peux pas vendre celui-ci maintenant, car il me rapporte de l’argent chaque jour. Je suis en train d’engraisser les deux chèvres métisses pour une foire agricole et elles devraient rapporter au moins 180 $US chacune. Pour une chèvre qui n’a que six mois, c’est un bon prix.
Si vous prenez bien soin de vos chèvres, elles vous aideront à subvenir aux besoins de votre famille. En fait, j’ai payé les frais de scolarité de deux de mes six enfants grâce à ces chèvres. Les chèvres ont même remporté des prix lors de la foire commerciale de Nairobi. Elles me donnent beaucoup de lait si vous leur donnez des aliments complémentaires pendant qu’elles sécrètent du lait. Vous pouvez traire une chèvre métisse en bonne santé trois fois par jour. Pour certains agricultrices et agriculteurs, ces chèvres sont plus rentables que les vaches. Je les aime mieux.
Animatrice :
Avec combien de chèvres votre Toggenburg s’accouple-t-il au cours d’une journée?
Joseph :
Il peut s’accoupler avec cinq chèvres au moins s’il est bien nourri, et peut-être plus.
Animatrice :
Que lui donnez-vous à manger?
Joseph :
Il mange beaucoup. Je coupe de l’herbe et des feuilles que je fais sécher pour lui. Parfois, je le laisse brouter dans le champ. Lorsqu’on lui donne de l’herbe sèche, il boit beaucoup d’eau, presque comme un poisson. Mais lorsqu’il broute des feuilles vertes, il boit moins d’eau. Lorsqu’il fait très chaud, je lui fais de l’ombre. Sans ombre, il mange très peu lorsqu’il fait très chaud.
Animatrice :
Depuis combien temps possédez-vous le Toggenburg?
Joseph :
Depuis que j’ai pris ma retraite en 2004. J’ai suivi une formation sur les rudiments de l’élevage, la construction de bons enclos et la préparation du foin avant de me procurer les chèvres.
Animatrice :
Lorsque d’autres agricultrices et agriculteurs amènent leurs femelles pour les accoupler, quel est le prix que vous leur demandez?
Joseph :
À peu près cinquante cents pour un membre de l’organisation paysanne, mais nous allons augmenter le prix à un dollar, car les soins prodigués à ces chèvres coûtent cher. Les non-membres paient le double de ce montant.
Animatrice :
Songeriez-vous un jour à élever des vaches?
Joseph :
Comment pourrais-je les nourrir? Les chèvres exigent moins de travail et de temps par tête, contrairement aux bovins. Elles mangent moins et s’adaptent mieux à l’environnement que les vaches. Elles ne tombent pas facilement malades, et avec la saison sèche qui a été interrompue quelques fois par des pluies très fortes ces jours-ci, il est préférable pour moi de me contenter des chèvres. Je suis très heureux d’accoupler ces chèvres!
TRANSITION MUSICALE
Animatrice :
Heureux de vous retrouver. Nous sommes en train de nous familiariser avec l’élevage des chèvres laitières, et nous avons entendu une éleveuse de chèvres laitières et un éleveur-sélectionneur de chèvres.
Donc, comment devez-vous prendre soin de vos chèvres laitières pour en tirer le maximum de bénéfice? Je me suis entretenu avec le professeur Isaac Sanga Kosgey, un expert en amélioration génétique des animaux et en génétique. Je lui ai posé d’abord la question de savoir quelles races de chèvres on trouvait en Afrique.
Kosgey :
On peut diviser les chèvres en trois catégories. Les chèvres indigènes forment la première catégorie qu’on trouve chez les agricultrices et les agriculteurs locaux, et qui sont surtout élevées pour la production de viande. Nous avons également les races de chèvres à aptitude mixte qui nous procurent aussi bien du lait que de la viande. Pour terminer, il y a les races exotiques comme la Toggenburg, la Saanen et l’Alpine. Elles sont surtout élevées pour leur rendement laitier.
Animatrice :
Vous avez cité la Toggenburg. Quelles sont les qualités dont elle dispose pour supporter le climat kenyan?
Kosgey :
À l’origine, la Toggenburg est une race suisse. Elle est robuste, en plus d’être une véritable glaneuse. Cette race est faite pour vivre dans des climats plus froids, mais lorsqu’on lui prodigue de bons soins, la Toggenburg s’adapte bien au Kenya.
Animatrice :
Devez-vous donner aux chèvres Toggenburg des soins autres que ceux réservés aux chèvres indigènes ?
Kosgey :
Toutes les chèvres, et particulièrement les chèvres laitières, ont besoin de soins en ce qui a trait à l’alimentation, la sélection, la lutte contre les maladies, les parasites et d’autres ectoparasites, l’aménagement des enclos et leur état de santé.
Les Toggenburg ne peuvent pas produire de lait si elles ne sont pas bien alimentées. Elles ne doivent pas être malades non plus, doivent éviter d’être exposées trop longtemps au soleil. Contrairement aux chèvres indigènes, les Toggenburg sont également très sensibles à la pneumonie.
Il est important d’offrir aux Toggenburg un régime alimentaire équilibré en aliments énergétiques, en protéines et en minéraux. Vous pouvez utiliser de la farine de poisson ou des légumineuses pour leur assurer un apport en protéines. Vous devez également leur offrir un fourrage de bonne qualité sous forme d’herbe, telle que l’herbe à éléphant ou les fanes de patate douce.
Animatrice :
Quelles sont les maladies qui affectent couramment la Toggenburg et les chèvres métisses?
Kosgey :
La maladie que l’on rencontre le plus souvent chez les chèvres est une sorte de pneumonie dénommée péripneumonie contagieuse des caprins ou CCPP. Les chèvres peuvent aussi contracter le tétanos lorsqu’elles se blessent en mettant bas ou lorsqu’elles paissent dans les champs.
Animatrice :
Comment soignez-vous ces maladies?
Kosgey :
Le traitement des maladies comme la pneumonie se fait surtout par la prévention avec la vaccination. Un vétérinaire peut administrer des antibiotiques à une chèvre malade si celle-ci souffre d’une infection bactérienne découlant d’une blessure.
La construction des enclos est un autre aspect qu’il ne faut pas négliger. Il est primordial d’avoir un bon enclos. Il est important de s’assurer que le vent ne souffle pas à travers l’enclos des chèvres.
Animatrice :
De quoi d’autre devez-vous tenir compte lorsque vous construisez un enclos pour vos chèvres?
Kosgey :
En ce qui concerne les enclos, la chose la plus importante à faire est de s’assurer que les animaux ne se couchent pas sur un sol humide, et ce, pour éviter qu’ils n’aient la pneumonie ou ne soient infectés par des vers.
Le sol de l’enclos des chèvres doit être surélevé par rapport au niveau du sol, et ce, juste un peu en dessous des genoux. De cette façon, les chèvres n’auront pas à dormir dans leurs crottes ou leur urine. Aménager le sol de l’enclos avec des plaques en bois et laisser un espace d’un demi-pouce entre chaque plaque pour permettre aux crottes de s’y échapper pour tomber par terre.
Vous devez également vous assurer que l’enclos est propre et sec en tout temps, et qu’il est bien ventilé. Assurez-vous qu’il n’y a aucune fuite dans le toit et que les mangeoires sont propres. Par ailleurs, il est important de séparer les petits des adultes pour éviter que les adultes ne piétinent les petits.
La vermifugation est un autre aspect très important. Il est bon de vermifuger tous les animaux avant l’accouplement, et de vermifuger les femelles pleines avant qu’elles ne mettent bas. Les petits doivent être vermifugés à trois mois lorsqu’ils arrêtent de téter et commencent à être sevrés. Il est également important de vermifuger les bêtes avant le début des saisons pluvieuses.
Animatrice :
Que doit faire une agricultrice ou un agriculteur pour obtenir un lait de meilleure qualité de ses chèvres?
Kosgey :
Pour avoir plus de lait, les agricultrices et les agriculteurs doivent séparer les petits de la chèvre en lactation tous les deux jours. Cela empêche la mère d’arrêter de produire du lait, étant donné qu’elle produit essentiellement du lait pour son petit.
Nous séparons également les mâles des femelles pour éviter que le lait n’ait une odeur de « bouc ». Cette odeur provient des mâles qui sentent vraiment le bouc, surtout en hivernage. L’odeur se propage facilement, et le lait peut la capter facilement, amenant ainsi les gens à ne pas en vouloir.
Animatrice :
Avez-vous un dernier conseil pour les petits éleveurs de chèvres?
Kosgey :
L’élevage de chèvre est de plus en plus répandu, d’autant plus que les terres se font de plus en plus rares et plus étroites de nos jours. La demande en lait est de plus en plus forte dans les zones urbaines, mais il n’y a pas suffisamment d’espace pour élever de plus gros animaux comme les vaches.
J’aimerais encourager plus de personnes à se lancer dans l’élevage de chèvres. Par exemple : une femelle Toggenburg peut produire cinq litres de lait par jour, et en plus un lait de bonne qualité. Mais par-dessus tout, il est important de prendre bien soin de vos bêtes.
Animatrice :
Je vous remercie infiniment. C’était le professeur Kosgey qui nous expliquait comment l’élevage de chèvres laitières pouvait être une bonne chose pour les agricultrices et les agriculteurs des régions arides. Nous avons également entendu les propos d’une éleveuse de chèvres et d’un éleveur-sélectionneur de chèvres.
Pour récapituler, vous devez : bien nourrir vos animaux, construire un bon enclos, assurer une bonne hygiène des lieux et prévenir les maladies et les parasites en vaccinant et en vermifugeant régulièrement vos bêtes. De plus, pour obtenir une bonne sélection, assurez-vous d’utiliser des boucs en bonne santé. Et enfin, prodiguer de bons soins aux chevreaux.
Acknowledgements
Rédaction : Mme Winnie Onyimbo de Trans World Radio, à Nairobi, au Kenya
Révision : Julie Ojango, spécialiste en stratégies d’amélioration génétique des animaux à l’International Livestock Research Institute, à Nairobi, au Kenya, et John G. Fitzsimons, professeur agrégé, School of Environmental Design and Rural Development, Ontario Agricultural College, University of Guelph, Canada
Information sources
Entrevues réalisées avec :
Teresia Kyalo, éleveuse de chèvres laitières à Mwingi, dans l’est du Kenya
Joseph Mwangangi Mkonzo, sélectionneur de chèvres laitières à Mwingi, dans l’est du Kenya
McDonald Mnuve, coordonnateur d’un groupement agricole à Mwingi.
Entrevues réalisées le 9 février et le 12 mars 2015
Pour de plus amples renseignements, consultez les ressources suivantes :
Projet réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD)