Notes au radiodiffuseur
Au nord du Ghana, neuf ménages sur dix élèvent des pintades, et ces volatiles leur procurent une certaine sécurité alimentaire. Dans les villages et les banlieues, les familles élèvent généralement cinq pintades femelles et une pintade mâle. Les ménages les plus démunis vendent leurs volatiles tôt (habituellement pendant les périodes de réjouissances), mais les plus nantis gardent leurs volatiles jusqu’à la fin de la saison agricole, en mars, puis ne recueillent pas les œufs avant octobre ou novembre, où ils remplacent l’ancien troupeau par de nouveaux volatiles.
Les pintades sont productives et leur chair nourrissante contient plus de protéines, est moins grasse que celle de la poule et est également faible en cholestérol. Les œufs de pintade ont une coquille plus dure que ceux de la poule, résistent mieux aux chocs, se conservent plus longtemps et supportent de très longs trajets sans subir aucun dommage.
Les agricultrices et les agriculteurs du nord du Ghana vendent souvent leurs pintades pour subvenir avant tout à leurs besoins immédiats, tels que l’achat d’intrants agricoles ou de nourriture en période de soudure, de juin à août. Les familles utilisent également la pintade dans le cadre des rites funéraires, des fiançailles, des sacrifices et pour régler des différends. La demande pour la chair et les œufs de pintade est forte.
L’élevage de pintades peut être une activité rentable, mais les agricultrices et les agriculteurs doivent apprendre à relever un certain nombre de défis, y compris :
• le taux de mortalité élevé des poussins (les jeunes pintades sont appelées de « poussins »)
• le faible taux de fertilité et le faible taux d’éclosion
• le manque de sources fiables de ravitaillement en poussins d’un jour de bonne qualité
• le manque d’informations sur les besoins nutritionnels de la pintade
• la disponibilité insuffisante d’aliments en saison sèche
• les prédateurs des volatiles et des œufs, dont les chiens, les serpents et les faucons
• le manque de soins vétérinaires pour les pintades
Le présent texte radiophonique porte sur les avantages et les difficultés liés à l’introduction de nouvelles races de pintades. Il est tiré d’entretiens réalisés avec des agricultrices et des agriculteurs qui élèvent des pintades dans la Région du Haut Ghana oriental au nord du pays.
Vous pourriez présenter ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole courante, en vous servant de comédiennes et de comédiens de doublage pour représenter les locutrices et les locuteurs. Si tel est le cas, informez vos auditrices et vos auditeurs, au début de l’émission, qu’il s’agit des voix de comédiennes et de comédiens, et nos celles des véritables personnes avec qui les entretiens ont été réalisés.
Vous pourriez également utiliser ce texte en guise de document de recherche ou vous en inspirer pour créer votre propre émission sur l’élevage des pintades ou un thème similaire dans votre pays.
Entretenez-vous avec des agricultrices, des agriculteurs, ainsi que des expertes et des experts qui élèvent des pintades ou qui sont bien renseignés sur ces volatiles. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
L’élevage de pintades est-il répandu dans votre région? Si oui, à quels types de difficultés sont confrontés les agricultrices et les agriculteurs? Certains d’entre eux ont-ils trouvé des solutions à ces problèmes, et pourraient-ils en parler pendant votre émission? Que pensent les services de vulgarisation et d’autres acteurs de ces problèmes?
L’élevage de pintades est-il une activité rentable dans votre région? Quelles sont les perspectives économiques?
Les agricultrices et les agriculteurs locaux ont-ils essayé d’élever de nouvelles races? Quelle a été leur expérience?
Durée estimée du texte radiophonique : 20 minutes, avec la musique d’intro et de sortie.
Texte
(PAUSE) Imaginez que votre mère ou votre épouse soit en train d’apporter une pintade au marché et que celle-ci lui échappe et s’envole. Comment la rattrapera-t-elle? Plus tard dans l’émission, vous saurez si elle a pu attraper le volatile. Nous communiquerons également des informations sur le marché de la pintade, et que vous n’aimeriez manquer pour rien. Alors, restez à l’écoute!
Les pintades jouent un rôle majeur dans la vie de ces agricultrices et agriculteurs. Toutefois, qu’est-ce qui les empêche d’exploiter au maximum le potentiel économique qu’offrent les pintades?
Cela fait très longtemps que les populations de la Région du Haut Ghana oriental domestiquent ce volatile et elles cherchent actuellement le moyen d’améliorer les races traditionnelles. Mais ils sont confrontés à de réelles difficultés.
La présente émission traite des problèmes que les agricultrices et les agriculteurs rencontrent avec l’élevage de pintades, ainsi que des avantages et des défis liés à l’introduction de nouvelles races. Merci de rester des nôtres tout au long de l’émission.
Dans cette région du monde, l’élevage de pintades était une affaire d’hommes. Les femmes n’en consommaient qu’à l’occasion. Avant, les gens pensaient que les femmes n’étaient pas capables d’élever des pintades, car celles-ci cachent souvent leurs œufs et il faut chercher partout pour les retrouver. En outre, il est nécessaire d’avoir une poule pour couver et permettre aux œufs d’éclore. Les pintades ne s’occupent pas beaucoup de leurs œufs.
J’ai voulu savoir si les jeunes agricultrices et agriculteurs s’intéressaient à l’élevage de pintades. Par conséquent, j’ai discuté avec M. Robert Dampare. M. Dampare est un jeune agriculteur, membre fondateur de l’association des éleveurs de pintades de Paga.
Il se prononce sur l’élevage de pintades.
Je viens d’avoir trente ans et je pratique l’élevage moderne des pintades. Cela consiste à utiliser des aliments concentrés pour leur alimentation, les garder dans des poulaillers, utiliser des médicaments et installer des couveuses pour faire éclore les œufs. Je crois que c’est la meilleure méthode.
J’ai pris connaissance des méthodes modernes il y a environ six ans en écoutant une émission radiophonique dans laquelle un agent de vulgarisation agricole et d’autres experts intervenaient.
En 2009, j’ai suivi un atelier où j’ai appris la méthode moderne de sélection. Après l’atelier, le ministère de l’Alimentation et l’Agriculture nous ont remis une nouvelle race à élever et partager avec d’autres agricultrices et agriculteurs.
J’ai convaincu certains de mes collègues de la collectivité de Nayinia de créer une association d’éleveurs de pintades et de tester la race améliorée. Cinquante-quatre agricultrices et agriculteurs qui utilisaient la méthode d’élevage à l’air libre ont adhéré à l’association. Le nombre de membres a augmenté au point qu’il y en a dans tout le district de Paga-Chiana, et, maintenant, dans toute la Région du Haut Ghana oriental. Ces groupements ne ménagent aucun effort pour faire de l’élevage de pintades leur principale activité agricole, car les cultures agricoles n’ont pas été très bonnes ces dernières années.
Toutefois, le coût élevé des aliments et des médicaments fait que plusieurs d’entre nous délaissent cette activité. Actuellement, nous continuons à élever la race traditionnelle et quelques pintades de race croisée de la collectivité avoisinante de Zebilla, dans le district ouest de Bawku de la Région.
Concernant l’élevage des pintades par les femmes, de nombreuses croyances et perceptions culturelles peuvent dissuader les femmes de mener cette activité. Par exemple : lorsqu’une femme veut vendre une pintade, elle doit la remettre à son fils ou son époux pour aller le vendre au marché, car elle craint que le volatile ne lui échappe en cours de chemin.
Les gens croient aussi qu’il est difficile pour les femmes d’amener les poules à faire éclore les œufs de pintades. Traditionnellement, les poules appartiennent au fils ou au mari. Un autre problème est que les pintades pondent leurs œufs dans des endroits cachés ou près de l’endroit où le voisin élève les siennes. Si ce voisin n’est pas informé, cela peut susciter une incompréhension et ce dernier peut affirmer que les œufs lui appartiennent.
De plus, certaines familles conservatrices croient que si une femme élève des pintades c’est pour défier son mari ou exercer une domination sur la famille. Ces mentalités traditionnelles dissuadent les femmes d’élever des pintades. Néanmoins, notre association paysanne aide ses femmes à surmonter quelques-uns de ces obstacles et à élever des pintades.
Si vous vous souvenez, j’ai posé une question au début de l’émission. J’ai demandé à savoir ce qui pouvait se passer si votre femme ou votre mère laissait échapper une pintade sur le chemin du marché. Pourrait-elle le récupérer? Bien sûr qu’elle le pourrait! La perte d’un volatile attire souvent les membres des collectivités voisines qui aident la femme à attraper le volatile.
Maintenant que notre mère a retrouvé sa pintade, demandons à madame Theodora comment elle est parvenue à surmonter ces conceptions erronées traditionnelles.
J’étais un modèle pour les femmes de la collectivité, et j’ai encouragé d’autres femmes à essayer de lancer dans l’élevage e pintades.
J’avais des pintades de race traditionnelle il y a quatre ans, avant d’adhérer à l’association des éleveurs de pintades de la communauté. C’est à ce moment-là que nous avons entendu parler d’une formation pour les agricultrices et les agriculteurs sur l’élevage de races améliorées de pintades, et des prêts accordés pour l’achat de médicaments et la construction de poulaillers.
J’ai été un des premiers agriculteurs ayant reçu chacun 30 pintades pour les faire multiplier et en donner à d’autres agricultrices et agriculteurs de l’association. Le membre d’une ONG qui était comme un agent de vulgarisation agricole nous a appris à préparer les aliments, confiner les volatiles et leur administrer des médicaments de vermifugation pour les garder en bonne santé.
Les races des régions du Nord et de Zebilla proviennent de ce milieu, mais les pintades belges sont une espèce exotique et exigent beaucoup de soins.
Quand nous avons commencé à élever la race belge, nous avons obtenu un prêt auprès d’une banque rurale. Mais le taux d’intérêt du prêt, ainsi que la hausse du prix des poulaillers et des aliments ont obligé certains d’entre nous à abandonner l’activité.
Cela coûte cher de bâtir un abri complètement couvert et j’ai déjà dépensé trop d’argent. Maintenant, je n’ai plus d’argent pour l’achever. J’ai juste acheté quelques pintades de race améliorée locale de la région de Zebilla et j’essaie de les élever cette saison.
L’élevage de pintades constitue un moyen pour les agricultrices et les agriculteurs du district de gagner de l’argent pour développer leurs cultures agricoles, surtout en ce qui concerne l’agriculture irriguée ou celle pratiquée en saison sèche, car un très grand nombre de barrages et de petits étangs fermiers sont disponibles pour la production légumière.
Par exemple, pour certains rites du mariage, la famille du marié doit offrir des pintades depuis la période où les futurs mariés ont commencé à se courtiser jusqu’au mariage. Dans le temps, certaines familles ou tribus exigeaient que des pintades soient offertes en guise de présents aux belles-mères de la mariée.
Les cultures telles que celles que l’on retrouve chez les Dagombas et les Gonja dans la région du Nord et à Kusasi dans la Région du Haut Ghana oriental organisent des festivités pour la pintade entre octobre et décembre, chaque année. Pendant ces célébrations, les agricultrices et les agriculteurs remercient leurs ancêtres pour les bénédictions qu’ils leur ont accordées depuis la période de cultures jusqu’aux récoltes. Les parents et les amis viennent avec des pintades vivantes et des plats à base de viande de pintade.
La pintade réunit les populations et consolide les liens familiaux, car presque toutes les cultures de la Région du Haut Ghana oriental raffolent de la pintade.
C’est ici que prend fin notre émission aujourd’hui. La semaine, prochaine, à la même heure, nous poursuivrons notre discussion sur la chaîne de valeur de la pintade. L’élevage de pintades peut aider les petits ménages à assurer leur sécurité alimentaire et offrir d’autres avantages aux agricultrices et aux agriculteurs partout en Afrique, et pas seulement au nord du Ghana. Au revoir et à la semaine prochaine.
Acknowledgements
Rédaction : Lydia Ajono, directrice de Radio Gurune 99.3 FM à Bolgatanga, dans Région du Haut Ghana oriental
Révision : Dr Moses Gbordzi, Direction des services vétérinaires, ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture, Bolgatanga, Région du Haut Ghana oriental
Information sources
Entretiens réalisés avec :
• M. Robert Dampare, secrétaire, Association des éleveurs de pintades du district de Paga-Chiana, et Commission nationale de l’éducation civique, Nayinia, Paga, Navrongo, Région du Haut Ghana oriental
• Madame Theodora Kabuje, enseignante à la retraite, ville de Paga, Navrongo, Région du Haut Ghana oriental
• M. Albert Asangeya, Association des éleveurs de pintades de Sirigu-Mirigu, district de Sirigu-Mirigu, Navrongo, Région du Haut Ghana orientale
Merci aux agricultrices et aux agriculteurs du district de Paga-Chiana, du district de Sirigu-Mirigu et de la municipalité de Bolgatanga
Projet réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD)