Notes au radiodiffuseur
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Le Rwanda est l’un des pays les plus densément peuplés en Afrique, avec environ 380 personnes par kilomètre carré. Puisque la plupart des Rwandais sont des agriculteurs, le sol devient de plus en plus morcelé et abîmé. Parce qu’on le travaille chaque année, il se fatigue et les rendements sont faibles. Pour redonner sa force au sol, il faut utiliser des fertilisants organiques et chimiques. Mais certains agriculteurs n’ont pas les moyens d’acheter des fertilisants chimiques et ils n’ont pas les ressources pour faire du fumier à base de compost.
Pour faire face à ce problème, une agricultrice nommée Alphonsine Nyirambanjinka applique de l’icyayi dans son champ. Icyayi est un mot qui signifie « thé », en Kinyarwanda, la langue du Rwanda. Le thé est formé de cendre, d’herbes, d’eau et de déchets de poules. C’est un produit organique local qu’Alphonsine et d’autres agriculteurs ont découvert. Bien que le produit soit utilisé avant que les tests scientifiques n’aient confirmé son utilité, Nyirambanjinka confirme sa capacité de rajeunir le sol.
Ce texte met en vedette la recherche que les agriculteurs conduisent eux-mêmes, chaque année, pour améliorer la fertilité de leur sol et les rendements de leurs cultures.
Ce texte est basé sur d’authentiques interviews. Il pourrait vous servir d’inspiration pour conduire une recherche ou pour écrire un autre texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en ayant recours aux voix d’acteurs pour représenter les personnages. Le cas échéant, veuillez vous assurer d’informer l’auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs, et non celles des personnes impliquées dans l’interview originale.
Texte
Montée de l’indicatif musical pour commencer l’émission. L’indicatif musical est fondu pendant 15 secondes et enchaîné sous la voix de l’animateur.
Animateur :
Chers auditeurs de Radio Salus, bonjour et bienvenue, encore une fois, dans notre émission dédié à l’agriculture. Pour commencer, voici le thème de l’émission d’aujourd’hui:
Du thé pour le sol: comment le fumier à base de «thé» nourrit le sol. Chers auditeurs et agriculteurs, cela fait de nombreuses années que nous travaillons notre sol pour nous nourrir. Cependant, comme le sol nous donne de la nourriture, il devient de plus en plus vieux. Pour lui redonner sa force, il faut lui donner de bonnes choses à manger et à boire. Mais qu’est-ce que cela veut dire: À manger? À boire?
Dans l’émission d’aujourd’hui, nous allons rendre visite à Alphonsine Nyirambanjinka, membre d’Imbaraga. Imbaraga est une union d’associations d’agriculteurs de la région du Nord du Rwanda. Alphonsine nourrit le sol de fumier à base de «thé» pour répondre aux besoins du sol. Les besoins du sol sont de recevoir des bonnes choses à manger et à boire afin de répondre aux attentes de l’agriculteur. L’exploitation du sol, c’est du donnant- donnant. Cette émission est préparée et présentée par Jean Paul Ntezimana. Ne quittez pas!
Jingle
Fond sonore ambiant, sous la conversation
Animateur :
Dans un enclos très calme, les seuls bruits sont ceux des oiseaux qui chantent du haut des arbres qui entourent la maison. Alphonsine et les membres de sa famille s’occupent du travail quotidien des agriculteurs: préparer le grenier, collecter les déchets pour faire du fumier organique, et autres tâches. Mais Alphonsine prépare aussi une découverte faite par des agriculteurs – du thé pour le sol. Alphonsine prépare du thé pour son champ afin d’augmenter le rendement de ses cultures. Après avoir échangé de longues salutations enthousiastes avec les voisins et les passants, Alphonsine explique comment elle fabrique du thé pour nourrir son sol.
Alphonsine :
Je prépare une petite quantité du fumier liquide pour mon jardin de légumes. Pour préparer ce fumier, je mets un peu d’eau dans un seau de dix litres. Puis j’ajoute quelques feuilles; deux grosses poignées d’une plante appelée
cyimbazi (
Note de l’éditeur: le nom scientifique est Thitonia divorsiforia). En fait, je plante du
cyimbazi dans mon champ- on n’en trouve pas partout dans notre région. J’ajoute de la cendre de la cuisine et je mets le couvercle sur le contenant. Après trois jours, je mélange les ingrédients, à l’aide d’un morceau de bois. Deux jours après, je mélange encore pour aider la mixture à se décomposer. Entre temps, je collecte les déchets de ma seule poule. Après cinq jours – c’est-à-dire dix jours après avoir commencé à faire le thé, j’ajoute du fumier de poule. Après encore deux semaines, le thé sera prêt pour nourrir mon jardin. C’est le NPK fait maison du Rwanda (
Elle rit)
Montée musicale pendant 15 secondes puis fondu sous la voix d’Alphonsine
Alphonsine :
Le thé est très nutritif pour le sol. J’ai appris comment le préparer grâce à
Imbaraga, notre association de groupes d’agriculteurs. C’est notre découverte. Je l’utilise pour rajeunir le sol de mon jardin, sans fertilisants chimiques, parce que nous n’avons pas d’argent pour les fertilisants industriels! C’est vrai que maintenant que j’utilise le thé, j’ai de meilleurs rendements qu’avant. J’ai un petit champ d’environ un dixième d’hectare. Avant je récoltais trois sacs de maïs. Mais quand j’utilise le compost à base de thé, j’obtiens sept sacs de maïs. À part notre NPK local, j’utilise l’urine de ma vache à la place de l’urée commerciale. C’est aussi très riche pour le sol.
Montée musicale pendant 10 secondes, puis fondu sous la voix de l’animateur
Animateur :
Chers auditeurs, chers agriculteurs, vous êtes à l’écoute de Radio Salus, et notre émission porte sur l’agriculture. Nous venons de rendre visite à Madame Alphonsine et d’observer comment elle prépare du thé pour son jardin. Avez-vous des questions, des suggestions ou d’autres idées sur le thème de cette émission? Si oui, envoyez-nous un sms à
salusradio@nur.ac.rw.Vous pouvez aussi nous envoyer des lettres à: BP 117 Butare, Rwanda.
Montée musicale pendant 10 secondes, puis fondu sous la voix de l’animateur
Animateur :
Chers auditeurs, notre visite auprès des membres d’Imbaraga se poursuit dans leur siège administratif situé dans la ville de Ruhengeri. Ce bureau est le centre de formation d’Imbaraga à Musanze, un district du nord du Rwanda. Dans ce centre, M. Gafaranga Joseph est le secrétaire exécutif d’Imbaraga pour la Province du Nord. M. Joseph est aussi agriculteur. M. Joseph nous raconte pourquoi ses collègues agriculteurs et lui-même ont développé ce liquide fertilisant.
Joseph :
Nous avons réalisé que certains parmi nous sont pauvres. Ainsi, ils n’ont pas les moyens de fertiliser leurs champs. C’est pourquoi nous avons pensé à un mélange qui pourrait nous donner des résultats semblables à ceux que nous obtenons quand nous utilisons des fertilisants chimiques comme le NPK 17-17-17. Le mélange que nous appelons «thé» est facile à fabriquer, bon marché, et il est prêt pour l’utilisation après environ 25 jours. Il est très riche, plus que le fumier ordinaire, comparable à l’engrais chimique. Il est simple à transporter; je veux dire qu’il n’est pas trop lourd. Même si on n’a pas d’autres animaux, on peut utiliser les déchets de poule. C’est bon pour l’environnement et c’est organique!
Animateur :
M. Joseph, comment le «thé» affecte-t-il les rendements de cultures?
Joseph :
La production double! C’est très bien pour les petits exploitants aux moyens limités.
Animateur :
M. Joseph, pouvez-vous nous dire si vous êtes satisfait de votre travail sur ce thé?
Joseph :
Nous conduisons encore des recherches pour déterminer ses propriétés, et pour voir si on peut l’améliorer en y ajoutant quelque chose ou en le modifiant. Par exemple, nous n’avons pas encore déterminé la meilleure dose. Pour un are (Note de l’éditeur: un «are» est une portion de terre de dix mètres sur dix, soit cent mètres carrés. C’est le centième d’un hectare. Veuillez utiliser les unités de mesure que votre auditoire connaît le mieux.), on utilise un ou deux bidons de 20 litres. Mais nous avons demandé l’assistance du laboratoire de l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda, ISAR. Quand nous aurons les résultats du laboratoire d’ISAR, nous serons à mesure de l’utiliser encore plus efficacement.
Montée musicale pendant 10 secondes, puis fondu progressif sous la voix de l’animateur
Animateur :
Chers auditeurs, chers agriculteurs, amis de Radio Salus, c’est la fin de notre visite à l’union des associations des agriculteurs, dans le nord du Rwanda. Je crois que vous avez acquis quelques connaissances au sujet de leur recherche sur le rajeunissement du sol. En guise de rappel, ces agriculteurs utilisent un mélange qu’ils appellent «thé». C’est un mélange d’eau, de feuilles de cyimbazi, de cendre et de fumier de poulet. Il est important de noter qu’un fumier à base de thé ne devrait pas être appliqué aux parties comestibles des plantes ou appliqué trop près de la période de la récolte.
Montée de la musique pendant cinq secondes, puis fondu progressif sous la voix de l’animateur.
Chers auditeurs de Radio Salus, nous espérons que vous avez vu que le rôle de l’agriculteur est fondamental, en matière de recherche basée sur l’expérience des agriculteurs. Vous pouvez aussi commencer votre propre recherche, ou appliquer les lessons tirées par les membres du groupe d’agriculteurs d’Imbaraga. Si vous voulez partager votre expérience et votre recherche avec d’autres, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse habituelle de Radio Salus: BP 117 Butare, Rwanda. Nous ne pouvons pas vous quitter sans remercier les membres d’Imbaraga pour leurs efforts pour augmenter leur production. Merci aussi à vous tous qui êtes à l’écoute de notre émission. Vous étiez en compagnie de Jean Paul Ntezimana. À la prochaine!
Fondu enchaîné de la musique de fond à l’indicatif musical
Acknowledgements
Rédaction : Rédacteur confirmé Jean Paul Ntezimana, Radio Salus, Butare, Rwanda, un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales
Révision : John FitzSimons, professeur agrégé, École de design environnemental et de développement rural, Université de Guelph, Canada
Noms communs pour Tithonia diversifolia:
Embu: kirurite
Anglais: Mexican sunflower, tree marigold, tithonia
Français: fleur la fête des mères
Kamba: ilaa
Kikuyu: maruru
Kinyarwanda: ikicamahirwe, cyimbazi
Kirundi: umugaruro, ibamba ry’umusoz, kererukonjo
Kisii: amaua amaroro
Kiswahili: maua, mauwa buchungu
Luhya: maua amalulu
Luo: maua makech
Marachi: liuwa, lilulu
Mashi: cilula, chiharara
Nord Madagascar: dokoterahely
Okeigbo (Nigéria): jogbo, agbale
Shi: hyasi hilulu, cilula
Sukuma: maua