Des villageois utilisent un système de pâturage pour protéger leur terre

Élevage d'animaux et apiculture

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Voulez-vous avoir davantage de nourriture et d’eau pour vous-même, votre famille et les bêtes? Cherchez-vous une solution durable au problème de l’infertilité des sols?

Ecoutez attentivement cette histoire que Mutizwa Mukute, un membre du Réseau d’Informations Agricoles d’Afrique de l’Est et du Sud (Farm Information Network of East and Southern Africa – FINESA) nous a racontée. Vous apprendrez comment les gens du village de Ndlovu, dans le Nord-Ouest du Zimbabwe travaillent ensemble pour aider leur communauté à se développer. Ils utilisent les bêtes dans le cadre d’un système qui restaure la fertilité du sol en même temps qu’une couverture végétale, surtout de l’herbe. Les ruisseaux et l’eau fraîche qui coulaient depuis toujours dans leur village y coulent de nouveau toute l’année. Et ils ont augmenté le rendement de leurs récoltes. Vous pouvez apprendre de leur expérience comment augmenter votre approvisionnement en nourriture et en eau.

Pour commencer, vous apprendrez comment les gens se sont unis pour planifier les changements dans le village de Ndlovu. Le fait de s’entendre sur ce qu’ils voulaient réaliser, et sur la manière d’atteindre leurs objectifs, a contribué à leur réussite.

Ensuite, vous apprendrez certaines des techniques que ces villageois ont utilisées, comme une méthode de rassemblement des troupeaux appelée « regroupement », qui a permis de garder les aires de pâturages vertes et productives.

Voici leur histoire:

Le village de Ndlovu se trouve dans le district de Hwange, dans la partie Nord-Ouest du Zimbabwe. Les habitants de l’endroit gèrent les animaux de manière à limiter l’érosion des sols et les pénuries d’eau dans leur région.

Premièrement, les villageois se sont rencontrés pour décider ce qu’ils voulaient: la prospérité, l’unité, une bonne santé, une terre fertile et du travail à plein temps. Cette vision partagée a déterminé leurs plans et leurs activités.

Après s’être mis d’accord sur la qualité de vie qu’ils souhaitaient, ils ont discuté de ce qu’ils pouvaient faire pour y arriver. Par exemple qu’ils pourraient utiliser les produits de leurs fermes, des sculptures et des centres culturels pour gagner de l’argent et parvenir à la prospérité.

Puis, ils ont décrit à quoi ils aimeraient que leur terre ressemble dans trente ans. Ils voulaient une terre saine, productive où les rivières couleraient toute l’année. Ils voulaient une terre fertile sur laquelle les plantes et les bêtes seraient en bonne santé. Les villageois partageaient une zone de pâturage, mais faisaient paître leurs bêtes séparément, et cela a détruit la terre.

Ils avaient des parcelles de terre sur lesquelles ni les plantes ni l’herbe ne poussaient plus. Ils avaient besoin d’un système faisant en sorte que les bêtes puissent paître sur un seul endroit en même temps pour que l’herbe ait le temps de repousser dans les autres endroits.

Ils ont donc décidé que le fait de gérer leur bétail en commun était un des meilleurs moyens de guérir leur terre.

Pour commencer, ils firent l’inventaire de tout ce qui était disponible dans leur communauté. Alors, ils dessinèrent une carte du village montrant les caractéristiques permanentes de leur région. Ils marquèrent toutes les crevasses, rivières, chemins et écoles de leur communauté. Cette carte du village les aidèrent à obtenir une image complète de leur terrain. Elle leur montra également comment bâtir leur nouveaux plans.

Une fois la carte complétée, ils firent un plan pour organiser les pâturages. Ils décidèrent quand et où faire paître leurs bêtes. Ils firent paître leurs bêtes dans la zone boisée pendant la saison des pluies pendant que l’eau était facile à trouver. Les bêtes pouvaient paître sur les terres humides en hiver lorsque ces terrains n’étaient plus détrempés et boueux, mais encore verts.

Ils savaient que les champs avaient aussi besoin d’engrais, et pouvaient tirer profit des excréments laissés par les bêtes en train de paître. Alors ils décidèrent de faire paître leurs bêtes dans les endroits où ils cultivent des produits pendant la saison sèche.

Les villageois s’adressèrent aux agents de vulgarisation agricole pour avoir une idée de la quantité d’herbe dont une vache a besoin. Ils apprirent quel type d’herbe et quelle quantité poussait dans les différents endroits.

Les villageois divisèrent leurs terres communes en plusieurs zones de pâturages qu’ils appelèrent des unités. Ils laissèrent les bêtes paître sur une seule unité à la fois. Ils n’eurent pas besoin de clôturer ces endroits. Ils avaient de bons gardiens de troupeaux possédant des repères dans leur tête. Maintenant, ils permettent aux bêtes de revenir sur une unité de pâturage seulement lorsque l’herbe a repoussé. Et le bétail n’y reste que tant qu’il y a suffisamment à brouter. Habituellement, l’herbe a besoin de 30 à 90 jours pour repousser. Si les bêtes y vont trop tôt, l’herbe n’aura pas eu le temps de repousser comme il faut. C’est ce qu’on appelle le sur-pâturage et c’est ainsi que la terre devient sèche et infertile.

A travers leur projet, les villageois de Ndlovu ont appris que le sur-pâturage ne signifie pas que trop de bêtes paissent sur un endroit, mais qu’on les laisse se promener sur une grande superficie sans surveillance. Quand on dit qu’il y a du sur-pâturage sur un terrain, cela veut dire que les mêmes plantes sont broutées sans retenue avant d’avoir eu assez de temps pour repousser. La période de repousse dépend de la période de l’année.

Pendant la saison des pluies, par exemple, les plantes poussent vite, alors elles peuvent être broutées plus souvent. En gérantleur unités de pâturage soigneusement, et en gardant les bêtes sur des zones restreintes pendant une courte période, les villageois ont su éviter le sur-pâturage sur leur terrain.

Les villageois rassemblèrent leurs bêtes en troupeau et s’efforcèrent de respecter leurs plans autant que possible.

Ils essayèrent également une technique pour mener le troupeau afin de permettre à l’herbe de pousser sur les sols dénudés. Cette technique s’appelle le regroupement. Cela consiste à faire paître les bêtes les unes très près des autres. Les sabots des boeufs creusent le sol jonché de détritus, créant les conditions idéales pour la germination des graines d’herbes. Le chaume abandonné dans le champ, comme les tiges de maïs, sont piétinés par le bétail et se mélange au sol. L’eau s’accumule dans les nombreux petits trous creusés par les sabots. Les bêtes laissent aussi une grande quantité d’excréments et d’urine dans un espace restreint. Cela procure les éléments nutritifs nécessaires pour permettre aux plantes de bien pousser. Les villageois apprirent que le regroupement avait un autre avantage: cela permet à différentes sortes d’herbes de pousser sur le terrain.

Les villageois de Ndlovu remarquèrent quelque chose d’extraordinaire lorsqu’ils mirent en pratique leur plan de pâturage: Il y avait beaucoup d’herbe là où les bêtes avaient brouté, et beaucoup de verdure là où les bêtes devaient aller. Les ruisseaux et l’eau fraîche se mirent à couler de nouveau.

L’une des raisons qui expliquent le succès du projet Ndlovu est la collaboration entre les gens du village. Ils travaillent toujours ensemble pour améliorer le sol. Par exemple, ils envisagent maintenant d’intégrer des ânes et des chèvres dans leur plan de pâturage. Ils ont aussi eu des problèmes à garder le bétail en hiver parce que les bêtes des autres villages viennent et dérangent leurs prévisions en broutant dans les mauvais endroits. Pour obtenir les meilleurs résultats, il leur faudra également travailler de concert avec les autres villages.

Quelle leçon pouvez-vous retirer de l’expérience des gens du village de Ndlovu? Rappelez-vous ce qu’ils ont fait:

D’abord ils se sont réunis et se mirent d’accord sur des objectifs communs qui pourraient satisfaire les besoins de tout le monde. Ils ont défini ce qui était important pour eux et conçu un plan détaillé pour les aider à réaliser le genre de vie que tout le monde souhaitait. Ils ont planifié les activités qu’ils avaient à entreprendre sur trente ans pour garder la terre saine et fertile autour de leur village.

Ensuite, ils dressèrent une carte de leur terre montrant les caractéristiques permanentes et les ressources importantes. La carte montrait les différentes activités qui avaient lieu sur le terrain.

Puis, ils s’adressèrent à des vulgarisateurs agricoles pour voir la quantité et les variétés d’herbes qui poussaient dans leur région. Ils mirent au point un plan de pâturage montrant où et quand ils feraient paître leur bétail. Certains villageois apprirent une technique de pâturage appelée regroupement qui contribuait à rendre le sol plus fertile. Ils enseignèrent à d’autres les leçons qu’ils avaient apprises. Les villageois gardaient et menaient à l’abreuvoir leur bêtes ensemble. Ils appliquèrent leurs plans à la lettre, et pratiquèrent la technique du regroupement.

Mutizwa Mukute et ses camarades villageois observèrent continuellement leurs progrès et firent les ajustements nécessaires à leurs plans.

En quoi consiste la Convention des Nations-Unies pour combattre la désertification?

C’est un accord signé par tous les pays du monde pour partager la responsabilité de lutter contre les effets de la désertification. Son objectif est d’aider à la régénération des sols dans les régions arides, semi-arides, et sèches sous-humides. La Convention vit le jour au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992, où de nombreux pays en voie de développement, menés par les pays d’Afrique, demandèrent l’aide du reste du monde pour combattre la désertification aussi rapidement que possible.

A Paris, en 1994, 87 pays signèrent la Convention des nations-Unies pour Combattre la Désertification. Aujourd’hui, plus de 115 pays ont signé la convention. Une fois que les gouvernements de 50 pays ont pleinement confirmé leur participation, le vrai travail va commencer. Un plan pour l’action urgente a été adopté pour encourager les efforts immédiats en Afrique car c’est la partie du monde qui souffre le plus de la désertification.

Qu’est-ce qui cause la désertification?

La désertification est causée par les changements climatiques et par l’activité humaine. La sécheresse rend parfois le sol sec et craquelé, ou rend les problèmes déjà existants encore pires.

Mais il y a quatre raisons principales qui provoquent la désertification: la culture excessive sur le même sol, le fait de laisser les bêtes brouter excessivement sur les terres qui épuise la couverture végétale qui les protège de l’érosion, le fait de couper et de brûler les arbres, et l’usage de méthodes d’irrigation inappropriées qui rendent les terres cultivables salées.

Quelles sortes d’actions seront menées dans le cadre de la Convention?

L’un des éléments clés de la Convention est ce qu’on appelle une « approche à la base ». Cela veut dire que les gens des petites communautés et leurs dirigeants seront consultés avant de prendre des décisions ou d’entreprendre des actions. Les gens de ces communautés seront impliqués dans les projets pour arrêter la désertification dans leur région. La Convention reconnaît que les gens des communautés affectées, les organisations non-gouvernementales, les experts, et les gouvernements doivent travailler ensemble pour combattre efficacement la désertification et pour trouver des solutions à long terme. Cela signifie que les agriculteurs et les scientifiques doivent partager les idées sur les techniques agricoles les plus appropriées. Ces idées peuvent être discutées avec les organisations gouvernementales ou non-gouvernementales pour que les fonds soient alloués de façon appropriée.

Acknowledgements

  • L’information nécessaire à la rédaction de ce texte a été fournie par Mutizwa Mukute, agent d’information, Association PELUM (Participatory Ecological Land Use Management) BP:MP 1095, Mt Pleasant, Harare, Zimbabwe. Il est membre de la FINESA (Farm Information Network of East and Southern Africa). Ce texte a été révisé par Daniel Gudahl du Heifer Project International (projet international Heifer), USA.
  • La publication de ce texte a été rendue possible grâce à l’appui du Bureau de la Convention sur la Désertification, Agence canadienne de développement international (ACDI), Ottawa, Canada.