Des agriculteurs rwandais montrent qu’il peut être rentable de cultiver des patates douces et de les transformer en d’autres aliments

Activités après récolte

Script

L’indicatif musical monte pour commencer l’émission. Il est fondu après 20 secondes sous la voix de l’animateur.

ANIMATEUR :
Bonjour, chers auditeurs de Radio Salus. Ici Jean Paul Ntezimana. Vous êtes à l’écoute de l’émission agri-élevage. La fois passée, nous avons discuté de la transformation des produits agricoles, ici au Rwanda. Aujourd’hui, nous parlons de la transformation des patates douces.

Les patates douces sont cultivées et consommées à grande échelle au Rwanda, surtout dans les campagnes. On les mange habituellement juste après les avoir récoltées. Elles vont tout droit du champ à la marmite. C’est en partie parce que nous manquons de connaissances concernant les modalités de conservation des patates douces pour une période plus longue.

Vous serez certainement ravis d’apprendre que des chercheurs ont introduit de nouvelles variétés à chair orange enrichies en vitamine A. Ils collaborent aussi avec des agriculteurs qui font des profits en transformant des patates douces en farine pour la préparation de beignets, de biscuits, de gâteaux et d’autres aliments.

Êtes-vous curieux de savoir comment les patates douces peuvent générer de bons revenus? Alors, écoutez notre émission d’aujourd’hui. Aujourd’hui, nous parlerons à un cultivateur de patates douces qui se fait beaucoup d’argent en transformant des patates douces en des produits divers.

Bruit illustrant un voyage en voiture -bruits de moteur, démarrage et arrêt, etc. Fondu enchaîné sous la voix de l’animateur…

ANIMATEUR :
Je suis en route pour aller visiter Habumuremyi Jean Marie Vianney. Jean Marie est un agriculteur de 36 ans qui est père de quatre enfants. Comme d’autres agriculteurs, il pratiquait autrefois de l’agriculture de subsistance, cultivant principalement des ananas. Mais, il y a six ans, il a commencé à améliorer ses revenus. Comme il vivait près d’une école secondaire, il a eu l’heureuse occasion de fournir des patates douces à cette école. Écoutons Jean Marie nous raconter son histoire.

Montée de bruits de voiture

CLIP DE JEAN MARIE:
Quand j’ai commencé à fournir des patates douces à l’école, je devais les acheter au marché afin de les vendre ensuite à l’école. Alors, j’ai commencé à cultiver des patates douces moi-même.

J’ai ensuite appris que le Rwanda Agricultural Board, le RAB, distribuait de nouvelles variétés de patates douces qui donnaient un meilleur rendement et qui contiennent de plus grandes quantités de vitamine A.

Je les ai approchés et ils m’ont donné les nouvelles variétés à chair orange. Par après, le RAB m’a sélectionné pour la formation sur la production et la transformation de patates douces. Avant ça, je m’étais plusieurs fois demandé comment je pourrais stocker les patates douces sans qu’elles ne pourrissent.

Bruit d’une personne remontant une colline -peut-être le souffle court, avec des bruits de pas

ANIMATEUR :
Pour arriver chez Jean Marie, il faut remonter une colline en pente douce et traverser sa plantation d’ananas. Une grande maison est encore en construction, et il y a un four devant la maison, et deux autres maisons sur la même propriété. Alors que je m’approche, je vois un homme de grande taille, élancé et musclé.

ANIMATEUR :
(Appelant à distance) Bonjour, M. Jean Marie.

JEAN MARIE :
(Commençant hors-micro, mais au micro vers la fin de la réplique) Bonjour et soyez les bienvenus chez nous. Je suis vraiment content de votre visite dans notre entreprise de transformation de patates douces. Nous venons de terminer la préparation d’un tas de beignets – peut-être pouvez-vous en goûter! Theoneste est en train de faire du pain, et tout va bien. Soyez les bienvenues chez nous!

ANIMATEUR:
(Arrêtant maintenant de marcher) Jean Marie, puisque les patates douces sont si faciles à préparer et à manger, pourquoi avoir voulu les transformer en d’autres produits?

JEAN MARIE :
Je suis agriculteur depuis longtemps. Avant, j’approvisionnais les écoles secondaires de notre district. Mais quand les écoles n’en avaient pas besoin, j’avais peur de les perdre en tant que clients, parce que les patates ne peuvent être stockées que cinq jours avant de pourrir.

Ensuite est venue l’idée de les transformer. Je me suis demandé : pourrais-je transformer les patates douces pour les empêcher de pourrir si rapidement et pour ne pas perdre la moindre partie de mes revenus? Comment pourrais-je les conserver un peu plus longtemps que cinq jours?

ANIMATEUR :
Qu’avez-vous fait?

JEAN MARIE :
J’ai approché le gouvernement du district local, qui m’a aidé à faire une demande de crédit à la banque afin de lancer l’unité de transformation. (Note de l’éditeur: Au Rwanda, les agriculteurs utilisent souvent leur terre comme garantie pour avoir droit à un prêt. Jean Marie a aussi reçu de l’aide du gouvernement local, qui a fait l’intermédiaire avec la banque.) Le RAB m’a aidé à cultiver des nouvelles variétés riches en vitamine A et à hauts rendements, à participer à des foires et à des expositions à travers le pays, et il m’a offert de l’aide sous d’autres formes.

Le RAB m’a aussi appris comment faire le séchage et la transformation des patates douces. C’est en 2010 que j’ai commencé à mettre en pratique mon idée de transformation des patates douces.

ANIMATEUR:
M. Jean Marie Vianney, il semble que vous pensez que votre idée a bien réussi. Quelle quantité de patates douces pouvez-vous transformer en un jour?

JEAN MARIE :
Aujourd’hui, je ne sèche qu’une petite quantité de patates douces. Je peux moudre et utiliser seulement 500 kilogrammes de farine de patate douce par jour. Ça n’est pas assez. Mon ambition est de produire au moins 20 tonnes par jour.

J’ai acheté des machines assez puissantes qui peuvent transformer 20 tonnes de patates par jour, alors je suis optimiste. Mais pour faire cela, j’aurais besoin de plus de 150 employés. Je n’en emploie que 15 aujourd’hui. Avec plus de capacité, nous ajouterions des produits comme le jus de patates douces.

ANIMATEUR:
Merci M. Jean Marie. Nous discuterons avec vous un peu plus tard au cours du programme.

Chers auditeurs, vous êtes à l’écoute de l’émission Agri-élevage, sur Radio Salus. Aujourd’hui, nous parlons de la transformation de patates douces en d’autres aliments.

Jean Marie cultive beaucoup plus de patates douces qu’à ses débuts. Mais, afin d’en avoir suffisamment pour son unité de transformation, il travaille toujours avec d’autres agriculteurs, incluant M. Gatete Alexis, qui est ici avec nous! M. Gatete, pouvez-vous nous dire si vous gagnez de l’argent avec cette unité de transformation?

M. GATETE :
Je suis agriculteur de patates douces depuis mon adolescence, alors que j’apprenais à cultiver. Mais je n’ai commencé à gagner de l’argent grâce à mes patates douces que quand j’ai initié ma collaboration avec Jean Marie. Il achète ma récolte, toute ma récolte! En plus, il me paie parfois pour que j’achète des patates douces auprès d’autres agriculteurs, pour l’unité de transformation. Si j’avais beaucoup de terres, je cultiverais plus de patates douces parce qu’elles sont vraiment rentables aujourd’hui!

ANIMATEUR :
Merci M. Gatete! À présent, nous allons parler avec M. Sindambirwa Theoneste, qui est constamment en mouvement depuis que nous sommes arrivés. Il fait des va-et-vient, ici et là, le front en sueur. Theoneste est en train de préparer des produits dérivés de patates douces. Bonjour M. Theoneste. Depuis que je suis ici vous êtes très occupé! Pouvez-vous expliquer aux auditeurs ce que vous faites avec les patates douces?

M. ThEONESTE :
Je prends la farine de patates douces, j’ajoute 20% de farine de blé et je fabrique du pain, des beignets et des gâteaux! Je peux transformer 500 kilogrammes de farine par jour afin de faire ces produits. Le marché demande plus que nous ne pouvons fournir présentement. C’est pourquoi je travaille tellement.

ANIMATEUR:
Est-ce que vous gagnez bien votre vie avec cette petite unité de transformation de patates douces?

Theoneste : J’ai été formé et je gagne cent dollars par mois. C’est beaucoup pour un homme qui vit à la campagne comme moi! J’ai commencé à travailler ici en 2010. Je suis marié et j’ai deux enfants. J’ai un demi-hectare de bananiers, j’ai une vache et je compte en acheter une autre l’année prochaine. J’ai deux porcs, et je suis satisfait de mon travail!

ANIMATEUR :
Maintenant, retournons à M. Jean Marie. Avec des projets comme celui de Jean Marie, les problèmes ne manquent pas. Quels sont les problèmes que vous rencontrez, Jean Marie, et comment les réglez-vous?

JEAN MARIE :
Les problèmes sont principalement liés à la culture des patates douces. Les patates douces ne sont pas une priorité agricole officielle au Rwanda.

Mais j’ai essayé de les cultiver et j’encourage d’autres agriculteurs à cultiver davantage. Les patates douces que nous utilisons ne sont pas celles produites habituellement ici au Rwanda. Ce sont de nouvelles variétés à chair orange, enrichies en vitamine A. Les agriculteurs ne sont pas familiers avec ces nouvelles variétés. Il a fallu une vulgarisation intense pour amener les agriculteurs à les cultiver. Par ailleurs, on doit acheter les boutures, elles ne sont pas gratuites. C’est là un autre obstacle à leur popularité. Mais les agriculteurs et leurs coopératives comprennent que la culture de ces nouvelles variétés est rentable.

ANIMATEUR:
Que faites-vous pour promouvoir les nouvelles variétés oranges?

JEAN MARIE :
Nous travaillons avec huit coopératives et plus de 15 agriculteurs qui travaillent hors des coopératives. Nous avons aussi discuté avec le district. Les autorités du district ont fait des patates douces une culture prioritaire parce qu’ils apprécient ce que nous faisons dans notre unité de transformation. Le district apportera de l’aide aux cultivateurs de patates douces. Nous espérons que la production de patates douces deviendra populaire et que nous pourrons en produire suffisamment afin de répondre à la demande du marché.

ANIMATEUR :
M. Jean Marie, est-il rentable de faire tourner une telle unité de transformation ? En tirez-vous quelques bénéfices, vous-même?

JEAN MARIE :
Oui. J’ai acheté plus de terres pour augmenter l’espace de culture pour les patates douces! J’avais seulement 3 hectares de patates douces mais aujourd’hui j’en ai 25! J’ai construit une maison d’une valeur d’à peu près dix millions de francs rwandais (15 000 $ US) à Karenge, où se trouve notre marché régional! C’est grâce à tous les profits que je fais! J’ai engagé un enseignant qui fait du tutorat pour mes enfants, après l’école! C’est vraiment énorme le bénéfice de mon unité de transformation.

ANIMATEUR:
Merci, M. Jean Marie, et merci à vous, chers auditeurs de Radio Salus. Comme vous venez de l’entendre dire par M. Jean Marie, il a eu l’idée de transformer les patates douces en d’autres aliments, et il a réussi. Mais il n’utilise pas les patates douces que nous cultivons habituellement ici au Rwanda. Ce sont de nouvelles variétés à chair orange. Si vous voulez un rendement élevé pour vos patates douces et que vous voulez générer de l’argent grâce aux patates, pourquoi ne pas essayer de cultiver ces nouvelles variétés à chair orange? Et pourquoi ne pas essayer de transformer vos patates douces en farine afin de faire du pain, des gâteaux et d’autres pâtisseries, pour la vente ?

Chers auditeurs, chers agriculteurs, je vous remercie beaucoup pour votre aimable attention. Si vous avez des questions, des suggestions, ou des idées concernant cette émission, n’hésitez pas à nous contacter à notre adresse: Radio Salus, Boîte Postale 117, Butare. Ici Jean Paul Ntezimana qui vous dit merci et à bientôt!