Notes au radiodiffuseur
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Selon le site Web de l’Organisation mondiale de la santé, « La dépression est un trouble mental courant qui se présente avec une humeur déprimée, une perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, un sommeil agité ou un appétit perturbé, un manque d’énergie et une mauvaise concentration. Ces problèmes peuvent devenir chroniques ou récurrents et aboutir à des déficiences considérables de la capacité d’une personne à assumer ses responsabilités quotidiennes. Au pire, la dépression peut mener au suicide, destin tragique associé à la perte de quelque 850 000 vies chaque année. »
La dépression est courante puisqu’elle touche 121 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sur la planète. La dépression figure parmi les principales causes d’incapacité dans le monde et en sera la deuxième cause principale d’ici 2020. La dépression peut être diagnostiquée de façon fiable et traitée par les dispensateurs de soins de santé, mais moins de 25 % des personnes touchées ont accès à des traitements efficaces.
La dépression peut faire tout particulièrement son apparition après un accouchement, avec souvent des résultats très négatifs pour la mère et l’enfant. La reconnaissance et le traitement de ce trouble conduisent à des résultats positifs pour les deux.
Le texte suivant vise à sensibiliser davantage aux symptômes de la dépression maternelle du post-partum, à l’impact que la dépression peut avoir sur la vie de tous les jours, aux idées fausses qui circulent couramment à propos de la dépression et à la nécessité de la traiter.
Avant de diffuser ce texte à vos auditeurs, renseignez-vous sur la maladie mentale dans votre région. La dépression n’est qu’une des sortes de troubles mentaux. Quelle est la fréquence de la dépression? Quels sont les effets à court et à long terme de la dépression? Quelles sortes de services existent pour traiter la dépression dans votre région? Essayez de parler aux gens des services de santé mentale dans votre région ou dans la capitale de votre pays pour obtenir de plus amples renseignements sur la dépression et les autres problèmes de santé mentale. En diffusant ces informations, vous pourrez contribuer à améliorer la santé mentale de vos auditeurs et offrir des renseignements précieux que d’autres émissions radiophoniques ne fournissent peut-être pas.
Texte
Shakina :
Grand-mère de 45 ans qui adhère au vieux mode de vie dans son village
Ashanti :
Grand-mère de 42 ans préoccupée par sa seule fille Sylvia, qui vient d’avoir un bébé et ne s’est pas présentée au travail aujourd’hui
Layla :
Femme de 32 ans mère de deux filles et amie de Sylvia
Johari :
Jeune mère intelligente de 28 ans qui connait la travailleuse sociale locale
Animateur :
La dépression affecte la vie de plus de 120 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sur la planète. La dépression peut survenir tout particulièrement à la suite d’un accouchement – souvent avec de graves conséquences négatives pour la mère et l’enfant.
(Courte pause)Bonjour
(Bonsoir). Bienvenue à notre émission
(nom de l’émission). Aujourd’hui, nous allons entendre une conversation entre trois villageoises qui tressent des paniers et bavardent tout en travaillant. Les trois femmes – Ashanti, Layla et Shakina – sont préoccupées au sujet de la fille d’Ashanti, Sylvia, qui ne s’est pas présentée au travail aujourd’hui. Sylvia vient tout juste d’accoucher et montre des signes de dépression. Écoutons leur conversation.
Bruits de fabrication de paniers et de la vie dans un village – conversations de gens, bruits d’animaux – en toile de fond durant tout le texte.
Shakina :
Sophie, peux-tu me passer quelques-unes de ces cannisses
(choisissez un terme local au besoin), s’il te plait?
Shakina :
Merci. Oh non, je me suis de nouveau coupé un doigt! Chaque fois que je fais cela, je me coupe un doigt.
Ashanti :
Tu devrais faire plus attention.
Shakina :
C’est ce que ma fille me dit toujours.
(D’une voix aigue)« Tu ne fais jamais assez attention, maman, tu ne fais jamais assez attention. »
Layla :
On s’y habitue après un moment.
Shakina :
Oui, je crois que c’est vrai. Au fait, Ashanti, où-es ta fille?
Ashanti :
Sylvia?
(D’un air triste)Elle ne se sent pas bien depuis son accouchement.
Layla :
Cela fait deux semaines qu’elle ne nous a pas aidées à tresser des paniers.
Ashanti :
Je sais. Je lui ai demandé de venir mais elle pleure tout le temps.
Layla :
Humm. Sylvia…elle n’avait pas l’habitude de pleurer autant.
Ashanti :
Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Le bébé pleure sans arrêt et Sylvia ne mange pas bien. Elle ne dort pas non plus.
(Confuse)Je ne sais pas… Je ne sais tout simplement pas quoi faire. Elle est si maigrichonne maintenant.
Layla :
Je ne pense pas que c’est un problème. Cela m’est arrivé quand j’ai eu mon bébé, mais la sensation a disparu après quelques jours. Je ne pouvais pas dormir. J’étais si fatiguée et je me sentais stressée. J’étais très en colère après le bébé car elle pleurait toujours. Mais dis à Sylvia que la sensation disparait.
Ashanti :
Je lui ai dit d’aller voir la travailleuse sociale du village, mais elle n’arrive tout simplement pas à se sortir du lit.
Shakina :
Ces jeunes filles – elles ont la vie trop facile. Vous savez, quand j’ai eu mes enfants, on se levait et on retournait aux champs aussitôt. Il fallait travailler. Maintenant, c’est beaucoup trop facile pour elles… beaucoup trop facile.
(Pause)Tiens, voici un panier – qu’en penses-tu? Aimes-tu celui-ci?
Layla :
Je pense qu’il faut plus de finition sur le côté.
Shakina :
(Lentement)Eh bien… peut-être…d’accord.
Ashanti :
Le problème c’est que c’est moi qui s’occupe du bébé de Sylvia.
Shakina :
Mais c’est ce que tu es supposée faire.
Ashanti :
Je suis la grand-mère; j’ai déjà élevé mes enfants!
Shakina :
Mais tu es supposée de continuer à élever tes enfants. Nous ne cessons jamais de nous occuper de nos enfants. Nous nous levons le matin et nous allons chercher de l’eau, nous préparons les enfants, nous séchons le poisson… Et ensuite, quand vos enfants ont des enfants, vous vous levez le matin et vous conduisez les enfants à l’école. C’est toujours comme ça.
Ashanti :
Passe-moi cette tige
(choisissez un terme local au besoin), s’il te plait.
Ashanti :
(Préoccupée)Mon Dieu, je ne sais tout simplement pas quoi faire. Elle n’arrête pas de pleurer, elle ne se lève pas le matin. Je ne sais pas quoi faire… où aller demander de l’aide.
Shakina :
Qui n’arrête pas de pleurer?
Shakina :
Oh, Sylvia… Elle a la vie trop facile! Elle a la vie trop facile. Son homme ne la bat pas. C’est là le problème.
Ashanti :
Non, ce n’est pas le problème.
Shakina :
La bat-il plus souvent? Peut-être qu’elle a besoin d’être battue plus souvent parce qu’elle pleure trop.
Ashanti :
Non, il essaie de prendre soin d’elle. Il est inquiet à son sujet. Il ne la bat pas. Un homme n’est pas supposé battre une femme parce qu’elle pleure.
Shakina :
Oh, c’est inhabituel. Quand j’étais jeune…
Ashanti :
(L’interrompant brutalement)Ferme ta boite, Shakina.
(D’un ton sarcastique)Quand tu étais jeune, la rivière escaladait la montagne et les bananes étaient bleues.
Layla :
Force-la tout simplement à se lever.
Ashanti :
Je ne peux rien faire. Elle ne veut pas se lever.
Shakina :
Elle est probablement trop paresseuse.
Layla :
Comment peux-tu dire une telle sottise? Tu sais que Sylvia n’est jamais paresseuse!
Shakina :
Humm… Est-ce qu’elle mange?
Ashanti :
Pas vraiment. Elle pleure tout le temps et elle ne prend même pas le bébé.
Shakina :
Alors pourquoi ne l’aides-tu pas? N’es-tu pas censée prendre le bébé?
Ashanti :
(D’une voix lasse)J’ai déjà élevé mes bébés.
Shakina :
Que penses-tu de ce panier maintenant?
Ashanti :
Ouais, celui-ci est beau.
Shakina :
(Sur un ton de confidence)Parfait, c’est le plus beau panier. Eh bien, je suis la meilleure pour tresser un panier, n’est-ce pas?
Ashanti :
Tu es aussi la meilleure pour bavarder. Selon vous, que devrais-je faire?
Layla :
Depuis combien de temps Sylvia se sent-elle comme ça?
Ashanti :
Eh bien, le bébé a maintenant deux mois.
Layla :
Assurément, je ne me suis pas sentie mal aussi longtemps.
Ashanti :
Combien de temps cette sensation a-t-elle duré chez toi?
Layla :
Elle a disparu après une semaine environ. Je savais que la situation ne changerait pas, alors j’en ai tiré le meilleur parti.
Shakina :
Eh bien, pourquoi Sylvia ne peut-elle pas aller mieux?
Ashanti :
Mon Dieu, je ne sais pas.
Shakina :
(Intriguée)C’est un mystère. Peut-être qu’elle est seulement… qu’elle est seulement… Je ne sais pas… peut-être qu’un esprit l’a attrapée? Peut-être qu’un esprit a pris possession d’elle?
Ashanti :
Ouais, je pense que c’est un esprit parce que j’ai tout essayé. Je lui ai fait toutes les tisanes, mais je crois que quelqu’un a jeté sur elle le regard du diable. Elle n’est tout simplement pas bien.
Layla :
Cela me fait penser à quelqu’un que je connais dans un autre village. Elle est devenue folle après la naissance de son bébé. Quelque chose est arrivée… elle avait un comportement bizarre, puis elle s’est noyée et il a fallu donner le bébé à sa soeur.
Bruit d’une personne qui s’approche.
Shakina :
Hello, comment allez-vous?
Johari :
Hello. Je constate que vous travaillez dur. Oh, à qui est ce panier? Il a encore besoin de beaucoup de finition.
Layla :
Johari, tu peux commencer à tresser celui-là.
Johari :
Très bien, parfait.
(Pause)Je vous ai entendu parler de Sylvia.
Johari :
(Inquiète)Que se passe-t-il?
Ashanti :
Elle a eu son bébé et elle ne n’arrête pas de pleurer. Elle ne peut pas venir travailler. Elle ne peut pas prendre soin de son bébé.
Layla :
Nous pensons qu’un esprit a pris possession d’elle.
Johari :
Vous savez, le cousin de mon mari est un gros bonnet, un médecin à Nairobi. Il me racontait qu’après qu’une femme a un bébé, elle se sent triste et pleure beaucoup, mais ce n’est pas un esprit.
Layla :
Ce n’en est pas un? Alors, qu’est-ce que cela peut bien être?
Johari :
Ce gros bonnet médecin, il dit que c’est quelque chose qu’on appelle une dépression.
Ashanti :
Une dépression? Qu’est-ce que c’est?
(D’un ton dédaigneux)Ces médecins ne savent rien au sujet des esprits de notre village.
Johari :
Peut-être bien que non, mais il y avait une femme en ville qui pleurait tout le temps et ne s’occupait pas de son bébé.
Johari :
Elle ne mangeait pas et elle était vraiment, vraiment malade.
Ashanti :
Cela ressemble au même esprit que celui de Sylvia. Un bébé esprit.
Johari :
Très bien, le docteur est venu et lui a apporté quelque chose et il lui a parlé. Je ne sais pas ce qu’il a fait…mais il a fait quelque chose et la femme se sent vraiment bien maintenant.
Johari :
Le bébé va bien lui aussi.
Ashanti :
Alors, d’après le médecin, qu’est-ce qui n’allait pas chez cette femme?
Johari :
Le docteur a dit que cette femme faisait de la dépression.
Shakina :
C’est simplement un autre mot qui veut dire esprits!
Johari :
Non, ce n’est pas cela. C’est comme une maladie. C’est comme si quelqu’un tombait malade, mais pas à cause des esprits.
Ashanti :
Et que lui a-t-il donné pour régler ça?
Johari :
Je ne sais pas. Je pense qu’il lui a donné une sorte de médicament.
Ashanti :
Alors, où puis-je emmener Sylvia pour obtenir de l’aide?
Johari :
Eh bien, il y a un nouveau médecin à la clinique depuis la semaine dernière.
Ashanti :
(Méfiante)Non, je ne fais pas confiance à ces docteurs blancs qui viennent de l’extérieur.
Johari :
(D’un ton rassurant)Il n’est pas blanc, il est noir comme toi et il vient de Nairobi.
Ashanti :
Oh, je ne l’ai pas encore vu.
Layla :
A-t-il le médicament pour soulager Sylvia?
Johari :
Je ne sais pas. Ils n’ont pas toujours des médicaments ici.
Layla :
Peut-être qu’il pourrait simplement lui parler? Peut-être qu’il pourrait voir s’il s’agit d’une dépression?
Ashanti :
Ouais, c’est mieux que rien.
(Sur un ton de lassitude)Je ne peux pas m’occuper de ce bébé; je suis trop vieille.
Johari :
Très bien, pourquoi ne vas-tu pas demander au docteur s’il rendra visite à Sylvia et lui parlera? Il est différent de l’autre docteur qui était ici. Ce docteur-là aime aller parler à tout le monde.
Ashanti :
Eh bien, j’espère qu’il pourra guérir le mal de Sylvia. Dieu sait que nous avons besoin d’aide!
Johari :
Pourquoi n’y vas-tu pas maintenant? Pourquoi ne viens-tu pas avec moi? Nous pourrons achever ces paniers plus tard. Viens tout de suite. Nous allons parler au docteur et voir de quelle façon il peut nous aider.
Layla :
Nous pouvons terminer cela – vous, allez-y!
Shakina :
(Pause, puis rappel au moment de partir)Quand vous reviendrez, amenez Sylvia avec vous. Elle doit terminer ce gros panier-là.
Animateur :
Parfois, après la naissance de son bébé, une mère se sent déprimée. Elle peut perdre tout intérêt et tout plaisir à la vie, elle peut ne pas dormir beaucoup ou ne pas vouloir manger, et elle peut avoir peu d’énergie et une mauvaise concentration. Ce sont là des symptômes de ce qu’on appelle la dépression du post-partum. Les mères qui subissent la dépression du post-partum devraient obtenir de l’aide auprès des travailleuses sociales. C’est une maladie grave qui peut devenir chronique, en sabotant les chances à la fois de la mère et de ses enfants pour mener une vie saine et heureuse.(Pause)Merci d’avoir écouté notre émission d’aujourd’hui. Au revoir.
Acknowledgements
Rédaction : Dr Stan Kutcher, chaire Sun Life Financial en santé mentale des adolescents, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada.
Révision : Ricardo Salcedo, Université Dalhousie, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada; Ainslie McDougall, Université Dalhousie, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada; David Venn, Centre de santé IWK, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada.