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Le jeudi est le jour de visite à la ferme de Narayan Reddy. Cette ferme de 5 hectares se trouve à une demi-heure de route de la ville de Bangalore dans le sud de l’Inde. Qu’est-ce que cette ferme a de si particulier? Pourquoi les gens, certains venus de très loin, veulent-ils la visiter?
Reddy cultive la même sorte de produits que ses voisins : des cocotiers, des arbres fruitiers, des légumes, des mûres, du millet et du riz. Et comme de nombreux autres fermiers de la région, il élève des vaches à lait et des vers à soie.
Ce qui rend la ferme de Reddy si spéciale, ce sont les méthodes qu’il utilise. Son but est de faire de sa ferme une unité de production auto-suffisante. Lui et sa famille cultivent ou fabriquent presque tout ce dont ils ont besoin. Ils expérimentent de nouvelles façons de faire les choses, pour voir s’ils peuvent accomplir les tâches plus vite et mieux, ou à des coûts moindres. Parfois ils trouvent que les anciennes méthodes sont encore les plus efficaces. Et ils sont toujours disposés à partager ce qu’ils ont appris.
Le père de Reddy a commencé à cultiver la terre il y a plus de 20 ans. Il utilisait des engrais chimiques et des insecticides parce que c’était la méthode moderne. Au début, tout allait bien. Mais après quelques années, il s’aperçut qu’il perdait de l’argent. Les produits chimiques n’étaient pas toujours disponibles. Ils coûtaient cher. Les rendements des cultures baissaient. Plus grave : les sols se détérioraient.
Alors Reddy décida d’utiliser d’autres méthodes de culture. Il était au courant des anciennes méthodes traditionnelles de culture. Il sentait qu’en associant les meilleures méthodes traditionnelles à la technologie moderne, il pourrait améliorer ses cultures. Et c’est précisément ce qu’il a fait.
Reddy apprend tout ce qu’il peut sur les méthodes modernes et scientifiques de culture. Ils choisit et essaie les idées qui, selon lui, vont donner de bons résultats. Mais il s’assure également que ces méthodes ne vont pas polluer le sol et l’eau ou le rendre trop dépendant des sources extérieures d’approvisionnement.
Par exemple, une des premières choses que Reddy fit fut de cesser d’acheter des engrais et des insecticides chimiques. Au début cela voulait dire qu’il aurait à amener plus de matières organiques sur la ferme. Par exemple, il ramassa du fumier animal dans d’autres fermes, des feuilles mortes sur les bas-côtés des routes et dans la forêt. Il commença à faire beaucoup de compost. Il cultiva des plantes pour en faire des engrais verts, comme le sesbania (sesbania sesban) et du chanvre crotalaire (crotalaria juncea) . Et il utilisa le résidus des feuilles et des tiges restant après les récoltes pour en faire du compost ou du paillis au lieu de les brûler.
Il réduisit aussi l’utilisation des insecticides. Reddy fabrique maintenant son propre insecticide à partir de graines de neem broyées, l’urine de vache, et d’autres matières disponibles sur la ferme. Ses cultures paraissent parfaitement saines, et les arbres fruitiers sont chargés de fruits.
Durant la période où Reddy est passé de l’agriculture à base de produits chimiques à l’agriculture biologique, il dut travailler beaucoup plus sur sa ferme. Et ses rendements ont un peu baissé, mais parce que ses coûts baissèrent également, il fit à peu près les mêmes profits. Avec le temps, à mesure que le sol s’améliorait et qu’il commença à cultiver un grand nombre de produits différents chaque saison, ses profits augmentèrent de façon générale.
Les principaux produits que Reddy cultive sont les noix de cocos, les fruits – surtout les sapotes (Achras sapota), les mangues et le melon d’eau – le millet (Eleusine coracana), et les mûres (Morus spp). Il fait aussi deux récoltes de riz par an. Entre les cocotiers, il cultive des légumes pour les vendre en ville.
Toute la nourriture destinée à la famille est cultivée sur la ferme. Ils ont leurs propres céréales – le riz et le millet – et leurs propres légumes, les fruits et les noix de coco. Ils tirent beaucoup de lait de leurs vaches. Même le café qu’ils boivent au petit déjeuner est cultivé sur la ferme, en rangées, juste en dehors de la maison.
Avec le temps, Reddy a ajouté d’autres entreprises. L’une d’elles consiste à élever des vers à soie. Dans la nature, les vers à soie vivent sur des mûriers et se nourrissent de cette plante. Ils peuvent aussi être élevés à l’intérieur par les fermiers s’ils sont nourris avec la même sorte de feuilles de mûriers régulièrement.
Les vers à soie ont de la valeur à cause des cocons qu’ils enroulent. Ces cocons sont déroulés pour en faire des fils de soie dont on se sert pour la confection de tissus de soie qui coûtent cher.
Sur l’un des côtés de la maison de Reddy, il y a un grand hangar avec des rayons du plancher au plafond. Là, les vers à soie sont gardés dans des plateaux de bambous ronds et plats et nourris avec des feuilles de mûriers. Au bout de 4 semaines, ils enroulent leurs cocons. Et ces cocons se vendent très cher.
L’élevage des vers à soie ne coûte pas cher. Parce que Reddy a planté une assez grande partie de sa ferme avec des mûriers, il a toujours des feuilles de mûriers à donner à manger à ses vers à soie. Il a aussi planté plusieurs bouquets de bambous. Le bambou est fendu en deux et entrelacé pour confectionner les plateaux sur lesquels vivent les vers à soie.
Reddy a planifié avec soin ses entreprises sur la ferme. Chacune a un rapport avec les autres et les soutient. Les nombreuses activités de la ferme assurent à Reddy et à sa famille un revenu sûr toute l’année.
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Acknowledgements
Ce texte a été écrit par Vrinda Kumble, Editorial Consultants, Mysore, Inde.
Information sources
Entrevue avec Mr. Manjunatha Reddy par Vrinda Kumble durant la visite effectuée à la ferme de Narayan Reddy, Varthar, Bangalore, Inde en janvier 1993.
« The Reddy Farm », dans ILEIA Newsletter, Volume 7, Numeros 1 et 2, Mai 1991, page 50. Information Centre for Low – External – Input and Sustainable Agriculture, Kastanjelaan, P.O. Box 64, NL 3830 AB Leusden, Netherlands.