Notes au radiodiffuseur
L’impact du changement climatique en Zambie est aujourd’hui plus perceptible que jamais, comme en témoignent la baisse considérable de la productivité agricole, l’augmentation significative de la mortalité du bétail et des animaux sauvages, les inondations dans certaines régions du pays et le risque d’assèchement des rivières et autres plans d’eau, tels que les chutes Victoria.
Les exploitations agricoles des régions du sud, du centre et du sud-ouest du pays ont été les plus vulnérables aux effets du changement climatique, notamment aux inondations et aux sécheresses, au cours des deux dernières décennies.
L’agriculture et l’élevage dépendent de pluies abondantes, mais les précipitations irrégulières et la capacité limitée d’irrigation de la Zambie rendent le pays vulnérable au changement climatique. Divers facteurs ont contribué à l’insécurité alimentaire dans le pays, notamment de fortes pluies diluviennes entraînant des inondations, des températures élevées et une augmentation de la fréquence des sécheresses, une saison des pluies plus courte qui se traduit par une augmentation des mauvaises récoltes, l’érosion des sols, la dégradation des pâturages provoquant la perte de bétail et la diminution de la superficie des terres cultivables.
Batoka, dans la province méridionale de la Zambie, n’a pas été épargnée par ces problèmes. Bien que le pays dispose de réserves relativement abondantes d’eau souterraine et de surface, l’eau de surface est inégalement répartie et la partie sud de la Zambie en particulier connaît des pénuries d’eau chaque fois qu’il y a une baisse des précipitations ou une période de sécheresse, avec des débits réduits dans les cours d’eau, les rivières et les lacs. Cela affecte l’accès des agriculteur.trice.s à l’eau pour la boisson, l’agriculture, l’élevage et la pêche, ainsi que pour la production d’énergie hydroélectrique.
Par l’intermédiaire du Ministère de l’agriculture, d’organisations de la société civile et d’ONG, le gouvernement zambien lutte contre le changement climatique à Batoka en aidant à former des groupes d’agriculteur.trice.s et des coopératives. Des parcelles de démonstration sont également préparées pour présenter les techniques d’agriculture de conservation et leurs avantages.
Ce texte est basé sur des entrevues avec des petits exploitants agricoles et une agente de vulgarisation, et vise à faire comprendre la réponse de Batoka à l’impact des changements climatiques sur la productivité agricole.
Il explore ce qu’il a fallu faire pour changer l’état d’esprit des agriculteur.trice.s qui étaient habitué(e)s à des méthodes de culture traditionnelles, enseignées par leurs ancêtres. Il montre comment les agriculteur.trice.s principaux/ales ont servi de modèles pour l’apprentissage pratique sur des parcelles de démonstration afin d’accroître l’adoption des techniques agricoles promues.
Le texte rend également compte des réponses du gouvernement et d’autres parties prenantes au changement climatique dans la région.
Pour réaliser une émission similaire sur les agriculteur.trice.s qui adoptent des pratiques bénéfiques pour l’environnement, qui les aident à s’adapter au changement climatique et qui nourrissent leur famille et leur communauté, vous pouvez vous inspirer de ce scénario.
Vous pourriez parler aux agriculteur.trice.s locaux/ales ainsi qu’aux agents de vulgarisation et à d’autres experts agricoles. Vous pourriez leur demander :
- Quels sont les problèmes environnementaux et agricoles les plus graves dans cette région?
- Les conditions météorologiques locales ont-elles changé?
- Les agriculteur.trice.s adoptent-ils/elles de nouvelles pratiques pour s’adapter aux nouvelles conditions météorologiques et cesser de contribuer aux problèmes environnementaux et agricoles?
- Quels sont les défis liés à l’adoption de ces nouvelles pratiques et comment les relever?
Durée du programme avec intro, extro et musique 25 minutes.
Texte
ALICE Lungu :
Batoka est une petite ville de la province méridionale de Zambie. Elle a déjà subi les effets néfastes du changement climatique, notamment une baisse considérable de la productivité agricole, une augmentation des décès de bétail dus à la perte de nourriture, l’assèchement des rivières et d’autres plans d’eau, et des inondations. Le gouvernement zambien et ses partenaires relèvent le défi en introduisant des techniques agricoles durables telles que l’agriculture de conservation, l’agroforesterie et la culture intercalaire, qui contribuent à reconstruire les écosystèmes agricoles, améliorant ainsi les rendements des cultures et sauvant les animaux de la mort.
Nous nous sommes entretenus avec M. Charles Nyangale, un agriculteur qui, tout en pratiquant des méthodes agricoles traditionnelles, était vulnérable aux effets du changement climatique, mais qui a maintenant adopté de nouvelles techniques agricoles, ce qui lui donne une toute nouvelle histoire à raconter.
Monsieur, vous êtes le bienvenu pour cette interview.
ALICE LUNGU :
Quel type d’agriculture pratiquiez-vous avant d’adopter l’agriculture de conservation?
CHARLES NYANGALE :
J’ai commencé à pratiquer l’agriculture dans les années 1960, lorsque j’étais adolescent. Mon père était agriculteur et, comme je n’étais pas allé loin dans mes études, il m’a donné un lopin de terre sur lequel je me suis rapidement installé et j’ai fait de l’agriculture mon métier. Cette année-là, j’ai suivi les méthodes que j’avais apprises de mes parents et qui consistaient à préparer les terres agricoles en abattant des arbres pour dégager un espace pour l’agriculture. Avec ma femme, j’ai cultivé quatre hectares au moyen de la traction animale et, sur un autre demi-hectare, j’ai fait des billons à l’aide d’une houe. Mon père m’a donné des semences de maïs provenant de ses récoltes précédentes. J’ai également acheté de l’arachide, des plants de patates douces et des graines de citrouille sur notre marché routier pour les planter. Autrefois, les premières pluies tombaient vers la fin du mois d’octobre, mais nous avions l’habitude de planter nos graines au cours de la deuxième semaine de novembre, lorsque les pluies devenaient abondantes. Après la plantation, pendant ou après la période de Noël, les agriculteur.trice.s étaient occupé.e.s de l’éclaircissage et du désherbage des cultures dans les champs.
ALICE LUNGU :
Quel type d’engrais appliquiez-vous à l’époque?
CHARLES NYANGALE :
Je n’ai jamais vu mon père ni aucun de ses collègues acheter ou appliquer un quelconque type d’engrais pendant toute la période où j’ai vécu et cultivé avec lui, alors je n’ai jamais acheté ou appliqué d’engrais dans mon champ non plus. Ce n’était pas nécessaire.
ALICE LUNGU :
Quel était le rendement de vos cultures à l’époque?
CHARLES NYANGALE :
Les rendements étaient bons. Nous récoltions suffisamment pour nourrir toute ma famille jusqu’à la saison suivante.
ALICE LUNGU :
Pendant combien de temps vous et votre père avez-vous labouré avec du bétail et fait des billons avec une houe?
CHARLES NYANGALE :
Depuis les années 1960 jusqu’à la fin des années 1990, bien que nous ayons maintenant adopté de nouvelles techniques agricoles issues de l’agriculture de conservation. Nous creusons des bassins à l’aide de houes ou nous utilisons un ripper pour labourer la terre. En outre, nous plaçons les résidus de culture dans les bassins, ce qui permet de maintenir l’humidité en cas de précipitations insuffisantes ou de sécheresse, et donc de nourrir les plantes jusqu’à ce qu’elles arrivent à maturité. Nous réutilisons les bassins pendant plusieurs saisons et pratiquons également la rotation des cultures afin de maintenir ou d’améliorer la qualité du sol pour la productivité et le stockage du carbone dans le sol. Lorsque nous utilisons des rippers, nous le faisons chaque année.
Nous pratiquons également la culture intercalaire, c’est-à-dire que nous faisons pousser simultanément différentes cultures dans le même champ.
ALICE LUNGU :
Pourquoi avez-vous abandonné les méthodes agricoles que votre père vous avait enseignées pour en adopter de nouvelles?
CHARLES NYANGALE :
La province du Sud en général, qui comprend Batoka, a connu peu ou pas de précipitations ces derniers temps. Nous connaissons également des températures élevées, si bien que si un(e) agriculteur.trice. plante des graines sans tenir compte du changement climatique et de ses effets, la récolte meurt avant d’arriver à maturité.
ALICE LUNGU :
Qu’est-ce qui a conduit aux faibles rendements ou aux mauvaises récoltes plus récemment?
CHARLES NYANGALE :
Les agriculteur.trice.s, dont je fais partie, pratiquaient le système
Chitemene, qui consiste à couper les arbres sans discernement chaque année pour préparer la terre à la culture. Avant le début des pluies, vers le mois d’août, nous brûlions nos champs, pensant que le désherbage serait plus facile après la germination des cultures. Nous ne savions pas que nous faisions beaucoup de mal à notre environnement.
ALICE LUNGU :
Quand avez-vous commencé à ressentir les effets du changement climatique, tels que l’augmentation de la chaleur et de la sécheresse que vous avez mentionnée?
CHARLES NYANGALE :
Aux alentours de l’an 2000, nous avons commencé à connaitre des températures élevées, des précipitations irrégulières et, dans certains cas, des pluies diluviennes et des inondations. Mais nous avons continué à faire les choses comme avant et nous avons ignoré tous les signes avant-coureurs. Nous avions l’habitude d’entendre parler du changement climatique sur les stations de radio, et je pensais personnellement qu’il s’agissait d’un problème qui ne concernait que les pays occidentaux et que nous, les Africain.e.s, n’avions pas à nous en préoccuper.
Mais le gouvernement zambien a envoyé des agents de vulgarisation qui nous ont enseigné les dangers de notre mode d’exploitation traditionnel et nous ont fait découvrir les avantages des techniques agricoles modernes en établissant des parcelles de démonstration dans nos fermes.
Pour répondre à votre question sur la date à laquelle nous avons commencé à ressentir les effets du changement climatique, bien que cela ait commencé bien plus tôt, je me souviens très bien de 2017, lorsqu’il y a eu de fortes pluies qui ont provoqué des inondations qui ont emporté nos récoltes et endommagé les infrastructures telles que les ponts, les maisons et les routes. Nous avons été confrontés à l’érosion des sols et à des eaux stagnantes qui ne s’écoulaient pas et devenaient nauséabondes ou polluées, et notre bétail n’avait pas accès à de l’eau potable. La plupart d’entre eux sont morts de faim, l’herbe de pâturage ayant également été emportée ou submergée. Nous avons également connu une infestation de moustiques, ce qui a entraîné une augmentation des cas de paludisme chez les agriculteur.trice.s, dont certains sont décédés. Bref, ce fut une période très éprouvante pour nous à Batoka.
ALICE LUNGU :
Quelles leçons avez-vous tirées?
CHARLES NYANGALE :
Les agents de vulgarisation et les agronomes de la
Conservation Farming Unit nous ont aidés avec passion et constance et nous avons appris que le problème ne pouvait être résolu que si nous changions notre façon de penser, replantions les arbres que nous avions coupés, arrêtions de brûler les buissons pour défricher les champs et adoptions des pratiques d’agriculture de conservation.
Nous avons donc préparé la terre en creusant des bassins de plantation et en y ajoutant de l’herbe ou des résidus de culture afin de pouvoir planter dans ces mêmes bassins lorsque les pluies arrivent. Et si nous voulions appliquer des engrais, nous les appliquions directement dans ces bassins pour éviter le gaspillage des intrants.
Ils nous ont également encouragés à pratiquer la culture intercalaire, c’est-à-dire à faire pousser différentes cultures en même temps dans un champ – par exemple le maïs, le tournesol et les légumineuses comme les haricots et les niébés.
ALICE LUNGU :
Quels changements avez-vous constatés après avoir adopté ces nouvelles techniques agricoles?
CHARLES NYANGALE :
Beaucoup! Mes récoltes se sont améliorées en qualité et en quantité malgré les températures extrêmement élevées et les sécheresses que Batoka a toujours connues. Dans certaines parties du champ, nous cultivons le maïs en intercalaire avec du niébé et/ou du tournesol.
Je cultive sur quatre hectares, mais mes récoltes dépassent celles des agriculteur.trice.s qui utilisent encore les anciennes méthodes sur sept ou huit hectares. J’ai également remarqué que mes récoltes de maïs ont un goût plus sucré, sont plus grandes et ont une couleur plus riche que celles qui sont cultivées avec des engrais.
Grâce à l’agriculture de conservation et aux cultures intercalaires, tant que je prépare le terrain à temps, que je plante de bonnes semences certifiées et que je gère correctement les cultures en termes de désherbage et d’éclaircissage, je suis certain qu’en dépit des températures élevées, je me rendrai à la banque avec le sourire à la fin de la saison. (RIRES)
ALICE LUNGU :
Merci beaucoup, M. Nyangale, pour le temps que vous nous avez accordé.
ALICE LUNGU :
Nous allons maintenant parler à Mme Lovely Kakuba, une agente de vulgarisation agricole basée dans le camp de Batoka.
ALICE LUNGU :
En tant qu’agente de vulgarisation, vous a-t-il été facile de faire évoluer les mentalités des agriculteur.trice.s de Batoka, habitués aux méthodes de culture traditionnelles enseignées par leurs ancêtres, vers de nouvelles méthodes?
LOVELY KAKUBA :
Pour être honnête, la bataille a été rude car, année après année, les agriculteur.trice.s s’accrochaient encore aux méthodes traditionnelles.
ALICE LUNGU :
Qu’avez-vous enseigné exactement aux agriculteur.trice.s avec votre équipe d’experts?
LOVELY KAKUBA :
Dès le départ, pour faire face à la sécheresse à Batoka, nous avons clairement et fermement condamné l’abattage des arbres, qui était monnaie courante dans la région. Nous avons plutôt encouragé les agriculteur.trice.s à s’engager dans l’agroforesterie. Nous les avons également dissuadés de brûler les résidus de récolte dans leurs fermes.
Nous avons également appris aux agriculteur.trice.s à conserver une quantité suffisante de la récolte pour la consommation domestique et à vendre le surplus. En cas d’inondations, nous les avons encouragés à déplacer les cultures, le bétail et les habitations des terres de basse altitude vers les terres plus élevées, moins susceptibles d’être inondées. À tout moment, nous avons insisté sur la préparation précoce des terres et sur l’incorporation des résidus de culture au lieu de les brûler. Nous avons également souligné l’importance de cultiver des plantes plus résistantes à la sécheresse, de pratiquer la rotation des cultures et d’utiliser des cultures intercalaires comme le tournesol, le niébé, le potiron et d’autres encore.
ALICE LUNGU :
Avec combien d’agriculteur.trice.s avez-vous travaillé, et parmi eux, combien étaient des femmes?
LOVELY KAKUBA :
Dans cette communauté, nous travaillons avec un total de 1 997 agriculteur.trice.s et sur ce nombre, la moitié sont des femmes qui ont déjà adopté ces techniques agricoles modernes et qui sont très sérieuses dans ce qu’elles font. D’après mes propres observations, les femmes apprennent et mettent en œuvre les choses plus rapidement que les hommes. La plupart des parcelles de démonstration à Batoka appartiennent à des femmes et elles préfèrent cultiver leurs champs en utilisant l’agriculture de conservation parce qu’elle n’exige pas beaucoup de travail et qu’elle leur donne de meilleurs rendements.
Les femmes intègrent également l’agroforesterie et les cultures intercalaires.
ALICE LUNGU :
Quelles méthodes avez-vous utilisées pour amener les agriculteur.trice.s à adopter ces pratiques?
Lovely KAKUBA :
Nous avons d’abord formé des groupes, chacun avec un(e) agriculteur.trice principal(e) dont les fermes servaient de parcelles de démonstration pour montrer ce que nous leur apprenions, et nous utilisions des langues qu’ils comprenaient. Par la suite, d’autres agriculteur.trice.s ont commencé à s’intéresser à ces nouvelles méthodes et à les adopter.
ALICE LUNGU :
Quel est l’avenir de Batoka?
LOVELY KAKUBA :
Si l’on considère le sérieux avec lequel les agriculteur.trice.s appliquent les mesures que nous leur avons enseignées, l’avenir de Batoka est prometteur. Je vois des forêts régénérées, je vois la seule rivière et quelques ruisseaux de cette communauté se remplir d’eau tout au long de l’année et ne pas se transformer en un lit de sable entre septembre et décembre. Et je vois les agriculteur.trice.s produire des récoltes exceptionnelles de maïs, d’arachides, de niébé, de tournesol et de soja, entre autres. À terme, cet endroit pourrait devenir le grenier alimentaire de la Zambie.
ALICE LUNGU :
Merci pour ton temps, maman.
LOVELY KAKUBA :
Je vous en prie et merci de m’accueillir.
:
Charity Mwanangombe est une agricultrice également basée à Batoka qui, outre la pratique des cultures intercalaires avec des plantes de couverture, utilise également l’agroforesterie.
Bienvenue. Dites-nous quelles sont les cultures que vous pratiquez dans votre champ.
CHARITY MWANANGOMBE :
Merci beaucoup pour cette opportunité. Je cultive du maïs, du soja, des citrouilles, du tournesol et du niébé. Comme vous avez mentionné à juste titre que je pratique l’agroforesterie, j’ai également planté dans mon champ des arbres
musangu, dont le nom scientifique est
Faidherbia albida.
ALICE LUNGU :
Pourquoi avez-vous inclus des arbres
musangu dans votre champ?
CHARITY MWANANGOMBE :
En raison des nombreux avantages que je tire de cet arbre. De mai à octobre, il a des feuilles, mais dès que nous arrivons à décembre, lorsque les agriculteur.trice.s commencent à planter des graines, il perd toutes ses feuilles et reste comme inanimé, avec seulement des branches. Or, les feuilles sont très utiles au sol, car elles le fertilisent. Ainsi, si je plante du maïs sous ces arbres, je n’aurai besoin ni d’engrais de fond ni d’engrais de couverture. Et comme il a perdu toutes ses feuilles, l’arbre n’entre pas en compétition pour la lumière du soleil avec les cultures qui poussent sous son pied.
Je transforme également l’écorce en poudre et l’ajoute aux aliments destinés à mes poulets et à mes vaches. Mes animaux sont rarement malades. Même lorsque les animaux des fermes voisines meurent de toutes sortes de maladies comme la peste porcine ou la fièvre aphteuse, les miens ne tombent jamais malades. Tels sont les avantages que j’ai constatés avec les arbres musangu.
Je me suis également nommée numéro un de la culture intercalaire, car j’aime cette méthode qui, outre le fait qu’elle permet d’atténuer les effets du changement climatique, donne à mes citrouilles, mes patates douces et mon maïs un goût unique. J’aime l’idée des cultures intercalaires parce que pendant que je suis dans le champ en train de désherber ou d’éclaircir, je peux aussi récolter des légumes à cuisiner à la maison.
ALICE LUNGU :
Avez-vous déjà utilisé des engrais chimiques pour vos cultures?
CHARITY MWANANGOMBE :
J’avais l’habitude de le faire lorsque mon mari était encore en vie, mais après sa mort, en tant que veuve avec quatre enfants adultes qui se sont mariés et sont partis, je n’avais pas les moyens d’acheter des engrais. C’est pourquoi je n’ai pas regretté d’avoir eu l’occasion d’utiliser l’arbre
musangu pour améliorer la fertilité de mon sol. Je ne pense pas vouloir dépenser mon argent en engrais chimiques alors que l’arbre
musangu est une source d’engrais donnée par Dieu, qui est bien plus bénéfique pour ma santé et mon bétail et qui ne coûte rien.
ALICE LUNGU :
Êtes-vous confrontée à des difficultés dans votre domaine?
CHARITY MWANANGOMBE :
Les arbres Musangu mettent entre 10 et 20 ans pour établir une canopée complète, bien que les bénéfices se fassent déjà sentir des années plus tôt. Beaucoup d’agriculteur.trice.s abandonnent et n’ont pas la patience d’attendre qu’il s’établisse et qu’il en tire tous les bénéfices. De plus, au stade de la plantule, si elle n’est pas correctement protégée, les animaux comme les vaches et les chèvres la mangent. C’est pourquoi certaines personnes abandonnent et optent pour la facilité en achetant des engrais chimiques au lieu de replanter et de protéger les arbres.
Un autre problème est que de nombreux clients préfèrent m’acheter différents types de produits agricoles – une situation qui ne convient pas à mes collègues agriculteur.trice.s dans ma communauté. Ils commencent à être jaloux et me soupçonnent de pratiquer la sorcellerie. Mais ce qu’ils disent ne me dérange pas. Au contraire, je les encourage à adopter l’agroforesterie et les cultures intercalaires pour qu’ils puissent bénéficier des avantages dont j’ai profité au fil des ans. On dit que si on ne peut pas les battre, il faut les rejoindre (RIRES)!
ALICE LUNGU :
Nous vous remercions de nous avoir donné l’occasion de nous entretenir avec vous.
CHARITY MWANANGOMBE :
Je vous en prie et je vous remercie de m’avoir rendu visite.
ALICE LUNGU :
Eh bien, chers auditeur.trice.s, nous avons entendu M. Charles Nyangale de Batoka, dans la province méridionale de la Zambie, qui a souligné que les méthodes agricoles non durables ont été préjudiciables à l’environnement et difficiles à mettre en œuvre. Les agriculteur.trice.s investissent beaucoup d’argent et de travail, mais ne récoltent rien ou presque, ce qui entraîne une insécurité alimentaire. Lovely Kakuba, agente de vulgarisation au Ministère de l’agriculture, nous a clairement montré la voie à suivre pour relever les défis liés au changement climatique. Les techniques d’agriculture de conservation, les cultures intercalaires et l’agroforesterie font partie des solutions qu’elle a évoquées.
Enfin, nous avons discuté avec Charity Mwanangombe, une autre agricultrice et commerçante prospère. Elle a souligné les avantages de l’utilisation d’un arbre appelé musangu, qui non seulement ajoute de la fertilité aux sols, mais dont l’écorce peut être utilisée comme complément alimentaire pour améliorer la nutrition et la santé des animaux.
Le changement climatique est là et les dégâts qu’il a causés sont déjà difficiles à supporter. Il nous incombe, à vous et à moi, de changer notre mode de vie et d’adopter des stratégies telles que celles-ci afin de réduire ou de modifier complètement la situation pour notre bien à tous et celui des générations futures.
Pour moi, Alice Lungu, je vous dis au revoir.
Acknowledgements
Remerciements
Rédigé par : Alice Lungu, productrice de radio et de télévision, Lusaka, Zambie.
Révisé par : Morton Mwanza, producteur de radio et de télévision par intérim, Lusaka, Zambie : Morton Mwanza, responsable par intérim des légumes et de la floriculture, Ministère de l’Agriculture, département de l’agriculture, direction de la production végétale, Lusaka, Zambie.