Notes au radiodiffuseur
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On dit que l’eau, c’est la vie! L’hygiène est également décrite comme un mode de vie et se définit comme le moyen de prévenir le contact humain avec le danger des déchets humains dans le but de promouvoir la santé. L’eau potable contribue à créer un bon assainissement et une meilleure hygiène, ce qui à son tour aboutit à une bonne santé. Un mauvais assainissement, de l’eau non potable et une mauvaise hygiène entraînent de nombreuses répercussions graves. Les enfants – et en particulier les filles – se voient refuser leur droit à l’éducation parce que leurs écoles n’ont pas de toilettes privées et propres. Les femmes sont obligées de consacrer une grande partie de leur journée à aller chercher de l’eau. Les agriculteurs et les salariés pauvres sont moins productifs à cause de maladies liées à l’eau, les systèmes de soins de santé sont débordés et les économies nationales en souffrent. Sans eau potable, un bon assainissement et une bonne hygiène, le développement durable est impossible.
Dans ce texte, un village est touché par une maladie grave liée à l’eau. Le problème est résolu grâce aux efforts des habitants locaux en collaboration avec l’autorité locale.
L’histoire suit un processus passionnant pour identifier la source du problème et obtenir en fin de compte la collaboration des gens locaux pour aborder le problème. Un leader du village et d’autres membres de la collectivité racontent l’histoire à un animateur de radio. L’histoire parle de villageois, dont des enfants, ayant du sang dans leur urine. C’est un symptôme classique de la schistosomiase (également appelée bilharziose), maladie provoquée par le déversement d’urine ou de matières fécales dans un plan d’eau et par la pénétration ultérieure de l’agent infectieux dans la peau d’un autre humain.
Le texte qui suit peut être adapté pour toute collectivité en vue de s’attaquer à une situation semblable. Il peut aussi être adapté et traduit par les stations radiophoniques afin de convenir à leurs conditions locales.
Ce texte est basé sur des interviews réelles menées auprès de villageois, au Ghana. Pour la production de ce texte sur votre station, vous pouvez choisir d’utiliser les voix d’acteurs pour jouer le rôle des participants à l’interview, et changer la formulation du texte pour l’adapter à votre situation locale. Dans ce cas, veuillez vous assurer d’informer votre auditoire dès le début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, pas celles des personnes interrogées à l’origine, et que le programme a été adapté à votre auditoire local mais se base sur de vraies interviews.
Texte
Personnages
Nana Kwaku Forkuo : ancien du village et leader d’opinion
Maa Fatima : femme leader d’opinion
Benedict Agyei Boahen : députée de la région
Vanessa Gyamfuah Agyei Boahen : conseillère locale
Quelques enfants dans le village
Montée de l’indicatif musical pour commencer l’émission. Baisse après 30 secondes et fondu enchaîné sous la voix de l’animateur.
ANIMATEUR :
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, et bienvenue à l’émission de ce jour, le Forum des agriculteurs. Aujourd’hui, nous allons entendre comment les habitants de Fiaso, un peuplement dans la région de Brong Ahafo dans le centre du Ghana, ont réussi à résoudre leurs problèmes d’eau et d’assainissement. Ces problèmes ont été causés par le déversement négligent de leurs déchets dans la rivière et par les animaux qui utilisaient la même source d’eau potable que les humains. À Fiaso, la rivière servait non seulement de source d’eau potable, mais également pour les corvées domestiques et pour l’agriculture. Heureusement, le village a pu identifier le problème et recourir à l’expérience locale pour le résoudre avec l’aide de l’autorité locale.
Cette émission repose sur des longues entrevues avec des membres de la collectivité et d’autres intervenants importants dans le développement de la collectivité. Nous écouterons Nana Kwaku Forkuo, leader d’opinion à Fiaso, à notre retour dans 20 secondes.
Bruits d’enfants qui jouent, suivis d’une vieille personne qui s’éclaircit la gorge, de bruits d’eau que l’on recueille et d’autres personnes qui se baignent.
ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, notre émission se poursuit. Nana Forkuo, comment les problèmes ont-ils commencé à Fiaso?
NANA FORKUO :
C’était à la mi-juin, il y a trois ans. Les pluies avaient débuté. Il pleuvait pratiquement jour et nuit. La rivière Fia était gonflée d’eau et avait inondé les champs. Les bovins, les moutons et les chèvres avaient de belles prairies vertes pour paître. Les enfants nageaient dans la rivière l’après-midi. Les femmes lavaient leurs vêtements et leurs ustensiles de cuisine sur les bords de la rivière. Les jeunes filles puisaient l’eau pour les travaux ménagers. Et puis, un matin, j’ai entendu dire que des écoliers avaient commencé à uriner du sang. Nous avons également appris que des villageois s’étaient rendus à l’hôpital municipal avec des maux d’estomac, comme la diarrhée, la dysenterie et la typhoïde. Par la suite, des infirmières ont confirmé que le problème venait de l’eau contaminée. Au début, les membres de la collectivité avaient du mal à croire que la rivière causait le problème. En outre, nous ne pouvions pas identifier la source exacte de la pollution.
ANIMATEUR :
Comment avez-vous finalement pu identifier la source de la contamination?
NANA FORKUO :
Un agent d’hygiène du milieu nous a expliqué que notre décharge publique, située en amont de la rivière, était partiellement à blâmer pour la pollution. La rivière coule presque entièrement autour de la collectivité et, quand il pleut, presque tous les déchets s’y retrouvent. Nous avons constaté que nos actes étaient responsables de la contamination de la rivière. Nous avons collaboré avec les autorités sanitaires, qui ont prélevé des échantillons d’eau. Leurs enquêtes ont prouvé que notre source d’eau était polluée par quelques villageois qui déversaient des matières fécales et des déchets dans la rivière.
ANIMATEUR :
Que s’est-il alors passé?
NANA FORKUO :
Nous avons parlé aux membres de la collectivité et nous avons réalisé qu’ils avaient accepté leur responsabilité. Ils ont admis que leurs actes étaient la cause des problèmes de santé dans la petite ville et qu’il fallait les résoudre de toute urgence.
NANA FORKUO:
L’agent d’hygiène du milieu nous a aidés à comprendre la nécessité d’avoir une autre source d’eau potable, peut-être un forage, pendant que nous traitions le problème de pollution. Les enfants ont été avertis de ne pas nager dans la rivière à certaines périodes de l’année. La conseillère locale fut priée de communiquer avec la députée de la région et avec les autorités locales pour obtenir de l’aide. Les membres de la collectivité, avec l’aide de l’agent d’hygiène du milieu, zonèrent la rivière pour différentes activités. Par exemple, le cours supérieur de la rivière – qui était situé à l’extérieur de la région polluée – a été mis de côté pour l’eau potable et l’eau de cuisine. Le cours moyen devait servir uniquement pour la lessive et pour les autres travaux ménagers. Une partie du cours moyen inférieur de la rivière fut zonée pour la baignade des enfants, mais seulement durant les saisons sèches. Et le cours inférieur de la rivière fut réservé pour les bovins et les autres animaux aux pâturages. La décharge fut relocalisée beaucoup plus loin pour empêcher l’eau polluée de rejoindre la rivière.
ANIMATEUR :
Cela me paraît être un bon plan!
NANA FORKUO :
Oui. Au début, les femmes ont éprouvé beaucoup de difficultés à travailler avec le plan parce que la décharge était relocalisée très loin. Même si le forage a fini par être creusé, il a fallu du temps aux membres de la collectivité avant d’être capables de suivre le nouveau plan.
ANIMATEUR :
Merci, Nana Forkuo. Écoutons maintenant d’autres membres de la collectivité. Tout d’abord, la parole est à Maa Fatima, femme leader d’opinion dans la collectivité.
Intermède musical de dix secondes qui disparaît sous la voix de l’invitée
MAA FATIMA :
Je ne savais pas que l’eau que nous buvons tous les jours doit être protégée jusqu’à ce que mon plus jeune garçon commence à vomir un matin. Notre visite à l’hôpital a révélé que la maladie de mon fils était due à l’eau contaminée. Nous n’avons qu’une seule source d’eau potable, la rivière Fia, alors je savais qu’il y avait un problème avec la rivière. Beaucoup d’enfants de la collectivité ont attrapé la dysenterie, la typhoïde, la bilharziose et eu d’autres problèmes liés à l’eau. Mais, à partir du moment où la rivière fut divisée en différentes zones le nombre de maladies liées à l’eau a nettement diminué.
ANIMATEUR :
Merci, Maa Fatima. Entretenons-nous maintenant avec la conseillère locale, Madame Vanessa Agyei Boahen. Madame, de quelle façon avez-vous pu aider?
CONSEILLÈRE :
J’ai tout d’abord entendu parler d’enfants qui urinaient du sang et d’autres qui souffraient de diarrhée et d’autres malaises au début de juillet, il y a trois ans. J’ai transmis rapidement cette information à la Direction de la santé à la municipalité. Ils ont envoyé une équipe pour enquêter et ont découvert que la rivière causait le problème.
ANIMATEUR :
Quelle mesure fut alors prise?
CONSEILLÈRE
:
Premièrement, une décharge située près du cours supérieur de la rivière a été relocalisée pour éviter l’écoulement de l’eau de la décharge dans la rivière. Deuxièmement, la députée de la région, avec l’aide de la conseillère locale, a vu la nécessité de fournir un forage pour la collectivité, afin que l’eau potable ne soit pas puisée dans la rivière. Troisièmement, nous avons organisé des travaux communaux pour rediriger l’écoulement de la collectivité vers le cours inférieur de la rivière où l’eau est utilisée par les animaux. Quatrièmement, on a semé des variétés spéciales de graminées et planté des acacias et des acajous le long du cours supérieur de la rivière. Ces végétaux retiennent le sol en place et fournissent de l’ombre qui rafraîchit la rivière, ce qui décourage la prolifération des germes. Grâce à une éducation massive portant sur les bonnes pratiques d’assainissement, dispensée aux villageois par les agents d’hygiène du milieu, la situation s’est maintenant améliorée.
Intermède musical de dix secondes, incluant des voix d’enfants à l’école, qui disparaît sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Parlons maintenant à quelques enfants. Allô, les enfants, comment allez-vous? Y en-a-t-il parmi vous qui sont allés récemment à l’hôpital?
ENFANTS :
Nous allons bien, merci!
(L’un d’entre eux commence à répondre à la question) Je m’appelle Abubakar Salifu, et je suis en cinquième année à l’école. Il y a environ trois ans, je suis allé nager dans la rivière avec mes amis. À peu près une semaine plus tard, j’ai commencé à ressentir des douleurs en urinant. Plus tard, je me suis rendu compte que mon urine était teintée de sang. La même chose est arrivée à la plupart de mes amis. Certain d’entre eux avaient même des vomissements et de la diarrhée. Des infirmières sont venues et on nous a envoyés à l’hôpital où on nous a donné des cachets qui ont mis fin à la présence du sang dans l’urine. On nous a également dit de ne pas nager dans la rivière et de veiller à la propreté de notre environnement.
ANIMATEUR :
Comment veillez-vous à la propreté de votre environnement?
ENFANTS :
De bien des façons. En balayant nos cours, en recueillant les ordures dans une poubelle et en ne les jetant pas partout, en déféquant dans une toilette et pas dans la nature et en lavant nos mains avec du savon après avoir utilisé les toilettes, avant de manger et après avoir travaillé le sol.
ANIMATEUR :
C’est très bien de votre part à tous! (Pause) Chers auditeurs et auditrices, j’espère que vous avez appris quelque chose de l’expérience des habitants de Fiaso. Souvenez-vous que l’émission d’aujourd’hui parlait de la façon d’identifier les problèmes d’eau et d’assainissement et de leur résolution à l’échelle locale. Sachez que l’assainissement est un mode de vie et qu’il faudrait le respecter dans tous les aspects de la vie humaine : des maisons propres, une défécation hygiénique, des fermes propres, des quartiers propres et de l’eau potable nous donneront assurément une vie saine, longue et plus heureuse. C’est votre animateur Kwabena Agyei qui vous dit au revoir et à la semaine prochaine à la même heure.
Acknowledgements
Rédaction : Kwabena Agyei, directeur de production, Classic FM, Techiman, Ghana, un partenaire radio de Radios Rurales Internationales.
Alan Etherington, expert-conseil indépendant en eau, en assainissement et en promotion de l’hygiène, et ex-employé de WaterAid.
Information sources
Entrevues avec Nana Kwaku Forkuo, Maa Fatima et Vanessa Gyamfuah Bohane, 21 juillet 2008; entrevues avec des enfants dans le village, 27 juillet 2008; entrevue avec M K. Asare, gestionnaire municipal, Compagnie des eaux du Ghana, Techiman, 14 août 2008; entrevues avec Benedict Agyei Boahen, M. Karim Mohammed (agent d’hygiène du milieu, Techiman) et M. Yaw Donyina (directeur général, Techiman), 1er septembre 2008.