Conservation du sol en RDC et usage du couvert végétal en agriculture de conservation

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Qu’est-ce que le travail de conservation du sol et pourquoi est-ce important pour les auditeur.trice.s?

Le travail de conservation du sol englobe des techniques comme le travail réduit du sol et la culture sans labour ou le semis direct. Ces méthodes incluent généralement le creusage de trous de plantation à la main ou l’utilisation de charrues attelées à un bœuf ou un tracteur. Vous trouverez des détails concernant ces approches dans la section « Renseignements clés » ci-dessous.

Les avantages du travail de conservation du sol incluent :

  • Une meilleure conservation de la matière organique, améliorant ainsi la fertilité du sol
  • Une amélioration de la structure du sol
  • Un développement racinaire plus profond grâce à l’activité des vers de terre et des racines des cultures d’engrais verts
  • Une réduction des coûts d’exploitation, notamment des frais de carburant

En préservant au minimum 30 % du couvert végétal, le travail de conservation du sol permet également :

  • Une réduction de l’érosion du sol
  • Une diminution du ruissellement et de la perte d’eau
  • Une meilleure infiltration et rétention de l’eau dans le sol
  • Une prévention de la surchauffe de la surface du sol
  • Une biodiversité accrue
  • Une séquestration du carbone, contribuant ainsi à l’atténuation du changement climatique
  • Une réduction des coûts de main-d’œuvre

Pour en savoir davantage, consultez les documents 1 et 2.

Avantages et inconvénients du travail du sol

Le travail du sol est une série de techniques visant à préparer le terrain avant la mise en culture. Cette étape est essentielle pour plusieurs raisons :

  • Préparation du lit de semence : Crée un lit idéal pour les graines, avec une texture et une structure optimales pour la germination.
  • Incorporation de matière organique : Permet d’ajouter compost, fumier ou autres amendements organiques, améliorant la fertilité et la structure du sol.
  • Contrôle des mauvaises herbes : Détruit les mauvaises herbes présentes et prévient leur développement ultérieur, réduisant ainsi la compétition pour les ressources.
  • Aération du sol : Techniques comme le labour favorisent la circulation de l’air et de l’eau, stimulant l’activité biologique.
  • Nivellement du terrain : Facilite les opérations mécanisées et l’écoulement de l’eau.

En général, le travail du sol est crucial pour préparer un sol sain et fertile, propice à une production agricole optimale.

À court terme, le labour peut augmenter les rendements en libérant les éléments nutritifs et en ameublissant les couches plus profondes du sol, ce qui permet aux racines des plantes de pénétrer plus profondément.

Cependant, à long terme, le travail du sol conventionnel, qu’il soit effectué avec des houes ou des charrues, peut avoir plusieurs effets négatifs :

  • Diminution de la matière organique et des éléments nutritifs dans le sol
  • Endommagement de la structure du sol et exposition accrue aux intempéries
  • Formation d’une croûte à la surface du sol si le sol est travaillé à la même profondeur pendant plusieurs saisons
  • Décomposition rapide des matières organiques due à une meilleure aération, entraînant une perte de nutriments
  • Perturbation et mort de certains organismes, y compris les champignons mycorhiziens, réduisant la capacité du sol à décomposer la matière organique et déséquilibrant sa structure

Les principaux inconvénients du travail du sol conventionnel incluent :

  • Érosion du sol : Exposition accrue aux éléments naturels pouvant entraîner une érosion significative, diminuant la fertilité et la qualité du sol
  • Dégradation de la structure du sol : Compactage et réduction de la porosité dus au passage d’engins lourds et au labour
  • Perte de matière organique : Accélération de la minéralisation, ce qui peut appauvrir le sol si la matière organique n’est pas renouvelée
  • Favorisation des adventices : Stimulation de la germination des graines d’adventices
  • Consommation d’énergie et d’intrants : Utilisation d’engins motorisés consommant du carburant et nécessitant éventuellement des engrais et pesticides
  • Perturbation de la faune du sol Interruption de l’activité des vers de terre, arthropodes et microorganismes, qui sont essentiels à la fertilité du sol

Pour limiter ces inconvénients, des techniques de travail du sol plus respectueuses de l’environnement, comme le semis direct ou le travail superficiel, sont recommandées.

Pour en savoir davantage, consultez les documents 2 et 3.

Quelques données essentielles

  • Plus de 1,2 million de terres en Afrique sont soumises à la pratique du travail de conservation du sol.
  • Le travail de conservation du sol peut être mieux exécuté lorsque les agriculteur.trice.s emploient des stratégies de lutte efficaces contre les mauvaises herbes. Outre les herbicides que plusieurs agriculteurs ne peuvent pas se procurer, ces stratégies englobent le binage superficiel, la plantation de cultures-abri et la conservation des résidus de cultures.
  • Pour qu’il procure véritablement les avantages que sont l’amélioration du sol et l’augmentation des rendements, le travail de conservation du sol doit être complété par la conservation permanente d’au moins 30 % du couvert végétal (au moyen de paillis, de résidus de cultures, de plantes en état de croissance, etc.)

Aspects sexospécifiques du travail de conservation du sol en RDC

  • Les rôles et responsabilités selon le genre: les femmes jouent souvent un rôle clé dans la gestion quotidienne des activités agricoles, notamment la préparation des champs, les semis et la récolte; les hommes sont généralement plus impliqués dans les activités nécessitant plus de force physique, comme le défrichage des terres et le transport des récoltes.
  • Les femmes sont souvent chargées de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles.
  • Accès et contrôle des ressources: les femmes ont également un accès et un contrôle plus limités sur les ressources productives comme la terre, les intrants agricoles et les outils et les droits fonciers sont souvent biaisés en faveur des hommes ce qui peut restreindre la capacité des femmes à investir dans la gestion durable des terres.
  • Participation et prise de décision: les femmes sont sous-représentées dans les instances de décision et de gouvernance liées à la gestion et à la conservation des sols; leur voix et leurs connaissances sont souvent marginalisées dans les processus de planification et de mise en œuvre des activités de conservation des sols.
  • Charge de travail et accès aux services: les femmes ont souvent une charge de travail plus lourde, combinant les taches agricoles, domestiques et familiales et elles ont généralement un accès plus limité aux services de vulgarisation, de formation et de crédit pour soutenir leurs activités de conservation des sols.
  • Impacts différenciés des interventions: les technologies et les pratiques de conservation des sols peuvent avoir des impacts différents sur les hommes et les femmes, en fonction de leurs rôles, de leurs responsabilités et de leurs besoins spécifiques et il est important de prendre en compte ces différences dans la conception et la mise en œuvre des programmes de conservation des sols.

Pour relever ces défis, il est essentiel de promouvoir une approche plus inclusive et équitable dans la gestion des ressources naturelles et la conservation des sols en RDC, en tenant compte des spécificités de genre et en impliquant activement les femmes à tous les niveaux.

Impact prévu du changement climatique sur l’adoption du travail de conservation du sol

  • Augmentation de la variabilité des précipitations: le changement climatique devrait entrainer une hausse de la variabilité des précipitations, avec des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus intenses alternant avec des épisodes de pluies abondantes. Cette variabilité accrue rendra les conditions de culture plus imprévisibles, ce qui qui pourrait inciter les agriculteur.trice.s à adopter davantage de pratiques de conservation des sols pour vieux s’adapter.
  • Hausse des températures: les températures moyennes devraient augmenter en RDC, ce qui pourrait accentuer l’érosion des sols et la dégradation de la matière organique. Face à ces défis, les agriculteur.trice.s seront davantage motivés à mettre en place des techniques de conservation des sols comme le paillage, les cultures de couverture et les terrasses.
  • Risques accru d’évènements météorologiques extrêmes: Le changement climatique devrait entrainer une hausse de la fréquence et de l’intensité des évènements météorologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses. Ces évènements peuvent gravement endommager les sols et les cultures, ce qui encouragera les agriculteur.trice.s à adopter des pratiques de conservation pour mieux protéger leurs terres.
  • Diminution de la fertilité des sols: l’érosion et la dégradation des sols, aggravées par le changement climatique, pourraient réduire la fertilité des terres agricoles en RDC. Face à cette menace, les agriculteur.trice.s seront plus enclins à mettre en œuvre des techniques de conservation des sols comme l’agroforesterie et la gestion améliorée des résidus de culture.

Les impacts prévisibles du changement climatique en RDC, tels que la variabilité accrue des précipitations, la hausse des températures et l’augmentation des évènements météorologiques extrêmes, devraient inciter les agriculteurs à adopter davantage de pratiques de considération des sols pour s’adapter à ces défis.

Renseignements clés sur le travail réduit du sol

Transition vers le travail de conservation du sol

Le processus de transition de l’agriculture conventionnelle vers l’AC, y compris le travail de conservation du sol comporte trois principales étapes:

Avant de commencer:

    1. Choisissez la terre pour l’AC: choisissez un endroit dans un champ où vous pensez que vous pouvez prendre un risque, mais où vous avez de bonnes chances de réussir. Si vous commencez par un champ qui a un bon potentiel, il est probable que vous obteniez des résultats rapidement. Lorsque vous aurez transformé ce champ en un lieu de pratique de l’AC, vous pourrez passer à d’autres, par exemple: des champs au sol trop érodé et situés sur des pentes. Commencez tout doucement. Testez ce qui fonctionne sur un champ d’abord. Observez attentivement pour voir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. Ensuite, vous pouvez progressivement appliquer ce que vous avez appris sur d’autres champs et d’autres cultures.
    2. Demandez de l’aide: Démarrer l’AC tout seul peut s’avérer difficile. Associez-vous avec des amis et des voisins intéressés par l’AC. Apprenez les uns des autres, et visitez vos champs respectifs pour vérifier que tout se passe bien au niveau des cultures, du sol et contrôler les mauvaises herbes, les organismes nuisibles et les maladies. Demandez conseil à votre agent de vulgarisation agricole, votre agent de développement, une ONG locale ou des agriculteurs qui s’y connaissent en la matière.
    3. Préparez votre champ: Avant d’entamer la première saison agricole, il vous faudra probablement préparer votre champ. Ne vous inquiétez pas – vous n’aurez à faire ce travail supplémentaire qu’une seule fois. Peut-être que vous devriez faire ce qui suit:

Si le sol est compact ou comporte une croûte, utilisez une sous-soleuse* attelée à un animal ou un tracteur, ou une charrue pour tracer des sillons qui permettront d’ameublir le sol sans que vous n’ayez à le retourner. S’il y a déjà des billons et des sillons sur votre sol, labourez rien qu’une fois, de préférence avec une charrue ciseau munie d’un long rondin ou d’une barre en fer pour éliminer les billons et rendre la surface plus uniforme. Étant donné que les semoirs de semis direct fonctionnent mieux sur des surfaces lisses, enlevez les roches ou les souches présentes. Si le sol est acide (pH faible), ajoutez de la chaux.

Creusez des trous de plantation (voir ci-dessous pour les instructions) ou utilisez une charrue attelée à un bœuf ou à un tracteur. Ce travail est mieux effectué en saison sèche, car cela vous permet d’être prêt pour les semis dès le début des pluies.

 

Première saison:

      1. Couvrez le sol:
        1. Avec des résidus de culture: Si vous disposez de résidus de culture dans les environs, ramenez-les dans votre champ et étalez-les sur le sol en guise de paillis. Cela nécessite un peu d’efforts, mais coûte moins cher. Si vous ne disposez personnellement d’aucun résidu approprié, vous pourriez en demander à vos voisins.
        2. Avec une culture-abri: Semez une culture-abri durant la première saison. Choisissez une culture dont les racines vont en profondeur, telle que le lablab afin d’améliorer la fertilité et la structure du sol. “Songez à épandre de l’engrais sur la culture-abri pour l’aider à bien pousser. Elle produira suffisamment de paillis qui vous permettra de planter des cultures vivrières sur le même champ pendant la deuxième saison. Vous pourriez également planter une culture-abri dans un champ avoisinant, et la couper ensuite pour l’étaler sur le sol au début de la deuxième saison. Cette culture-abri peut également produire des graines que vous pouvez semer ou vendre à vos voisins.
      2. Luttez contre les mauvaises herbes: il est indispensable de lutter contre les mauvaises herbes, surtout pendant les premières années de la pratique de l’AC. Arrachez-les à la main, coupez-les ou détruisez-les avec un herbicide. Puis, semez des cultures-abri pour éviter que les mauvaises herbes poussent à nouveau. Ne labourez pas. Plutôt que de labourer, semez directement vos cultures à travers le paillis, ou creusez des trous de plantation (voir ci-dessous) là où vous pouvez semer les graines.
      3. Cultivez les denrées: vous pouvez cultiver les denrées que vous cultivez généralement, mais le cas échéant, ajoutez-y une autre culture ou alternez les cultures. Par exemple: vous pourriez cultiver du maïs comme d’habitude, mais associez-y une légumineuse. Laissez le sol couvert. Au moment des récoltes, laissez les résidus dans le champ pour que le sol reste couvert pendant la saison sèche. Laissez pousser la culture-abri, ou semez une autre culture principale si vous le pouvez.

Deuxième et saisons suivantes:

        1. En ce moment, votre champ devrait être suffisamment couvert. Si ce n’est pas le cas, apportez des résidus supplémentaires des environs et répandez-les sur votre champ. Les préparatifs pour les semis de la deuxième saison sont beaucoup plus simples. Vérifiez qu’il n’y a pas de mauvaises herbes. Arrachez-les à main, coupez-les ou détruisez-les au moyen d’un herbicide.
        2. Résidus de culture: Voyez s’il est possible d’avoir assez de résidus de culture dans le champ pour la troisième saison. Si ce n’est pas le cas, cultivez plus de cultures-abri, puis coupez-les pour les étaler dans le champ où vous pratiquerez l’AC au cours de la troisième saison.
Pour en savoir davantage, consultez les documents 2 et 3.

Creusage des trous de plantation

1. Si la terre est envahie de mauvaises herbes, commencez par éliminer celles-ci avec une machette ou en sarclant de façon très superficielle. Laissez tous les résidus de mauvaises herbes sur le lopin de terre, à moins qu’elles n’aient des graines pouvant causer des problèmes après les semis.

2. Tendez une corde pour mesurer les distances entre les trous le long d’un côté du champ.

3. Creusez des trous de plantation le long de cette corde, en vous servant d’une canne-mesure qui vous servira à mesurer l’espace entre les plants à l’intérieur du sillon. Les trous doivent avoir une profondeur de 15 cm si les agriculteurs utilisent du compost ou du fumier, ou la moitié de cette profondeur s’ils utilisent des engrais chimiques.

4. Déplacez la corde à mesurer pour les trous de plantation, à l’aide d’une canne-mesure qui est de la même longueur entre une rangée et une autre.

5. Tracez la deuxième rangée de trous parallèlement à la première, et inspirez-vous de la première rangée de trous de plantation.

Utilisation d’une charrue attelée à des bœufs

Les charrues attelées aux bœufs sont un équipement très utilisé pour l’AC. Elles creusent des sillons de plantation, ce qui vous fait épargner du temps que vous auriez utilisé pour creuser des trous. Comme elles ne retournent pas la terre, cela laisse plus de résidus à la surface que la charrue à socs, permettant de réaliser l’objectif de l’AC qui est de conserver au minimum 30 % du couvert du sol.

Vous pouvez acheter des charrues munies de différentes sortes de pointes, dont chacune est adaptée à différentes conditions du sol. (Consultez les photos ci-dessous et les documents 4 et 5.) Le moyen le moins cher pour les agriculteurs d’obtenir une charrue est d’acheter une trousse de conversion (dont le prix varie entre 40 $ et 70 $ environ) qui permet de transformer une charrue à socs conventionnelle en une charrue pour l’AC.

Pour la majorité des agriculteurs, ils peuvent rapidement rentabiliser le coût d’achat, car une paire de bœufs peut labourer ¼ à ½ hectare par jour, ce qui représente le double de ce que vous pouvez faire avec une charrue à socs. De plus, les sols peuvent être souvent labourés en saison sèche, lorsque le labourage conventionnel est impossible, ce qui permettra aux agriculteurs de semer dès que les premières pluies.

Labour et plantation

En plus d’ameublir la croûte, vous pouvez vous servir du labourage pour creuser un sillon pour les semis. Après avoir labouré le sol, semez les graines dans l’ouverture creusée, en prenant le soin de couvrir la graine après l’avoir mise en terre.

L’utilisation de la charrue vous permet de semer plus tôt et plus vite que si vous labourez le sol avant les semis. La distance entre les sillons creusés dépend de la denrée que vous voulez cultiver, mais 75 cm est généralement la distance respectée pour le maïs.

Ne perturbez pas le sol entre les lignes, sauf pour sarcler. Les eaux de pluie se condensent dans les lignes de plantation et pénètrent dans le sol où les cultures racines poussent.

Il est préférable de labourer lorsque le sol est sec pour éviter que le sol soit plus compact et vous assurer que la croûte est désintégrée. Si vous cultivez une culture-abri, taillez-les. Lorsque la culture-abri sèche, vous pouvez utiliser une charrue à travers le paillis.

Les sols argileux lourds sont difficiles à labourer lorsqu’ils sont secs. Labourer les sols argileux crée de grosses mottes, surtout si le sol est compact. Il est préférable de laisser ces sols jusqu’à ce la pluie les humidifie un peu avant de les labourer.

Si vous utilisez des bœufs, peut-être qu’il vous faudra labourer deux fois pour vous assurer que la terre est suffisamment meuble. Si vous utilisez quatre bêtes, il se peut que vous deviez faire un seul passage.

Vous pouvez labourer le long des mêmes rangées une saison après l’autre.

Notez que, même si les agriculteur.trice.s pensent qu’il est bon de labourer de temps en temps, cela perturbera le processus d’amélioration du sol, et que cela n’est pas nécessaire lorsque les champs sont bien entretenus, à l’exception des sols très sablonneux.

Les principaux obstacles à la pratique du travail de conservation des sols en RDC:

  • Faible sensibilisation et connaissances des agriculteur.trice.s: des nombreux agriculteur.trice.s manquent de sensibilisation et de connaissances sur les pratiques de conservation des sols, leurs avantages à long terme et leur mise en œuvre. Il est nécessaire d’intensifier les efforts de formation et de vulgarisation auprès des communautés rurales.
  • Manque de soutien institutionnel et politique: les politiques et programmes gouvernementaux de conservation des sols sont souvent insuffisants ou mal mis en œuvre.
  • Contraintes économiques et financières: les agriculteur.trice.s ont des moyens financiers limités pour investir dans des pratiques de conservation coûteuses et un manque d’accès au crédit et aux subventions entrave l’adoption de ces pratiques.
  • Dégradation foncière et tenue précaire: la dégradation des terres et l’insécurité foncière découragent les agriculteurs d’investir dans la conservation des sols et des reformes foncières sont nécessaires pour sécuriser les droits d’utilisation des terres.
  • Défis logistiques et techniques: des infrastructures et des équipements inadéquats pour la mise en œuvre des techniques de conservation et manque de formation et accompagnement technique auprès des agriculteurs.
  • Pressions démographiques et limites environnementales : la croissance démographique et la pression sur les terres cultivables augmentent les défis de conservation et les conditions climatiques et la dégradation environnementale limitent les possibilités d’adoption.

Un effort concerté entre les autorités, les agriculteur.trice.s et les partenaires de développement sera nécessaire pour surmonter ces obstacles et promouvoir durablement la conservation des sols en RDC.

Existe-t-il de fausses informations sur le travail de conservation du sol dont je dois parler?

  • Les pratiques de conservation des sols sont trop coûteuses et complexes pour les petits agriculteurs: en réalité, des nombreuses techniques simples et peu coûteuses comme paillage, les haies vives ou les cultures de couverture peuvent être adoptées par les petits exploitants.
  • La conservation des sols n’est pas importante dans un pays comme la RDC avec les vastes superficies des terres: au contraire, la RDC fait face à une dégradation croissante des terres qui nécessite des efforts urgents de conservation.
  • Les agriculteur.trice.s ne sont pas intéressés par la conservation des sols: des nombreux agriculteurs sont conscients des bénéfices à long terme, mais manquent souvent de soutien et de moyens pour mettre en œuvre ces pratiques.
  • Seuls les agronomes et les techniciens peuvent mettre en œuvre la conservation des sols: avec une formation et un accompagnement adéquats, les agriculteur.trice.s peuvent eux-mêmes appliquer de nombreuses techniques de conservation.
  • La conservation des sols n’a pas d’impact significatif sur les rendements agricoles: au contraire, les pratiques de conservation ont démontré leur capacité à améliorer durablement la fertilité des sols et les rendements.
  • La déforestation n’a pas d’impact sur la conservation des sols en RDC: la déforestation est l’un des principaux facteurs des sols et doit être prise en compte dans les stratégies de conservation.

Il est important de combattre ces fausses informations par une meilleure sensibilisation, des démonstrations sur le terrain et la diffusion de données factuelles auprès des communautés rurales et des décideurs politiques.

Défis de conservation des sols en RDC :

  • Déforestation élevée, notamment liée à l’agriculture sur brûlis;
  • Pratiques agricoles intensives sans jachère, épuisant les nutriments des sols;
  • Érosion hydrique et éolienne, surtout dans les zones montagneuses;
  • Surpâturage dans certaines régions;
  • Manque de sensibilisation et de formation des agriculteurs sur les techniques de conservation.

Projets et initiatives en cours pour la conservation des sols :

  • Programme de reboisement et de reforestation;
  • Vulgarisation des techniques de conservation auprès des agriculteurs;
  • Soutien aux coopératives et aux filières agricoles durables;
  • Renforcement de la gouvernance foncière et des droits des communautés.

Pratiques supplémentaires à envisager pour une conservation durable :

  • Agroforesterie : combiner cultures et arbres pour protéger les sols;
  • Techniques anti-érosives : terrasses, haies vives, bandes enherbées;
  • Utilisation raisonnée d’engrais minéraux combinée à l’apport organique (compost, fumier) pour enrichir les sols;
  • Rotation des cultures et jachère pour régénérer la fertilité;
  • Restauration des terres dégradées par la réhabilitation des sols, comme la plantation d’espèces fixatrices d’azote;
  • Formation et sensibilisation : renforcer les capacités des agriculteurs en s’appuyant sur la recherche agronomique locale et les savoirs traditionnels.

La conservation durable des sols est essentielle à la sécurité alimentaire et à la préservation des écosystèmes en RDC. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour généraliser ces pratiques. L’adoption d’approches holistiques adaptées aux contextes locaux permettra de préserver durablement les ressources en sols du pays.

Acknowledgements

Remerciements

Rédaction : Pierre Ngama, Project Officer, Agriculture Alimentaire

Ceci est basé sur un document rédigé à l’origine par Vijay Cuddeford, rédacteur, Radios Rurales Internationales et révisé par Neil Rowe Miller, technicien en agriculture de conservation, Comité central mennonite; et Godfrey Magoma, spécialiste en agriculture de conservation, Tanzanie, Banque de céréales vivrières du Canada, Programme de développement de l’agriculture de conservation pour l’Afrique de l’Est

Cette ressource est rendue possible grâce au généreux soutien du peuple américain à travers l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le contenu relève de la responsabilité de Radios Rurales Internationales et de Catholic Relief Services, destinataires de l’accord et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’USAID ou du gouvernement des États-Unis.

Information sources

Pour avoir des ressources supplémentaires, consultez les documents suivants :

  1. Access Agriculture, différentes dates. Publications sur l’agriculture de conservation disponibles à : https://www.accessagriculture.org/fr/category/144/gestion-durable-des-terres/agriculture-de-conservation(en français seulement) 
  2. FAO Subregional Office for Eastern Africa, 2009, Lamourdia Thiombiano and Malo Meshack, editors. Scaling-up Conservation Agriculture in Africa: Strategy and Approaches. Addis Ababa. http://www.fao.org/ag/ca/doc/conservation.pdf
  3. IIRR and ACT, 2005. Conservation agriculture: A manual for farmers and extension workers in Africa. International Institute of Rural Reconstruction, Nairobi; African Conservation Tillage Network, Harare. http://www.fao.org/ag/ca/AfricaTrainingManual.html
  4. Steiner, Kurt, 2002. Conservation Tillage: Gateway to Food Security and Sustainable Rural Development – Impact of Conservation Tillage on Soil Quality. African Conservation Tillage Network, Information Series No. 4. Downloadable at act-africa.org/lib.php?com=5&res_id=77
  5. Zambia National Farmers Union, Conservation Farming Unit, non daté. A guide for farmers: Conversion from ox plowing to min-till ripping using the Magoye ripper. http://conservationagriculture.org/uploads/pdf/ADP%20MIN-TILL%20RIPPING%20FARMERS%20GUIDE.pdf (5.8 MB)
  6. Zambia National Farmers Union, Conservation Farming Unit, 2012. Ox CF: Setting up Ripper and Land Preparation. http://conservationagriculture.org/uploads/pdf/CF%20Ox%20Land%20Preperation%202012.pdf (933 KB)
  7. Zambia National Farmers Union, Conservation Farming Unit, non daté. Private Mechanised Min-Till Service Provision for Small and Medium-Scale Farmers. http://conservationagriculture.org/uploads/pdf/MECHANISED-MIN-TILL-PROGRESS.pdf (5.6 MB)

Définitions clés

Aération du sol : ventilation du sol, qui permet un échange des gaz entre le sol et l’air.

Charrue : pièce jointe utilisée pour ouvrir et labourer le sol, en particulier les sols compacts.

Compactage du sol : compression des particules du sol en un plus petit volume, qui réduit la superficie de l’espace poreux disponible pour l’air et l’eau.

Croûte : couche dure compacte qui se développe sous la surface du sol après des années de travail de la terre avec des houes ou des charrues. Cela favorise le ruissellement des eaux de pluie et empêche les racines de pénétrer plus profondément dans la terre.

Culture-abri : culture produite pour protéger un champ des éléments. Elle recouvre le sol nu. Les cultures-abri les plus répandues englobent le niébé, le pois d’Angole et le lablab, ainsi que les plantes non comestibles comme la griffe du diable et le carnivalia.

Foncier : dans le contexte, on entend par foncier, les règles régissant l’accès et la propriété de la terre par les agriculteurs d’exploitations familiales. Dans certains pays d’Afrique subsaharienne, cela défavorise surtout les femmes mariées qui sont souvent considérées comme des partenaires secondaires dans le mariage. Si elles ne sont pas mariées, elles sont, néanmoins, considérées comme des citoyens de seconde zone dans certaines communautés patriarcales.

Sous-soleuse : sorte de charrue munie d’un versoir qui sert à ameublir la terre à une certaine profondeur sous la surface sans la retourner.

Versoir : lame de métal en forme d’arc installée sur une charrue qui retourne la terre.