Notes au radiodiffuseur
La commercialisation est une étape clé de la chaîne de valeur agricole et joue un rôle crucial dans le maintien des moyens de subsistance des agriculteurs. Cela est particulièrement vrai dans les zones rurales où la majorité des gens dépendent de l’agriculture pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Sans accès à des marchés fiables et de grande valeur, les agriculteurs ne peuvent pas répercuter leur dur labeur sur l’amélioration de leurs moyens de subsistance. Au lieu de cela, ils continuent de croupir au bas de la chaîne de valeur.
Ce texte partage l’expérience de différents acteurs de la chaîne de valeur des légumes du Comté de Bungoma, dans l’ouest du Kenya. Il présente quelques-uns des facteurs qui affectent l’accès des agriculteurs aux marchés, le rôle que jouent les commerçants et les stratégies utilisées par les agriculteurs pour faire face à leurs difficultés. Il aborde également la demande des consommateurs et la manière dont les agriculteurs peuvent la prendre en compte lorsqu’ils planifient et gèrent leurs exploitations.
Ce texte est basé sur des interviews réelles. Vous pouvez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet similaire dans votre région. Vous pouvez aussi choisir de produire ce scénario sur votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les intervenants. Si c’est le cas, prenez soin d’indiquer à votre public, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non celles des personnes qui ont participé aux interviews.
Vous pouvez également utiliser le texte comme guide et rechercher des interviewés représentant les différents acteurs de la chaîne.
Si vous créez vos propres émissions sur la commercialisation des produits agricoles, parlez aux agriculteurs, aux commerçants, aux grossistes, aux agents de vulgarisation et aux autres acteurs concernés dans votre région. Vous pourriez leur demander:
- Quels sont les principaux défis pour les agriculteurs qui veulent tirer un bon profit de leurs produits ? Certains agriculteurs locaux ont-ils trouvé des solutions à ces défis ?
- Quels sont les services disponibles pour aider les agriculteurs à réussir leur commercialisation ?
- Quels sont quelques-uns des défis auxquels sont confrontés les commerçants ? Et comment certains commerçants ont-ils résolu ces problèmes ?
- Selon vous, quel est l’avenir de la culture et de la commercialisation des produits dans cette région ? Quelles sont les tendances ?
La durée estimée de cet élément, avec l’indicatif musical, l’intro et l’extro, est de 20 minutes.
Texte
SFX :
Indicatif musical pendant 15 secondes
ANIMATEUR :
Bonjour et bienvenue à votre émission hebdomadaire d’information sur l’agriculture. Je m’appelle ____.
Aujourd’hui, nous parlons de la commercialisation des produits agricoles. Souvent, les agriculteurs se plaignent du manque de débouchés pour leurs produits et des prix défavorables qui les empêchent d’obtenir un bon retour sur leurs investissements. Nous visitons le marché des produits agricoles de la ville de Bungoma pour avoir une idée de ce que les clients attendent. Plus tard, nous parlerons aux agriculteurs pour comprendre comment ils opèrent pour acheminer leurs produits vers le marché et vers leurs clients.
SFX :
Sons du marché de produits agricoles pendant cinq secondes. puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
C’est le marché de Bungoma, un marché très animé dans l’ouest du Kenya. Les agriculteurs, les courtiers et les négociants de toutes sortes marchandent les prix et les produits exposés. Certains viennent d’arriver, tandis que d’autres sont là depuis le début de la matinée.
Voici Mme Agnes Wandera, une marchande de légumes au marché. Elle achète des produits auprès d’agriculteurs et de courtiers et les vend aux consommateurs sur son stand. Elle vend au détail et en gros, en fonction de ce que veulent ses clients. Avec ses deux assistants, elle s’occupe des clients les uns après les autres. Elle dit que les heures de la matinée, de 6 heures à 10 heures, sont les plus chargées car de nombreux vendeurs au détail sélectionnent leurs marchandises pour la journée.
SFX :
Montée des bruits du marché pendant trois secondes, puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Je vois que vous avez une matinée très chargée. Quel genre de produits commercialisez-vous?
MME WANDERA :
Je vends des produits frais provenant des fermes. Comme vous pouvez le voir, j’ai des produits spécifiques : pommes de terre, tomates, oignons, kales et choux. Je vends rarement autre chose, à moins que je ne fasse une très bonne affaire. Ce sont des produits qui se vendent très vite. Chaque ménage les utilise tous les jours, ce qui me permet d’avoir une clientèle plus large et de vendre plus en quantité.
MME WANDERA :
Bungoma est une ville en pleine expansion. Pratiquement tous les habitants sont mes clients. Je ne suis pas la seule commerçante ici ou dans d’autres quartiers de la ville, mais les gens ont fini par connaître et fréquenter mon stand.
ANIMATEUR :
Que faites-vous pour attirer et fidéliser les clients?
MME WANDERA :
Tout d’abord, je vends des produits frais, provenant directement de la ferme. Ensuite, je m’approvisionne en produits de qualité, récoltés à temps et à pleine maturité. Si vous vous déplacez sur le marché, vous trouverez des oignons qui ont été récoltés avant leur maturité. Ils sont petits et liquides. Certains commerçants achètent ces produits parce qu’ils sont bon marché – peut-être que l’agriculteur a eu une urgence et a dû les écouler. Troisièmement, mes prix sont abordables et il y a de la place pour la négociation pour ceux qui achètent en gros. Quatrièmement, et c’est très important, je suis constante. Le stand est ouvert tous les jours. Mes clients ont toujours la marchandise qu’ils veulent. Certains appellent même à l’avance, réservent et paient, puis choisissent plus tard ou envoient un boda-boda pour choisir à leur place (Note de la rédaction : nom local pour les motards). Enfin, les marchandises sont triées en différentes catégories, de sorte qu’il y en a pour tous les goûts.
ANIMATEUR :
Il y a des moments où certains produits, comme les oignons, sont hors saison. Comment faites-vous face à de telles pénuries?
MME WANDERA :
Il est généralement difficile de trouver des produits pendant la saison sèche, car la majorité des agriculteurs de cette région dépendent de la pluie. Mais, après avoir travaillé ici pendant de nombreuses années, j’ai identifié des agriculteurs qui ont des fermes près des rivières et qui irriguent leurs cultures. Ils me fournissent tout au long de l’année ou du moins lorsque les autres agriculteurs ne peuvent pas le faire, bien que les prix aient tendance à augmenter et que les clients se plaignent beaucoup. Mais les commerçants ne peuvent pas faire grand-chose à ce sujet. Les clients apprécient que notre stand soit approvisionné tout au long de l’année.
ANIMATEUR :
Vous avez dit tout à l’heure que vous vous approvisionnez soit directement auprès des agriculteurs, soit auprès de courtiers. En quelques mots, partagez votre expérience avec les deux groupes.
MME WANDERA :
À mon avis, chaque groupe a sa place. Les agriculteurs ont des niveaux d’expérience différents. J’ai des agriculteurs qui peuvent prédire la quantité de produits qu’ils vont récolter. Il est ainsi plus facile de négocier et de planifier à l’avance, en sachant quand attendre la livraison. Ces agriculteurs sont peu nombreux mais ils livrent souvent des produits de qualité. D’autres n’ont pas les connaissances et l’expérience nécessaires pour gérer leurs cultures. Ils se retrouvent avec de très mauvaises récoltes, affectés par les parasites et les maladies. Il est difficile de traiter avec ces agriculteurs. Je les laisse aux courtiers.
Il arrive que je ne puisse pas joindre l’agriculteur en raison de la distance ou des faibles quantités qu’il a à vendre. Il serait très coûteux pour moi de me rendre chez l’agriculteur. Dans ce cas, le courtier peut regrouper les produits de l’agriculteur avec ceux d’autres agriculteurs et livrer les quantités que je souhaite, pour autant que la qualité soit acceptable. Dans cette situation, je n’engage pas l’agriculteur sur le prix. C’est le courtier qui décide. Il y a aussi des moments où j’ai un besoin urgent de marchandises, et les courtiers et les intermédiaires sont très utiles.
ANIMATEUR :
Merci de m’avoir accordé votre temps. Il est clair que l’interaction entre les négociants et les agriculteurs est cruciale pour comprendre le marché et sa dynamique. Je laisse Mme Agnes Wandera s’occuper de ses clients pendant que je me rends aux fermes.
SFX :
musique pendant huit secondes, puis insérer des sons d’eau de rivière qui coule et qui passe entre les rochers pendant quatre secondes, puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Je suis sur les rives de la rivière Luuya, à environ 10 kilomètres à l’est de la ville de Bungoma. Je suis ici pour voir Mr. Tobias Simiyu, un agriculteur spécialisé dans la culture commerciale de légumes.
SFX :
Bruits de fermiers labourant la terre avec une houe ou un jembe pendant cinq secondes, puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Tobias plante du chou frisé et des légumes indigènes tels que la morelle noire, connue dans la langue locale sous le nom de sucha, et la crotalaire, connue localement sous le nom de mitoo.
ANIMATEUR :
Bonjour Tobias, ta terre a l’air boueuse.
MR. TOBIAS :
Oui, les courtes pluies ont été plus fortes que d’habitude. Cela fait presque deux semaines que nous n’avons pas eu un tel soleil. Je dois finir de préparer les trous pour la transplantation de ces plants de chou frisé dans la pépinière. Ils étaient prêts la semaine dernière, mais les pluies m’ont empêché de me rendre à la ferme.
ANIMATEUR :
Depuis combien de temps cultivez-vous des légumes?
MR. TOBIAS :
C’est ma quatrième année. Je me suis détourné de la culture de la canne à sucre lorsque la sucrerie de Nzoia s’est effondrée et que la canne à sucre est devenue un fardeau. Nous continuons à planter du maïs, des haricots, des arachides et des patates douces pour l’alimentation. Nous en consommons et en vendons un peu pour avoir de l’argent pour acheter des produits comme le sucre et l’huile de cuisine dans les magasins. Sinon, la principale source de revenus reste les légumes.
ANIMATEUR :
Je vois une assez grande surface de choux dans la partie supérieure de la ferme. Quelle superficie de terre consacrez-vous aux légumes?
MR. TOBIAS :
Ma terre ne fait que deux acres et demi. J’ai des choux sur un acre, du sucha sur un demi-acre et du mitoo sur un demi-acre. J’ai également loué quatre autres acres dans le village et le long de la rivière. Deux acres pour le chou frisé et un acre chaque pour le sucha et le mitoo.
ANIMATEUR :
Vous avez vraiment une préférence pour le chou frisé!
MR. TOBIAS :
Oui, je cultive ce que je peux vendre. Les gens considèrent que le chou frisé est trop courant, mais ils ne savent pas qu’il rapporte de l’argent. Je fournis les écoles secondaires et certains internats d’écoles primaires. Les écoles constituent un marché régulier, prévisible et fiable que je peux facilement planifier. Comme j’irrigue mes cultures, je suis un fournisseur fiable.
Lorsque les écoles ferment, je suis en concurrence pour le marché en ville, mais je planifie ma production de pointe pour la saison sèche. C’est pourquoi je dois transplanter ce chou frisé avant la fin de ce mois, en octobre, pour qu’il soit prêt au début de la haute saison, en décembre. La saison sèche va généralement de décembre à mars, et comme la plupart des agriculteurs dépendent de la pluie pour leur exploitation, l’offre de légumes frais diminue et le prix augmente. Pendant la longue saison des pluies, je cultive du maïs et des haricots comme tous les autres agriculteurs. Mais je garde un œil sur la longue saison sèche. Je gagne beaucoup d’argent pendant cette période.
ANIMATEUR :
Comment les prix se comparent-ils entre les saisons?
MR. TOBIAS :
Les prix du chou frisé varient entre 200 et 2500 shillings kenyans par sac (2 à 25 dollars US). Pour gagner de l’argent, je fais coïncider ma production de pointe au prix maximum du marché. Je tiens également compte des préférences des consommateurs. La population des villes préfère le chou frisé parce qu’il nécessite moins de bois de chauffe pour la cuisson. La population rurale locale, par contre, préfère les légumes indigènes. De tous les types de légumes disponibles dans l’ouest du Kenya, les légumes indigènes sont les plus populaires. La morelle noire et la crotalaire ont un marché tout prêt.
ANIMATEUR :
Pour Tobias, la compréhension de la dynamique de l’offre et de la demande sur le marché et l’utilisation de l’irrigation lui permettent de produire en saison et hors saison et d’obtenir les meilleurs prix pour ses produits.
SFX :
MONTEE DE LA MUSIQUE PENDANT CINQ SECONDES, PUIS FONDU ENCHAINE AU SON DE LA MOTO, PUIS FONDU ENCHAINE SOUS LA VOIX DE L’ANIMATEUR.
ANIMATEUR :
Je traverse le Comté voisin de Trans Nzoia, le grenier à blé traditionnel du Kenya. Ici, les agriculteurs pratiquent la culture de céréales à grande échelle, en particulier le maïs et le blé. Mr. George Wafula dirige un groupe d’agriculteurs qui reprennent la culture de céréales. Il y cultive des tomates et des oignons, des cultures de grande valeur qui lui rapportent une jolie somme.
Pourquoi ce choix dans une région connue pour ses champs de maïs?
MR. WAFULA :
La culture du maïs ne présente aucun intérêt économique pour des gens comme nous qui n’ont que cinq acres de terre. Le coût de production est élevé et les rendements sont extrêmement faibles. L’Office national des céréales et des produits agricoles n’est pas cohérent dans ses prix à cause des importations à bas prix des pays voisins. Les agriculteurs sont donc laissés à la merci des courtiers et des intermédiaires. L’année dernière, mes voisins et moi-même avons décidé d’investir dans la culture des oignons et des tomates de serre.
ANIMATEUR :
N’était-ce pas un pari risqué?
MR. WAFULA :
Pas vraiment. J’ai étudié les tendances des marchés potentiels, principalement les grandes villes des régions de l’Ouest et de Nyanza. Nous avons découvert que les commerçants de Bungoma et d’autres villes de l’ouest du Kenya s’approvisionnent en produits aussi loin que le centre du pays (Commentaire de la rédaction : Le centre du Kenya se trouve à environ 450 kilomètres des villes de l’ouest du pays). Ceci représentait une opportunité.
La partie risquée est la distance à parcourir jusqu’à ces villes de marché, ce qui signifie que je ne pouvais pas le faire seul. J’ai dû me concerter avec d’autres agriculteurs pour regrouper nos produits afin de réduire les coûts de transport. De plus, nos routes en terre sont impraticables pendant la saison des pluies. Heureusement, le gouvernement du Comté est venu à notre aide avec ses récents travaux routiers à travers le comté. Maintenant, nous pouvons facilement atteindre la principale route goudronnée. Nous avons établi des connexions avec des acheteurs et certains viennent jusqu’aux fermes pour cueillir les produits, ce qui est très pratique pour nous.
ANIMATEUR :
Comment faites-vous pour rester en phase avec les besoins du marché?
MR. WAFULA :
Il faut d’abord comprendre le marché : où il se trouve et quand il a besoin de vos produits. Vous ne pouvez pas apporter au marché quelque chose dont il n’a pas besoin. Personne ne l’achètera. Dans notre cas, nous devons savoir quand les oignons et les tomates sont en demande et quand ils atteignent les prix les plus élevés. Ensuite, nous réfléchissons aux variétés que nous préférons et sur les raisons qui les motivent. Parmi ces raisons, il y a le goût et la durée de conservation. Il est important que, lorsque nous pensons au marché et au consommateur, nous nous considérions également comme des agriculteurs, afin de ne pas favoriser le consommateur à nos dépens. Il s’agit d’un compromis.
ANIMATEUR :
En tant qu’agriculteur, comment pensez-vous défendre vos propres intérêts?
MR. WAFULA :
Je choisis des variétés qui ont un rendement élevé et qui sont résistantes, c’est-à-dire qu’elles sont tolérantes aux parasites et aux maladies, ce qui réduit le coût des intrants, et elles résistent au stress hydrique car nous dépendons de la pluie pour cultiver les oignons. Nous sélectionnons également des variétés qui peuvent résister aux stress liés à la récolte et à la manipulation post-récolte, ainsi qu’au transport vers le marché.
ANIMATEUR :
Deux saisons, ce n’est pas long pour faire pousser de nouvelles cultures? Il est certain que vous avez rapidement appris sur le tas. Quels sont les facteurs qui vous ont permis de développer votre activité agricole?
MR. WAFULA :
Quand nous avons commencé, les choses étaient difficiles, mais nous avons compté sur l’information, la formation et l’expérience des agents de vulgarisation qui étaient prêts à nous aider. Nous avons également assisté à des salons agricoles à Kitale, Eldoret et Bungoma, posé des questions et testé les technologies et les pratiques qui y étaient présentées. Là où les choses ne marchaient pas, nous avons changé. Nous continuons à le faire et notre situation s’améliore de plus en plus.
SFX :
musique pendant cinq secondes, puis fondu enchainé sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Mr. Alfred Amusibwa est un agent de vulgarisation à Kimilili, dans le Comté de Bungoma. Il explique les défis auxquels les agriculteurs sont confrontés dans la commercialisation de leurs produits.
MR. AMUSIBWA :
Le plus grand obstacle à l’accès des petits agriculteurs aux marchés est leur connaissance et leur capacité limitées à utiliser les informations sur les marchés. Les agents de vulgarisation n’expliquent pas les informations sur les marchés de manière à ce que les agriculteurs puissent les utiliser pour planifier les cultures et le moment de leur plantation. Les agriculteurs et les agents de vulgarisation doivent travailler ensemble pour identifier les opportunités de marché et approvisionner ces marchés. Comme vous l’avez vu, certains agriculteurs sont déjà sur la bonne voie. Nous devons les mettre en évidence afin que d’autres agriculteurs puissent en tirer des enseignements.
ANIMATEUR :
Mr. Amusibwa précise que la sécurité et la santé sont des questions importantes qui ne sont guère prises en compte lorsque l’on parle de commercialisation des produits.
MR. AMUSIBWA :
Il est recommandé aux agriculteurs d’attendre le nombre de jours recommandé après l’application de pesticides sur les choux avant de les récolter. Mais certains agriculteurs n’attendent pas. Ils récoltent simplement quand les feuilles sont assez grandes pour le marché. Cela se produit surtout pendant la saison sèche, lorsque la production de légumes est faible et que la demande est très forte en ville, ainsi que dans les écoles et les collèges. Ce n’est pas une bonne pratique car elle expose les consommateurs aux effets potentiellement nocifs des résidus de pesticides dans les légumes.
ANIMATEUR :
Comment éviter que cela ne se produise?
MR. AMUSIBWA :
Les consommateurs ne savent pas où sont cultivés les légumes frais qu’ils achètent sur le marché. Ils ne connaissent pas non plus la quantité de pesticides utilisés par les agriculteurs, qui augmente en raison du nombre croissant de parasites et de maladies. C’est pourquoi les agriculteurs eux-mêmes doivent réduire l’utilisation de substances toxiques dans leur exploitation. Nous travaillons avec les agriculteurs pour nous assurer qu’ils livrent des produits sains et sûrs sur le marché. Dans le cas contraire, nous manquons à notre devoir de nourrir la nation. Dans ma zone de couverture, par exemple, je dispense des formations aux agriculteurs sur la façon d’appliquer les pesticides et autres produits chimiques par l’intermédiaire de groupes d’agriculteurs ou à des particuliers lors de visites aux fermes.
ANIMATEUR :
Quel est le message principal véhiculé lors de ces formations?
MR. AMUSIBWA :
Comme on dit, mieux vaut prévenir que guérir. Nous disons à nos agriculteurs d’utiliser la bonne quantité, d’utiliser le bon équipement pour l’application et de récolter après le nombre de jours recommandé. De cette façon, nous protégeons l’agriculteur et le consommateur. Nous devons également penser à l’environnement, un aspect qui est souvent ignoré. Certains de ces produits chimiques restent longtemps dans la nature. Lors de fortes pluies, ils peuvent se retrouver dans les rivières et les puits. Nous devons donc vraiment en tenir compte. Sinon, l’utilisation de ces produits chimiques nuit aux humains et à l’environnement.
SFX :
musique pendant cinq secondes, puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Voici quelques-unes des précautions qu’il est conseillé aux agriculteurs d’observer pour garantir une utilisation sûre des pesticides. Faites attention à ne pas éclabousser de pesticides sur votre corps ou vos vêtements. Ne pulvérisez pas de pesticides par une journée venteuse pour éviter l’inhalation de pesticides et la dérive de pulvérisation qui peuvent nuire à d’autres végétaux, animaux ou personnes. Ne mangez pas, ne mâchez pas, ne fumez pas et ne buvez pas pendant l’application des pesticides.
Lisez et suivez les instructions figurant sur l’étiquette. Ce mode d’emploi est très important. Si vous ignorez les doses indiquées sur l’étiquette et utilisez des doses plus faibles, les insectes peuvent développer une résistance au produit chimique et vous aurez peut-être besoin d’utiliser une dose plus élevée pour lutter contre les parasites. N’utilisez jamais de doses plus élevées non plus. Pour protéger les personnes qui travaillent ou vivent dans l’exploitation, contrôlez l’entrée des champs où des pesticides ont été appliqués ; si possible, posez des panneaux indiquant que les champs ont été traités.
Une autre pratique importante consiste à éloigner les pesticides des enfants, des aliments, du bétail et de toute autre chose qui pourrait en être contaminée. Gardez les pesticides dans un magasin fermé à clé pour réduire la probabilité d’empoisonnement. Dans la mesure du possible, rapportez les conteneurs à l’endroit où vous les avez achetés afin qu’ils puissent s’en débarrasser. Ne réutilisez pas les conteneurs pour quelque raison que ce soit. Si vous n’êtes pas sûr, consultez l’agent agricole de votre région sur les procédures en vigueur pour disposer des conteneurs de pesticides.
SFX :
SONS DU MARCHE PENDANT CINQ SECONDES, puis fondu enchaine sous la voix de l’animateur
ANIMATEUR :
Je suis de retour au marché de produits agricoles de Bungoma pour voir Mme Agnes Wandera, et lui poser ma question récurrente sur la sécurité
Cela vous inquiète-t-il que des agriculteurs apportent sur le marché des légumes récemment pulvérisés?
MS. WANDERA :
Il est difficile de dire si un agriculteur a récolté des légumes à forte teneur en résidus de pesticides, car certains d’entre eux lavent les feuilles pour enlever la terre, surtout pendant la saison des pluies. Ou bien ils lavent délibérément les produits chimiques qui adhèrent aux feuilles pour rendre les légumes propres et présentables.
Mais comme nous nous approvisionnons auprès d’agriculteurs que nous connaissons, nous sommes convaincus qu’ils suivent les procédures correctes. De temps en temps, je me rends dans les fermes pour superviser la récolte. De cette façon, je suis sûr que nous apportons des aliments propres et sains à nos clients. (RIRES) C’est pourquoi vous voyez mes clients heureux. Ils savent que je me soucie d’eux. Si nous ne faisons pas cela, nos clients le remarqueront et nous réprimanderont ou s’adresseront à d’autres vendeurs
MS. WANDERA :
Certains clients sont de plus en plus sensibilisés, ce qui peut être attribué à l’augmentation des cas de maladies liées au mode de vie, comme le cancer et les maladies cardiaques. Ainsi, les clients font attention à la nourriture qu’ils achètent et consomment. Cependant, les préoccupations les plus importantes sont la quantité et la qualité.
ANIMATEUR :
La vente de légumes frais n’est pas une tâche facile. Les clients exigent un bon rapport qualité-prix, en mettant tout en œuvre pour en tirer le maximum de profit. En bref, la commercialisation des produits ne se limite pas à la vente. Elle comprend les aspects de la production, le transport des produits vers le marché, le prix de vente et la compréhension des consommateurs auxquels vous voulez vendre. Les agriculteurs et les négociants doivent être à l’écoute des besoins des consommateurs. Les consommateurs veulent plus en termes de quantité, de meilleure qualité, d’aliments sûrs et sains, et de prix raisonnablement abordable.
Comme nous l’avons entendu, l’agriculteur doit surveiller les saisons et jouer le jeu de l’offre et de la demande afin d’obtenir un rendement maximal du marché
Ceci marque la fin de notre programme aujourd’hui. Rendez-vous la semaine prochaine pour un autre épisode enrichissant. Je m’appelle ____. Je vous remercie de m’avoir écouté.
SFX :
Fondu enchaîné des bruits de la place du marché, puis fondu enchaîné, et enfin INDICATIF MUSICAL
Acknowledgements
Contribué par John Cheburet, producteur radio indépendant, Kenya
Revue: Wilson W. Aore, chargé de recherche principal, Kenya Agricultural and Livestock Research Organization. Kibos, Kenya.
Information sources
Interviews:
Agnes Wandera, Négociante en légumes frais, ville de Bungoma, Kenya
Tobias Simiyu, Agriculteur, village de Makotelo, Comté de Bungoma, Kenya
George Wafula, Agriculteur, Comté de Trans Nzoia, Kenya
Alfred Amusibwa, Agent de vulgarisation, Kimilili, Comté de Bungoma
Interviews réalisées en septembre et octobre 2019.