Notes au radiodiffuseur
Dans les années 30, les colons français ont créé une zone agricole au niveau de l’Office du Niger, au centre du Mali. Cette zone était utilisée pour la culture du coton et de la canne à sucre juste après que le Mali a accédé à l’indépendance en 1960. Des milliers de familles agricoles de cette région cultivent le riz depuis trois décennies. Mais, aujourd’hui, la plupart des femmes pensent que la culture de l’oignon et du gombo en saison morte après la récolte du riz est un des meilleurs moyens d’être autonome et de subvenir aux besoins de leurs familles.
Les revenus de la vente du gombo permettent à des milliers de familles agricoles d’investir dans l’élevage de bétail, de volaille et l’immobilier. C’est la raison pour laquelle un plus grand nombre de personnes cultivent le gombo. La culture et la commercialisation du gombo au Mali et à l’étranger se font relativement sans problème, ce qui contribue à sa popularité.
Dans le présent texte radiophonique, nous rencontrerons Fanta Bouaré, de Bakay Wèrè, et elle cultive du gombo en saison morte. Elle est membre d’un groupement de femmes qui cultivent le gombo pour le vendre lors un marché local hebdomadaire et ravitailler les commerçants-grossistes qui viennent de Bamako. Cela leur permet d’économiser l’argent pour leurs besoins et ceux de leurs familles pendant les moments difficiles de l’année. Contrairement aux autres légumes, les agriculteurs peuvent conserver aussi longtemps le gombo en attendant d’obtenir le prix souhaité.
Nous rencontrons également Ousmane Touré, un commerçant-grossiste de gombo. Ses collègues et lui se rendent à la ferme pour parler de la vente du gombo. Il vend le gombo qu’il achète chez les agricultrices de Bakay Wèrè à des commerçants-détaillants de légumes qui l’exportent vers des restaurants africains en Europe et aux États-Unis. Ousmane nous explique les avantages de la commercialisation du gombo et comment il est conservé avant d’être envoyé à l’extérieur du pays.
Vous pourriez vous inspirer du présent texte radiophonique pour mener des recherches pour la rédaction d’un texte sur la culture du gombo ou un sujet similaire dans votre région. Sinon, pourquoi ne pas produire ce texte dans votre station, en le faisant interpréter par des comédiens et des comédiennes de doublage à la place des intervenants? Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit des voix desdits comédiens, et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées.
Si vous décidez de vous inspirer du présent texte radiophonique pour réaliser votre propre émission, vous pourriez vous entretenir avec des agriculteurs et des agricultrices qui cultivent le gombo dans votre région, ainsi que les experts qui les conseillent. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
- Les producteurs de gombo disposent-ils d’un marché dans cette région? Les agriculteurs peuvent-ils gagner leur vie en vendant du gombo?
- Quels sont les types de difficultés dont doit être informé un cultivateur ou une cultivatrice de gombo concernant la production et la commercialisation?
- Comment les producteurs de gombo peuvent-ils venir à bout desdites difficultés?
Durée estimative du texte radiophonique : 20 minutes avec la musique de début et de fin.
Texte
Bakay Wèrè est un village du cercle de Niono, au centre du Mali, à 350 kilomètres de Bamako, la capitale. Ici, les principaux cultivateurs de gombo sont les femmes. En cultivant le gombo, qui est cultivé par toutes les familles de la région, elles arrivent à être autonomes et ne pas dépendre du revenu de leurs maris. Elles parviennent même à venir en aide à leurs maris et leurs enfants.
Nous sommes dans un grand champ de gombo qui s’étale sur environ six hectares. J’entends des bruits de petits oiseaux et d’insectes tout autour. Environ une dizaine de femmes se trouvent sur place, chacune d’elle occupée à faire son travail et certaines ont des enfants sur le dos. Nous allons à présent nous adresser à une femme qui n’a pas l’air très occupée.
Nous commençons par les semis, juste après la moisson de riz parce que ce sont les mêmes champs que nous utilisons. Le gombo peut germer sur tous les sols, mais pousse bien sur les sols profonds sablo-limoneux avec un pH de six à huit et riche en matière organique bien décomposée comme le fumier ou le compost.
Le temps pour la récolte du gombo dépend de la variété. La période allant des semis jusqu’à la récolte est longue de 45 à 70 jours.
À cet égard, les gens ont différents goûts. Certains choisissent des variétés qu’on peut récolter après deux mois seulement, et d’autres choisissent celles de cycle plus long pouvant aller jusqu’à quatre mois. Les deux options fourniront de bons résultats, et chacun en sort gagnant, quel que le choix la personne effectuera.
Mais notre gombo n’est pas suffisamment mûr. Il reste encore quelques jours. C’est rare de trouver du gombo mûr à cette période de la saison. Donc, aujourd’hui, nous récoltons juste quelques légumes matures pour les emmener au marché demain. Je pense que d’autres femmes sont là pour arroser leurs plants.
Le gombo n’aime pas beaucoup d’eau, donc on arrose un peu tous les deux jours. Au bout de trois ou quatre jours, de petites pousses apparaissent, c’est à ce moment que le vrai travail commence.
Les rats qui vivent dans les champs de riz nous fatiguent beaucoup. Ils mangent les feuilles des petites pousses, ce qui détruit complètement les champs de gombo. Donc, nous utilisons du poison contre les rats. On le mélange avec une quantité de grains de riz ou de maïs, leurs aliments préférés, et ensuite, on répand de petites quantités un peu partout sous les pieds des pousses. C’est ce qui les tue.
Dès qu’on est débarrassé des rats, on épand de l’engrais. Certains cultivateurs utilisent du fumier d’animaux. Apportez 50 kilogrammes d’urée par hectare et 100 kilogrammes de phosphate d’ammoniaque par hectare trois semaines après le semis, puis enfouissez 50 kilogrammes d’urée par hectare 15 jours après le premier apport.
Après tout ça, ce qui reste à faire c’est la surveillance qui consiste à arroser régulièrement pour maintenir le sol toujours humide, désherber et traiter les insectes nuisibles. La récolte commence 45 à 75 jours après le semis et consiste à enlever les jeunes fruits (encore immatures). Récoltez les fruits tous les deux ou trois jours pour éviter la lignification des fruits. La récolte peut se poursuivre jusqu’à et être prolongée prolonger de 55 à 110 jours. Les rendements varient de 10 à 15 tonnes par hectare en saison sèche.
C’est un autre avantage qu’il y a à cultiver le gombo: c’est un légume qui est bon lorsqu’on le fait sécher ou lorsqu’il est frais. Le séchage au soleil des fruits coupés en rondelles ou des petits fruits entiers ou au four solaire, assure une très bonne conservation.
Il n’y a aucun problème au niveau de la transformation ou la conservation. On transporte notre récolte au marché, et si on n’arrive pas à tout vendre, on découpe le reste en petits morceaux qu’on fait sécher au soleil. Une fois que cela est fait, on peut le conserver aussi longtemps qu’on le souhaite.
Mais le gombo n’a pas besoin de tout ça. Quand il est frais, tu peux le garder pendant quelques jours. Sinon tu peux le découper en petits morceaux et le faire sécher pour le conserver pendant plus d’un an si tu veux.
Pour ceux qui hésitent, je pense qu’il est temps d’arrêter de tergiverser et d’investir dans la culture du gombo. Nous avons beaucoup souffert en cultivant d’autres fruits et légumes qui ne se conservent pas longtemps dans nos conditions climatiques.
Chers auditeurs et auditrices deux commerçants, un homme et une femme, viennent de faire leur entrée dans le champ. Nous allons nous entretenir avec eux pour en savoir davantage sur le fonctionnement du marché du gombo. Bonjour madame et monsieur.
La récolte de contre saison commencera bientôt, d’ici 15 jours tout au plus, donc nous allons être là désormais chaque vendredi avec une camionnette qu’on va garer au niveau du marché de Molodo.
Pour faire plus de bénéfices, nous venons jusque dans les champs et on achète ce qu’on veut. Puis, on le transporte les produits à la camionnette avec des charrettes qu’on loue ici à Bakay Wèrè. On a rendez-vous tous les dimanches matin avec nos acheteurs qui sont un peu partout à Bamako. En gros, le marché de gombo n’a aucun problème pour l’instant.
Nous avons aussi des acheteurs un peu partout dans le monde, c’est eux d’ailleurs qui nous donnent le gros marché. Ce sont des propriétaires des restaurants maliens en Europe et en Amérique. Personnellement, j’ai deux restaurants maliens à Paris, dont deux dans la ville de Montreuil et j’envoie aussi à deux restaurants sénégalais à New York. Je connais une dame aussi à Milan, en Italie, qui ne prend que le gombo séché ou en poudre. J’en connais d’autres grossistes qui ont des preneurs en Italie et en Allemagne.
Une fois la commande lancée, je dois me battre pour avoir la quantité et effectuer la livraison à l’aéroport au moins un jour avant la date de départ de l’acheteur. Pour ce genre de commandes, on n’utilise pas les sacs en plastique, mais des jarres que les villageois fabriquent avec des feuilles de palmier. J’achète une cinquantaine ou plus, ensuite, je les remplis et les ferme avec des morceaux de carton.
Puis, je les stocke dans un camion frigorifique que j’amène jusqu’ici dans les champs. À Bamako, on a des frigos, des chambres froides à l’aéroport qu’on loue pour entreposer les produits pendant quelques jours. Une journée ou une demi-journée avant le départ de l’acheteur, je transporte la marchandise là-bas et ma mission s’arrête là. C’est tout en ce qui me concerne. L’acheteur s’occupe du reste. C’est beaucoup de dépenses, mais les acheteurs financent tout et nous nous gagnons plus dans ça que sur les marchés de Bamako.
Fanta, la femme que vous venez d’interviewer, est également membre de notre groupe d’agriculteurs. Ravitailler notre association de commerçants est devenu une priorité pour ces agriculteurs. Quand la récolte commence, tant que nous avons besoin de gombo, aucun autre commerçant n’a le droit d’en acheter. Cela fait maintenant cinq ans que nous avons conclu cette entente avec les agriculteurs et cela est valable pour toutes les récoltes de gombo, que ce soit pendant la saison ou en saison morte.
Chers auditeurs et auditrices, c’est la fin de notre émission. Aujourd’hui, avec nos deux différents intervenants nous avons appris que les cultivateurs de gombo du village de Bakay Wèrè obtiennent de bonnes récoltes et écoulent en toute tranquillité leurs produits.
Nous avons également entendu que le gombo offre plusieurs avantages comparativement à d’autres légumes. Il résiste à la chaleur et se conserve plus longtemps lorsqu’on le fait sécher au soleil. Cela permet aux agricultrices de choisir le bon moment pour commercialiser leur gombo, au moment où elles peuvent le vendre à un prix plus élevé au marché. Nous avons aussi appris que le gombo cultivé au Mali est consommé sur d’autres continents ce qui nous démontre à quel point ce légume occupe une place importante dans l’alimentation malienne.
Merci d’avoir écouté l’émission. Nous vous invitons à écouter la prochaine émission dans laquelle nous aborderons un autre thème aussi très important.
Merci pour votre aimable attention et à très bientôt.
Acknowledgements
Rédaction : Boubacar Gakou, cinéaste réalisateur, Bamako, Mali
Révision : Mamadou Togola, Ingénieur Agronome chargé de Suivi Évaluation à l’Office du Périmètre Irrigué de Baguineda; Ministère de l’Agriculture, Mali
Information sources
Entrevues réalisées avec :
Fanta Bouaré,17 avril 2017
Ousmane Touré, 17 avril 2017
Ce travail a été réalisé à l’aide d’une subvention de Save the Children et avec le soutien financier du soutien technique et opérationnel de performance (TOPS) de USAID.
Projet réalisé avec l’appui financier du Gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada