Au Niger, des agriculteurs laissent pousser des arbres dans leurs champs, et récoltent ainsi de gros bénéfices

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Notes au radiodiffuseur

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Au cours des années 70 et 80 de nombreuses publications ont été consacrées à la crise d’énergie dans les pays du Sahel et ailleurs dans les zones arides et semi-arides. Il y avait un écart important entre les besoins en énergie de la population, qui était presque exclusivement fourni par le bois, et la croissance annuelle des plantes et des arbres. En même temps le Sahel traversait une période de crise à cause des années de sécheresses successives. L’agriculture s’étendait de plus en plus sur des zones marginales où la végétation était largement détruite.

La perception était que dans un avenir proche des zones autour des villes au Sahel seraient complètement dénudées à cause des besoins de bois de feu de leurs populations dont le nombre augmentait rapidement.

La perception actuelle reste que la végétation au Sahel est en train de se dégrader à cause d’une surexploitation par la population. Bien que ce phénomène ait été constaté dans certaines régions du Sahel, d’autres semblent au contraire vivre une éclosion de leur végétation. Au Niger, par exemple, les régions de Tahoua, de Maradi et de Zinder connaissent un regain de végétation ligneuse. À Tahoua, la mise en oeuvre de plantations forestières s’est faite par le biais de projects axés sur la réhabilitation de terres stériles, tandis que des agriculteurs ont aussi commencé à protéger les arbres et les arbustes qui repoussent naturellement. Les éleveurs de betail protégent la végétation naturelle comme les espèces d’arbres Acacia raddiana. À Maradi, des ONG aident les agriculteurs à protéger et gérer les arbres et les arbustes qui ont repoussé naturellement sur leurs terres. Cette relance a débuté dans les années 80. Plus récemment, un project dans le district d’Aguié supporte la création d’organisations villageoises qui protégent, gérent et utiliser des arbres qui poussent naturellement sure leurs terres. À Zinder, un agriculteur de grande envergure a réussi une régénération naturelle assistée.

Le présent numéro parle de la Régénération naturelle assistée (RNA). C’est une pratique des cultivateurs qui consiste à protéger et à gérer les repousses dans les champs afin de (re-)créer une végétation ligneuse. La RNA est avantageuse pour les cultivateurs car elle encourage la croissance d’arbres et d’arbustes. Il s’agit presque toujours des espèces ayant une valeur économique.

Il est surprenant de constater que la régénération naturelle sur les champs de culture, qui est protégé et géré par les paysans, a largement volé sous le radar. Très peu de décideurs nationaux et internationaux sont au courant de ce phénomène et il y a très peu de publications sur ce sujet. Une étude a estimé que la Régénération naturelle assistée a eu un impact sur au moins cinq millions d’hectares de terres cultivées au Niger. Si le reverdissement a réellement pris une telle ampleur, il s’agit d’un phénomène unique pour le Sahel et probablement même unique pour l’Afrique.

Ce résumé est tiré d’un vrai entretien. Vous pouvez vous inspirer de ce texte pour effectuer des recherches et rédiger une syopsis sur un théme similaire dans votre région. Ou vous pouvez décide de le diffuser sur votre station de radio, en prenant des acteurs pour faire les voix des interlocuteurs. Le case échéant, en début d’emission, assurez-vous d’informer votre public que les voix sont celles d’acteurs, et non celles des personnes originales ayant réalisé les entretiens.

Texte

ANIMATEUR :
Bienvenue à nos auditeurs. Aujourd’hui nous allons parler d’une pratique agricole qui s’appelle la Régénération Naturelle Assistée, qui est pratiquée par de nombreux agriculteurs dans le sud du Niger. En RNA, les cultivateurs protègent et gèrent les repousses de certains types arbres dans leurs champs afin de ramener une végétation dans la zone aride et améliorer leurs récoltes ainsi que leur revenu. Il s’agit presque toujours des espèces ayant une valeur économique, ce qui signifie les espèces qui produisent des fruits ou du bois et d’autres produits. Cette practique s’appelle RNA pour la distinguer de la plantation d’arbres et de la gestion des peuplements naturels dans les blocs forestiers. Ce programme est produit afin de partager avec vous ce qui a incité les paysans de la Région de Maradi dans le sud du Niger à protéger la régénération naturelle d’arbres et d’arbustes sur leurs champs, comment ils gèrent ces arbres et ces arbustes et quels sont les impacts de la Régénération Naturelle Assistée (RNA) sur leurs vies quotidiennes.

La RNA dans la région de Maradi dans le sud du Niger a commencé par les efforts de l’ONG Serving-In-Mission (SIM) dans les années 80 et le Projet de Développement de Maradi. Ensuite, il y a eu un projet financé par le FIDA dans le département d’Aguié qui a fait de la RNA son action prioritaire. En 1999, 88 % des personnes répondant à une enquête dans les villages ciblés et dans les villages hors-projet pratiquaient la RNA dans une certaine mesure dans leurs champs, avec pour résultat environ 1,25 million d’arbres supplémentaires par an dans la zone du projet.

J’ai effectué une entrevue avec Monsieur Ali Micko, qui a été impliqué dans le projet dans le Département de Aguié, Région de Maradi.

Bonjour Monsieur Micko, je m’appelle Lawali Mamane Nassourou de l’ONG Le Micro Vert. Notre entretien aujourd’hui porte sur la RNA. Pouvez vous d’abord vous présentez?

ALI :
Je m’appelle Ali Micko, je suis cultivateur et je suis Président d’un groupe de villages à Dan Saga.

ANIMATEUR :
Depuis quand avez-vous constatez une dégradation de la végétation dans vos champs?

ALI :
Le couvert végétal a commencé à se dégrader dans les années 60, et cette dégradation a atteint son paroxysme vers les années 70. Cette dégradation était principalement due à une exploitation des terres en détruisant tous les arbres et en abandonnant la jachère.

ANIMATEUR :
Qu’est ce qui vous a incité à changer vos pratiques agricoles?

ALI :
La situation était difficile pour tous les cultivateurs, les terres étaient devenues infertiles, les sables couvraient les cultures et les bois de chauffe et de services se faisaient rares. Nous avons donc changé notre comportement en adoptant une nouvelle pratique : celle de laisser les jeunes arbres dans les champs. Cette initiative a été appuyée par un Projet de CARE International.

ANIMATEUR :
Comment est-ce que vous avez changez vos pratiques agricoles?

ALI :
À un certain moment tout le monde a constaté l’importance de laisser les jeunes arbres dans les champs. Avec l’appui de ce projet, la pratique de défrichement amélioré s’est généralisée auprès des agriculteurs. En plus du fait qu’on entretenait les jeunes pousses et les jeunes plants qui repoussent sur les racines des vieux arbres. En plus de cela, nous avons crée une pépinière, avec des espèces d’arbres locales tel que l’Hyphaene thebaica, l’Acacia albida et le Parkia biglosa (Note du rédacteur: veuillez consulter la liste des noms locaux qui se trouve à la toute fin de ce texte) Nous avons également commencé à utiliser la litière des arbres – les feuilles mortes, les écorces et les branches qui sont tombées sur le sol – comme paillis.

ANIMATEUR :
Depuis quand avez-vous constatez un changement positif sur la végétation dans vos champs?

ALI :
Le début de régénération remonte à 25 ans mais ça s’est réellement installé il y a 18 ans.

ANIMATEUR :
Quels ont été les effets sur vos cultures?

ALI :
Dans le temps, quand la végétation était complètement dégradée, le rendement du mil à l’hectare n’était que de 90-120 kg, ou environ 13-17 bottes, alors que maintenant avec le retour de la végétation on peut avoir 315 à 455 kilogrammes par hectare. Et si on applique de l’engrais minéral ce rendement peut atteindre 700 kilogrammes par hectare du mil.

ANIMATEUR :
Quels ont été les effets de la Régénération Naturelle Assistée sur le montant de vos revenus?

ALI :
L’agriculture est maintenant rentable. Les arbres rendent disponibles le fourrage pour les animaux et les bois pour la vente, pour l’énergie et pour la construction. C’est ainsi au moment de la crise alimentaire de 1999-2000, la majorité des ménages ici ont survécu grâce à la vente du bois.

ANIMATEUR :
Quels ont été les effets sur le travail des femmes?

ALI :
Avec ce retour de la végétation, les hommes coupent les bois dans leurs champs et les font transporter dans leurs maisons sur des charrettes acquises par le surplus du système de production agricole, sylvicole et pastorale. Et donc, les femmes ont vu leurs charges liées à la recherche, la coupe et le transport du bois significativement réduites. Aussi, une partie de revenu de la vente du bois est utilisée pour acheter l’eau et moudre les grains alors qu’auparavant ce sont les femmes qui font ces travaux.

ANIMATEUR :
Comment vous gérez actuellement cette nouvelle richesse?

ALI :
Nous avons mis en place depuis le début de la prise de conscience un comité de surveillance qui comprenait des hommes et des femmes. Ce comité est chargé de surveiller les efforts des agriculteurs et de dénoncer auprès des chefs de village des éventuels cas de personnes qui enfreignent aux règlements de gestion des terres établis par la communauté. Quand les arbres ont grandi on a mis en place un comité de gestion qui regroupe plusieurs villages dans la région de Dan Saga. Avec l’appui du FIDA et l’État, le comité a mis en place un marché rural de bois, dont la gestion est communautaire. Le revenu de ce marché est subdivisé en parts pour l’investissement dans la RNA, la commune, le service de l’environnement de l’État et le comité. Il est alimenté par des bois achetés auprès des villageois qui exploitent les arbres de leurs champs.

ANIMATEUR :
Merci Ali d’avoir accepté cet entretien et d’avoir partagé votre expérience avec nous.

ALI :
Merci à vous d’avoir fait ce déplacement et pour vous intéresser à nos conditions d’existence.

Acknowledgements

Rédaction : Sanoussi Mayana, Prèsident de l”ONG RDD Le Micro Vert, un partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales.
Révision : Chris Reij, Center for International Cooperation, VU University, Amsterdam.

Information sources

Monsieur Ali Miko Président de la grappe de Dan Saga, Département de Aguié, Région de Maradi, République du Niger.

Noms communs pour les espèces d’arbres susmentionnées

L’Acacia raddiana, également connu sous le nom de Acacia tortilis
ARABE : talh, sayal, hares
ANGLAIS : umbrella thorn
PEUL : chilluki
KANURI : kindil
KOUKA : garatt
MAURITANIE : tamat
: munga
TOUCOULEUR : bakan tchili,
WOLOF : sandandour

HYPHAENE THEBAICA:
AMHARIQUE : zembaba
ARABE : dom
ANGLAIS : gingerbread tree. doum palm
SWAHILI : mkoma
TIGRIGANA : arkobkobai, kambash

ACACIA ALBIDA, également connu sous le nom de Faidherbia albida:
AFRIKAANS : anaboom
AMHARIQUE : grar
ARABE : afrar, harac, haraz
BAMBARA : casala
ANGLAIS : winter thorn, apple ring thorn tree, apple ring acacia, ana tree, white thorn,
FRANCAIS : arbre blanc, kad
NDEBELE : npumbu
PORTUGAIS : espinheiro-de-angola, espinneiro
SEPEDI : mogabo
SETSWANA : mokosho
SHONA : mutsangu
SWAHILI : mgunga, mkababu
TIGRIGNA : aqba, garsha, momona
VENDA : muhoto
WOLOF : cad
ZOULOU : umHlalankwazi

PARKIA BIGLOBOSA:
BAMBARA : nere
DIOLA : enokay
AANGLAIS : African locust bean tree, nitta nut, monkey cutlass tree
FRANCAIS : arbre à farine, mimosa pourpre, néré, néré (Senegal)
GOURMANTCHE : budugu
HAUSA : dadawa, dawa dawa
KANURI : runo
MANDINKA : nér, nété, netto
SWAHILI : mkunde, mnienze
MOORE : duaga or ruaga
PORTUGAIS : farroba
WOLOF : houlle