Au Cameroun, une bonne idée en amène une autre

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Dans les hautes terres du Nord-Ouest du Cameroun, un fermier a résolu le problème de la fertilité du sol en laissant son bétail dans les champs pour la nuit. Cela a fait germer de nouvelles idées dans la tête des autres fermiers. L’un d’entre eux a mis au point un nouvel outil pour mieux recueillir ses récoltes grandissantes. Un autre a conçu un système d’irrigation pour mieux exploiter les zones fertilisées. Ces nouvelles pratiques ont aussi fait évoluer la relation entre les fermiers et les éleveurs.

Texte

L’ANIMATEUR
: Le texte que vous aller entendre porte sur la compréhension et le respect des pratiques fermières locales. Certaines pratiques nous ont été transmises par nos parents et grands-parents et nous continuons de les utiliser en raison de leur efficacité. Parfois, les fermiers développent des pratiques tirées de leur propre expérience. Dans ce texte, les fermiers découvrent de nouvelles méthodes de fertilisation les sols, de récolter leurs cultures et d’irriguer leurs champs.

PARTIE 1:
Samuel Toh, un fermier utilise le bétail pour fertiliser son champ.

L’ANIMATEUR 1
: Samuel Toh est un fermier de la région du Nord de Babanki, au Cameroun. Toh avait constaté que la terre de ses champs s’appauvrissait. Comme la demande en terre était très grande, il ne pouvait pas laisser sa terre en jachère pendant une période assez longue pour que le sol redevienne fertile. Il commença par ramasser du fumier dans les collines avoisinantes pour ensuite le transporter dans des sacs en toile de jute jusqu’à son champ. Ce travail était fatigant. Il demanda donc à un berger de laisser ses bêtes dans son champ toutes les nuits pendant trois semaines. Trois semaines plus tard, quand le bétail quitta son champ, Toh cultiva la partie fertilisée et fit une excellente récolte. Son système fonctionnait très bien!

PAUSE MUSICALE (5 secondes)

L’ANIMATEUR1
: Avec le temps, le fermier améliora sa méthode. Il remarqua que le bétail n’occupait qu’une partie du champ, le fumier n’étant pas bien réparti. Il divisa donc le champ en sections, les clôtura et changeait le bétail de section chaque soir.
Samuel Toh eu beaucoup de succès avec cette méthode. Il découvrit qu’un important légume à feuilles vertes appelé le black nightshade (Solanum nigrum), poussait particulièrement bien quand le fumier du bétail fertilisait le sol. On mangeait les feuilles comme des épinards et elles étaient très appréciées par les citadins. Presque tous les fermiers de la région au Nord de Babanki, ce qui représente plus de 500 familles, utilisent maintenant cette pratique de fertilisation développée par M. Toh. Les fermiers peuvent cultiver beaucoup plus de légumes verts et ainsi recueillir beaucoup plus d’argent.

INTRODUIRE DE LA MUSIQUE ET LA GARDER EN FOND SONORE PENDANT QUE L’ANIMATEUR COMMENCE A PARLER

L’ANIMATEUR 2
: C’était donc une excellente innovation du fermier Samuel Toh mais ce n’était que la première d’une série de très bonnes idées. Comme vous le savez, une bonne idée en amène une autre… (la voix s’estompe)

SUPPRIMER LA MUSIQUE PROGRESSIVEMENT


PARTIE 2:
Le fermier Phillip Ndong invente un outil pour les récoltes

NARRATEUR 1
: Phillip Ndong était un des fermiers qui ont utilisé la méthode de fertilisation de Samuel Toh. Il a récolté plus de légumes verts. En fait, il en a récolté cinq fois plus qu’auparavant. Cependant, récolter les tiges à la main était fatigant. Il avait essayé de les récolter avec un couteau mais aucun n’était assez pointu. De plus, les femmes et les enfants aidaient aux récoltes et il était trop coûteux d’en acheter pour tout le monde.
Ndong essaya donc d’utiliser une lame de rasoir. Il coupait les tiges plus facilement mais se blessait aussi les doigts. Il essaya autre chose. Il prit un morceau de bambou de 20 centimètres de long et attacha la lame de rasoir à une des extrémités. Après avoir essayé plusieurs types de lames, il décida d’utiliser celle avec trois trous. Il fixa la lame au bambou avec du fil de fer et avec cet outil, il pouvait récolter les feuilles vertes plus rapidement et plus facilement. L’outil ne coûtait que le prix de la lame de rasoir. Son invention était réussie! Les voisins de Ndong ainsi que tous les fermiers de la région utilisent aussi cet outil.

INTRODUIRE DE LA MUSIQUE ET LA GARDER EN FOND SONORE PENDANT QUE L’ANIMATEUR COMMENCE A PARLER

L’ANIMATEUR 2
: C’était la deuxième innovation dans la série, un nouvel outil pour les récoltes. Si vous vous demandez ce que les fermiers en pensent, demeurez à l’écoute!

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PARTIE 3:
Le fermier Christopher Vitsuh développe un système d’irrigation

L’ANIMATEUR 1
: Après Samuel Toh qui a développé un système de fertilisation des sols grâce au bétail, suivi de Phillip Ndong et son nouvel outil pour la récolte des légumes verts, un autre fermier eut une idée originale à Babanki. M. Christopher Vitsuh, remarqua que le prix des légumes verts était beaucoup plus élevés pendant la saison sèche. S’il pouvait irriguer ses champs, il pourrait faire une récolte pendant la saison sèche et en obtenir un prix plus intéressant.

Il y avait déjà de petits canaux dans la région de Babanki pour alimenter en eau les fabriques de briques. Vitsuh pensa utiliser la même technique pour amener de l’eau à sa ferme. Plusieurs fermiers étaient intéressés par son idée. Tout d’abord, Vitsuh identifia les courants qui pouvaient être déroutés. Il choisit des chemins pour les canaux en fonction de l’emplacement des champs des fermiers qui voulaient être raccordés. Les fermiers creusèrent le canal ensemble. Comme la terre était très érodée et que les bords du canal pouvaient s’enfoncer, les fermiers ont planté des haies d’arbres pour les stabiliser.

Ce petit système d’irrigation s’est étendu, les familles qui voulaient y être connectées étant toujours plus nombreuses. Le temps a passé et plus de dix hectares et 40 familles en bénéficiaient.

INTRODUIRE DE LA MUSIQUE

L’ANIMATEUR 2
: Les fermiers avaient encore besoin de quelque chose d’autre une fois le système d’irrigation terminé. Vous saurez de quelle nouvelle idée il s’agit dans un instant.

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PARTIE 4:
La communauté met en place un comité pour la gestion de l’eau

L’ANIMATEUR 1
: Je veux vous parler d’une autre innovation, la dernière de la série. Une fois le système d’irrigation terminé, les habitants ont constitué un comité. Le rôle de ce comité était de gérer la distribution de l’eau sur les différentes fermes. Les fermiers avaient mis au point des règles strictes et si certains ne les respectaient pas, ils devaient payer une amende. Si un fermier n’aidait pas à creuser le canal, il devait donner 20 litres de vin de palme, un panier de farine de maïs et un coq au comité avant de pouvoir de nouveau irriguer ses champs.

PAUSE MUSICALE

L’ANIMATEUR 2
: Cette histoire montre qu’il existe des liens étroits entre les fermiers et qu’ils ont de bonnes idées. Comme vous l’avez entendu, une idée en entraîne une autre à Babanki. D’abord, le fermier Toh a laissé son bétail dans les champs pour la nuit pour fertiliser sa terre. Ces récoltes de légumes à feuilles vertes ont été plus abondantes. Avec plus de champs en culture, plus il y avait de récoltes. Ndong développa un nouvel outil pour les récoltes et Vitsuh comprit que s’il pouvait amener de l’eau jusqu’à son champ, il pourrait faire une récolte même pendant la saison sèche pour en tirer un prix plus intéressant sur le marché. Une fois le système d’irrigation terminé, la communauté tout entière eut besoin d’un comité pour la gestion de l’eau.
Une dernière chose. Ces fermiers s’admirent et se respectent. Ils voient comment leurs idées et leurs innovations sont liées et ils travaillent ensemble. Les fermiers rassemblés dans cette chaîne d’innovations se soutiennent et développent des méthodes nouvelles de fertilisation, d’irrigation et de récoltes.

Acknowledgements

Ce texte est une adaptation d’un chapitre d’un livre écrit par Paul Tchawa, Farmer Innovation in Africa: Source of Inspiration for Agricultural Development, édité par Chris Reij et Ann Waters-Bayer, London, Earthscan, 2001 (sous presse).

Note

Pour soutenir toutes ces innovations, les fermiers de la région du Nord de Babanki se sont organisés en un réseau appelé «North West Farmer Innovator Network» (NOWFINE) Ces fermiers travaillent aussi ensemble pour trouver de meilleurs débouchés dans la capitale, Yaoundé.