Notes au radiodiffuseur
Au Ghana, la culture du niébé occupe plus d’hectares que toute autre légumineuse, et c’est la deuxième légumineuse en termes de rendement. Cette denrée est une source de protéines importante et abordable pour les familles rurales et urbaines. En effet, le niébé est souvent considéré comme « la viande du pauvre » en raison de sa teneur très élevée en protéines. Le rendement potentiel du niébé avoisine 1,5 tonne par hectare, mais le rendement habituel enregistré au Ghana et dans les autres pays ouest-africains est inférieur à 500 kilogrammes par hectare.
Le niébé tolère l’ombre et peut, par conséquent, être cultivé en association avec le maïs, le mil, le sorgho et d’autres cultures. Cela explique le rôle important que joue le niébé dans les systèmes de cultures intercalaires traditionnels, surtout dans les zones arides de la savane. Dans ces régions, les tiges séchées du niébé constituent un aliment important pour le bétail.
Le niébé procure aux familles rurales de la nourriture, des aliments pour leurs animaux et de l’argent. Au nombre des produits transformés figurent la farine, les ‘gâteaux’ de niébé, les accras et les beignets de niébé. On retrouve ces produits sur les marchés des villages.
Dans le présent feuilleton radiophonique, deux agriculteurs vivent avec leurs familles dans la bourgade de Yenkyi. Ces deux familles entretiennent des liens d’amitié très étroits et se consultent par rapport à leurs exploitations agricoles et tous les autres aspects de leurs vies. C’est ainsi qu’elles ont décidé d’étendre leurs exploitations en cultivant des céréales en association avec le niébé.
Vous pourriez proposer ce feuilleton dans le cadre de votre émission agricole ordinaire, en faisant jouer le rôle des intervenants par des comédiens et des comédiennes de doublage. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit des voix de comédiens de doublage.
Vous pourriez également vous servir de ce texte comme document de recherche ou vous en inspirer pour réaliser vos propres émissions sur la culture du niébé ou d’autres thèmes similaires dans votre pays.
Entretenez-vous avec des agriculteurs, des agricultrices et des experts qui cultivent le niébé ou qui possèdent de solides connaissances sur cette culture. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
La culture intercalaire du niébé avec les céréales ou d’autres cultures est-elle courante dans votre région? Si oui, de quelles cultures s’agit-il? Et quels sont les résultats en termes de rendement, de revenu et de moyens de subsistance?
Quelles difficultés les agriculteurs et les agricultrices rencontrent-ils au niveau de la culture intercalaire du niébé avec d’autres cultures? Certains agriculteurs ont-ils trouvé des solutions à ces problèmes, dont ils pourraient parler dans votre émission? Que pensent les agents de vulgarisation agricole et d’autres experts de ces difficultés?
Durée estimative du texte radiophonique : 20 minutes, avec la musique de générique de début et de fin.
Texte
ABU: homme de 45 ans qui cultive du niébé et qui est une personne déterminée. Il a le sens de l’humour et est marié à Sarah
MUSA: homme de 47 ans qui cultive du niébé et est marié à Lydia. Il est timide, généralement réservé et modeste, contrairement à son ami Abu
SARAH: femme de 32 ans, mariée à Abu
LYDIA: femme de 30 ans, mariée à Musa
CHEF: homme de 60 ans et chef de la bourgade de Yenkyi
M. OPPONG: homme de 40 ans et agent de vulgarisation agricole de la bourgade
VILLAGEOIS: villageois 1 et 2 représentant les membres de la communauté de Yenkyi
NARRATEUR: celui qui raconte la pièce. Il transmet des renseignements essentiels sur la culture intercalaire du niébé avec les céréales.
Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire intéressante intitulée «Amitié et agriculture». Il y avait deux agriculteurs qui vivaient à Yenkyi une petite bourgade. Comme l’indique le titre, ils étaient de très bons amis, si proches que leurs femmes et leurs enfants entretenaient les mêmes liens d’amitié, au point que les deux familles se considéraient comme une seule famille.
Ils exercent également le même métier. L’agriculture était leur seul moyen de subsistance, et ils aimaient s’entraider dans leur champ respectif.
La culture du niébé était la principale occupation de leur bourgade, et les habitants ne pratiquaient que celle-ci. Personne n’osait cultiver d’autres denrées, car il en avait toujours été ainsi, et les gens n’aimaient pas le changement. Ils croyaient que leur sol était uniquement bon pour le niébé, et qu’aucune autre culture ne pouvait survivre sur leurs terres.
Les choses se passèrent ainsi jusqu’au jour où Abu décida qu’il en serait autrement. Il décida de cultiver des céréales en association avec le niébé, après avoir entendu à la radio que cela était possible. Il a même appris qu’il y avait des avantages à cultiver le niébé en association avec les céréales. Pourquoi ne pas essayer, se dit-il?
Maintenant, voyons comment il s’en sort avec sa décision. Réussira-t-il à changer la perception des habitants de la bourgade par rapport à l’agriculture?
Suivons-le pendant qu’il entreprend quelque chose de nouveau, et tirons des enseignements de ses réussites, ses échecs, ses limites et ses forces. Nous allons également prêter attention à son ami intime qui vient également prendre de ses nouvelles!
SCÈNE 1
DÉCOR: DOMICILE D’ABU
PERSONNAGES: MUSA, ABU
(PAUSE) Je pensais étendre mon champ. J’aimerais cultiver des céréales en association avec le niébé cette saison et j’ai besoin de conseils par rapport à ce que je dois faire. J’ai entendu à la radio que c’est possible.
SCÈNE 2
Mais avant de semer, il avait entendu dans une émission radiophonique que les variétés de niébé étaient nombreuses au Ghana. Il a choisi les variétés rampantes, car elles se prêtent mieux à la culture intercalaire, alors que les variétés dressées et semi-dressées se prêtent mieux à la monoculture.
Abu a fait beaucoup de progrès, même si chacun des agriculteurs de sa communauté s’attendait à ce qu’il échoue. Bien au contraire, Sarah, sa femme, était très ravie par le courage de son mari et n’avait de cesse de s’en vanter. Après tout, son mari était le premier agriculteur de la bourgade à avoir cessé de cultiver le niébé uniquement. Elle est convaincue que cette récolte leur rapportera beaucoup d’argent et est pressée de s’acheter une nouvelle paire de chaussures. Sarah rend visite à Lydia, la femme de Musa, et elles parlent de leurs époux.
DÉCOR: DOMICILE DE LYDIA
PERSONNAGES: SARAH, LYDIA, MUSA
Mais, parlons plus sérieusement, Sarah, est-il vrai qu’on n’a pas besoin d’épandre de l’engrais lorsqu’on cultive des céréales en association avec le niébé? J’ai entendu dire que le niébé était déjà riche en azote. Sais-tu si ton mari a épandu de l’engrais sur le sol?
SCÈNE 3
Il a également appris qu’il devait semer la deuxième culture de niébé tout de suite après avoir récolté la première. L’agent de vulgarisation agricole lui a dit qu’après chaque quatre rangées de niébé, il doit semer deux rangées de céréales. Cet espacement permet aux deux plantes de bien pousser et d’atténuer la rivalité entre les deux pour avoir les rayons de soleil, l’eau et les éléments nutritifs du sol.
Musa a été encore plus fasciné par le fait que les céréales sont plus susceptibles de résister aux calamités comme les sécheresses, les organismes nuisibles et les maladies lorsqu’elles sont cultivées en association avec le niébé. À ce moment, Musa a su qu’il était plus que prêt pour suivre les pas de son ami. Mais c’est la récolte phénoménale d’Abu qui a réellement motivé sa décision finale.
DÉCOR: CHAMP DE MUSA
PERSONNAGES: ABEL, MUSA
Attends, ne commence pas à semer pour le moment. Tiens … tâte le sol. L’agent de vulgarisation agricole m’a dit que la culture intercalaire du niébé avec d’autres cultures pouvait nuire au rendement de la céréale lorsque le sol était sous stress.
Heureusement, notre sol est suffisamment humide pour permettre à notre céréale de bien produire. On doit également se rappeler que nous devons revenir dans deux semaines pour sarcler le champ. Nous devons empêcher les mauvaises herbes de pousser.
Souviens-toi que nous ne récolterons pas le niébé et la céréale en même temps. C’est la raison pour laquelle la distance entre les plants de niébé et de la céréale a une largeur d’un bras de plus que l’espace entre les lignes de niébé. De cette façon, nous n’endommagerons pas les plants de céréales durant la récolte du niébé, et vice versa.
SCÈNE 4
Les deux agriculteurs sont enthousiastes, car un acheteur de la ville veut acheter toute leur récolte pour une usine d’Accra. Une fête se déroule dans la bourgade.
Les habitants de la bourgade craignaient que les récoltes de niébé diminuent avec la culture intercalaire. Mais leurs craintes se sont évanouies lorsqu’ils ont su qu’une bonne gestion faisait en sorte que les rendements de culture ne diminuent pas.
Ils ont également appris que les deux cultures profitaient l’une à l’autre. Le niébé transfert son azote au sorgho et accroît son rendement. Et le sorgho ne nuit pas à la production du niébé. Lorsqu’on les cultive en association, les récoltes des deux cultures seront probablement plus importantes que si les agriculteurs cultivaient les deux séparément.
Tout le monde se réjouit des deux agriculteurs audacieux et du succès qu’ils ont eu. Les habitants de la bourgade sont réunis au palais du chef pour célébrer et s’instruire auprès des deux agriculteurs.
DÉCOR: PALAIS DU CHEF
PERSONNAGES: CHEF, ABEL, M. OPPONG, VILLAGEOIS 1 & 2
Il m’a expliqué que je devais semer en lignes et que l’espacement devait être suffisamment grand pour m’éviter d’endommager mes plantes durant la récolte. Le niébé a différents stades de maturation et certaines de mes plantes devront être récoltées plus tôt que d’autres. Alors, le fait de bien les espacer m’évite de perdre des récoltes.
La lutte contre les insectes vous aidera à accroître vos récoltes de niébé, et les céréales échapperont également à ces insectes.
Faites de votre mieux pour désherber votre champ deux semaines après les semis. Cela évitera que les mauvaises herbes poussent et rivalisent avec à vos cultures pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs du sol, parce que cela peut réduire considérablement vos rendements.
Nous avons tous les deux décidé d’aller demander de l’aide à M. Oppong et il nous a menés à la victoire. Vos récoltes ne diminueront pas tout simplement parce que vous pratiquez la culture intercalaire. Vous pouvez compenser la rivalité entre les deux plantes grâce à une bonne gestion agricole. Si vous gérez bien les deux plantes, les résultats seront gratifiants. Assurez-vous de bien connaître la céréale que vous voulez cultiver, que ce soit le maïs, le sorgho ou le mil. Cela vous permettra d’équilibrer la récolte que vous obtiendrez des deux cultures.
Acknowledgements
Rédaction : Abena Dansoa Danso, Radios Rurales Internationales, bureau du Ghana.
Révision : Prof. Samuel Adjei-Nsiah, Institut international d’agriculture tropicale, Tamale, Ghana
Information sources
Savannah Agriculture Research Institute (SARI), 2012. Production Guide on Cowpea. (Guide de production du niébé) https://csirsavannah.wordpress.com/2012/12/04/production-guide-on-cowpea-vigna-unguiculata-l-walp/
SARI, non daté. Guide de production du niébé (fichier PDF, non disponible en ligne)
Interviews :
Danley Colecraft Aidoo, assistant de recherche au cycle supérieur, Université du Ghana, Legon, mai et juin 2016
Fitatalu Abdul (femme), Edjura, Ghana, membre de Freedom Farmer. Elle cultive le maïs et le niébé. Mai 2016
Hawa Bawani, Edjura, Ghana, agricultrice d’exploitation familiale et membre du Christian Farmers. Elle cultive le niébé, le maïs et les arachides. Mai 2016.
Salifu Zongo, Edjura, Ghana, agriculteur d’exploitation familiale et membre du Mayeden Farmers. Il cultive le riz, le niébé et le maïs. Mais 2016.
Abdul Rahman, Edjura, Ghana, agriculteur d’exploitation familiale et membre du Nokwadie Farmers. Il cultive le niébé, le maïs, le riz et le mil. Juin 2016.
Projet réalisé avec l’appui financier du Gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada (AMC)