Comment les parents peuvent donner l’exemple d’un changement de mentalité au sujet de la santé et des droits sexuels et reproductifs

Enfants et jeunesSanté

Notes au radiodiffuseur

Le présent texte radiophonique porte sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, notamment sur la perspective des jeunes et leurs parents. Lorsque les gens jouissent pleinement de leur santé et de leurs droits sexuels et reproductifs, ils peuvent avoir une vie sexuelle satisfaisante et saine, ainsi que la capacité de procréer et la liberté de décider si, quand et comment le faire souvent. Le texte traite également des droits des hommes et des femmes à être bien informés et à avoir accès à des méthodes de planification efficaces, abordables, acceptables et légales de leur choix, et leurs droits d’accès à des services de soins de santé appropriés.

Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 25 ans. La population malawite est jeune, avec 80 % qui a moins de 35 ans et un âge médian de 17 ans. C’est l’un des meilleurs atouts du Malawi, et la Stratégie de croissance et de développement du Malawi liste le développement et le renforcement des pouvoirs des jeunes comme l’une de ses neuf priorités.

Cependant, beaucoup de jeunes luttent avec les conséquences des grossesses non planifiées ou des infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH.

Au regard des difficultés que la jeunesse rencontre, y compris les problèmes liés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, il est impossible de parvenir à un développement durable lorsqu’on manque d’informations précises.

La plupart des jeunes discutent ouvertement ou en privé de sexualité avec leurs camarades, mais les informations qu’ils échangent sont-elles exactes? Si la réponse est non, quelles sont les autres sources où ces jeunes peuvent obtenir des renseignements justes concernant leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs? Les parents peuvent-ils leur apporter une aide quelconque concernant ce sujet? Qu’en est-il des dépositaires de la culture et des leaders religieux?

En collaboration avec des ONG, les autorités malawites ont pris des dispositions pour s’assurer que la jeunesse soit bien informée sur sa vie et ses droits sexuels et reproductifs. Toutefois, les efforts du gouvernement et des autres organisations ne seront pas très fructueux si l’influence des parents est négligée.

Ce texte radiophonique examine certains problèmes que vivent les jeunes par rapport à leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs et les rôles que les parents, en collaboration avec la communauté, les médias et les responsables religieux et coutumiers, peuvent jouer en vue de résoudre ces problèmes.

Pour produire ce texte dans votre station, vous pourriez faire interpréter le rôle des personnes interviewées par des comédiens et des comédiennes de doublage. Dans ce cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et de comédiens et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées

Vous pourriez vous inspirer de ce texte radiophonique pour effectuer des recherches sur un sujet similaire dans votre région et rédiger votre propre texte. Si vous choisissez de procéder ainsi, assurez-vous de ne pas dire des choses qui pourraient renforcer les stéréotypes concernant le genre ou le sexe. En tant que radiodiffuseur ou radiodiffuseuse, il est important d’éviter de renforcer les stéréotypes se rapportant aux femmes et aux hommes, notamment les rôles « appropriés » que les jeunes hommes et les jeunes femmes devraient jouer dans la société, les relations sexuelles et de manière plus générale.

De plus, évitez de faire des commentaires sur le fait que vous pensez que quelque chose est moralement bien ou mal. Montrez plutôt l’exemple à votre auditoire en lui respectant les gens qui ont des opinions et des expériences différentes des vôtres. Soyez également un exemple, en démontrant que nous devrions recourir aux spécialistes pour avoir des données et des renseignements scientifiques.

Encouragez les spécialistes que vous interviewez à se focaliser sur leurs connaissances techniques et sur les informations scientifiques puisque leur rôle consiste à offrir une expertise objective. Parmi les questions que vous poserez aux personnes que vous interrogerez, et vos réactions par rapport à leurs réponses, aidez-les à éviter de porter des jugements moraux fondés sur leurs opinions ou leurs valeurs personnelles. Vous pouvez même discuter de ce qui suit avec elles à mesure que vous les préparez pour l’interview.

Pendant l’interview, vous pourriez poser les questions suivantes :

Questions pour les spécialistes :

  • Quelles sont les difficultés que les jeunes rencontrent au niveau de leur santé sexuelle et reproductive?
  • Les parents peuvent-ils donner l’exemple d’un changement de mentalité au sujet de la santé sexuelle et reproductive? Si oui, comment?
  • Comment les parents peuvent-ils aider les jeunes à comprendre et à exercer leurs droits à la santé sexuelle et reproductive?
  • Que peut-on faire pour réduire ou combler l’écart de communication entre les parents et les jeunes en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs?

Questions pour les jeunes :

  • Si vous êtes membre d’une association de jeunes, pourquoi aviez-vous formé l’association?
  • Jusqu’à quel point les jeunes sont-ils libres de parler de santé sexuelle et reproductive? Avec d’autres jeunes? Avec leurs parents?
  • Discutez-vous des droits des jeunes à la santé sexuelle et reproductive avec d’autres jeunes? Avec vos parents?

Questions pour les parents :

  • Est-il important pour un parent de parler de santé sexuelle et reproductive avec ses enfants? Pourquoi ou pourquoi pas?
  • Est-il important pour les parents de parler avec leurs enfants des droits d’une personne à la santé sexuelle et reproductive? Veuillez expliquer votre réponse.

Durée du texte radiophonique avec l’intro et le générique : 25-30 minutes.

Texte

ANIMATEUR.TRICE:
Bonsoir, et bienvenue, chers auditeurs et auditrices! Dans l’émission de cet après-midi, nous verrons comment les parents peuvent donner l’exemple d’un changement de mentalité au sujet de la santé et des droits sexuels et reproductifs, également appelés SDSR.

Je vais vous conduire dans l’un des districts du Malawi où la jeunesse est occupée à différentes qui contribuent au développement de leur région.

Mais avant d’y aller, écoutons quelques difficultés que vit la jeunesse par rapport à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

Jacqueline Zambezi Mawanga est la chargée de programmes communautaires de Maikhanda Trust, une ONG qui aspire à donner aux adolescentes les moyens de prendre des décisions concernant leur santé sexuelle et reproductive.

JACQUELINE MAWANGA:
Ces adolescentes ont beaucoup de défis. La plupart ignorent de quoi il est question lorsqu’on parle de santé et de droits sexuels et reproductifs. C’est là où nous apportons notre aide, où elles-mêmes peuvent aller chercher des informations là où elles sont disponibles.

Permettez-moi de vous donner une définition générale de la santé et des droits sexuels et reproductifs, ou SDSR. Voici ce que nous pouvons dire: Jouir d’une santé et de droits sexuels et reproductifs signifie que les gens sont en mesure de mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité et qu’ils peuvent se reproduire et sont libres de décider si, quand et à quelle fréquence ils veulent le faire. Il s’agit notamment du droit des hommes et des femmes à être bien informés et à avoir accès à des méthodes de planification familiale sûres, efficaces, abordables, acceptables et légales, de leur choix, et le droit d’accéder à de services de soins de santé appropriés.

Il est également important de souligner que, lorsque nous parlons de SDSR, nous parlons de services, mais il y a également des articles tels que les préservatifs qu’il faut acheter. Les jeunes ont besoin de savoir où ils peuvent obtenir les condoms.

Nous avons découvert que ces services ne sont pas accessibles dans certaines régions. Parfois, les jeunes sont trop loin des prestataires des services de santé, ou ces prestataires ne sont même pas accueillants.

Ces difficultés d’accès et ce manque d’hospitalité repoussent les filles. Elles ont parfois honte et se sentent stigmatisées rien qu’en essayant d’accéder aux services dont ils ont besoin.

Un autre problème est le manque d’acceptation de la part des parents. Les jeunes regardent leurs parents comme des modèles, alors ce qu’ils disent exerce donc une grande influence sur leur vie. Par conséquent, si les parents refusent qu’ils sollicitent ce type de services, cela constitue une autre barrière.

ANIMATEUR.TRICE:
Pourquoi pensez-vous que les parents ne les autorisent pas à recourir à ces services?

JACQUELINE MAWANGA:
Culturellement, au Malawi, nous disons que les jeunes ne devraient pas avoir de relations sexuelles. Les parents considèrent cela comme de mauvaises mœurs. Cependant, ils négligent le fait que, même si leurs enfants sont jeunes, ils sont sexuellement actifs. Et c’est difficile pour les parents d’accepter cela.

Donc, nous devons faire appel aux parents aussi. Nous devons leur faire savoir qu’il est important que les jeunes aient accès à ce genre de service qui leur permet d’éviter les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles. Nous devons surtout leur dire que ces services contribueront à améliorer la santé et le bien-être des jeunes de manière générale. Les services de ce genre permettent à la jeunesse de prendre des décisions éclairées, d’avoir plus de contrôle sur son avenir et de se concentrer sur le type de vie auquel elle aspire!

ANIMATEUR.TRICE:
Chers auditeurs et auditrices, nous avons entendu Jacqueline Mawanga qui nous parlait de certains défis que la jeunesse rencontre par rapport à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

ANIMATEUR.TRICE:
Maintenant, montons dans un véhicule. Nous allons dans le district de Ntchisi. De la capitale du Malawi, qui se trouve au centre, nous nous dirigerons vers le nord-est. Le voyage durera deux heures. Ntchisi est région vallonnée et le climat y est frais.

Nous sommes ici, dans le village de Mwansangu, l’autorité traditionnelle Malenga.

EFFETS SONORES:
BRUIT DE VOIX DE JEUNES

ANIMATEUR.TRICE:
Un garçon en jeans bleu foncé et en T-shirt rouge est le président de l’association Mwansangu. C’est une association de jeunes qui a été formée avec l’aide de Maikhanda Trust, une organisation qui travaille dans la région. Le garçon s’appelle Joseph Banda.

Bienvenue à notre émission, Joseph.

JOSEPH BANDA:
Merci beaucoup.

ANIMATEUR.TRICE:
Nous avons entendu parler de votre groupe, nous voulons juste comprendre ce que vous faites. Nous voyons certains de vos camarades qui jouent au football. Que faites-vous d’autre ici?

JOSEPH BANDA:
Nous avons différentes activités. Nous jouons au foot comme vous le voyez, au netball, des pièces de théâtre, et nous prenons aussi soin de l’environnement en plantant des arbres et en prenant soin. Ces activités agissent comme un appât pour le principal objectif de l’association qui est de discuter et de partager les renseignements concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs.

Les garçons et les filles adhèrent au groupe, en fonction des activités qu’ils aiment, et après avoir participé aux activités, nous recueillons et partageons des informations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs. Maikhanda Trust nous donne des cours sur la façon de prendre soin de nous-mêmes et d’améliorer notre santé générale. Nous apprenons à éviter les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles telles que le VIH, et à savoir où trouver les contraceptifs. Nous savons que c’est notre droit d’avoir accès aux contraceptifs et d’obtenir des informations exactes concernant notre santé.

ANIMATEUR.TRICE:
En dehors de cette association, où d’autre pourriez-vous obtenir ce type de renseignements?

JOSEPH BANDA:
Aah! Je ne connais pas d’autres coins où trouver ces informations importantes. Au début, c’était difficile pour nous de parler des questions sexuelles, n’en parlons pas des contraceptifs.

ANIMATEUR.TRICE:
Que pensez-vous de discuter de ces questions avec vos parents?

JOSEPH BANDA:
Oui, les parents peuvent aider, notamment dans notre région, en ce moment, car les parents savent pourquoi nous nous rassemblons ici. Avant, il était difficile pour nous les jeunes de discuter de sexualité avec nos parents. Comment aurions-nous commencé? Par où aurions-nous commencer? Tu pouvais te faire gifler si tu osais. Mais maintenant, les enfants et les parents sont d’accord que le monde est en train de changer, et que le temps où les enfants et les parents avaient honte de discuter des sujets ensemble est passé.

Avec ce que Maikhanda Trust nous apprend, nous savons que nous pouvons librement discuter de ces sujets avec nos parents. Et nous comme nous faisons confiance à nos parents, nous croyons aux conseils qu’ils nous prodiguent. Par conséquent, ils constituent notre première source pour ces informations.

ANIMATEUR.TRICE :
Mais comment une discussion peut-elle commencer entre un parent et un enfant sur les questions concernant la sexualité?

JOSEPH BANDA:
Ils nous approchent d’une manière simple. Par exemple: ils arrivent qu’ils nous appellent pendant une corvée, disons, l’égrenage du maïs. Ils commencent à nous poser des questions sur le type d’amis que nous avons, leur utilité, le type de sujets dont nous discutons très souvent… et, ensuite, en cours de chemin, ils posent des questions concernant la sexualité. Ils nous communiquent des informations de bonne qualité et pertinentes, des renseignements concernant les relations sexuelles sûres comme l’utilisation des préservatifs et d’autres moyens de contraception sécuritaires. Il est bon que les parents et les jeunes discutent de ces questions. La santé sexuelle fait partie de la santé générale! Donc, le fait d’être ouvert sur ces sujets nous aide à rester en bonne santé et à être heureux.

ANIMATEUR.TRICE:
Quels avantages vous rapporte votre participation à cette association de jeunes?

JOSEPH BANDA:
La sensibilisation dont j’ai bénéficié sur la santé et les droits sexuels et reproductifs dans le cadre du projet Maikhanda me permet de prendre des décisions plus éclairées et cela me permet d’atteindre mon plein potentiel. Je suis maintenant un étudiant de quatrième année en génie géologique. C’est spécial dans notre district, car plusieurs jeunes ne réussissent pas à aller au-delà du secondaire. Mon frère aîné a quitté l’école à la troisième année de ses études secondaires et il fait partie maintenant des nombreux jeunes qui auraient voulu avoir les informations pour prendre de meilleures décisions.

ANIMATEUR.TRICE:
Très intéressant. Bien chers auditeurs et auditrices, vous avez entendu Joseph, membre et président de l’association des jeunes de Mwansangu. Il a un sentiment positif concernant le fait de discuter avec les parents des questions de SDSR, et pense que les parents peuvent jouer un rôle important en donnant l’exemple d’un changement de mentalité par rapport à la SDSR.

Certaines difficultés résident dans le fait que les jeunes cachent souvent les questions de sexualité aux parents, pensant que si les parents les entendent parler de ces sujets, ils les puniront, ou qu’il est honteux d’en discuter avec les parents. Ces mentalités sont celles dont nous parlerons dans cette émission.

EFFETS SONORES:
MUSIQUE

ANIMATEUR.TRICE:
Écoutons un autre membre de l’association. Son nom est Sarah Kamwaza, et elle a 17 ans. La mère de Sarah l’a encouragée à se joindre à l’association après qu’elles ont eu une série de discussions concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs.

SARAH KAMWAZA:
En effet, j’ai adhéré à cette association après avoir discuté avec ma mère de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Au début, j’avais très honte de parler de ces sujets avec ma mère, même si j’étais à l’aise d’en parler avec mes camarades. Mais, plus tard, j’ai réalisé que les informations de mes camarades étaient trompeuses. Elles m’encourageaient simplement à avoir un petit ami et, en faisant cela, à avoir des relations sexuelles avec le garçon et à profiter de la vie sans me parler des conséquences possibles.

Mais quand j’ai dit à ma mère tout ce mes camarades m’avaient dit, elle était non seulement surprise, mais paniquée. Elle me dit qu’avoir un copain n’était pas un souci, mais avoir des relations sexuelles non protégées pouvait aboutir à une grossesse non désirée, et même des infections sexuellement transmissibles comme le VIH.

Cela m’a effrayé aussi. Par conséquent, j’ai tendu l’oreille pour en savoir plus. Elle m’a dit que mes études pourraient être perturbées si cela se produisait. Elle m’a conseillé de m’abstenir par tous les moyens des relations sexuelles, mais que si je ne pouvais pas, je devrais insister pour utiliser un préservatif. Plus tard, elle m’a suggéré de me joindre à l’association pour avoir plus de conseils par rapport à ma santé sexuelle. C’est à ce moment que je me rendu compte que les parents jouaient un rôle important dans ce volet également.

ANIMATEUR.TRICE:
Peux-tu appeler la responsable de l’association des jeunes pour qu’elle puisse nous en dire plus?

SARAH KAMWAZA:
Azakhali… Azakhali [Note de la rédaction: Azakhali signifie « tante »].

ANIMATEUR.TRICE:
Bienvenue, Azakhali. Avant tout, dites-nous votre nom et quel rôle vous jouez dans cette association.

GLADYS ROBERT:
Je m’appelle Gladys Robert et je suis la responsable de cette association de jeunes, et une parente en même temps.

Je joue un rôle parental auprès de ces jeunes étoiles. Je leur parle de la même manière que leurs parents devraient le faire. Certains des parents de ces jeunes ne se sentent pas à l’aise de parler de santé et de droits sexuels et reproductifs avec leurs enfants. Mais quand ils viennent ici, je leur parle. Nous faisons de notre mieux pour motiver les parents à être flexibles envers leurs enfants par rapport à ces questions.

Vous savez, avant la formation de cette association, il y avait beaucoup de décrochages scolaires et de mariages forcés à cause des grossesses non planifiées. Personne ne donnait des orientations à ces jeunes.

ANIMATEUR.TRICE:
Merci infiniment, Azakhali. Premièrement, nous avons entendu Sarah qui nous a raconté qu’elle avait reçu des informations erronées sur la santé et les droits sexuels et reproductifs de la part de ses camarades. Mais, maintenant, elle est sur le bon chemin après avoir discuté ouvertement de ces questions avec sa mère. Et, ensuite, Gladys Robert ou Azakhali a déclaré qu’elle essayait du mieux possible de motiver les parents à être flexibles par rapport aux discussions ouvertes concernant les questions de SDSR avec leurs enfants.

Mais une voix parentale peut-elle véritablement avoir un impact positif important?

Thokozani Kaledzera est la coordonnatrice des services de santé destinés aux jeunes ici à Ntchisi.

THOKOZANI KALEDZERA:
Les parents peuvent jouer un rôle important en discutant des questions de SDSR avec leurs enfants. Avant tout, les parents doivent s’intéresser à la santé sexuelle et reproductive de leurs enfants. La plupart des parents malawites laissent les discussions qui ont trait à la sexualité aux tantes ou au anankungwi [Note de la rédaction: responsables coutumiers et religieux], qui peuvent transmettre des croyances et des mentalités que nous ne voulons pas retrouver chez nos enfants.

Les parents doivent comprendre que nous sommes au vingt-et-unième siècle et beaucoup d’enfants sont exposés à de nombreuses choses sur l’Internet et avec leurs camarades. Par conséquent, ils doivent mettre de côté leur réticence et accepter le fait que ces problèmes sont réels.

Une faible implication des parents dans les questions de SDSR expose les adolescentes à un risque plus élevé de grossesses non désirées et d’autres problèmes, tandis que certaines croyances culturelles et religieuses peuvent avoir le même effet.

Les parents doivent également réaliser que le fait de parler de sexualité avec leurs enfants ne les encouragera pas à avoir des mœurs légères. En revanche, cela leur permettra de prendre des décisions éclairées. La plupart des parents n’ont pas une connaissance adéquate des questions, et cela peut entraîner des comportements négatifs. Alors, il est important d’impliquer les parents, par exemple, en organisation des rencontres de mobilisation et de sensibilisation communautaires où les parents et d’autres membres de la communauté s’impliquent. Il est important que les parents soient au premier plan de l’éducation de leurs enfants sur la SDSR avant qu’ils reçoivent de mauvaises informations auprès de leurs camarades.

L’autre chose que nous avons constatée c’est que beaucoup de filles veulent parler à leurs parents de ces questions, mais ces derniers ne sont pas disposés à le faire. Et quand les filles réalisent que leurs parents ne sont pas disposés à s’ouvrir à elles, elles se sentent mal à l’aise de leur parler. Même lorsque les filles sont agressées sexuellement, elles mettent parfois du temps à le dire à leurs parents par peur qu’ils ne les jugent ou qu’ils ne crient sur elles. Celles dont les parents se sentent à l’aise de discuter de ces sujets parviennent mieux à prendre de bonnes décisions et à réussir dans la vie.

ANIMATEUR.TRICE:
En effet, les parents doivent s’intéresser à la santé et aux droits sexuels et reproductifs de leurs enfants et leur parler de manière amicale. Merci, Gladys et Thokozani.

Nous aurions aimé rester plus longtemps, mais le temps nous fait défaut, et nous devons repartir à la capitale.

ANIMATEUR.TRICE:
Finalement, nous sommes ici au bureau de Maikhanda Trust. Jaqueline, pensez-vous réellement que les parents peuvent donner l’exemple d’un changement de mentalité au sujet de la santé et des droits sexuels et reproductifs?

JACQUELINE MAWANGA:
Oui, cela est très possible. Il faut simplement que les parents créent un cadre propice et accueillant où les jeunes peuvent s’ouvrir. Ils ont également besoin de réagir de façon appropriée face à eux plutôt que de se limiter à les juger et à les critiquer.

Vous savez, quand les jeunes ont des problèmes, ils ont tendance à garder plutôt les choses pour eux à moins que l’environnement soit propice. De nos jours, nous devons nous asseoir avec nos enfants et leur dire tout ce qu’ils ont besoin de savoir concernant leur sexualité. Ainsi, les enfants nous feront confiance et pourront demander plus d’informations, et même nous faire part de certains de leurs défis. Dans de telles conditions, même lorsqu’ils commettent des erreurs, le parent sera la première personne à le savoir.

ANIMATEUR.TRICE:
Mais comment peut-on réduire ou combler l’écart de communication qui existe encore entre les enfants et les parents dans certaines familles?

JACQUELINE MAWANGA:
Une façon d’y parvenir c’est par les médias et le partage d’informations et la sensibilisation du public par le gouvernement. Cela pourrait permettre aux parents de s’informer sur la santé et les droits sexuels et reproductifs. Avant tout, cela permettrait aux parents de savoir qu’il est important de créer à la maison un cadre où leurs enfants se sentiront à l’aise de discuter des questions de santé sexuelle. Cela peut se faire au moyen de dépliants, de brochures, de la radio et d’autres tribunes. Donc, tant les parents que le gouvernement ont un rôle à jouer.

Les parents devraient pouvoir discuter de santé sexuelle avec leurs enfants comme ils le feraient pour tout autre aspect de leur santé. Ils devraient également encourager leurs enfants à recourir aux services de santé sexuelle et reproductive, même s’ils n’ont aucun problème.

ANIMATEUR.TRICE:
Que diriez-vous aux parents, à nos responsables coutumiers et à nos leaders religieux?

JACQUELINE MAWANGA:
Il est temps que nos leaders religieux, nos responsables coutumiers et les parents acceptent que la réalité que les jeunes doivent accéder aux services de santé sexuelle. Et ils doivent faire un plaidoyer pour ces services. Par plaidoyer, nous voulons dire les promouvoir et orienter les jeunes vers la bonne place pour obtenir les bons services.

ANIMATEUR.TRICE:
C’était Jacqueline Zambezi Mawanga, la gestionnaire des programmes communautaires de Maikhanda Trust, dont l’intervention met fin à notre émission cet après-midi.

Dans cette émission, nous avons vu comment les parents pouvaient donner l’exemple en changeant de mentalité au sujet des questions relatives à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, ou SDSR, en parlant plus ouvertement de ces questions avec leurs enfants.

Nos invités nous ont expliqué que les parents doivent s’intéresser à la santé et aux droits sexuels et reproductifs de leurs enfants, et leur parler de manière amicale. Ils ne devraient pas confier cette tâche à quelqu’un d’autre. Les parents devraient être la première source d’information de leurs parents. Ils devraient également prendre l’initiative de s’assurer que les informations qu’ils reçoivent proviennent de sources crédibles, afin qu’elles soient actualisées et exactes.

Nous avons également entendu que les autorités responsables de médias devraient communiquer des informations et sensibiliser les communautés sur l’importance de créer un environnement propice pour une communication entre les parents et leurs parents. Si nous arrivons à le faire, nous pouvons réduire les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles, et améliorer la santé générale et le bien-être des jeunes.

Des organisations qui aident les jeunes à s’informer sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs au Malawi, et à avoir accès aux services de santé sexuelle et reproductive nous ont également parlé. L’organisation qui est beaucoup intervenue aujourd’hui était Maikhanda Trust, et l’autre organisation était YouthWave Malawi. Chers auditeurs et auditrices, je vous encourage à aller chercher ces services et à vous rendre auprès des centres de santé et des associations de jeunes de votre communauté pour être orientés vers d’autres services.

Sur ce, je crains bien que nous soyons arrivés à la fin de notre émission aujourd’hui. Merci infiniment à Jacqueline Mawanga et Thokozani Kaledzera de Maikhanda Trust, et Joseph Banda, Sarah Kamwaza et Gladys Robert de l’association des jeunes de Mwansangu, d’avoir contribué à l’émission.

En attendant de nous retrouver, c’était votre animateur, Andrew Mahiyu. Au revoir.

Acknowledgements

Remerciements

Rédaction : Andrew Mahiyu, journaliste indépendant, radiodiffuseur et consultant en communications à NIVY Productions

Interviews :

Jacqueline Mawanga, chargée de programme communautaire à Maikhanda Trust

Thokozani Kaledzera, coordonnatrice des services de santé destinés aux jeunes, Mwansangu Youths

Joseph Banda, Sarah Kamwaza, la responsable de l’association des jeunes Gladys Robert et les parents de l’association des jeunes Mwansangu du district de Ntchisi.

Andrew Namakhoma, ancien chargé de programmes communautaires chez National Smallholder Farmers Association of Malawi

Thembi Thadzi, Girl Effect

Toutes les interviews ont été réalisées en juillet 2022 à l’exception de celle avec Andrew Namakhoma qui a été réalisée le 27 août 2022.

Révision : Tinatswe Mhaka, chargée d’égalité des genres et d’inclusion (ÉGI), Radios Rurales Internationales et Gina Vukojević, cheffe d’équipe, Égalité des genres et inclusion, Radios Rurales Internationales.

Information sources

La présente ressource a été produite avec le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet The Innovations in Health, Rights and Development, ou iHEARD. Le projet est piloté par un consortium formé par Radios Rurales Internationales, CODE et Marie Stopes International (MSI) et mis en œuvre au Malawi par Farm Radio Trust, Women and Children First, Girl Effect et Viamo.