Notes au radiodiffuseur
Le présent texte radiophonique porte sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, notamment sur la perspective des jeunes et leurs parents. Lorsque les gens jouissent pleinement de leur santé et de leurs droits sexuels et reproductifs, ils peuvent avoir une vie sexuelle satisfaisante et saine, ainsi que la capacité de procréer et la liberté de décider si, quand et comment le faire souvent. Le texte traite également des droits des hommes et des femmes à être bien informés et à avoir accès à des méthodes de planification efficaces, abordables, acceptables et légales de leur choix, et leurs droits d’accès à des services de soins de santé appropriés.
Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 25 ans. La population malawite est jeune, avec 80 % qui a moins de 35 ans et un âge médian de 17 ans. C’est l’un des meilleurs atouts du Malawi, et la Stratégie de croissance et de développement du Malawi liste le développement et le renforcement des pouvoirs des jeunes comme l’une de ses neuf priorités.
Cependant, beaucoup de jeunes luttent avec les conséquences des grossesses non planifiées ou des infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH.
Au regard des difficultés que la jeunesse rencontre, y compris les problèmes liés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, il est impossible de parvenir à un développement durable lorsqu’on manque d’informations précises.
La plupart des jeunes discutent ouvertement ou en privé de sexualité avec leurs camarades, mais les informations qu’ils échangent sont-elles exactes? Si la réponse est non, quelles sont les autres sources où ces jeunes peuvent obtenir des renseignements justes concernant leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs? Les parents peuvent-ils leur apporter une aide quelconque concernant ce sujet? Qu’en est-il des dépositaires de la culture et des leaders religieux?
En collaboration avec des ONG, les autorités malawites ont pris des dispositions pour s’assurer que la jeunesse soit bien informée sur sa vie et ses droits sexuels et reproductifs. Toutefois, les efforts du gouvernement et des autres organisations ne seront pas très fructueux si l’influence des parents est négligée.
Ce texte radiophonique examine certains problèmes que vivent les jeunes par rapport à leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs et les rôles que les parents, en collaboration avec la communauté, les médias et les responsables religieux et coutumiers, peuvent jouer en vue de résoudre ces problèmes.
Pour produire ce texte dans votre station, vous pourriez faire interpréter le rôle des personnes interviewées par des comédiens et des comédiennes de doublage. Dans ce cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et de comédiens et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées
Vous pourriez vous inspirer de ce texte radiophonique pour effectuer des recherches sur un sujet similaire dans votre région et rédiger votre propre texte. Si vous choisissez de procéder ainsi, assurez-vous de ne pas dire des choses qui pourraient renforcer les stéréotypes concernant le genre ou le sexe. En tant que radiodiffuseur ou radiodiffuseuse, il est important d’éviter de renforcer les stéréotypes se rapportant aux femmes et aux hommes, notamment les rôles « appropriés » que les jeunes hommes et les jeunes femmes devraient jouer dans la société, les relations sexuelles et de manière plus générale.
De plus, évitez de faire des commentaires sur le fait que vous pensez que quelque chose est moralement bien ou mal. Montrez plutôt l’exemple à votre auditoire en lui respectant les gens qui ont des opinions et des expériences différentes des vôtres. Soyez également un exemple, en démontrant que nous devrions recourir aux spécialistes pour avoir des données et des renseignements scientifiques.
Encouragez les spécialistes que vous interviewez à se focaliser sur leurs connaissances techniques et sur les informations scientifiques puisque leur rôle consiste à offrir une expertise objective. Parmi les questions que vous poserez aux personnes que vous interrogerez, et vos réactions par rapport à leurs réponses, aidez-les à éviter de porter des jugements moraux fondés sur leurs opinions ou leurs valeurs personnelles. Vous pouvez même discuter de ce qui suit avec elles à mesure que vous les préparez pour l’interview.
Pendant l’interview, vous pourriez poser les questions suivantes :
Questions pour les spécialistes :
- Quelles sont les difficultés que les jeunes rencontrent au niveau de leur santé sexuelle et reproductive?
- Les parents peuvent-ils donner l’exemple d’un changement de mentalité au sujet de la santé sexuelle et reproductive? Si oui, comment?
- Comment les parents peuvent-ils aider les jeunes à comprendre et à exercer leurs droits à la santé sexuelle et reproductive?
- Que peut-on faire pour réduire ou combler l’écart de communication entre les parents et les jeunes en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs?
Questions pour les jeunes :
- Si vous êtes membre d’une association de jeunes, pourquoi aviez-vous formé l’association?
- Jusqu’à quel point les jeunes sont-ils libres de parler de santé sexuelle et reproductive? Avec d’autres jeunes? Avec leurs parents?
- Discutez-vous des droits des jeunes à la santé sexuelle et reproductive avec d’autres jeunes? Avec vos parents?
Questions pour les parents :
- Est-il important pour un parent de parler de santé sexuelle et reproductive avec ses enfants? Pourquoi ou pourquoi pas?
- Est-il important pour les parents de parler avec leurs enfants des droits d’une personne à la santé sexuelle et reproductive? Veuillez expliquer votre réponse.
Durée du texte radiophonique avec l’intro et le générique : 25-30 minutes.
Texte
Je vais vous conduire dans l’un des districts du Malawi où la jeunesse est occupée à différentes qui contribuent au développement de leur région.
Mais avant d’y aller, écoutons quelques difficultés que vit la jeunesse par rapport à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.
Jacqueline Zambezi Mawanga est la chargée de programmes communautaires de Maikhanda Trust, une ONG qui aspire à donner aux adolescentes les moyens de prendre des décisions concernant leur santé sexuelle et reproductive.
Permettez-moi de vous donner une définition générale de la santé et des droits sexuels et reproductifs, ou SDSR. Voici ce que nous pouvons dire: Jouir d’une santé et de droits sexuels et reproductifs signifie que les gens sont en mesure de mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité et qu’ils peuvent se reproduire et sont libres de décider si, quand et à quelle fréquence ils veulent le faire. Il s’agit notamment du droit des hommes et des femmes à être bien informés et à avoir accès à des méthodes de planification familiale sûres, efficaces, abordables, acceptables et légales, de leur choix, et le droit d’accéder à de services de soins de santé appropriés.
Il est également important de souligner que, lorsque nous parlons de SDSR, nous parlons de services, mais il y a également des articles tels que les préservatifs qu’il faut acheter. Les jeunes ont besoin de savoir où ils peuvent obtenir les condoms.
Nous avons découvert que ces services ne sont pas accessibles dans certaines régions. Parfois, les jeunes sont trop loin des prestataires des services de santé, ou ces prestataires ne sont même pas accueillants.
Ces difficultés d’accès et ce manque d’hospitalité repoussent les filles. Elles ont parfois honte et se sentent stigmatisées rien qu’en essayant d’accéder aux services dont ils ont besoin.
Un autre problème est le manque d’acceptation de la part des parents. Les jeunes regardent leurs parents comme des modèles, alors ce qu’ils disent exerce donc une grande influence sur leur vie. Par conséquent, si les parents refusent qu’ils sollicitent ce type de services, cela constitue une autre barrière.
Donc, nous devons faire appel aux parents aussi. Nous devons leur faire savoir qu’il est important que les jeunes aient accès à ce genre de service qui leur permet d’éviter les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles. Nous devons surtout leur dire que ces services contribueront à améliorer la santé et le bien-être des jeunes de manière générale. Les services de ce genre permettent à la jeunesse de prendre des décisions éclairées, d’avoir plus de contrôle sur son avenir et de se concentrer sur le type de vie auquel elle aspire!
Nous sommes ici, dans le village de Mwansangu, l’autorité traditionnelle Malenga.
Bienvenue à notre émission, Joseph.
Les garçons et les filles adhèrent au groupe, en fonction des activités qu’ils aiment, et après avoir participé aux activités, nous recueillons et partageons des informations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs. Maikhanda Trust nous donne des cours sur la façon de prendre soin de nous-mêmes et d’améliorer notre santé générale. Nous apprenons à éviter les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles telles que le VIH, et à savoir où trouver les contraceptifs. Nous savons que c’est notre droit d’avoir accès aux contraceptifs et d’obtenir des informations exactes concernant notre santé.
Certaines difficultés résident dans le fait que les jeunes cachent souvent les questions de sexualité aux parents, pensant que si les parents les entendent parler de ces sujets, ils les puniront, ou qu’il est honteux d’en discuter avec les parents. Ces mentalités sont celles dont nous parlerons dans cette émission.
Mais quand j’ai dit à ma mère tout ce mes camarades m’avaient dit, elle était non seulement surprise, mais paniquée. Elle me dit qu’avoir un copain n’était pas un souci, mais avoir des relations sexuelles non protégées pouvait aboutir à une grossesse non désirée, et même des infections sexuellement transmissibles comme le VIH.
Cela m’a effrayé aussi. Par conséquent, j’ai tendu l’oreille pour en savoir plus. Elle m’a dit que mes études pourraient être perturbées si cela se produisait. Elle m’a conseillé de m’abstenir par tous les moyens des relations sexuelles, mais que si je ne pouvais pas, je devrais insister pour utiliser un préservatif. Plus tard, elle m’a suggéré de me joindre à l’association pour avoir plus de conseils par rapport à ma santé sexuelle. C’est à ce moment que je me rendu compte que les parents jouaient un rôle important dans ce volet également.
Je joue un rôle parental auprès de ces jeunes étoiles. Je leur parle de la même manière que leurs parents devraient le faire. Certains des parents de ces jeunes ne se sentent pas à l’aise de parler de santé et de droits sexuels et reproductifs avec leurs enfants. Mais quand ils viennent ici, je leur parle. Nous faisons de notre mieux pour motiver les parents à être flexibles envers leurs enfants par rapport à ces questions.
Vous savez, avant la formation de cette association, il y avait beaucoup de décrochages scolaires et de mariages forcés à cause des grossesses non planifiées. Personne ne donnait des orientations à ces jeunes.
Thokozani Kaledzera est la coordonnatrice des services de santé destinés aux jeunes ici à Ntchisi.
Les parents doivent comprendre que nous sommes au vingt-et-unième siècle et beaucoup d’enfants sont exposés à de nombreuses choses sur l’Internet et avec leurs camarades. Par conséquent, ils doivent mettre de côté leur réticence et accepter le fait que ces problèmes sont réels.
Une faible implication des parents dans les questions de SDSR expose les adolescentes à un risque plus élevé de grossesses non désirées et d’autres problèmes, tandis que certaines croyances culturelles et religieuses peuvent avoir le même effet.
Les parents doivent également réaliser que le fait de parler de sexualité avec leurs enfants ne les encouragera pas à avoir des mœurs légères. En revanche, cela leur permettra de prendre des décisions éclairées. La plupart des parents n’ont pas une connaissance adéquate des questions, et cela peut entraîner des comportements négatifs. Alors, il est important d’impliquer les parents, par exemple, en organisation des rencontres de mobilisation et de sensibilisation communautaires où les parents et d’autres membres de la communauté s’impliquent. Il est important que les parents soient au premier plan de l’éducation de leurs enfants sur la SDSR avant qu’ils reçoivent de mauvaises informations auprès de leurs camarades.
L’autre chose que nous avons constatée c’est que beaucoup de filles veulent parler à leurs parents de ces questions, mais ces derniers ne sont pas disposés à le faire. Et quand les filles réalisent que leurs parents ne sont pas disposés à s’ouvrir à elles, elles se sentent mal à l’aise de leur parler. Même lorsque les filles sont agressées sexuellement, elles mettent parfois du temps à le dire à leurs parents par peur qu’ils ne les jugent ou qu’ils ne crient sur elles. Celles dont les parents se sentent à l’aise de discuter de ces sujets parviennent mieux à prendre de bonnes décisions et à réussir dans la vie.
Nous aurions aimé rester plus longtemps, mais le temps nous fait défaut, et nous devons repartir à la capitale.
Vous savez, quand les jeunes ont des problèmes, ils ont tendance à garder plutôt les choses pour eux à moins que l’environnement soit propice. De nos jours, nous devons nous asseoir avec nos enfants et leur dire tout ce qu’ils ont besoin de savoir concernant leur sexualité. Ainsi, les enfants nous feront confiance et pourront demander plus d’informations, et même nous faire part de certains de leurs défis. Dans de telles conditions, même lorsqu’ils commettent des erreurs, le parent sera la première personne à le savoir.
Les parents devraient pouvoir discuter de santé sexuelle avec leurs enfants comme ils le feraient pour tout autre aspect de leur santé. Ils devraient également encourager leurs enfants à recourir aux services de santé sexuelle et reproductive, même s’ils n’ont aucun problème.
Dans cette émission, nous avons vu comment les parents pouvaient donner l’exemple en changeant de mentalité au sujet des questions relatives à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, ou SDSR, en parlant plus ouvertement de ces questions avec leurs enfants.
Nos invités nous ont expliqué que les parents doivent s’intéresser à la santé et aux droits sexuels et reproductifs de leurs enfants, et leur parler de manière amicale. Ils ne devraient pas confier cette tâche à quelqu’un d’autre. Les parents devraient être la première source d’information de leurs parents. Ils devraient également prendre l’initiative de s’assurer que les informations qu’ils reçoivent proviennent de sources crédibles, afin qu’elles soient actualisées et exactes.
Nous avons également entendu que les autorités responsables de médias devraient communiquer des informations et sensibiliser les communautés sur l’importance de créer un environnement propice pour une communication entre les parents et leurs parents. Si nous arrivons à le faire, nous pouvons réduire les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles, et améliorer la santé générale et le bien-être des jeunes.
Des organisations qui aident les jeunes à s’informer sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs au Malawi, et à avoir accès aux services de santé sexuelle et reproductive nous ont également parlé. L’organisation qui est beaucoup intervenue aujourd’hui était Maikhanda Trust, et l’autre organisation était YouthWave Malawi. Chers auditeurs et auditrices, je vous encourage à aller chercher ces services et à vous rendre auprès des centres de santé et des associations de jeunes de votre communauté pour être orientés vers d’autres services.
Sur ce, je crains bien que nous soyons arrivés à la fin de notre émission aujourd’hui. Merci infiniment à Jacqueline Mawanga et Thokozani Kaledzera de Maikhanda Trust, et Joseph Banda, Sarah Kamwaza et Gladys Robert de l’association des jeunes de Mwansangu, d’avoir contribué à l’émission.
En attendant de nous retrouver, c’était votre animateur, Andrew Mahiyu. Au revoir.
Acknowledgements
Remerciements
Rédaction : Andrew Mahiyu, journaliste indépendant, radiodiffuseur et consultant en communications à NIVY Productions
Interviews :
Jacqueline Mawanga, chargée de programme communautaire à Maikhanda Trust
Thokozani Kaledzera, coordonnatrice des services de santé destinés aux jeunes, Mwansangu Youths
Joseph Banda, Sarah Kamwaza, la responsable de l’association des jeunes Gladys Robert et les parents de l’association des jeunes Mwansangu du district de Ntchisi.
Andrew Namakhoma, ancien chargé de programmes communautaires chez National Smallholder Farmers Association of Malawi
Thembi Thadzi, Girl Effect
Toutes les interviews ont été réalisées en juillet 2022 à l’exception de celle avec Andrew Namakhoma qui a été réalisée le 27 août 2022.
Révision : Tinatswe Mhaka, chargée d’égalité des genres et d’inclusion (ÉGI), Radios Rurales Internationales et Gina Vukojević, cheffe d’équipe, Égalité des genres et inclusion, Radios Rurales Internationales.
Information sources
La présente ressource a été produite avec le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet The Innovations in Health, Rights and Development, ou iHEARD. Le projet est piloté par un consortium formé par Radios Rurales Internationales, CODE et Marie Stopes International (MSI) et mis en œuvre au Malawi par Farm Radio Trust, Women and Children First, Girl Effect et Viamo.