Notes au radiodiffuseur
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Dans les douze prochains ensembles de ressources pour la radio agricole, Radios Rurales Internationales distribuera de nombreux textes et d’autres éléments portant sur les « chaînes de valeur » pour différentes cultures et différents animaux. Par exemple, la majorité de notre prochain ensemble de ressources parlera de la chaîne de valeur du manioc en Tanzanie. Même si le point de mire sera fixé sur la Tanzanie, l’ensemble sera utile pour les agriculteurs et d’autres personnes impliquées dans la chaîne de valeur du manioc dans d’autres pays africains.
Le présent dossier d’information pour les radiodiffuseurs est une introduction aux chaînes de valeur. Il n’est pas conçu pour être adapté à des fins de diffusion. Il est plutôt rédigé pour aider les diffuseurs à comprendre comment fonctionnent les chaînes de valeur. Il définit quelques termes clés, donne des exemples de chaînes de valeur, parle de l’importance pour les agriculteurs de penser qu’ils font eux-mêmes partie d’une chaîne de valeur, énumère les avantages potentiels des chaînes de valeur et aborde diverses stratégies que les agriculteurs peuvent adopter pour améliorer ou « valoriser » leur implication dans les chaînes de valeur. En comprenant mieux comment fonctionnent les chaînes de valeur, les diffuseurs peuvent mieux desservir leurs auditoires agricoles.
Ces notes sur les chaînes de valeur sont rédigées dans la perspective du petit exploitant agricole. À titre de diffuseur, votre rôle consiste à présenter l’information sur les chaînes de valeur et les avantages potentiels pour les petits exploitants agricoles d’améliorer leur implication dans les chaînes de valeur. La radio peut présenter des cas de réussite concernant les chaînes de valeur, encourager la discussion sur la façon dont les chaînes de valeur peuvent bénéficier aux agriculteurs et agir comme une source d’information sur les chaînes de valeur.
Texte
Nous faisons tous partie de chaînes de valeur, d’une façon ou d’une autre, comme producteurs, consommateurs de biens et de services, transformateurs, détaillants, prestataires de services financiers, etc. En tant que consommateurs, nous mangeons tous des aliments et nous portons tous des vêtements, etc. Nous sommes reliés à de nombreuses chaînes de valeur – les chaînes des céréales, des racines et des tubercules, des fruits et légumes, des légumineuses, des huiles et des textiles. Ces chaînes s’étendent des producteurs jusqu’à nos cuisines, nos tables de repas, nos vêtements et au-delà.
À une extrémité de la chaîne se trouvent les producteurs – les agriculteurs qui font pousser les cultures et élèvent les animaux. À l’autre extrémité, se trouvent les consommateurs qui mangent, boivent, portent et utilisent les produits finaux. Et, au milieu, il y a des milliers d’hommes et de femmes, ainsi que des petites et des grosses entreprises. Chaque personne et chaque entreprise exécutent une petite étape de la chaîne, et chacune ajoute de la valeur en cours de route – en cultivant, en achetant, en vendant, en transformant, en transportant, en entreposant, en vérifiant et en emballant.
D’autres personnes et d’autres entreprises jouent des rôles importants en supportant la chaîne. Les banques fournissent des prêts, les gouvernements rédigent des lois et des politiques et les organismes de recherche agricole élaborent pour les agriculteurs des façons de participer avec plus de succès aux chaînes de valeur.
Les stations de radio ont aussi un important rôle de soutien. La radio peut informer les agriculteurs sur les prix, les succès et les innovations des chaînes de valeur, les possibilités d’implication des agriculteurs dans les chaînes de valeur, et aider les agriculteurs à comprendre le fonctionnement des chaînes de valeur. Et la radio peut aussi aider les agriculteurs à se mobiliser plus efficacement autour des chaînes de valeur.
Une chaîne de valeur agricole est définie comme étant les gens et les activités qui amènent un produit agricole de base, comme le maïs ou les légumes ou le coton, de la production dans le champ au consommateur, à travers des étapes comme la transformation, l’emballage et la distribution.
La United States Agency for International Development définit une chaîne de valeur comme étant « l’éventail complet des activités qui sont nécessaires pour amener un produit ou un service de sa conception jusqu’à son utilisation finale, incluant tous les canaux de commercialisation mis à la disposition de toutes les entreprises. »
Même les agriculteurs de subsistance font partie des chaînes de valeur. La grande majorité des agriculteurs de subsistance font pousser des cultures ou élèvent des animaux pour les vendre. Même dans les régions les plus reculées, de nombreux agriculteurs de subsistance sont connectés aux marchés et vendent de petites quantités de leurs produits frais sur les marchés locaux ou à des négociants qui passent à la ferme.
En réalité, les chaînes de valeur touchent des interactions humaines. Elles concernent les liens entre les gens et les entreprises qui transfèrent ou échangent des produits, de l’argent, des connaissances et de l’information.
Dans une chaîne de valeur efficace, les gens se soutiennent activement aux différentes étapes de la chaîne. Lorsque tout le monde dans la chaîne appuie les autres, chacun fait son travail plus efficacement, ce qui améliore les moyens de subsistance de chacun. Chaque personne de la chaîne partage le but commun qui consiste à satisfaire les besoins des consommateurs afin d’augmenter leurs propres profits.
Le diagramme ci-après montre comment la valeur est ajoutée à chaque maillon dans trois chaînes de valeur différentes. Dans la chaîne de valeur des ignames au Ghana, par exemple, le travail que fait le négociant ambulant ajoute de la valeur, si bien que le prix que le négociant facture pour un kilo (ou une tonne) d’ignames est supérieur de 50 % au prix payé à l’agriculteur pour les ignames.
Ensuite, le grossiste ajoute de la valeur, si bien que le prix qu’il facture au détaillant est supérieur de 13 % au prix qu’il paie au négociant ambulant. Et le prix que le détaillant facture au consommateur est supérieur de 18 % au prix qu’il paie au grossiste. Dans le langage des chaînes de valeur, chaque personne dans la chaîne facture un « loyer économique » à son étape de la chaîne.
Les agriculteurs et les négociants se disputent souvent au niveau des prix. Les agriculteurs peuvent rouler les négociants en mettant des produits de basse qualité au fond des caisses et les négociants peuvent rouler les agriculteurs en utilisant des poids et mesures imprécis. Il y a souvent un manque de confiance entre les deux. Il en résulte que la chaîne de valeur ne fonctionne pas aussi bien qu’elle le pourrait, ce qui signifie des résultats pires pour tout le monde.
Le négociant vend le produit de l’agricultrice à un transformateur, qui fournit un grossiste, qui fournit un détaillant, qui fournit un consommateur, avec le transport et d’autres maillons entre temps. Chaque joueur de cette chaîne ajoute de la valeur et reçoit en retour un rendement économique, habituellement appelé « loyer économique ». Le montant que chaque acteur de la chaîne reçoit varie selon les différents produits et les chaînes de valeur. Mais le prix que reçoit l’agriculteur pour ses matières brutes ne représente qu’une petite fraction du prix payé par le consommateur.
Individuellement, les petits exploitants agricoles sont souvent désavantagés dans ces genres de chaînes de valeur. Étant donné que de nombreux agriculteurs font pousser des cultures ou élèvent des animaux sur une base individuelle, ils ont un très faible pouvoir de négociation. Ils ont peu ou pas d’influence sur le prix que le négociant leur verse pour leurs produits frais ou sur le prix qu’ils paient aux fournisseurs d’intrants pour les semences, les engrais, les pesticides, etc.
En outre, les agriculteurs manquent souvent d’informations sur les marchés pour leurs produits frais. Par exemple, ils peuvent ne pas savoir combien valent vraiment leurs produits frais et combien ils pourraient gagner en plus si, par exemple, ils les transportaient jusqu’à un marché voisin au lieu de les vendre à un négociant. Ils peuvent ne pas savoir qui sont les autres joueurs sur le marché; ils peuvent ne pas savoir ce qu’il advient de leurs produits frais après les avoir vendus; et ils peuvent ne pas savoir quels genres de produits veulent les consommateurs. Dans bien des cas, l’agriculteur fait pousser la mauvaise culture pour le marché. Pour toutes ces raisons, il est difficile pour les agriculteurs africains de profiter pleinement des chaînes de valeur dans lesquelles ils sont déjà impliqués.
En partie, les agriculteurs contribuent sans le savoir à leurs propres problèmes. Par exemple, une agricultrice pourrait produire toutes sortes de mangues. Certaines sont grosses et saines, d’autres petites et tachetées. L’agricultrice emballe toutes ses mangues ensemble dans une caisse. Le négociant ne sait pas à quoi s’attendre comme qualité, alors il offre un prix bas.
Pour accroître leur revenu et obtenir plus de valeur (« loyer économique ») dans la chaîne de valeur, les agriculteurs doivent « valoriser » leur implication dans la chaîne de valeur. Il y a bien des façons de le faire. Une mesure qu’ils doivent prendre consiste à devenir un « spécialiste des cultures ». C’est un agriculteur ou une agricultrice qui a amélioré ses pratiques agricoles et produit des biens pour le marché d’une manière efficiente et productive. Par exemple, en utilisant de meilleures pratiques agricoles, l’agriculteur peut produire davantage de mangues – et des mangues de plus belle qualité. Cela satisfait à la fois l’acheteur et le consommateur. Plus loin dans le présent dossier d’information, nous allons examiner d’autres façons de valorisation.
Quels sont les avantages d’adopter une approche fondée sur les chaînes de valeur?
L’approche fondée sur les chaînes de valeur considère le rôle des acteurs existants de la chaîne, des acteurs de soutien et du milieu des politiques. Elle nous permet d’examiner les défis actuels dans une chaîne de valeur, ainsi que les occasions d’améliorer l’efficience de la chaîne de valeur et les avantages pour chaque personne impliquée. Du point de vue d’un agriculteur, faire partie d’une chaîne de valeur qui fonctionne bien peut rapporter un revenu supérieur.
Analyser une chaîne de valeur – en identifiant ses défis, ses faiblesses et ses forces – peut contribuer à identifier de nouvelles sources de revenu.
Parfois, participer à une chaîne de valeur qui fonctionne bien n’apporte pas des revenus ou des prix supérieurs aux agriculteurs, mais un revenu plus stable et plus prévisible.
Les marchés et les chaînes de valeur qui fonctionnent bien peuvent attirer des jeunes vers l’agriculture ou les persuader de ne pas quitter les zones rurales en leur offrant de meilleures façons de gagner de l’argent.
Participer aux chaînes de valeur peut aider un agriculteur à apprendre de nouvelles compétences et à adopter des pratiques améliorées. Au lieu d’entasser des légumes dans une caisse et de les transporter chez un négociant ou sur un marché, les agriculteurs peuvent gagner plus d’argent en effectuant une transformation de base à la ferme. Même le lavage et le classement des produits frais peuvent faire une différence. Laver et emballer la laitue ou les tomates et les livrer à un magasin ou à un supermarché local peut permettre d’obtenir un prix plus élevé. Peler et couper les fruits peut être un moyen efficace de pénétrer sur le marché croissant des produits alimentaires prêts à manger près des zones urbaines.
Les personnes les plus à même de bénéficier des chaînes de valeur ont l’esprit d’entreprise, ont une volonté de communiquer avec les gens dans différentes parties de la chaîne de valeur et possèdent les ressources agricoles et financières et les connaissances nécessaires pour développer de nouveaux marchés ou participer plus efficacement aux marchés actuels.
Les agriculteurs qui ont peu de terres, qui sont plus éloignés des marchés, qui ont moins d’actifs, qui ont des barrières linguistiques, qui n’ont pas d’irrigation et qui ne sont pas impliqués dans des organismes agricoles efficaces peuvent trouver cela plus difficile de bénéficier d’une chaîne de valeur.
Les organismes agricoles aident les agriculteurs en regroupant les récoltes d’un certain nombre de producteurs, en achetant des intrants à des prix inférieurs au nom des agriculteurs et en donnant aux agriculteurs accès à des services de soutien agricole. Par leur simple taille, les coopératives ont suffisamment de pouvoir sur les marchés pour hausser les prix obtenus par les agriculteurs individuels et pour s’assurer que les agriculteurs obtiennent un revenu plus stable et plus sûr. De nombreux groupes d’agriculteurs englobent également des mécanismes d’épargne et de prêts pour leurs membres. Ces mécanismes aident les agriculteurs à travailler avec l’argent, à tenir des registres et à acquérir des compétences financières qui sont primordiales pour améliorer leurs entreprises.
La radio peut agir comme un courtier en informations et en connaissances. Cela signifie que les stations de radio peuvent transmettre à leur auditoire les informations portant sur les chaînes de valeur. La radio peut aider les agriculteurs à comprendre les avantages d’améliorer leur implication dans la chaîne de valeur. La radio peut aussi transmettre des informations sur des façons efficaces et novatrices de s’impliquer dans les chaînes de valeur.
La radio peut annoncer les possibilités de mise en marché ou les possibilités de contrats qui pourraient aider les petits exploitants agricoles.
‘La radio peut publiciser les cas de réussite et aider les agriculteurs à comprendre les avantages d’établir des liens avec d’autres firmes et entreprises dans la chaîne de valeur.
Il est important que les diffuseurs utilisent un langage approprié lorsqu’ils parlent des chaînes de valeur. Parlez à quelques agriculteurs de votre auditoire. Trouvez les meilleurs mots dans la langue locale pour l’expression « chaîne de valeur » et le mot « maillon » et pour les autres termes de la chaîne de valeur. Choisissez les mots qui transmettent le sens avec précision et que votre auditoire comprend.
Comme toujours, il est important de ne pas dénigrer les agriculteurs, soit par le ton de votre voix, soit en utilisant un langage que peu d’entre eux comprennent. Avant de faire des émissions sur les chaînes de valeur, assurez-vous de comprendre parfaitement ce que sont les chaînes de valeur et en quoi elles peuvent aider les agriculteurs. Si vous ne comprenez pas complètement, parlez aux agents de vulgarisation, aux représentants des industries alimentaires ou à d’autres personnes qui peuvent vous aider à comprendre ce que sont les chaînes de valeur et comment elles fonctionnent dans votre zone d’écoute.
Les diffuseurs devraient se renseigner au maximum sur les chaînes de valeur locales. Découvrez qui sont les joueurs des chaînes de valeur dominantes dans vos collectivités d’écoute. Parlez à des agriculteurs et des transformateurs et des détaillants et à d’autres intervenants dans la chaîne de valeur. Trouvez ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas bien. En interviewant en ondes des personnes impliquées dans des chaînes de valeur précises, les diffuseurs peuvent transmettre des renseignements précis sur ces chaînes.
Il y a des avantages pour les diffuseurs à interagir avec différents maillons de la chaîne de valeur. Se brancher avec les transformateurs, les détaillants, les distributeurs, ainsi que les agriculteurs peut vous aider à diversifier vos sources publicitaires et à découvrir de nouvelles possibilités d’affaires pour votre station.
Pour un agriculteur, il existe maintes façons de valoriser son implication dans une chaîne de valeur. Voici quatre stratégies principales de valorisation.
La valorisation des processus concerne la transformation plus efficiente des intrants agricoles (main d’œuvre, engrais, matériel végétal, pesticides, etc.) en extrants agricoles (rendements des cultures). Pour le producteur, cette étape a été appelée devenir un « spécialiste des cultures ». Pour capter davantage de valeur dans la chaîne de valeur, les agriculteurs doivent devenir des spécialistes des cultures.
La coordination horizontale rend les individus plus solvables. Cela améliore la stabilité financière d’une agricultrice, lui permet d’investir dans du matériel ou d’autres choses et lui donne accès à des espèces pour acheter ce dont elle a besoin quand elle en a besoin. Cela augmente le revenu individuel et familial et accroît la sécurité alimentaire à cause de dépenses supérieures consacrées à la nourriture.
La coordination horizontale peut aussi aider les agriculteurs à pénétrer sur des marchés qui exigent une certification, comme les marchés de produits organiques et équitables, et peut donner aux agriculteurs un plus grand pouvoir de négociation dans une chaîne de valeur.
Un type de coordination verticale est l’agriculture contractuelle, dans laquelle un transformateur, un détaillant ou un exportateur signe un contrat avec des petits agriculteurs contractuels pour produire un certain volume de cultures d’une qualité spécifique et pour une date précise.
La coordination verticale implique habituellement une entreprise pilote – souvent un gros acheteur ou un supermarché – qui coordonne les actions tout au long de la chaîne de valeur. Dans les relations verticales, la grosse entreprise fournit souvent à l’agriculteur des intrants à rabais, l’accès à du crédit et à un soutien technique et du matériel.
La coordination verticale peut offrir aux agriculteurs une plus grande certitude et une plus grande sécurité au sujet des ventes futures et du revenu futur. Mais la coordination verticale implique de bâtir une confiance entre les vendeurs et les acheteurs, ce qui peut être un processus lent et délicat. La confiance ne peut s’établir que lorsque chacun est confiant d’en bénéficier.
Cela peut sembler être une idée attrayante. Mais pour que les agriculteurs réussissent à exécuter ces nouvelles tâches, ils doivent avoir le matériel et le savoir pour y parvenir, ainsi que de bonnes ressources financières et de très solides compétences organisationnelles.
Lorsque les chaînes de valeur sont courtes, par exemple quand la coordination verticale implique de moudre du maïs et de l’ensacher, cette option peut être efficace. Mais plus la chaîne est longue, plus les risques sont élevés, surtout pour ceux qui ont peu d’expérience.
- valorisation de produits : passer à des produits plus complexes ou perfectionnés et de plus grande valeur;
- valorisation interchaînes : appliquer des compétences acquises dans un maillon d’une chaîne à une chaîne différente;
- respecter des normes et des certifications (par exemple les produits organiques et équitables). On pourrait appeler cela la valorisation des produits et elle est dictée par les changements sur le marché associés aux préférences changeantes des consommateurs.
L’information sur les marchés est également importante. Si les agriculteurs sont bien informés sur les prix courants et les tendances du marché, ils sont capables de marchander plus efficacement avec les acheteurs.
Les agriculteurs devraient reconnaître la position des autres maillons de la chaîne et respecter le fait que leurs intérêts sont également légitimes. Les différents maillons de la chaîne devraient comprendre le besoin de coopération au lieu de lutter les uns contre les autres. Ils devraient comprendre que, même si les vendeurs et les acheteurs auront toujours des intérêts opposés – respectivement un prix élevé et un prix bas – ils partagent un même intérêt en vue de satisfaire le consommateur. Lorsque le consommateur est satisfait, les entreprises du vendeur et de l’acheteur prospèrent. Pour qu’une chaîne de valeur connaisse du succès, tout le monde dans la chaîne doit en bénéficier et doit se sentir traité équitablement.
Lorsque les agriculteurs africains (et d’autres gens) entendent parler des chaînes de valeur, ils pensent souvent à des cultures d’exportation comme les fleurs, le café, le cacao et les fruits et légumes, à destination des marchés européens et mondiaux.
Mais ce n’est pas toujours une bonne idée de connecter les petits exploitants agricoles avec les gros exportateurs. Les petits exploitants agricoles en Afrique et ailleurs essaient généralement de minimiser les risques d’échec en faisant pousser un certain nombre de cultures et en élevant des animaux. Il est risqué de se concentrer exclusivement sur une seule culture. Il vaut peut-être mieux, pour les groupes d’agriculteurs, envisager des marchés régionaux et nationaux à la place ou en complément des marchés d’exportation. En raison de l’urbanisation rapide et de la montée de la classe moyenne en Afrique, les marchés régionaux et nationaux en Afrique deviennent de plus en plus importants pour les producteurs.
Se joindre à un organisme agricole peut aider les femmes. Lorsque les femmes sont appuyées par la force d’un organisme, elles peuvent réussir à mieux négocier de meilleures ententes.
Il est important de prêter attention à quelques-unes des conséquences inattendues d’une valorisation dans la chaîne de valeur. En voici trois exemples : premièrement, si une famille consacre la plupart de ses efforts et de ses terres à des cultures de grande valeur cultivées par les hommes, ces derniers exerceront un plus grand contrôle sur les ressources liées à ces cultures, comme la terre et l’eau. Les cultures des femmes et la sécurité alimentaire de la famille pourraient en souffrir.
Deuxièmement, si les débouchés du marché s’améliorent pour les récoltes des femmes, les hommes pourraient commencer à mettre la mainmise sur les activités des femmes, par exemple en restreignant leur accès à la terre.
Troisièmement, si la famille participe à l’agriculture contractuelle, cela peut exiger l’ouverture d’un compte bancaire. Les comptes bancaires sont généralement ouverts au nom de l’homme. Cela signifie que l’accès des femmes à l’argent pourrait se faire de plus en plus par l’entremise de leur mari. Dans les collectivités où les femmes conservent l’argent tiré de la vente de leurs récoltes, parfois en le cachant et en l’utilisant en partie pour les dépenses du ménage, cela peut mettre en péril la sécurité alimentaire de la famille.
Dans l’ensemble, il est important d’envisager non seulement comment les hommes et les femmes participent différemment dans les chaînes de valeur, mais de quelle façon la valorisation de leurs activités peut bénéficier (ou non) aux hommes et aux femmes.
Acknowledgements
Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur en chef, Radios Rurales Internationales.
Révision : Yogesh Ghore, chargé de programme principal, Coady International Institute,
Université St. Francis Xavier, Antigonish, Nouvelle-Écosse, Canada; Blythe McKay, gestionnaire, Ressources pour les radiodiffuseurs, Radios Rurales Internationales; Rex Chapota, directeur général, Farm Radio Malawi.
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.
Projet réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
Information sources
Resserrer les liens: L’essor des Chaînes de valeur agricoles. Spore, Juillet 2012, hors-série
http://spore.cta.int/hs/pdf/spore-hs-2012-fr.pdf
KIT, Faida MaLi and IIRR. 2006. Chain empowerment: Supporting African farmers to develop markets. Royal Tropical Institute, Amsterdam; Faida Market Link, Arusha; and International Institute of Rural Reconstruction, Nairobi. http://www.mamud.com/Docs/chains.pdf
Mary McVay and Alexandra Snelgrove, 2007. Program Design for Value Chain Initiatives. Mennonite Economic Development Associates. http://www.meda.org/images/stories/ML/Program_Design_Toolkit.pdf
Jonathan Mitchell, Jodie Keane, and Christoper Coles, 2009. Trading up: How a value chain approach can benefit the rural poor. COPLA Global: Overseas Development Institute. http://www.odi.org.uk/resources/docs/5656.pdf
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Fonds international de développement agricole, et L’Organisation internationale du Travail, 2010. Document d’orientation n° 4 sur les sexospécificités et l’emploi rural #4: Développement de la chaîne de valeur agricole : menace ou opportunité pour l’emploi des femmes. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/documents/publication/wcms_176240.pdf