Notes au radiodiffuseur
Lorsqu’une station de radio reçoit des rétroactions de ses auditeurs au sujet de ses émissions et de ce que ces auditeurs souhaitent entendre, les émissions de la station ont plus de chances de satisfaire leurs besoins.
Pour créer efficacement une programmation agricole pertinente pour les besoins de vos auditeurs, vous devez 1) connaître votre auditoire, 2) savoir quelles sortes d’informations agricoles sont importantes pour eux, 3) savoir comment mobiliser les agriculteurs dans une discussion radiophonique sur les enjeux qui comptent pour eux.
Quand votre station a-t-elle effectué pour la dernière fois une étude approfondie de la situation agricole de vos agriculteurs/auditeurs? Il est probablement temps de la refaire!
Le présent dossier d’information offre quelques lignes directrices sur la façon d’interagir avec votre collectivité d’écoute dans le but de mieux satisfaire les besoins des auditeurs. Il est divisé en deux sections. La Partie I décrit les mesures que vous pouvez prendre pour apprendre ce que votre auditoire veut et souhaite entendre. La Partie II contient une liste de questions qui vous aideront à définir votre auditoire cible.
Texte
Partie I : De quelles informations ont besoin vos agriculteurs-auditeurs?
Introduction: Quelle est votre principale source pour découvrir de quelles informations ont besoin les agriculteurs de votre auditoire? Les agriculteurs de votre auditoire, évidemment!
Même si d’autres méthodes de recherche sont mentionnées dans le présent dossier d’information, il vous est fortement recommandé de rendre visite aux agriculteurs/auditeurs dans leurs collectivités. Organisez des rencontres dans les villages, trouvez un moyen de transport et rencontrez des groupes d’agriculteurs. Si les agricultrices ne sont pas capables de parler en présence des hommes, alors tenez une réunion distincte avec les femmes.
Certaines stations de radio peuvent passer beaucoup de temps sur le terrain – en interagissant avec les agriculteurs, en enregistrant leurs voix et en organisant des rencontres au cours desquelles les agriculteurs peuvent parler de la sorte d’informations dont ils ont besoin.
Pour maintes raisons, d’autres stations de radio trouvent cela plus difficile de se rendre sur le terrain. Quelle que soit la situation dans votre station, la clé consiste à interagir avec votre auditoire dans la mesure du possible.
En fonction de vos ressources, de l’étendue de votre interaction précédente avec vos collectivités d’écoute, ainsi que de votre familiarité et de votre formation en recherche sur les auditoires, il existe plusieurs activités de recherche que vous pouvez entreprendre lorsque vous rendez visite à une collectivité d’écoute. Elles impliquent toutes une interaction avec les agriculteurs – alors rappelez-vous qu’établir des relations est l’ingrédient clé d’une bonne programmation participative.
Ces stations ayant peu de ressources ou peu de formation en recherche sur les auditoires, ou relativement peu de contacts avec leur collectivité, pourraient vouloir essayer quelques-unes des Cinq activités de recherche énumérées ci-après.
Si votre station a eu relativement peu de contacts avec votre collectivité d’écoute, ce serait peut-être une bonne idée de démarrer avec des façons moins structurées de rencontrer les gens, comme une simple « rencontre sous le manguier ». Dans ces endroits moins formels, vous pourriez poser une ou plusieurs questions très larges et permettre à vos auditeurs de parler librement sur ces questions. Par exemple, vous pourriez leur demander comment votre station pourrait mieux les servir en tant qu’agriculteurs. Vous pourriez leur demander quels sont leurs principaux besoins d’informations agricoles.
Cette approche ouverte peut leur permettre de participer plus librement à la détermination du contenu ou à la fixation du programme pour votre émission radiophonique agricole. Si vous sollicitez des rétroactions sur les enjeux agricoles, posez des questions aussi vastes que possible sur l’agriculture, peut-être en les ouvrant pour couvrir les moyens de subsistance. (Les moyens de subsistance des agriculteurs signifient toutes les façons dont ils font leur vie.
Celles qui ont davantage de ressources et de formation et des contacts réguliers avec leur collectivité d’écoute sont encouragées à essayer les trois activités de recherche supplémentaires mentionnées plus loin dans le présent dossier d’information. Mais vous êtes évidemment libre d’essayer n’importe laquelle des activités décrites ici.
Certaines des activités mentionnées ci-après pourraient être nouvelles pour vous. Nous vous encourageons à essayer quelque chose que vous n’avez pas fait auparavant. Cependant, ce serait peut-être une bonne idée de demander aux agriculteurs s’ils sont à l’aise avec le fait que vous essayez quelque chose de nouveau afin de pouvoir apprendre tous ensemble. Ils seront vraisemblablement d’accord, apprécieront que vous demandiez leur permission et seront plus patients avec le processus.
L’importance de l’attitude appropriée en matière de recherche:
Quel que soit le but de votre rencontre avec les agriculteurs, n’oubliez pas que, chaque fois que vous rencontrez des agriculteurs, vous êtes là pour apprendre d’eux. Ne vous inquiétez pas d’accomplir absolument tout lors de votre première visite. Vous prenez des mesures pour établir une relation bilatérale à long terme avec des agriculteurs. Pour établir une bonne relation à long terme, il faut adopter une manière détendue et respectueuse. Faites preuve d’humilité, de respect, de patience et d’intérêt pour ce que les villageois ont à dire et à montrer. Flânez plutôt que de vous presser. En ayant une attitude détendue et attentive et en écoutant et regardant sans interrompre, vous établirez un meilleur rapport avec les villageois.
En faisant preuve de respect pour le travail qu’ils exécutent et pour leurs idées, il est plus vraisemblable que les agriculteurs vous accueilleront de nouveau dans leurs collectivités. Il est également important d’être honnête et transparent dès le départ. Expliquez que le but de votre visite consiste à rencontrer les agriculteurs et à obtenir leurs commentaires. Et que vous utiliserez ces commentaires pour vous aider à concevoir une émission radiophonique qui les aidera dans leur pratique de l’agriculture.
Cinq activités de recherche: Voici cinq façons relativement simples d’interagir avec vos collectivités d’écoute et de savoir de quelles sortes d’informations agricoles elles ont besoin.
1) Utiliser les émissions de radio et les téléphones mobiles pour recueillir de l’information
Émissions de radio: Si vous avez une émission agricole existante, réalisez une tribune téléphonique et demandez aux agriculteurs d’appeler et de parler des enjeux agricoles qui sont très importants pour eux.
Boîte vocale: Mettez en place un système de messagerie vocale et demandez aux agriculteurs de téléphoner et de mentionner leurs principales préoccupations en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire.
Textos–SMS: Il existe deux façons d’utiliser les SMS. Premièrement, vous pouvez demander des rétroactions sur des questions très précises. Les animateurs des émissions poseront des questions et demanderont aux agriculteurs d’y répondre par des messages textes. Vous pourriez poser des questions différentes à des jours différents ou mettre sur pied un « sondage » dans le cadre duquel les auditeurs répondent à une question. Par exemple, vous pourriez poser une question à laquelle vos auditeurs répondront par oui ou non OU par toujours, parfois, rarement ou jamais. Conservez un décompte des réponses des agriculteurs à vos « sondages » et à vos questions. Si vous avez accès à un outil comme FrontlineSMS, vous pouvez recueillir tous les messages textes sur un ordinateur. Il est évident que l’utilité des messages textes dépend de la disponibilité des téléphones mobiles et du niveau d’alphabétisation des utilisateurs. Les sondages textes peuvent ne pas fournir un échantillon représentatif des agriculteurs dans votre collectivité.
Deuxièmement, vous pouvez poser des questions plus larges au sujet de l’agriculture ou des moyens de subsistance, ou simplement informer votre auditoire que votre station aimerait que les auditeurs lui disent quels enjeux en matière d’agriculture ou de moyens de subsistance ils jugent les plus importants. Cette approche est plus large et moins ciblée. Mais, surtout si vous avez eu une interaction limitée avec votre collectivité d’écoute, elle peut constituer un moyen efficace pour encourager vos agriculteurs-auditeurs à participer et à exprimer leurs principaux besoins.
2) Visiter les marchés locaux
Les marchés locaux constituent un endroit formidable pour rencontrer des agriculteurs, souvent de plusieurs collectivités différentes. Vous ne serez peut-être pas en mesure d’organiser des réunions ou des discussions en groupe, mais des agriculteurs individuels qui vendent des produits au marché peuvent vous donner un bon aperçu des principaux points forts et points faibles des agriculteurs locaux, ainsi que des débouchés et des défis qui les attendent.
3) Consulter les organisations d’agriculteurs
S’il y a des coopératives ou des organisations locales d’agriculteurs qui tiennent des réunions régulières, vous pourriez être en mesure de les rencontrer et d’obtenir des informations cruciales sur les enjeux agricoles locaux importants.
4) Parler aux services locaux de vulgarisation agricole
Selon la capacité des services locaux de vulgarisation, ce pourrait être pour vous un bon moyen de vous informer sur les besoins des agriculteurs. Certains agents de vulgarisation auront une bonne connaissance des besoins réels des agriculteurs, tandis que d’autres énuméreront simplement la liste des priorités du ministère de l’Agriculture – qui peuvent être assez différentes de celles des petits exploitants agricoles. Envisagez de parler aux agents de vulgarisation du gouvernement et des ONG, des organisations d’agriculteurs et des services privés.
5) Faire des visites sur le terrain
Avec des membres de votre équipe, visitez un ou deux villages typiques dans votre zone d’écoute. Essayez de choisir des villages ayant des préoccupations et des enjeux agricoles qui sont communs à votre plus vaste auditoire. Pour les visites sur le terrain, il est crucial de parler la langue locale des agriculteurs.
Peu importe ce que vous choisissez de faire dans la collectivité, il est important, avant de faire votre visite, que vous organisiez la rencontre conformément aux méthodes courantes de la collectivité. Cela peut impliquer, par exemple, une rencontre avec les chefs ou avec d’autres leaders communautaires, ou tout au moins d’obtenir l’approbation de ces autorités pour tenir votre réunion. En suivant scrupuleusement ces coutumes, vous gagnerez le respect de la collectivité et vous vous faciliterez la tâche.
Voici quelques idées pour une rencontre avec la collectivité :
- Une simple « rencontre informelle sous le manguier »
- Des enregistrements annuels, trimestriels, mensuels ou plus fréquents et réguliers des discussions dans le village
- Une réunion « ouverte », « durbar » ou réunion avec le chef (ce genre de rencontre porte des noms différents dans les différents pays et cultures)
Ces rencontres pourraient avoir un vaste ordre du jour préétabli. Par exemple, les villageois pourraient venir en étant prêts à parler de leurs principaux besoins agricoles, de leurs principales préoccupations en matière de moyens de subsistance, de la sorte d’informations qu’ils aimeraient entendre le plus en ondes, de leurs plus grands défis agricoles ou de la façon dont la station de radio peut mieux servir la collectivité. Lorsque vous contactez la collectivité pour organiser la rencontre, discutez du but de la réunion.
Les spécialistes des sciences sociales élaborent souvent un questionnaire structuré pour recueillir des informations. Vous êtes libre de le faire, surtout si vous êtes familier avec votre collectivité et si vous avez une certaine formation dans ce genre de recherche. Lisez Trois activités de recherche supplémentaires ci-après pour obtenir une orientation plus précise sur les méthodes qui utilisent une approche plus structurée.
Que vous utilisiez un questionnaire structuré ou une approche plus large et moins formelle, il est utile d’analyser vos conversations en termes des points forts, des points faibles, des possibilités et des défis qui ont été exprimés. Une approche plus structurée pose souvent des questions précises sur les points forts, les points faibles, les possibilités et les défis ou les menaces. Ces questions sont conçues pour obtenir des renseignements sur :
les points forts des agriculteurs qui contribuent à leurs succès agricoles. Par exemple:
- leur connaissance du sol, des semences et des cultures
- leurs compétences agricoles
- les marchés pour leurs récoltes
- les outils qu’ils possèdent
- la main d’œuvre à leur disposition (peut-être leurs enfants les plus vieux et d’autres parents)
les points faibles qui empêchent les agriculteurs d’atteindre leur plein potentiel. Par exemple :
- le manque d’accès à la terre, aux semences, à l’eau et aux autres intrants
- le manque de compétences pour cultiver efficacement
- le manque de marchés pour leurs produits frais
- la pénurie de main d’œuvre à des périodes clés de l’année
- de mauvais sols, des semences de mauvaise qualité ou des cultures vulnérables aux maladies et aux parasites
- la sécheresse, les infestations de parasites, les inondations et les saisons des pluies imprévisibles
- la mauvaise santé, les blessures ou les autres situations qui les empêchent de travailler
les possibilités qu’ont les agricultrices et les agriculteurs d’améliorer leurs moyens de subsistance. Par exemple :
- les nouvelles cultures et les nouveaux marchés
- les nouvelles façons d’améliorer la fertilité des sols et les rendements
- les nouvelles façons d’entreposer les récoltes et de les protéger
les défis ou les menaces auxquels font face les agriculteurs. Par exemple :
- le changement climatique
- l’agitation politique
- une baisse des prix du marché ou de la demande sur les marchés
- des pénuries au niveau des intrants, comme les semences et les engrais
Vous serez en mesure d’utiliser les informations que vous tirez de vos visites sur le terrain pour vous aider à améliorer votre émission agricole.
Une visite de ferme: Pendant que vous êtes dans la collectivité, vous pourriez souhaiter visiter une ferme individuelle et demander à l’agriculteur ou à l’agricultrice de vous faire faire une tournée. C’est une bonne idée d’organiser la visite de cette ferme avant de rencontrer la collectivité. Demandez à l’agriculteur ou à l’agricultrice le calendrier agricole – quelles cultures il ou elle fait pousser aux différentes périodes de l’année. Posez des questions sur ce que vous voyez et sur l’état des choses dans le passé, ou sur ce que l’agriculteur ou l’agricultrice envisage de changer à l’avenir.
Trois autres activités de recherche: Pour celles et ceux qui ont plus d’expérience et/ou de formation en recherche sur les auditoires et des contacts plus réguliers avec les collectivités d’écoute, voici trois exercices plus structurés que vous pouvez entreprendre pendant vos visites sur le terrain pour vous aider à recueillir de l’information.
1) Rassembler un groupe d’agriculteurs pour une « discussion en groupe de réflexion »
Qu’est-ce qu’une discussion en groupe de réflexion? C’est simplement un groupe de gens, guidés par un animateur, parlant librement d’enjeux précis. Les discussions en groupe de réflexiondemandent souvent aux gens de répondre à des questions précises, même si les questions peuvent être très larges ou plus restreintes et plus précises.
Visez d’avoir au moins un groupe de réflexion avec des agricultrices, un avec des agriculteurs et, si possible, un avec de jeunes agriculteurs. Vous pourriez peut-être souhaiter également avoir une rencontre avec des agriculteurs plus âgés. Préparez-vous pour ces discussions en formulant quelques questions clés. Après chaque question clé, posez des questions de suivi en fonction des réponses des participants. Assurez-vous que chaque personne du groupe prend la parole. Demandez à un des membres de votre équipe de prendre des notes détaillées et un enregistrement audio de la discussion, afin de pouvoir vous concentrer à poser les bonnes questions et à écouter soigneusement les réponses.
Voici quelques exemples de questions qui peuvent aider à démarrer et à orienter vos discussions. N’oubliez pas qu’il est crucial de découvrir pourquoi les agriculteurs ont donné telle réponse. Mais voici un tuyau : n’utilisez pas le mot « pourquoi » lorsque vous animez la discussion. C’est votre boulot de découvrir pourquoi. Cette découverte vous aidera à comprendre leur situation.
Question (sur les points forts) : Qu’est-ce qui fonctionne bien pour vous actuellement en agriculture? Veuillez décrire comment cela va bien ou « Veuillez me donner quelques détails supplémentaires » ou « Veuillez expliquer ». (Ces demandes d’informations additionnelles peuvent être utilisées pour des questions de suivi sur les points forts, les points faibles, les possibilités et les défis/menaces.)
Selon la réponse, voici quelques questions de suivi possibles :
- Quelle culture/quel bétail vous apporte le plus gros succès? Comment?
- En quoi êtes-vous particulièrement bon comme agriculteur ou bonne comme agricultrice?
- Quelles fournitures et quel matériel avez-vous pour vous aider dans votre ferme?
- Qui est disponible pour vous aider pour le travail sur votre ferme?
Question (sur les points faibles) : Qu’est-ce qui ne fonctionne pas pour vous actuellement en agriculture? Veuillez expliquer.
Voici quelques questions de suivi possibles :
- Quels animaux/cultures vous causent des problèmes? Comment?
- Quels intrants sont difficiles à trouver?
- Manquez-vous d’informations ou de connaissances?
Question (sur les possibilités) : Y a-t-il des choses à même de survenir à l’avenir qui pourraient vous aider en agriculture? Veuillez expliquer.
Voici quelques questions de suivi possibles :
- Y a-t-il de nouveaux services/subventions/politiques gouvernementaux qui pourraient vous aider?
- Y a-t-il de nouveaux projets d’ONG qui pourraient vous aider?
- Y a-t-il de nouvelles occasions de mise en marché qui pourraient vous aider?
Question (sur les défis ou les menaces) : Y a-t-il quelque chose à même de survenir à l’avenir qui pourrait faire du tort à votre travail comme agriculteur?
Selon la réponse, voici quelques questions de suivi possibles :
- Êtes-vous inquiet à propos d’une perte future de terres?
- Êtes-vous inquiet à propos de la météo changeante?
Il est également important de découvrir comment les agriculteurs interagissent avec la chaîne de valeur pour les récoltes qu’ils vendent. En agriculture, une « chaîne de valeur » est définie comme étant les gens et les activités qui amènent un produit agricole de base, comme le maïs ou les légumes ou le coton, de la production dans le champ au consommateur, à travers des étapes comme la transformation, l’emballage et la distribution.
Question (sur la chaîne de valeur) : Demandez aux agriculteurs s’ils vendent une partie ou la totalité de leurs récoltes.
Voici quelques questions de suivi possibles :
- Où les vendez-vous? À qui?
- Font-ils partie d’une coopérative d’agriculteurs?
- Sont-ils satisfaits des prix qu’ils reçoivent?
- Transforment-ils certaines de leurs récoltes à la ferme? Par l’entremise de la coopérative?
- Leur coopérative ou eux-mêmes vendent-ils des produits transformés? À un détaillant? À un fabricant?
- Qu’en est-il des intrants? Où achètent-ils les intrants? Sont-ils satisfaits des prix qu’ils paient?
- Sont-ils satisfaits de leurs interactions avec la chaîne de valeur? Pensent-ils être traités équitablement?
Pour d’autres conseils sur la conduite d’un groupe de discussion, voir l’élément 3 dans le présent ensemble de ressources pour la radio agricole.
2) Un transect ou une marche exploratoire
Une marche exploratoire est simplement une conversation entre vous et plusieurs agriculteurs locaux qui se déroule pendant que vous marchez d’un côté de la collectivité à l’autre. Demandez aux villageois de choisir un parcours présentant la plus grande diversité en termes de paysage et d’agriculture. Votre boulot consiste à observer, à écouter et à poser des questions sur ce que vous voyez et sur l’endroit que vous traversez.
Demandez aux agriculteurs de montrer toutes les choses intéressantes, notamment :
- les cultures qu’ils font pousser ou le bétail qu’ils élèvent;
- les caractéristiques du paysage qui les aident ou qui posent un défi pour l’agriculture (par exemple les collines pourraient accroître l’érosion des sols et une rivière pourrait servir pour l’irrigation); et
- les aires communales et les aires protégées.
Assurez-vous de poser des tas de questions. Par exemple, vous pourriez demander :
- si les hommes ou les femmes font pousser une culture particulière;
- qui possède la terre;
- quels membres de la famille et de la collectivité prennent les décisions agricoles;
- qui contrôle les ressources (les hommes ou les femmes; les jeunes, les vieux ou les gens d’âge moyen; quel groupe culturel ou ethnique; les plus pauvres ou les plus fortunés); et
- quelle est la rotation des cultures.
Demandez à quelqu’un avec vous de prendre des notes sur les observations et les sujets de discussion.
3) Un exercice de « classement »
Demandez à un groupe de 8 à 10 agriculteurs de vous aider à générer une liste des sortes d’informations qui pourraient les aider en tant qu’agriculteurs. La liste pourrait comporter :
- les prix du marché pour les marchés locaux et régionaux
- les prévisions météorologiques locales
- des renseignements sur les semences
- des renseignements sur l’amélioration de la fertilité des sols
- des renseignements sur la transformation et l’entreposage des cultures récoltées
- des renseignements sur les préférences du marché
Essayez de regrouper la liste en 4 à 6 sortes d’informations. Ensuite, demandez au groupe de travailler ensemble pour classer la liste du plus important au moins important. Avec les agriculteurs, choisissez des objets physiques pour représenter les différentes sortes d’informations. Ensuite, donnez aux agriculteurs 20 pierres et demandez-leur de décider en groupe quel est la sorte d’informations la plus importante et quel est la moins importante. Ils peuvent le faire en plaçant plus de pierres près de la sorte d’informations qu’ils considèrent la plus importante et moins de pierres près des autres sortes.
Donnez au groupe suffisamment de temps pour prendre sa décision. Les agriculteurs pourraient très bien déplacer les pierres plusieurs fois d’une sorte d’informations à un autre avant d’en arriver à un résultat final. Écoutez soigneusement et prenez des notes de la discussion que les agriculteurs ont pendant qu’ils décident quelle sorte d’informations est la plus importante. En écoutant, vous apprendrez quelle sorte d’informations est plus importante qu’une autre.
Le tableau ci-après est un exemple de la façon dont les agriculteurs pourraient classer quatre sortes d’informations différentes.
Sorte d’informations | Article que les agriculteurs ont choisi pour représenter la sorte d’informations | Nombre de pierres |
Prix sur le marché local | Pièce | 8 |
Informations sur l’amélioration des sols | Morceau de métal | 5 |
Informations sur les semences | Bâton | 4 |
Prévisions météorologiques locales | Seau | 3 |
Partie II : Apprendre à connaître votre auditoire
La deuxième partie du présent dossier d’information donne quelques idées sur la façon de déterminer les caractéristiques – taille de la ferme, taille de la famille, principales cultures et principaux animaux, préférences d’écoute – de votre auditoire cible.
Détenir ces renseignements vous aidera à définir votre auditoire cible. Voici quelques auditoires cibles possibles pour une émission agricole : les agriculteurs, les agricultrices, les producteurs de café, les petits exploitants agricoles, les agriculteurs organiques, les jeunes agriculteurs, les agriculteurs commerciaux, les gens âgés de 14 à 25 ans, les étudiants du secondaire, les gens qui n’ont pas terminé leurs études primaires… Les possibilités sont infinies.
L’auditoire auquel vous voulez que votre émission plaise dépendra de la composition des collectivités rurales et des types d’agriculture pratiqués dans l’aire de diffusion de votre station de radio. Vous pouvez essayer d’en avoir une idée lorsque vous rendez visite à vos collectivités d’écoute et interagissez avec elles.
Vous trouverez ci-après deux groupes de questions qui vous aideront à définir qui est votre auditoire. Il est peu probable que vous serez en mesure de trouver des réponses précises à ces questions; il est peu probable que des renseignements statistiques précis soient disponibles. Par conséquent, vous devrez faire vos propres enquêtes et faire vos meilleures estimations personnelles.
Vous ne serez peut-être pas en mesure d’obtenir des informations sur toutes les questions énumérées ici. Ne vous inquiétez pas; ce qui compte c’est de penser à des questions comme celles-ci et d’essayer d’obtenir autant de réponses valables que possible.
Renseignements démographiques (informations sur les gens et ce qu’ils font) :
- Quelle proportion (par exemple un quart, une moitié, trois quart, 95 %) des adultes de votre zone d’écoute dépendent des cultures et/ou du bétail pour une partie ou la totalité de leurs moyens de subsistance?
- Quelle est la taille moyenne des fermes?
- Combien de personnes y a-t-il dans la famille agricole moyenne?
- Quelle est la proportion des petits exploitants agricoles?
- Quelle est la proportion des gros exploitants agricoles ou des agriculteurs commerciaux?
- Quel est le revenu moyen des familles agricoles?
- Y a-t-il une saison de vaches maigres ou une période de famine dans votre région? Si oui, quand?
- Comment s’adaptent les familles durant la période de famine?
- Les familles rurales ont-elles accès à de bons services de vulgarisation agricoles?
- Quelle proportion des familles rurales représente les agriculteurs de subsistance qui ne vendent rien sur les marchés?
- Quelle proportion des familles rurales dépend des marchés pour un revenu?
- Quelle proportion des familles rurales a d’autres sources de revenu, en dehors de leurs activités agricoles?
- Quelles sont les principales cultures récoltées et les principaux animaux élevés dans votre région?
- Que font les agricultrices qui est différent des agriculteurs?
- Quelle proportion de jeunes est engagée dans l’agriculture?
- Quelle proportion des hommes ruraux est alphabète?
- Quelle proportion des femmes rurales est alphabète?
Questions sur l’accès à la radio:
- Quelle proportion des agriculteurs (par exemple un quart, une moitié, trois quart, 95 %) a accès à des radios dans leurs foyers?
- Quelle proportion des agricultrices a accès à des radios dans leurs foyers?
- Votre station de radio peut-elle être entendue par tout le monde dans le rayon de votre transmetteur?
- Quelle proportion des agriculteurs écoute des émissions de radio en groupes?
- Quelle proportion des agricultrices écoute des émissions de radio en groupes?
- Quelles sont les émissions radiophoniques préférées des agriculteurs?
- Quelles sont les émissions radiophoniques préférées des agricultrices?
- Quelles sont les émissions radiophoniques préférées des jeunes agriculteurs?
- Quelles sont les émissions radiophoniques préférées des agriculteurs plus âgés?
- Expliquez pourquoi ces émissions sont populaires.
- Les agriculteurs obtiennent-ils leurs informations agricoles de la radio? Si oui, quelles sont leurs sources — quelles stations et quelles émissions?
- Les agricultrices obtiennent-elles leurs informations agricoles de la radio? Si oui, quelles sont leurs sources — quelles stations et quelles émissions?
- À quelles heures les familles préfèrent-elles écouter la radio pour obtenir des informations agricoles?
- À quelles heures les agriculteurs préfèrent-ils écouter la radio pour obtenir des informations agricoles?
- À quelles heures les agricultrices préfèrent-elles écouter la radio pour obtenir des informations agricoles?
Vous pouvez probablement penser à beaucoup d’autres questions du genre. Les réponses à ces questions devraient vous aider à mieux définir l’auditoire cible pour votre émission agricole.
N’oubliez pas d’être spécifique lorsque vous définissez votre auditoire. Votre auditoire souhaité devrait probablement ne pas être « Tous les agriculteurs et les agricultrices de 10 à 80 ans ayant des fermes d’une superficie de 0,5 à 100 ha ». Les besoins et les pratiques agricoles de ce groupe très large et diversifié seront également très diversifiés, tout comme leurs préférences pour la sorte d’émission. Néanmoins, beaucoup de petits exploitants agricoles d’une région en particulier auront d’importants enjeux en commun. Votre émission agricole devrait consacrer la majorité de son temps à ces enjeux communs, tout en créant également des émissions qui couvrent des sujets potentiellement utiles seulement à une sous-section du milieu agricole.
Il se pourrait que les femmes préfèrent massivement écouter une émission agricole à l’heure de préparer le dîner parce que c’est le moment où elles ont le contrôle sur la radio, mais que les hommes soient dehors pour se détendre à ce moment-là. Si tel est le cas, ce n’est pas une bonne idée de faire une émission qui cible les deux groupes, à moins de pouvoir programmer des reprises pour couvrir la période d’écoute préférée de plus d’un groupe.
Conclusion: N’oubliez pas que la recherche d’auditoire est un processus continu. Votre auditoire changera au fil du temps, ainsi que le besoin de votre auditoire pour certaines sortes d’informations. Il est donc crucial d’établir un rapport respectueux et détendu. Vous n’êtes pas dans la collectivité uniquement pour obtenir des informations. N’oubliez pas que votre boulot consiste à servir votre collectivité d’écoute!
Acknowledgements
Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur en chef, Radios Rurales Internationales, basé sur des documents préparés par Doug Ward, président, Radios Rurales Internationales, Blythe McKay, gestionnaire, Ressources pour les radiodiffuseurs, Radios Rurales Internationales et David Mowbray, gestionnaire, Formation et Normes, Radios Rurales Internationales.
Révision : Doug Ward, président, Radios Rurales Internationales.
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.
Projet réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
Information sources
Search for Common Ground, 2010. Un Guide Pour Cibler Les Publics De Radios
Pour La Consolida5on De La Paix: Manuel d’information. http://radiopeaceafrica.org/assets/texts/pdf/201010TargetAudience_EN_color.pdf
Graham Mytton, 1999. Handbook on Radio and Television Audience Research. http://www.cba.org.uk/wp-content/uploads/2012/04/auditoire_recherche.pdf
Sol Plaatje Institute for Media Leadership, 2009. Formative Target Audience Research: A Case Study of Five Community Radio Stations in South Africa. http://spi.ru.ac.za/images/stories/PDFs/publications/Formative_Target_Audience_Research.pdf