Améliorer la sécurité alimentaire pour les Ougandais : La campagne radiophonique participative de Teso sur le manioc Akena

Cultures agricolesNutrition

Notes au radiodiffuseur

Entre 2007 et 2010, l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique (IRRRA) de Radios Rurales Internationales a collaboré avec cinq stations de radio en Ouganda pour réaliser des campagnes radiophoniques participatives (CRP). L’un des objectifs de l’IRRRA visait à savoir de quelle façon la radio peut aider au mieux les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles efficaces et peu coûteuses qui améliorent leur sécurité alimentaire.

Voice of Teso était l’une des stations impliquées dans l’IRRRA. Une variété de manioc appelée Akena a été choisie comme pratique agricole améliorée pour l’une des CRP.

Voice of Teso a réalisé des émissions interactives hebdomadaires sur le manioc Akena pendant six mois, en collaboration avec les collectivités locales, des agents de vulgarisation et des experts agricoles.

Le projet de l’IRRRA a démontré qu’une campagne radiophonique participative soigneusement documentée et planifiée portant sur une amélioration agricole choisie par les agriculteurs peut offrir des avantages généralisés, pas seulement dans les zones ciblées mais aussi dans les collectivités situées à l’extérieur des zones d’intervention directe.

Le présent texte résume brièvement la CRP. Il présente une entrevue avec le réalisateur de l’émission, ainsi que des entrevues avec deux agriculteurs et un agent de vulgarisation. Ces entrevues ont été réalisées plus de deux ans après la fin de la CRP.

Pour obtenir plus d’informations sur l’IRRRA, consultez le site Web de Radios Rurales Internationales à l’adresse http://frrp.wpengine.com/portfolio/project-1/.

Le principal objectif du présent texte vise à relater le succès de la CRP en Ouganda. Mais il peut également vous faire penser à la valeur d’une implication plus active des agriculteurs dans votre programmation. Vous pourriez souhaiter demander aux membres de la collectivité quels sont les problèmes de sécurité alimentaire les plus importants pour les agricultrices et les agriculteurs dans votre zone d’écoute. Les agriculteurs aiment entendre en ondes leurs propres voix et celles de leurs voisins. Vous pouvez inclure les agriculteurs par des tribunes téléphoniques, en enregistrant des entrevues avec des agriculteurs dans leurs champs, sur les marchés, en studio ou lors de discussions avec des agents de vulgarisation et d’autres travailleurs agricoles à la station.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

 

Texte

Animateur 1 :
Bonjour à tous nos auditeurs et auditrices. Je m’appelle __________.

Animateur 2 :
Et moi je m’appelle _______. Aujourd’hui, nous allons vous parler
d’une campagne radiophonique qui a été diffusée il y a quelques années par Voice of Teso dans l’est de l’Ouganda. La campagne a familiarisé les agriculteurs avec une nouvelle variété de manioc résistante aux maladies appelée Akena. Elle leur a donné des tas de renseignements sur la nouvelle variété, assez pour que les agriculteurs puissent faire le choix éclairé de planter ou non cette culture.

Animateur 1 :
C’est exact. Restez à l’écoute pour en apprendre davantage sur la façon dont ce projet unique a non seulement contribué à apporter une plus grande sécurité alimentaire dans la région de Teso, mais aussi comment il a impliqué de près les agriculteurs dans la réalisation et la diffusion et a mis les voix des agriculteurs en ondes!

Pause musicale de vingt secondes et fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

Animateur 2 :
Bon retour. Nous allons vous parler davantage de cette campagne radiophonique fructueuse. Radios Rurales Internationales est une ONG canadienne qui a dirigé de 2007 à 2010 un projet intitulé Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique ou IRRRA. Le projet a été mené dans cinq pays africains – l’Ouganda, la Tanzanie, le Malawi, le Ghana et le Mali.

Animateur 1 :
L’une des activités innovatrices de l’IRRRA était appelée campagne radiophonique participative ou CRP. Les CRP étaient diffusées par les stations de radio locales et impliquaient des agriculteurs locaux. Pour chaque campagne radiophonique, les agriculteurs étaient priés de choisir une pratique agricole particulière qui les aiderait à accroître leur sécurité alimentaire. Des agents de vulgarisation et d’autres experts agricoles contribuaient également au choix de la pratique. La pratique choisie devenait le centre d’intérêt de la campagne.

Animateur 2 :
Une fois que la pratique était choisie, les agriculteurs et d’autres personnes contribuaient à modeler le contenu de l’émission. Les agriculteurs interagissaient avec la station de radio durant toute la campagne. Ils se servaient de leurs téléphones mobiles pour parler aux animateurs et aux réalisateurs. Les informations qu’ils recevaient sur leurs téléphones mobiles les aidaient à faire le choix de mettre en œuvre ou pas l’amélioration.

Animateur 1 :
(Pause) Le manioc est un aliment de base important pour les collectivités dans la région de Teso dans l’est de l’Ouganda. Mais cela n’a pas été facile de faire pousser du manioc au cours des dernières années. Voici un bref historique pour planter le décor.

Animateur 2 :
En 1990, il y a eu d’importantes flambées de deux maladies du manioc. Les maladies ont frappé durement les agriculteurs, les forçant à réduire leur superficie cultivée en manioc. De nombreux ménages ont dû acheter du manioc dans des districts voisins.

L’avenir semblait plus rose en 2005. Les sélectionneurs avaient développé de nouvelles variétés qui étaient résistantes au virus de la mosaïque du manioc. Ces nouvelles variétés ont été introduites dans la région de Teso. Malheureusement, l’année suivante, cet espoir s’est transformé en déception. Les nouvelles variétés étaient vulnérables à une nouvelle souche du virus des stries brunes du manioc. Les agriculteurs ont perdu des milliers d’acres de manioc.

Animateur 1 :
Donc, en 2007, avec cette histoire récente à l’esprit, les agriculteurs, les agents de vulgarisation, les gouvernements de district et national, les chercheurs agricoles et les experts-conseils se sont réunis par l’entremise du projet de l’IRRRA. Ils se sont rencontrés pour choisir une pratique agricole à promouvoir dans le cadre de la campagne radiophonique participative de l’IRRRA. Après bien des discussions, ils ont décidé que la campagne mettrait l’accent sur une nouvelle variété de manioc résistante aux maladies appelée Akena. Les agriculteurs et les autres intervenants étaient confiants que la variété Akena apporterait une plus grande sécurité alimentaire à la région de Teso. Ainsi, en novembre 2008, l’IRRRA et la station Voice of Teso lancèrent une campagne radiophonique participative portant sur le manioc Akena.

Pause musicale de dix secondes

Animateur 1 :
Voice of Teso diffusa une émission hebdomadaire appelée Akoriok Akoroto Emwogo, qui signifie « Augmenter progressivement la production de manioc Akena ». Elle se concentrait sur l’accroissement de la superficie cultivée en manioc Akena dans la région de Teso. Elle fut diffusée en langue locale Ateso les mercredis soirs et dura de novembre 2008 à avril 2009. Davies Alachu réalisa l’émission et Okotel Jonathan en fut l’animateur.

Animateur 2 :
La campagne fournissait des renseignements détaillés sur le manioc Akena. Elle comportait des informations sur la façon de faire pousser le manioc Akena; des renseignements sur la gestion des parasites et des maladies; des informations sur la récolte, l’entreposage et la transformation; et des renseignements sur la façon de trouver du matériel végétal. La campagne offrait aux agriculteurs de nombreuses occasions de poser des questions.

Animateur 1 :
Les diffusions ont généré beaucoup d’intérêt! Selon les agents de vulgarisation, les ONG et le Service consultatif agricole national de l’Ouganda, les émissions ont provoqué un énorme pic de la demande pour les plants d’Akena et pour les services consultatifs. La superficie plantée en manioc Akena augmenta de 25 à 82 acres dans les collectivités qui écoutaient la campagne et qui ont interagi avec les radiodiffuseurs.

Animateur 2 :
Mais ce succès a-t-il persisté? Et les agriculteurs étaient-ils heureux de leur décision de planter du manioc Akena? Vous allez le savoir. En juillet 2011, plus de deux ans après la fin de la campagne, Radios Rurales Internationales a parlé avec Davies Alachu, le réalisateur de la campagne sur le manioc Akena à la station Voice of Teso. En septembre et novembre 2011, Davies Alachu interviewa un agriculteur local et un agent de vulgarisation. Nous allons entendre l’entrevue avec Davies Alachu après une courte pause musicale.

Pause musicale de trente secondes

Intervieweur :
Bienvenue, Davies Alachu. Voici ma première question : Comment la superficie cultivée en manioc Akena a-t-elle changé depuis la fin de la campagne radiophonique de l’IRRRA en avril 2009?

Davies Alachu :
La superficie cultivée a augmenté; les gens plantent plus de manioc Akena actuellement qu’avant la campagne.

Intervieweur :
Plantent-ils davantage de manioc seulement dans les collectivités actives, celles qui ont interagi étroitement avec la campagne radiophonique? Ou est-ce que toutes les collectivités plantent plus de manioc Akena?

Davies Alachu :
Nous constatons surtout l’augmentation dans les collectivités d’écoute active. Mais les gens des collectivités situées en dehors de la zone d’écoute exigent maintenant des plants de manioc et demandent plus d’informations sur la manutention après la récolte. Ils constatent comment les autres agriculteurs ont tiré des leçons de la campagne et ils veulent eux aussi ces avantages.

Intervieweur :
Les agriculteurs sont-ils satisfaits du rendement du manioc Akena?

Davies Alachu :
Ouais, les gens en sont satisfaits. Sur l’un des marchés, quelques agriculteurs du village d’Amootot ont apporté leur manioc au marché et, fait intéressant, ce manioc était très très propre. Ils ont de toute évidence prêté l’oreille aux émissions et ils savaient qu’il fallait le laver et le faire sécher dans un environnement propre. Comme il était tellement propre, il a donné de la farine de première qualité et a obtenu un prix supérieur à l’autre manioc.

Intervieweur :
Y a-t-il eu des changements dans la façon dont le manioc est commercialisé depuis la campagne radiophonique?

Davies Alachu :
Oui. Tout d’abord, la qualité du manioc s’est améliorée et les agriculteurs en tirent un prix élevé. Et les agriculteurs essaient également de faire une mise en marché collective, qui était promue durant la campagne. Par exemple, si un agriculteur a deux contenants de manioc, un autre en a un et un troisième en a trois, ils les regroupent et choisissent quelqu’un pour les apporter au marché. Ils tiennent un compte du nombre de contenants de manioc que chaque agriculteur a contribués. Ensuite, après la vente, ils se partagent l’argent en conséquence.

Il y a également eu une certaine valeur ajoutée en raison des leçons qu’ils ont tirées de notre émission sur la manutention après la récolte – laver le manioc, le faire sécher, etc.

Intervieweur :
Votre implication dans la campagne radiophonique participative a-t-elle changé la façon dont vous voyez votre rôle de radiodiffuseur?

Davies Alachu :
En fait, les formats que l’IRRRA a utilisés et les formations qu’on nous a dispensées nous ont vraiment aidés à interagir avec les agriculteurs. Les différents formats des émissions – les enregistrements dans les champs, les émissions en tribune téléphonique pour faire appel à des techniciens et les appels des agriculteurs – ont changé la situation si bien que les agriculteurs se sont vraiment appropriés cette émission.

Lorsque nous allions dans les champs, les agriculteurs nous parlaient très librement. Ils estimaient qu’ils faisaient partie de l’émission et que l’émission était la leur. C’était vraiment très ouvert – ils pouvaient avoir de bonnes discussions avec les agents de vulgarisation et soulever vraiment leurs problèmes. Les agents de vulgarisation faisaient des démonstrations immédiatement dans les champs des agriculteurs. Par exemple, les agriculteurs pouvaient apporter du manioc atteint d’une certaine maladie et les agents de vulgarisation leur montraient toutes les mesures de précaution pour éviter la maladie, là dans le champ.

Intervieweur :
Ce genre d’interaction libre entre les agriculteurs et les agents de vulgarisation et les radiodiffuseurs survenait-il avant la campagne?

Davies Alachu :
Il y avait vraiment très peu d’interactions avant la campagne. C’était une communication à sens unique. Lorsqu’il y avait une flambée d’une maladie, il se peut que quelques experts techniques venaient à la station pour acheter du temps d’antenne et alors ils faisaient simplement une conférence – c’était beaucoup de paroles et de bavardage. Les gens téléphonaient et ils répondaient à quelques questions. Et c’était à peu près tout. Ce n’était pas constant; c’est quelque chose qui arrivait lorsqu’une crise éclatait.

Mais le genre d’interaction qui a débuté durant la campagne se poursuit encore aujourd’hui parce que, même maintenant, nous passons cette émission. Nous diffusons aux collectivités avec lesquelles nous travaillions durant la campagne et nous essayons de l’étendre à d’autres régions. Certains des agriculteurs dans les collectivités avec lesquelles nous travaillions ont vraiment appris beaucoup. Ils partagent des expériences avec les agriculteurs dans des zones avec lesquelles nous ne collaborions pas étroitement. Ainsi, les agriculteurs apprennent dorénavant entre eux.

Intervieweur :
On a raconté que les agriculteurs aiment entendre leurs propres voix et celles de leurs voisins agriculteurs à la radio. Avez-vous constaté si cela était vrai?

Davies Alachu :
Ouais, nous l’avons vraiment constaté. Les agriculteurs dans les collectivités avec lesquelles nous ne travaillions pas appelaient pour demander quand nous allions venir les interviewer. Ils disaient qu’ils avaient également besoin de faire connaître leurs problèmes à la radio et de les faire régler par les techniciens. Ils se rendaient compte que la radio pouvait constituer une très bonne tribune pour leur apprentissage, mais aussi pour parler de leurs défis.

Intervieweur :
Votre implication dans la campagne a-t-elle changé votre façon de faire des recherches et de créer des émissions pour les agriculteurs?

Davies Alachu :
Ouais, elle l’a vraiment changée beaucoup. Auparavant, peut-être qu’une seule ONG serait venue à la station. Elle aurait fait valoir son intérêt personnel, mentionné quelques enjeux qu’elle souhaitait soulever au sujet des agriculteurs, de l’agriculture, ou peut-être aurait-elle simplement voulu parler de ses activités. Mais cela pouvait bien ne pas intéresser vraiment les agriculteurs. Ils veulent savoir comment ils peuvent tirer des rendements élevés de leurs bananes ou de leur manioc ou d’autres denrées alimentaires de base qu’ils font pousser. Ce serait simplement une occasion manquée si vous parliez de pastèques, par exemple, parce que très peu de nos agriculteurs font pousser des pastèques. C’est ainsi que nous faisions les émissions radiophoniques agricoles, ce qui n’était pas vraiment très professionnel.

Lorsque nous avons débuté la campagne de l’IRRRA, nous nous sommes rendu compte qu’il faut tout d’abord aller voir les agriculteurs pour connaître leurs besoins. Ensuite, vous déterminez qui serait la meilleure personne pour aborder ces besoins. Et les agriculteurs ont vraiment été très reconnaissants pour ce genre d’approche. Elle nous a aidés à changer non seulement notre agriculture et nos émissions agricoles, mais même nos émissions sur la santé.

Intervieweur :
À votre avis, la campagne a-t-elle été un succès?

Davies Alachu :
Ouais, la campagne a été un succès, même si les agriculteurs ont encore des tas de besoins. Et c’est pour cela que nous avons décidé de poursuivre l’émission, même s’il y a parfois des restrictions concernant les visites dans les champs. Lorsqu’il n’y a pas de transport pour se rendre dans les champs, nous appelons quelques agriculteurs et nous enregistrons les appels. Nous demandons aux techniciens de venir dans nos bureaux ici même.

Mais ce serait mieux, beaucoup mieux de nous rendre sur place et d’interagir librement avec les agriculteurs, et de les enregistrer. Le message transmis serait ainsi beaucoup plus fort. Le plus grand défi consiste donc à nous rendre dans les champs pour les visites et les entrevues.

Animateur 1 :
Ensuite, Davies Alachu s’entretiendra avec un agriculteur local qui a adopté le manioc Akena par suite de la campagne de l’IRRRA. Restez à l’écoute.

Montée de bruits de la ferme – animaux, oiseaux, bruits de gens travaillant dans les champs. Fondu enchaîné et maintien pendant l’entrevue

Davies Alachu :
Bonjour Mme Alaso. Qu’avez-vous appris des émissions radiophoniques de l’IRRRA portant sur le manioc Akena?

Mme Alaso :
Nous avons appris au sujet de différentes variétés de manioc comme Akena, 2961 et bien d’autres. Vous savez que certaines personnes avaient l’habitude de profiter de nous, les agriculteurs, parce qu’elles pensaient que nous étions des ignorants. Mais maintenant nous avons tous les connaissances nécessaires. Cela nous a aidés à économiser de l’argent que les vendeurs de traitements chimiques avaient l’habitude de nous voler. Nous avons appris comment identifier la plupart des maladies du manioc. Le plus souvent, le traitement consiste simplement à déraciner la plante touchée et à la brûler. En outre, les émissions de l’IRRRA nous ont aidés à interagir librement avec les agents de vulgarisation en studio et dans nos champs.

Davies Alachu :
Quoi d’autre avez-vous appris sur le manioc Akena?

Mme Alaso :
Nous avons appris comment planter – l’espacement entre les plantes, quand désherber et quand récolter. Tout cela contribue à un bon rendement.

Nous avons appris à manipuler convenablement notre manioc après la récolte et à nous assurer qu’il est propre. Par exemple, nous n’avions pas l’habitude de laver le manioc après la récolte. Nous le faisions simplement sécher n’importe où. Mais on nous a enseigné des pratiques de manipulation post-récolte pour accroître la valeur du manioc. Maintenant donc, après avoir récolté le manioc, nous le lavons et le séchons sur une surface propre. À la fin, vous obtenez de la farine très blanche, propre et sans sable.

Davies Alachu :
Lorsque vous repensez au début de la campagne, la superficie de votre culture du manioc a-t-elle augmenté comparativement à la période précédant la campagne?

Mme Alaso :
Oh, elle a augmenté beaucoup, comme vous pouvez le voir. Je suis certain que vous avez remarqué, en venant ici, que chaque maison du village a dorénavant au moins un hectare de manioc. Avant, c’était moins d’un demi-hectare. Nous allons en planter encore davantage maintenant que nous savons comment ajouter de la valeur au manioc pour obtenir de l’argent, comparativement à l’époque où nous le vendions à très bas prix. Nous envisageons même de faire du gari. (Note de la rédaction : le gari est une farine fabriquée à partir de tubercules de manioc fermentés.)

Davies Alachu :
Comment commercialisiez-vous votre manioc avant la campagne radiophonique et comment le faites-vous à présent?

Mme Alaso :
(En ricanant) Certaines personnes vendaient le manioc alors qu’il était encore dans leurs champs. D’autres emmenaient les tubercules frais au marché et les vendaient en petits tas pour 300 à 500 shillings ougandais le tas (Note de la rédaction : environ 12 à 20 cents américains). D’autres le séchaient et le vendaient en copeaux de manioc à des gens d’affaires qui allaient le moudre pour le vendre comme farine de manioc.

En outre, nous avions l’habitude de faire pousser le manioc uniquement sur de petites parcelles pour le consommer à la maison. Mais, depuis l’arrivée de l’IRRRA à la radio, nous faisons dorénavant pousser le manioc en grandes quantités et nous le vendons en groupe. De cette façon, nous pouvons en tirer un meilleur prix. Cela s’appelle la mise en marché collective et nous évitons les intermédiaires qui nous roulent.

Davies Alachu :
Maintenant que la campagne a pris fin, utilisez-vous encore la variété Akena?

Mme Alaso :
Oui bien sûr et aussi d’autres variétés comme Mygeria – que nous appelons localement Nigeria. La variété Akena a maintenant succombé à la maladie des stries brunes du manioc. Mais nous le plantons encore car nous avons peu d’options.

Davies Alachu :
Quoi d’autre avez-vous appris de la campagne radiophonique de l’IRRRA?

Mme Alaso :
Comme l’émission était en langue locale et que les agriculteurs étaient impliqués, cela nous a aidés à apprendre des autres agriculteurs. Alors, je me suis rendu compte que la radio est un outil puissant pour instruire et informer les agriculteurs. J’ai aussi appris que les gens de la radio ne sont pas fiers. Les animateurs venaient toujours s’asseoir avec nous pour enregistrer nos voix et emporter l’enregistrement à la radio.

Davies Alachu :
Si la campagne devait se poursuivre, quel sujet aimeriez-vous la voir aborder?

Mme Alaso :
Nous aimerions la voir s’étendre à d’autres cultures et nous apprendre comment ajouter de la valeur à d’autres cultures, comme nous l’avons appris pour le manioc.

Montée de bruits de la ferme, ensuite fondu enchaîné croisé des bruits de la ferme vers la musique, puis baisse de la musique et maintien sous la voix de l’animateur

Animateur 1 :
Après une courte pause, nous serons de retour avec une entrevue avec M. Opus Joseph, agent de vulgarisation qui a travaillé à la campagne radiophonique portant sur le manioc Akena. Restez avec nous.

Montée de la musique pendant 20 secondes puis sortie

Animateur 1 :
Revoici Davies Alachu interviewant M. Opus Joseph.

Davies Alachu :
À titre d’agent de vulgarisation, pourriez-vous nous dire si les agriculteurs ont accru leur culture du manioc Akena depuis la campagne radiophonique?

Opus Joseph :
Oui, pour un certain nombre de raisons. Premièrement, ils ont obtenu de l’information sur le lieu d’obtention de bons plants, également sur le prix et aussi d’autres renseignements. Deuxièmement, les émissions radiophoniques leur ont donné des connaissances sur la valeur ajoutée, la mise en marché collective, la manutention post-récolte, l’identification et la gestion des tiges malades infectées et la façon de différencier les bons plants des tiges infectées. Cela les a aussi aidés à savoir quand planter et quel type de sol donne un bon rendement.

Malheureusement, le manioc Akena a succombé à la maladie des stries brunes du manioc. Après cela, la plupart des agriculteurs ont cessé de le planter et ont adopté la variété Mygeria ou la variété 2961. Cependant, même la variété 2961 a succombé à la maladie des stries brunes du manioc.

Davies Alachu :
Pour vous, à titre d’agent de vulgarisation, quels ont été quelques-uns des défis à relever pour mener à bien la campagne sur le manioc Akena?

Opus Joseph :
Même si la radio s’est révélée être un outil très utile pour éduquer les agriculteurs, ce ne sont pas tous les ménages qui ont des radios. En outre, la case horaire de l’émission n’était pas appropriée dans certains cas. De plus, des experts précis n’étaient parfois pas disponibles pour parler. Enfin, l’émission était trop courte.

Davies Alachu :
À titre d’agent de vulgarisation, qu’avez-vous appris de votre implication dans la campagne du manioc Akena?

Opus Joseph :
J’ai appris l’importance d’utiliser des groupes pour transmettre l’information, j’ai appris comment utiliser les outils des TIC, comme les enregistreuses MP3, et j’ai appris comment réaliser des émissions en studio en éditant les entrevues, etc.

Davies Alachu :
En jetant un coup d’œil en arrière, pensez-vous que la campagne a été un succès?

Opus Joseph :
Un immense succès parce que l’accent a été mis très fortement sur la mise en marché et la valeur ajoutée.

Davies Alachu :
Merci beaucoup, Joseph Opus, pour votre temps.

Montée de la musique, maintien pendant cinq secondes et fondu enchaîné sous la voix des animateurs

Animateur 1 :
Aujourd’hui, vous avez toutes et tous entendu parler d’une campagne radiophonique participative effectuée par la station de radio Voice of Radio et par Radios Rurales Internationales. La campagne a accru considérablement la superficie cultivée par les agriculteurs en manioc Akena dans les collectivités qui écoutaient les émissions et interagissaient – et même dans les collectivités au-delà des zones d’écoute.

Animateur 2 :
C’est exact. Comme vous l’avez entendu de la bouche de l’agent de vulgarisation, quelque temps après l’achèvement de la campagne radiophonique, le manioc Akena a malheureusement été infecté par une nouvelle souche du virus des stries brunes du manioc. Mais cela ne veut pas dire que la campagne n’a pas fonctionné.

Animateur 1 :
Non, pas du tout. La campagne a démontré qu’une série d’émissions radiophoniques basées sur une pratique agricole choisie par les agriculteurs et à laquelle ils participent peut accroître l’adoption de cette pratique. Ce sont de bonnes nouvelles pour les radiodiffuseurs d’émissions agricoles!

Animateur 2 :
Oui, c’est exact! Au micro ________ qui met fin à l’émission d’aujourd’hui. Nous espérons que vous avez apprécié notre émission.

Animateur 1 :
Et au micro _________ qui vous dit au revoir.

Montée de la musique, maintien pendant 15 secondes, puis fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur en chef, Radios Rurales Internationales.

Révision : Askebir Gebru, agent de programme, Radios Rurales Internationales.

Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Projet réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)

Information sources

Entrevue avec Davies Alachu, réalisateur, Voice of Teso, 15 juillet 2011.

Entrevue avec Mme Alaso, effectuée par Davies Alachu, le 22 septembre 2011.

Entrevue avec M. Opus Joseph, effectuée par Davies Alachu, le 25 novembre 2011.