Conservation du sol avec les cordons pierreux

Santé des sols

Notes au radiodiffuseur

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Depuis la nuit des temps, le sol est soumis à l’érosion hydrique et éolienne et à des actions humaines qui ont des effets négatifs. Les sols sont peu à peu érodés par l’eau et les particules fines sont emportées par le vent. Les agriculteurs ont accentué l’appauvrissement des sols par des labours et une gestion du sol inappropriés. Les rendements diminuent année après année.

Par conséquent, les petits exploitants agricoles arrivent difficilement à nourrir leur famille. Ils ont conscience que le sol a perdu de sa capacité de production alimentaire. C’est le cas des agriculteurs de la commune de Ramongo, située dans le Centre ouest du Burkina Faso, à 85 kilomètres de la capitale, Ouagadougou. L’eau de pluie a emporté la couche arable qui nourrit les plantes. Les ravines ont réduit la superficie des champs. Toutefois, les agriculteurs ne sont pas découragés. À la suite d’une visite du Programme national de gestion des terroirs, ils ont construit des cordons pierreux à travers leurs champs.

Nous avons rencontré deux agriculteurs locaux et un technicien en agriculture qui ont bien voulu partager avec nous leurs expériences en matière de conservation du sol.

Ce texte est un mini-feuilleton basé sur d’authentiques interviews avec des agriculteurs et des agents de projet. Il pourrait vous servir d’inspiration pour conduire une recherche ou pour écrire un autre texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en ayant recours aux voix d’acteurs pour représenter les personnages. Le cas échéant, veuillez vous assurer d’informer l’auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs, et non les personnages impliqués dans l’interview originale.

Texte

Musique instrumentale

Narrateur :
L’homme est petit de taille mais bien ramassé. Il a plus de soixante ans. Les yeux pétillants, Akali se lève, caresse une barbe assez hirsute et parle sur un ton rassurant.

Akali
:
C’était un matin de janvier. Je m’en souviens bien. Un gestionnaire d’un programme du gouvernement pour la conservation du sol est venu nous rencontrer dans la cour de l’encadreur. Nous étions nombreux ce jour-là. Il nous a dit que nos terres étaient encore bonnes. Mais elles avaient un ennemi. L’eau de pluie qui les menaçait chaque année. Elle emportait la bonne terre et laissait derrière elle des ravines. Nous ne pouvons pas semer dans ces lieux. À dire vrai, nous-mêmes, nous avions remarqué cela. Alors, comment remédier à cette situation? Comment récupérer ce bon sol? C’est ce qu’il a discuté avec nous.

Narrateur :
Dès qu’il eût fini de parler, Badali, le voisin d’Akali ne put se retenir de prendre la parole, et continua le récit.
Badali :
Le sujet a attiré l’attention de tout le monde. Beaucoup de questions ont été posées et beaucoup de propositions ont été faites pour ralentir la course de l’eau. Certains ont suggéré de planter des arbres autour des champs. L’assistance a rejeté cette proposition. Les propriétaires terriens refusent aux locataires de planter des arbres sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Par ailleurs, un arbre ne grandit pas en un mois. Certains ont suggéré d’étaler des tiges de millet sur le sol pour ralentir l’eau. Mais les tiges de millet ont maintenant remplacé le bois comme combustible et servent aussi à nourrir le bétail. D’autres ont proposé la construction de cordons pierreux qu’ils voient dans les contrées voisines. Nous avons beaucoup parlé avant de nous décider.

Akali :
Après de longues discussions, les gens ont choisi les cordons pierreux dont on dit beaucoup de bien dans les communes voisines. L’homme du gouvernement est reparti avec cette requête. Quelques semaines plus tard, des techniciens sont venus nous voir. Ils ont parlé avec nous et ont identifié les agriculteurs qui voulaient construire des cordons pierreux. Trois jours après, ils sont revenus avec du matériel tel que des pics, des marteaux et des charrettes qu’ils ont distribué aux agriculteurs. Aujourd’hui, il y a de longs cordons pierreux à travers notre village.

Narrateur :
Assis sur une chaise en face des agriculteurs, il portait une chemise bleue et un pantalon noir. Ses lunettes étaient épaisses et blanches comme celles des infirmiers de la période coloniale. C’était le vulgarisateur. En réunion avec les agriculteurs, il a expliqué ce qu’étaient les cordons pierreux et comment ils étaient construits.

Vulgarisateur :
Les cordons pierreux sont des digues en pierres d’une hauteur de 50 centimètres environ. Les pierres sont alignées suivant les courbes de niveau sur les terrains en pente. Les lignes de niveau sont des lignes imaginaires qui relient les sections de terrain à hauteur égale. Les cordons freinent l’avancée de l’eau et lui permettent de s’infiltrer dans le sol. Ils empêchent également l’eau d’emporter les nutriments du sol. Cela garde le sol fertile et humide. Ainsi, les plantes peuvent pousser comme il faut et donner de bons rendements. Et si les récoltes sont bonnes, les familles ne connaîtront pas la faim.

Badali :
C’est bien dit, monsieur le vulgarisateur! Continuez!

Vulgarisateur :
La construction des cordons pierreux sur une grande étendue demande néanmoins des pierres et beaucoup de travail.

Mais une petite famille peut également construire des cordons pierreux sur une petite superficie sans avoir besoin d’un gros équipement. Sur le terrain, vous avez vu comment vous avez posé les pierres en vous servant d’un niveau à eau. On fait d’abord le repérage de la courbe de niveau à l’aide du niveau à eau; puis on aligne les pierres le long de la courbe de niveau. Les pierres sont alignées en travers de la pente, dans le sens directement opposé à la direction descendante de la pente. De cette façon, ils freinent la progression de l’eau vers le bas de la pente. Le nombre de cordons pierreux que doit construire un agriculteur est fonction de la pente dans le champ. Plus la pente est forte, plus il faudra construire de cordons pierreux.

Musique vocale

Narrateur :
Les gens ont eu beaucoup de difficultés durant la construction des digues de pierre. L’air grave, Akali se remémore le travail.
Akali :
Je m’en souviens comme si c’était hier. La construction des cordons pierreux dans les champs n’a pas été facile pour nous. Certains agriculteurs sont venus plusieurs fois en retard aux champs, et d’autres ont simplement abandonné. Le programme du gouvernement nous a beaucoup aidés. Mais ça a été notre courage et notre patience qui nous ont permis d’atteindre ces résultats.

Badali :
Oui, ça a été difficile. Souvent, nous devions aller très loin pour ramasser des pierres de taille adéquate. Nous avons offert des repas aux travailleurs, les jours de travail. Mais comme le dit le proverbe:« Aide-toi, et le ciel t’aidera. » Nous avons travaillé dur pour construire ces cordons dans nos champs. Je sais tous les avantages que me procurent les cordons pierreux. Je prends Akali à témoin.

Akali :
Oh oui, c’est vrai!

Badali :
Cela fait trois ans que j’utilise cette technique sur mes terres. Mes greniers ne sont pas aussi gros que je le souhaiterais, mais je ne manque pas de grain pour nourrir ma famille. Maintenant ma famille n’a plus à s’inquiéter de la faim. J’arrive même à donner du grain à des amis pour les aider à traverser la période qui suit l’épuisement des réserves de nourriture et précède la récolte suivante.

Akali :
Moi, j’en fais cadeau à des proches et j’en prête également à ceux qui sont dans le besoin. Mes greniers sont assez gros et j’ai suffisamment de quoi nourrir ma famille.

Badali :
Sois humble Akali. Nous reconnaissons ta bonté et ta largesse envers tes semblables.

Akali :
Les mots nous manquent pour remercier le responsable du programme du gouvernement et notre vulgarisateur agricole. Ils nous ont donné l’espoir de continuer à vivre. Et ont renouvelé notre envie de travailler la terre. Grâce à eux, nos terres s’améliorent peu à peu et nos récoltes se sont fortement accrues.

Narrateur :
Nous voici de retour à la réunion. Le vulgarisateur, d’un geste brusque, quitte sa chaise. Il ajuste ses lunettes, arrange sa chemise et s’avance pour rendre hommage aux agriculteurs de Ramongo.

Vulgarisateur :
Les hommes et les femmes de ce village ont travaillé avec persistance sur ces projets. Ce sont leurs propres efforts qu’ils apprécient aujourd’hui. Il y avait des gens qui attendaient simplement de voir les résultats. Maintenant, ils n’ont plus de doute. Les résultats sont tangibles. Ainsi, plus de la moitié des agriculteurs de cette communauté ont maintenant des cordons pierreux dans leurs champs.

Akali :
Encadreur, permets-moi de dire que les hommes ont de tout temps développé des moyens de maintenir un sol sain et de bons rendements. Autrefois, nos grands-parents pratiquaient le paillage et utilisaient les fientes de poulets pour leurs petits jardins. Cela visait à protéger et à nourrir la terre afin qu’en retour, elle leur soit généreuse. Mais les temps changent. Aujourd’hui, nous devons adopter de nouvelles stratégies.

Vulgarisateur :
Oui Akali, ce que tu dis est vrai. Mais en réalité, en tant qu’agents du gouvernement, nous n’avons fait qu’améliorer vos propres techniques et les mettre à votre disposition. Ce sont les agriculteurs qui doivent décider si le travail a produit des résultats positifs ou négatifs.
Badali :
Mes impressions personnelles sont positives. Toute personne qui a une quelconque expérience des cordons pierreux serait d’accord avec moi. Les zones érodées telles que les ravines sont maintenant remplies. Maintenant, nous pouvons utiliser ces espaces pour les semis. Les terres recouvrent peu à peu leur santé et nous sommes de plus en plus confiants. Dans le village aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui ont l’expérience de cette pratique. Ils sont prêts à la partager avec ceux qui voudraient faire des cordons pierreux dans leurs champs. Et bien sûr, notre vulgarisateur agricole est là pour nous guider et nous donner ses précieux conseils.

Courte pause musicale

Narrateur:
Chers auditeurs, nous félicitons nos braves producteurs de Ramongo pour leur ardeur au travail. Nous espérons que ce programme a été utile pour vous. Merci pour votre écoute attentive et à très bientôt.

Musique instrumentale

Acknowledgements

  • Rédaction : Rédacteur confirmé Adama G. Zongo, journaliste à JADE Productions, Burkina Faso, partenaire stratégique de Radios Rurales Internationales,
  • Révision : John FitzSimons, professeur agrégé, École de design environnemental et de développement rural, Université de Guelph, Canada
  • Merci à : Abdoulaye ZONGO, habitant de la ville de Ramongo

Information sources

Interviews réalisées le 9 février 2010 avec :

  • Mme Francine Kane née Sia, coordonnatrice régionale du PNGT2 du Centre Ouest.
  • Louba Dakio, chef de service Aménagement et Productions agricoles, Direction régionale de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques du Centre Ouest.
  • Boubié Nagalo, agent technique à la Direction régionale de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques du Centre Ouest.
  • Rasmané Zongo, producteur de Ramongo.
  • Salam Kabré, producteur de Ramongo.