L’engagement des femmes dans la plantation du jatropha dans un village malien

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Depuis plusieurs années, nos populations maliennes connaissent le jatropha, mais il était utilisé seulement par les femmes pour fabriquer du savon traditionnel. La vulgarisation de cette plante par les projets de développement, comme le Mali Folkecenter, a mis en évidence les potentialités de cette plante.

Nous avons rencontré Saran Sangaré, présidente du Groupement féminin pour la promotion du Jatropha, dans la commune rurale de Gralo, préfecture de Bougougouni, dans la région de Sikasso, lors du Forum national sur l’environnement tenu à Bamako les 28 et 29 janvier 2009. Le forum a été organisé par le Mali Folkecenter.

Ce texte radiophonique est basé sur des entrevues. Vous pouvez l’utiliser en tant que source d’inspiration pour vos recherches et écrire un texte radiophonique sur un sujet similaire dans votre région. Ou bien vous pouvez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les différents intervenants. S’il vous plaît, assurez-vous de mentionner à votre auditoire, au début de l’émission, que les voix qu’ils entendent sont celles d’acteurs et non des personnes impliquées dans les entretiens à l’origine.

Texte

ABOUBACAR CAMARA :
Je m’appelle Aboubacar Camara, animateur à la Radio Kayira à Bamako.

(Pause. S’adressant à Mme Sangaré)

Bonjour Madame, vous venez de participer au Forum national sur l’environnement et les changements climatiques organisé par le Mali Folkecenter. Veuillez vous présenter et nous dire ce que vous avez appris de ce forum?

SARAN SANGARÉ :
Bonjour, je m’appelle Saran Sangaré. Je viens de la commune rurale de Gralo, qui est située à plus de 200 kilomètres de Bamako, la capitale du Mali. C’est la troisième fois que je participe à ce forum. La première année, j’ai appris qu’il y avait des gens qui détruisaient notre environnement. Nous avons donc amorcé des rencontres pour y trouver des solutions. Nous avons procédé à une sensibilisation de ceux qui détruisaient nos forêts et nos fruits. Par exemple, certaines femmes d’autres villages maliens prenaient un bâton pour aller cueillir les fruits de karité non mûrs. Par conséquent, le fruit tombait par terre. Ceci n’est pas bon pour les fruits. Les femmes se sont organisées en association pour mettre un terme à cette pratique.

En ce qui concerne la coupe du bois, au cours de ce forum il a été question des foyers améliorés qui utilisent moins de bois.

Pour ce qui est du forum de cette année, nous ferons un compte rendu fidèle à notre retour au village pour promouvoir une meilleure protection de notre environnement.

ABOUBACAR CAMARA :
Mme Sangaré, vous avez entrepris dans votre village une activité qui consiste à planter du jatropha? Comment se porte-t-elle actuellement?

SARAN SANGARÉ :
Cela fait seulement juste trois (3) ans que nous plantons le jatropha. Les premières plantations sont morte. Au départ, les populations ne s’intéressaient pas à la plantation, qui n’était pas entretenue parce que les graines n’étaient pas vendues. Cependant, aujourd’hui c’est une activité génératrice de revenus pour ces populations. Ces graines étaient laissées pour compte mais, maintenant, les gens collectent les graines deux fois par an. Le ramassage des graines du jatropha est devenu une activité économique des hommes, des femmes, des jeunes et des vieux. L’encadrement des femmes et des paysans par le Mali Folk Center, en faisant la promotion et la mise en valeur des graines du jatropha avec l’achat et la transformation des graines en huile, a permis à la population, surtout aux femmes, de s’organiser et d’en tirer le maximum de profit. Les graines sont vendues 50 francs CFA le kilo au mois d’août, période des semis où il pleut beaucoup au Mali. (Note de la rédaction : moins de 0,10 dollar américain le kilo). Actuellement, chez nous 40 kilos de graines de jatropha donnent 10 litres d’huile de jatropha.

En somme, le jatropha nous a été utile. On extrait l’huile de jatropha et les résidus ou les déchets entrent dans la fabrication du savon.

RÉSEAU KAYIRA :
Depuis l’avènement de l’huile de jatropha dans votre commune, quel changement a-t-elle apporté dans votre vie? Autrement dit, comment les femmes ont-elles bénéficié de la plantation du jatropha?

SARAN SANGARÉ :
Le village tout entier peut témoigner des avantages liés à cette activité. Par exemple, des lampadaires utilisant l’huile de jatropha ont été installés. Par conséquent, dans une école comptant trois salles de classe avec 240 élèves dans chacune des salles de classe, tous les étudiants, sauf sept seulement, ont passé leurs examens. La raison en est que les élèves n’ayant pas d’électricité dans leurs maisons partaient s’asseoir à la lumière des poteaux de lampadaires installés dans le cadre de ce projet du jatropha pour apprendre leurs leçons. Quant aux élèves de la 6e année, ils ont tous réussi leur examen. En un mot, l’éducation scolaire s’est beaucoup améliorée. Cela fut un grand plaisir pour nous.

ABOUBACAR CAMARA :
Vous les femmes qui travaillez dans le domaine de l’huile de jatropha, le faites-vous individuellement ou au sein d’une association, d’un groupement? Si cette association existe, depuis quand? Dites-nous combien de femmes y travaillent?

SARAN SANGARÉ:
Depuis 2006, nous travaillons avec des associations. En 2006, nous avons rencontré certains fonctionnaires de l’État et c’est dans ce cadre que nous avons planté 20 hectares de jatropha. Dans notre village, chaque quartier peut compter plus de 200 femmes constituées en un groupement féminin. Il y a cinq groupements féminins et chacun d’entre eux a 4 hectares de jatropha à travailler. Nous cultivons d’autres plantes alimentaires sur ces hectares de champs. L’un des principaux avantages que nous tirons de cette activité liée au projet de jatropha, c’est l’importance d’avoir un appui de qualité des élus locaux pour la réussite de ce projet. Nous aimerions vraiment les remercier pour leur dévouement constant.

ABOUBACAR CAMARA :
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées?

SARAN SANGARÉ:
L’une des difficultés est que tout le monde n’est pas au même niveau de compréhension et de sensibilisation. Suite au forum, à notre retour au village nous rassemblerons les villageois pour nous assurer que tous soient au même niveau d’information en insistant plus sur les avantages du jatropha, mais nous voulons aussi parler de changement de comportement pour la protection de l’environnement. En dehors de cela, nous n’avons pas rencontré d’autres difficultés majeures.

ABOUBACAR CAMARA :
Quel est le nom de votre association et combien compte-t-elle de membres?

SARAN SANGARÉ:
Notre association s’appelle « SANIYA » ou « la propreté ». Elle regroupe 500 femmes et j’en suis la présidente.

ABOUBACAR CAMARA :
Merci beaucoup, Saran Sangaré, pour toutes ces informations et nous vous souhaitons bon courage et plein succès dans vos activités.

SARAN SANGARÉ :
C’est moi qui vous remercie.

Acknowledgements

Rédaction : Camara Aboubacar, journaliste, et Siaka Traoré, chef des communications et des TIC, Réseau Kayira, Mali, un partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales

Révision : Neil Noble, conseiller technique, Practical Answers, Practical Action Nos remerciements s’adressent à la direction du Mali Folkecenter qui a facilité l’entrevue et à l’équipe de rédaction du Réseau Kayira.

Information sources

L’entrevue a été réalisée le 29 janvier 2009 à Bamako