Une nouvelle variété de riz pour l’Afrique afin de sauver les terres humides en Ouganda

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Le riz remplace rapidement les cultures vivrières traditionnelles dans de nombreux pays d’Afrique en tant que nourriture de choix. Mais, avec la hausse de la demande pour le riz, le souci est que l’impact sur le climat local devient lui aussi plus important. L’assèchement des marais peut également détruire la biodiversité locale, et avoir des conséquences négatives sur la gestion de l’eau et la qualité des sols. La production d’émissions de gaz à effet de serre contribue aussi aux changements climatiques.

En Ouganda, le riz est cultivé pour la plupart dans les basses terres, et environ 70 000 hectares de terres humides ont été asséchées pour la production de riz.

Dans ce scénario, Joshua Kyalimpa de Opsett Media/station de farm radio en Afrique, découvre comment une initiative locale en Ouganda garantit aux amoureux de riz la possibilité d’avoir leur mets raffiné sans détruire l’environnement. Dans le scénario, on discute avec des experts qui développent une nouvelle variété de riz dans les zones sèches, appelé Nouveau riz pour l’Afrique ou NERICA. Nous discutons également avec les consommateurs.

Texte

ANIMATEUR :
Le riz est devenu le plat le plus populaire en Ouganda. Mais avec la hausse de la consommation de la céréale, ses effets négatifs sur l’environnement augmentent eux aussi. Aujourd’hui, sur Monde agricole, nous explorons comment une initiative locale assure non seulement que le riz soit encore sur votre menu, mais aussi que les agriculteurs augmentent leurs gains sans empiéter sur les indispensables marais.

 

Au moins 70 000 hectares de marais ont été asséchés en Ouganda pour la riziculture. Selon Dr Justus Imanyuma, un sélectionneur de riz et consultant, si ce problème persiste, le pays se dirige vers une catastrophe environnementale majeure. Il dit que les marais se tarissent, que les inondations sont de plus en plus fréquentes, et que l’assèchement des marais a des conséquences négatives sur la qualité des sols et la biodiversité locale. Le riz pourrait devenir une nourriture de riches. Assécher les marais provoque également des émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique.

Il révèle à Monde agricole qu’une solution urgente est de mise afin d’atténuer l’impact environnemental de la riziculture ou alors ce mets délicat disparaîtra. Mais que pense le consommateur du riz?

SFX
: bruits provenant de la cuisine, quelqu’un prépare un repas de riz. Les bruits de fond s’estompent.

JOSHUA :
Richard Olwenyi a 27 ans, est célibataire, et le riz fait partie de ses repas quotidiens lorsqu’il ne sort pas avec des amis.

SFX
: bruits d’un plat de riz en préparation. Les bruits de fond s’estompent.

JOSHUA :
Je peux goûter, Richard?

RICHARD :
Pourquoi pas?

JOSHUA :
Hum, c’est sucré! Pourquoi du riz ce soir?

RICHARD:
Tu sais, le riz est vraiment facile à préparer. Je peux simplement le faire frire, ajouter quelques ognons, du curry et du sel, et cela fait un repas. Et avec ça, une boisson rafraîchissante, et voilà.

JOSHUA :
Tu veux dire que tu ne manges que du riz?

RICHARD :
Je mange bien sûr d’autre nourriture lorsque je vais au restaurant. Mais le riz est pratique à préparer quand je suis chez moi, car cela prend peu de temps.

JOSHUA :
Richard n’est pas le seul. En Ouganda, le riz est devenu la nourriture de choix pour la plupart des gens, surtout en agglomération urbaine. Dans une banlieue de Kampala, dans une épicerie de Kamwokya, j’ai demandé à des acheteurs de riz pourquoi ils choisissaient du riz. Voici ce qu’ils ont répondu.

DES VOIX S’ELEVENT :
1: Écoutez, je rentre tard et j’ai pas le temps de préparer autre chose. 2: Les factures d’électricité! Le riz se prépare vite et on consomme peu d’électricité. 3: Je le mange habituellement sans sauce, mais avec d’autres plats comme le matooke, je mets de la sauce. 4: Le riz se conserve bien et tu peux même le manger le lendemain. Il ne moisit pas.

ANIMATEUR :
Du riz rien que pour vous, et vous êtes sur Monde agricole. Ici Joshua Kyalimpa, votre animateur. Voici quelques questions sur lesquelles réfléchir :

  • Avez-vous jamais pensé que votre repas préféré est également l’un des plus grands ennemis de l’environnement?
  • Saviez-vous que, au cours actuel de dégradation environnementale attribuée à la culture de riz, vos petits-enfants ne connaîtront peut-être jamais le goût d’un riz cultivé localement?
  • Saviez-vous que 60 000 tonnes du riz consommé en Ouganda est importé?
  • Saviez-vous que l’Ouganda dépense entre 90 et 120 millions de dollars dans l’importation de riz du Pakistan, du Vietnam, de l’Inde et d’autres pays de culture de riz?
  • Saviez-vous que, des 110 000 tonnes de riz consommées en Ouganda, moins de la moitié est produite localement?

ANIMATEUR :
Au studio avec moi pour discuter ces questions et autres faits sur le riz, le Docteur Godfrey Asea, responsable de l’équipe des programmes de céréales au National Crops Resources Research Institute. Bienvenue à l’émission.

DR ASEA :
Merci de m’avoir invité.

JOSHUA :
Le riz est devenu le plat de choix de nombreux ougandais. Cependant, nous savons qu’il contribue à la dégradation de l’environnement, avec les agriculteurs prenant possession des marais pour y cultiver la céréale. Que faîtes-vous à ce sujet?

DR ASEA :
Vous avez raison, Joshua. Mais vous n’avez pas besoin de vous inquiéter.

JOSHUA :
Pourquoi pas?

DR ASEA :
Notre équipe au National Crops Resources Research Institute a développé trois variétés de riz dans les zones sèches. Avec ces nouvelles variétés de riz, le gouvernement est en train de mette en place une interdiction visant l’exploitation agricole des marais. Les variétés de riz sont appelées Nouveau riz pour l’Afrique ou NERICA. Il existe à ce jour 10 variétés et il en résulte que vous pouvez cultiver du riz et préserver les marais en même temps.

JOSHUA :
Tu dis que la situation a été enrayée. Et cependant nous voyons des marécages asséchés tous les jours!

DR ASEA :
On cultive encore le riz dans les basses terres. Par exemple, soixante-dix mille hectares de terre dans les basses terres sont utilisées pour la culture de riz – on les appelle les marais asséchés. La majorité des gens se lançant dans la riziculture plantent du riz des hautes terres, ce qui est une bonne nouvelle. Au moment où l’on se parle, quarante-huit mille hectares de terre sont utilisées pour le riz des hautes terres. Et la superficie augmente de jour en jour. Nous prévoyons qu’à un moment donné, la culture de riz des basses terres s’arrêtera.

JOSHUA :
À quoi bon? Pourquoi ne pas simplement importer le riz et sauver notre environnement?

DR ASEA :
L’importation de riz n’est pas durable car nous y perdons des millions de dollars. La tendance actuelle montre que le prix du riz est à la hausse pour toutes sortes de raisons, de même que le prix du carburant ainsi que la demande pour les biocarburants. Nous avons besoin d’une solution locale et le riz des hautes terres est la réponse.

JOSHUA :
Êtes-vous certain que le riz des hautes terres peut résoudre nos besoins en nourriture?

DR ASEA :
Pourquoi pas? D’abord, les variétés de riz des hautes terres que nous obtenons aujourd’hui parviennent rapidement à maturité, elles peuvent supporter le temps sec et encouragent à cultiver une plus grande superficie, puisque cultiver dans les marécages est normalement plus dur que dans les hautes terres.

JOSHUA :
Mais certaines variétés de riz, comme le « Super », cultivé dans les basses terres, ont un arôme particulier que les variétés des hautes terres n’ont pas. Comment comptez-vous encourager le consommateur qui est habitué et friand de l’arôme du « Super » à essayer ces nouvelles variétés?

DR ASEA :
Oui, nous sommes conscients de l’attachement qu’ont quelques consommateurs pour certaines variétés. Notre prochaine variété de riz des hautes terres devrait avoir plus d’arôme et être plus concurrentiel.

ANIMATEUR :
(Pause) Chers auditeurs, nous devons conclure ici pour cette semaine, mais donnons-nous rendez-vous pour la semaine prochaine. Ici Joshua Kyalimpa, votre animateur, c’était le Monde agricole. Bonsoir.

Acknowledgements

Rédaction : Joshua Kyalimpa, Opsett Media/bureau de Farm Radio pour l’Afrique, à Kampala, en Ouganda.

Révision : John Stone, chercheur invité, Centre de recherches pour le développement international (CRDI).