Succès des agriculteurs tanzaniens avec un plan coopératif de culture des noix de cajou

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

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Les cultures créneaux sont des cultures spécialisées pour lesquelles il existe un marché très particulier mais limité. Étant donné que le marché est limité, ce n’est pas une bonne idée pour un agriculteur de cultiver pour un marché créneau si beaucoup d’autres pourraient facilement entrer aussi sur ce marché. Un très bon marché créneau est donc celui dont l’entrée présente quelques embûches. Par exemple, une culture pourrait exiger un climat très spécialisé ou encore de nombreuses années pour arriver à maturité. Ce n’est pas non plus une bonne idée d’entrer sur un marché créneau qui est dominé par un groupe plus important et mieux financé, parce qu’il cassera vraisemblablement les prix et vous conduira à la faillite. En outre, pour pénétrer sur les marchés créneaux des cultures d’exportation, il est très important d’avoir des liens avec de grosses organisations internationales, comme ce texte va le démontrer.

Une culture créneau que certains petits agriculteurs peuvent réussir à faire pousser est le fruit de l’anacardier, la noix de cajou. En Tanzanie et dans d’autres pays africains, les noix de cajou sont principalement cultivées par de petits agriculteurs sur de minuscules parcelles de terre. En Tanzanie, cette culture se pratique surtout sur les basses terres côtières. Divers problèmes, notamment des maladies végétales et la détérioration des conditions du marché, ont frappé durement le secteur des noix de cajou en Tanzanie au cours des dernières années. Mais, durant la dernière décennie, les noix de cajou ont fait un retour en Tanzanie.

Les anacardiers connaissent la meilleure croissance dans les régions assez plates qui sont situées à moins de 1 000 mètres au dessus du niveau de la mer. Ils poussent très bien dans des sols relativement fertiles et ont besoin de pluie pendant cinq à sept mois de l’année, pluies suivies de journées ensoleillées sèches. Les anacardiers donnent les meilleurs résultats lorsque la température se situe entre 24 et 28 degrés. Ils aiment la lumière et ont besoin de beaucoup d’espace. Durant la saison sèche, il leur faut un taux d’humidité bas, sinon les maladies se propageront. Si les terres situées dans votre région de diffusion possèdent ces caractéristiques, il se pourrait bien que les anacardiers puissent bien y pousser. Mais, comme le texte vous le dira, d’autres éléments peuvent aider les producteurs à réaliser un profit en cultivant des noix de cajou, notamment l’appartenance à un groupe d’agriculteurs efficace, le recours aux meilleures pratiques de gestion et la collaboration avec les autres secteurs de l’industrie des noix de cajou, y compris les transformateurs.

Le texte qui suit raconte l’histoire d’une collaboration fructueuse entre un groupe de producteurs de noix de cajou dans le sud de la Tanzanie, une ONG internationale et un transformateur. Même si la collaboration en est encore à ses débuts, le fait de travailler avec l’ensemble de la ‘chaine d’approvisionnement’ – de l’agriculteur au transformateur – a donné aux agriculteurs de meilleurs revenus, une plus grande sécurité et de l’espoir pour l’avenir.

Texte

Personnages :

Enzi, agriculteur
Hasani, agriculteur
Kapuki, agricultrice

Bruits du marché – voix, musique, bruits occasionnels d’animaux. Fondu enchainé derrière la narration.

Animateur :
Bonjour. Aujourd’hui, vous allez entendre une courte pièce de théâtre portant sur un groupe de petits producteurs de noix de cajou dans le sud de la Tanzanie. Ce groupe d’une centaine d’agriculteurs a réussi à collaborer avec les transformateurs de noix de cajou en Tanzanie, avec l’aide de TechnoServe, organisation internationale sans but lucratif oeuvrant en Tanzanie, et du gouvernement national. Leur plan a très bien fonctionné dès sa première année et le groupe est en pleine croissance.

Voix d’Enzi :
(hors micro) Hasani!

Animateur :
Attendez… Je crois que j’entends l’un des agriculteurs… Écoutons.

Montée des bruits du marché.

Enzi :
(appelant à voix haute, hors micro) Salut, Hasani. (Pause pendant qu’ils s’approchent l’un de l’autre) (Au micro) Je ne t’ai pas vu depuis longtemps. Tu as l’air en forme!

Hasani :
(arrivant au micro) Dieu a été bon pour moi. (Au micro) Et toi?

Enzi :
(rapidement et d’un ton peu convaincant) Toujours pareil. Et je sais ce que tu vas me demander. La réponse est non – mes noix de cajou ne m’ont pas rendu riche cette année. J’envisage d’abandonner la culture et de déménager en ville.

Hasani :
Enzi, tu aurais dû te joindre à notre groupe d’agriculteurs. Nous venons de connaitre notre meilleure année avec les noix de cajou.

Enzi :
(surpris) Mais il a fait tellement sec. Et ensuite tellement humide! Comment avez vous fait?

Hasani :
Avec l’aide de mes amis! (excité) Nous avons un bon contrat avec un transformateur et on nous a dispensé une formation portant sur les meilleures pratiques de culture des noix de cajou et…

Enzi :
(riant en l’interrompant) Attends, Hasani. Tu ferais mieux de recommencer depuis le début. Je constate que c’est une longue histoire.

Hasani :
Une minute, Enzi… (appelant quelqu’un au loin) Kapuki! Viens ici, je veux te présenter quelqu’un. (Plus doucement, à Enzi) Kapuki fait aussi partie de notre groupe d’agriculteurs.

Kapuki :
(arrivant au micro) Bonjour, Hasani, tu nous as manqué à la réunion du groupe hier soir.

Hasani :
Oui, la plus jeune de mes filles était malade et je suis resté à la maison pour prendre soin d’elle. Kapuki, voici mon vieil ami, Enzi. Enzi, je te présente Kapuki.

Les deux :
Bonjour.

Hasani :
Enzi veut tout savoir sur notre groupe. (Pause) Eh bien, Enzi, tu sais que nous avons démarré il y a cinq ans comme un simple groupe d’agriculteurs, une dizaine d’entre nous. Et puis, il y a deux ans, nous avons été contactés par une organisation appelée TechnoServe. Elle voulait savoir si nous étions intéressés à produire pour un transformateur, en disant qu’on nous offrirait une formation spéciale si nous voulions vendre nos noix de cajou à ce transformateur.

Enzi :
Quel genre de formation?

Hasani :
Oh, de bien des manières. Ils nous ont enseigné la façon de préparer la terre, de bâtir et de gérer des pépinières, de greffer les arbres, de bien entreposer les noix de cajou, d’utiliser les produits antiparasitaires, de déterminer la qualité des noix brutes – bien des choses! On nous aide également à nous informer sur la commercialisation.

Enzi :
(sceptique) Et avez vous réussi cette année?

Hasani :
Cette année, plus de la moitié de ma récolte a été admissible à un prix supérieur.

Kapuki :
Eh bien, je peux faire mieux que cela, Hasani. Toute ma récolte a reçu le prix supérieur!

Enzi :
Mais comment obtiens tu un prix supérieur?

Kapuki :
Si nos noix de cajou sont séchées à moins de huit et demi pour cent d’humidité, nous recevons trois et demi pour cent de plus que le prix normal du marché.

Enzi :
Qui vous verse cette prime?

Hasani :
Comme je l’ai dit, notre groupe vend toutes ses noix à un transformateur. Le groupe a élu Kapuki parmi les deux producteurs qui travaillent directement avec le transformateur, si bien qu’elle peut t’en dire davantage à ce sujet.

Kapuki :
Oui, deux d’entre nous ont été choisis pour représenter le groupe et rencontrer le transformateur. Je dois dire qu’il y a maintenant plus de 100 producteurs de noix de cajou dans notre groupe. Alors, les deux représentants rencontrent le transformateur et estiment le volume de toute la récolte de noix de cajou pour le groupe. Ensuite, nous décidons d’un jour et d’un endroit pour que le transformateur procède à l’achat de toute la récolte.

Enzi :
(sceptique) Toute la récolte?

Kapuki :
Oui, toute la récolte. Nous ramassons toutes nos noix – y compris les noix mûres qui sont tombées naturellement des arbres – et nous les entreposons dans des sacs de sisal ou de jute pour assurer leur ventilation. Le jour convenu, les membres du groupe apportent leurs noix de cajou à l’endroit désigné. Le transformateur nous paie pour la récolte et emporte les noix à l’entrepôt. Les deux représentants accompagnent la récolte jusqu’à l’entrepôt du transformateur. Nous restons à l’entrepôt pendant que le transformateur calcule le degré d’humidité des noix, nous le vérifions et le transformateur détermine quelle quantité de la récolte recevra la prime. TechnoServe est également présente à l’entrepôt pour aider à vérifier la teneur en humidité.

Enzi :
Je pense que le transformateur fait une très bonne affaire. Il a une récolte garantie et, avec toute la formation que vous obtenez, il doit recevoir un très bon produit.

Kapuki :
Attends, Enzi, ce n’est pas fini. Le transformateur ne se contente pas d’acheter toutes nos noix. En échange pour notre accord de vente exclusive à un seul transformateur, ce dernier nous fournit les fongicides et les autres intrants au début de la saison.

Enzi :
Au début de la saison?

Kapuki :
Oui. Nous remboursons le transformateur après qu’il nous a payés pour la récolte.

Enzi :
On vous donne les intrants pour la production des noix de cajou au début de la saison? Es tu sérieuse?

Kapuki :
Absolument.

Enzi :
(se plaignant) C’est toujours mon problème lorsque je cultive des noix de cajou. D’ici que je trouve l’argent pour payer tous les intrants dont j’ai besoin, il est trop tard pour les utiliser. (D’une voix plus sérieuse et plus assurée, mais toujours sceptique) Mais votre revenu a t il augmenté depuis votre adhésion à ce groupe? Il doit sûrement y avoir des frais cachés. Cet organisme ne vous formerait pas sans rien obtenir en retour.

Kapuki :
TechnoServe est financée par une agence de développement international qui essaie d’aider les petits producteurs comme nous. Si nous réussissons, elle considère que le projet est un succès.

Enzi :
Mais qu’arrivera t il lorsque le gouvernement fixera de nouveau le prix des noix de cajou à un niveau trop bas?

Hasani :
Je sais que cela a causé un problème dans le passé, Enzi, et pas seulement dans notre pays. Mais les transformateurs de noix de cajou en Tanzanie ont signé avec le gouvernement national ce qu’on appelle un protocole d’entente. Ils sont convaincus que le gouvernement fera tout son possible pour appuyer le secteur des noix de cajou, y compris les producteurs. Animé de cette confiance, le transformateur est disposé à investir de l’argent dans les cultures des petits agriculteurs. Notre situation est donc bien meilleure qu’avant.

Kapuki :
Pour répondre à ta question sur le revenu, Enzi, oui mon revenu a augmenté. Les rendements de la centaine d’agriculteurs de notre groupe ont augmenté de 20 à 30 % et nous obtenons un prix supérieur pour la majorité de notre récolte. Nous avons la garantie d’obtenir le prix du marché pour nos noix de cajou, plus une prime éventuelle. C’est donc une bonne entente pour nous.

Enzi :
Es tu en train de me dire que tous les agriculteurs de votre groupe ont obtenu de meilleurs résultats cette année?

Hasani :
En fait, il y a eu un groupe à Liwale qui n’a pas récolté beaucoup de noix de cajou en raison des précipitations insuffisantes. Mais, pour les autres, nous avons obtenu de très bons résultats.

Enzi :
Penses tu que vous réussissez bien à cause de la formation reçue?

Hasani :
C’est un élément important, Enzi. Mais un autre découle du fait que, lorsqu’un groupe d’une centaine d’agriculteurs est déterminé à collaborer, de grandes choses peuvent arriver, surtout lorsque nous travaillons ensemble avec les autres secteurs de l’industrie des noix de cajou.

Kapuki :
Oui, on ne peut pas surestimer les avantages de travailler avec les transformateurs et avec leur entente visant à nous fournir les intrants au début de la saison, et à crédit. Lorsque tout le monde est déterminé à travailler ensemble et que chacun est confiant que la collaboration mènera au profit, les choses se passent plus en douceur.

Enzi :
Et le prix supérieur ne fait pas de mal non plus, n’est ce pas?

Hasani :
Absolument. (Pause) Alors, Enzi, veux tu te joindre à nous?

Enzi :
(après un moment de silence et d’un air penaud) M’accepteriez vous?

Kapuki :
(d’une voix taquine) Hummm… qu’en penses tu, Hasani? Peut il collaborer avec les autres? Nous allons y réfléchir…

Hasani :
(jouant le jeu) Oui, nous devrions peut être y réfléchir pendant un mois ou deux et ensuite…

Enzi :
(les interrompant, abandonnant son air penaud et parlant directement) Très bien, Hasani, je vais m’exprimer différemment. J’aimerais adhérer au groupe et je promets de collaborer. (Après une pause et retrouvant sa voix plus assurée) Mais j’ai besoin de plus d’informations!

Hasani :
(riant) Bien sûr, mon ami, bien sûr. Nous te dirons tout ce que tu veux savoir.

Kapuki :
Bienvenue dans le groupe, Enzi!

Enzi :
Merci. (À Hasani, d’une voix plus douce) Merci, mon ami.

Hasani :
Tu es le bienvenu. Allons tous chercher quelque chose à manger pour fêter notre nouveau membre, d’accord?

Les deux :
Oui!

Des bruits du marché montent pendant cinq secondes, puis disparaissent.

Animateur :
Merci d’avoir écouté notre émission d’aujourd’hui. J’espère qu’elle vous a donné de bonnes idées et surtout matière à réflexion. Vous pourriez peut être aussi vous impliquer dans un groupe prospère comme celui ci. Que devriez vous faire pour y parvenir? Pensez y. Une collaboration intelligente et une attitude honnête et confiante envers les transformateurs peuvent générer de meilleurs moyens de subsistance et réduire la pauvreté. (Pause) Au micro (nom de l’animateur) qui vous dit au revoir et à la semaine prochaine!

Acknowledgements

Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur, Réseau de radios rurales des pays en développement, d’après une correspondance avec David Williams, coordonnateur régional, Programme africain de développement des noix de cajou, TechnoServe, Dar es Salaam, Tanzanie, et avec d’autres employés de TechnoServe.
Révision : Juma R. Chijinga, chef d’équipe, Programme africain de développement des noix de cajou, TechnoServe Tanzanie, Mtwara, Tanzanie.