Les légumineuses fabriquent leur propre engrais – avec l’aide de leurs amis

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Notes au radiodiffuseur

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Tout comme les humains et les animaux, les plantes ont besoin de nourriture. Les nutriments des végétaux, comme l’azote, le phosphore et le potassium, sont nécessaires pour la croissance et le développement des cultures et des arbres. Mais les petits exploitants agricoles africains font face à un grave problème car la fertilité des sols diminue par suite des périodes continues de mise en culture sans reconstituer les nutriments du sol. Les petits exploitants agricoles ont peu d’options abordables qui sont compatibles avec l’état à la fois physique et chimique de leurs sols. Cette situation est due en partie au fait que l’accès des petits exploitants agricoles aux intrants de production, comme les semences améliorées, les engrais et les pesticides, s’est détérioré dans de nombreux pays africains depuis le retrait des subventions accordées pour les engrais minéraux et les autres intrants agricoles.

Pour les agriculteurs, une option consiste à ajouter des nutriments (appelés dans le texte nourriture végétale ou aliments végétaux) aux sols en utilisant du fumier, du compost ou des engrais naturels. Les sources biologiques de fertilité ou biofertilisants ont le potentiel d’accroitre les rendements des légumineuses et des plantes qui les suivent dans la rotation, tout en réduisant l’utilisation d’engrais chimiques azotés. Ils sont également beaucoup plus abordables que les engrais artificiels.

Le présent texte peut aider les agriculteurs à comprendre la nature et les avantages d’une sorte de biofertilisant, les micro organismes appelés bactéries rhizobiennes. Vous voudrez peut être compléter ce texte en y ajoutant une entrevue ou une discussion, après l’émission, avec un agriculteur local ou avec un agent de vulgarisation agricole qui est familier avec les avantages des bactéries rhizobiennes et des biofertilisants.

Texte

Personnages :
Animateur
M. Tomate : personnage jovial et farceur
Mme Fève : raffinée et éloquente, condescendante envers M. Tomate
M. Rhizobium : éloquent et direct

Animateur :
Bienvenue à notre émission. De nombreux agriculteurs font face à des problèmes de fertilité décroissante des sols. Mais ne serait ce pas une bonne chose si vos cultures pouvaient vous parler directement et vous dire exactement de quoi elles ont besoin? Et que se passerait il si votre sol pouvait parler lui aussi? À votre avis, que dirait il? (Pause) Eh bien, nous savons tous que les plantes et les sols ne peuvent pas vraiment parler, du moins en français (remplacer par la langue de diffusion). Mais aujourd’hui, grâce à la magie de la radio, nous allons vous faire entendre une entrevue avec deux plantes très importantes. Et aussi un invité très spécial, dont vous entendrez parler plus tard au cours de cette émission. Alors, restez à l’écoute – vous êtes sur le point d’entendre des nouvelles importantes.

Pause musicale pendant 10 secondes, puis fondu enchainé et sortie.

Animateur :
Les plantes, tout comme les humains, ont besoin d’une bonne nourriture. Mais avez vous jamais entendu une plante parler de ses besoins alimentaires? Aujourd’hui, nous avons le privilège d’avoir deux invités spéciaux dans notre studio. Bienvenue, M. Tomate et Mme Fève.

M. Tomate :
C’est plaisant d’être ici. Et merci de me fournir de l’eau pour mes racines (riant doucement).

Mme Fève :
Merci de m’avoir invitée.

Animateur :
Je commencerai avec vous, monsieur Tomate. Pouvez vous me dire de quoi vous avez besoin pour être vigoureux et bien portant?

M. Tomate :
Eh bien, nous savons tous combien j’aime boire (riant). Oui, j’ai besoin de beaucoup d’eau. Mais je n’entrerai pas dans les détails aujourd’hui. J’irai droit au but. Voici les genres de nourriture dont j’ai besoin pour être de belle taille et en bonne santé. Les trois aliments végétaux les plus importants dont j’ai besoin dans le sol sont l’azote, le phosphore et le potassium. Je sais que tous les sols possèdent en partie ces trois aliments. Mais je vais vous parler en toute honnêteté. Bon nombre des sols dans lesquels j’ai poussé dernièrement étaient assez pauvres.

Animateur :
Je pensais que tous les sols contenaient ces aliments.

M. Tomate :
Pas si vite, jeune (homme ou dame). Nous savons que les cultures ont besoin de puiser les nourritures végétales dans le sol. Et nous savons également que ces aliments sont épuisés chaque fois qu’une culture a été récoltée, surtout lorsqu’on n’a ajouté aucun engrais pour les reconstituer. Mais même lorsque ces aliments végétaux se trouvent dans le sol, ils ne sont pas toujours disponibles sous une forme assimilable. Par exemple, il y a beaucoup de phosphore dans le sol que je ne peux pas utiliser parce que je ne peux pas le digérer. Et il y a beaucoup d’azote dans l’air… (pause) mais je ne veux pas attirer toute l’attention, madame Fève – vous pourrez nous parler de l’azote un peu plus tard.

Mme Fève :
Merci. Je le ferai avec plaisir.

Animateur :
Nous sommes impatients de vous écouter, madame Fève. Monsieur Tomate, avez vous des conseils à donner aux agriculteurs afin de s’assurer que leurs sols contiennent suffisamment de nourriture végétale pour que leurs cultures poussent bien et soient en bonne santé?

M. Tomate :
Eh bien, certains agriculteurs utilisent des engrais synthétiques. Mais ils peuvent s’avérer très coûteux. Ce que je recommande donc, ce sont des biofertilisants.

Animateur :
Des biofertilisants? Mais qu’est ce que c’est?

M. Tomate :
Des biofertilisants sont des sources naturelles d’aliments végétaux – des produits comme le fumier, le compost, les engrais verts, etc.. Vous pouvez utiliser des résidus de culture, des déchets domestiques et toutes sortes de choses pour faire des biofertilisants. En fait, même si j’aime prendre un bon coup d’eau plus que toute autre chose au monde (riant doucement), un bon compost est ma nourriture préférée.

Animateur :
Ainsi, les biofertilisants vous donnent de l’azote, du phosphore et du potassium?

M. Tomate :
Et bien d’autres choses encore! Ils fournissent également toutes sortes d’aliments végétaux – des éléments comme le calcium et le magnésium, ainsi que d’autres aliments dont j’ai besoin en quantités plus faibles – comme le manganèse, le cuivre, le fer et le zinc. Les composts aident également le sol à retenir beaucoup d’eau. Et vous savez comme j’aime ça (riant)!

Animateur :
Merci, monsieur Tomate. Et maintenant j’aimerais que vous nous parliez davantage de l’azote, madame Fève.

Mme Fève :
Eh bien, laissez moi commencer par vous dire que je suis une sorte de plante très spéciale. Je suis une légumineuse. Les légumineuses ont des talents très particuliers.

Animateur :
Quelles sortes de talents particuliers?

Mme Fève :
Eh bien, je crois que M. Tomate en a glissé un mot (riant doucement comme si elle n’aime même pas prononcer son nom)… à savoir qu’il y a beaucoup d’azote dans l’air.

Animateur :
C’est exact.

Mme Fève :
Ce qu’il ne vous a pas dit, c’est que les légumineuses possèdent le talent particulier d’être capables d’enlever cet azote de l’air et de le transformer en azote utilisable par les plantes.

Animateur :
Vraiment? Comment faites vous cela?

Mme Fève :
C’est assez simple en réalité. (toussant comme si elle commençait à prononcer une conférence) Voyez vous, une seule cuillerée à café de sol contient des millions de micro organismes, comme des champignons et des bactéries. La plupart de ces micro organismes sont utiles pour la plante et pour l’agriculteur. Certains d’entre eux vivent dans une sorte de partenariat avec les racines des plantes.

Animateur :
Pouvez vous me donner un exemple?

Mme Fève :
Certainement. Par exemple, il y a de petites bosses sur mes racines, appelées des nodules. Une sorte très particulière de bactéries, appelées bactéries rhizobiennes, vit dans ces nodules. C’est le travail de ces bactéries de fabriquer de l’azote. Voici donc le marché que nous avons conclu : les bactéries fabriquent l’azote et je leur donne un endroit pour vivre – le nodule. Je fournis également le carbone et l’énergie qui aident les bactéries à fabriquer l’azote.

Animateur :
Les fèves entretiennent donc un lien spécial avec ces bactéries?

Mme Fève :
Pas seulement les fèves – toutes les variétés de légumineuses. Les pois d’Angole, les arachides, les pistaches de terre (bambaras), le leucaena, l’acacia, le trèfle… Il y a beaucoup de légumineuses, d’arbustes et d’arbres. Et presque tous entretiennent ce partenariat avec des bactéries.

Animateur :
J’ai une question à vous poser, madame Fève. Si je suis un agriculteur, comment puis-je savoir qu’une légumineuse prélève l’azote de l’air et l’emmagasine dans un nodule?

Mme Fève :
Eh bien, je pourrais répondre à cette question, mais je pense qu’il est temps de présenter notre invité très spécial.

Animateur :
Oui, je pense que le moment est bien choisi. Merci, madame Fève. M. Rhizobium, bienvenue à cette émission. Pouvez vous nous parler davantage de vous?

M. Rhizobium :
Certainement. Je suis une bactérie. Pour être plus précis, je suis une bactérie rhizobienne. Comme l’a dit ma bonne partenaire madame Fève, je prélève l’azote de l’air et je le transforme en azote utilisable à l’intérieur du nodule qu’elle me fournit si aimablement.

Animateur :
Comment un agriculteur sait il si une légumineuse prélève l’azote de l’air et la transforme dans le nodule?

M. Rhizobium :
C’est assez simple. On peut voir assez facilement les nodules sur les racines des plantes et des arbres. Il est très facile de les voir au moment de la floraison. Les bons nodules sont ventrus. Si vous les ouvrez, ils sont roses ou rouges ou parfois noirs. Les nodules ratatinés et petits, verts ou blancs, ne fonctionnent pas bien. Ils ne créent pas très bien de l’azote.

Animateur :
Alors, que peut faire un agriculteur si une légumineuse ne fixe pas l’azote?

M. Rhizobium :
Si la légumineuse ne fixe pas l’azote, c’est souvent parce que vous n’avez pas la bonne sorte de bactéries dans votre sol. Vous voyez, certaines cultures ont de meilleures relations avec certains types de bactéries que d’autres.

Animateur :
Que peut faire un agriculteur dans ce cas?

M. Rhizobium :
La meilleure solution est d’utiliser un inoculant.

Animateur :
Qu’est ce qu’un inoculant?

M. Rhizobium :
Un inoculant est un produit qui contient différentes sortes de bactéries. Vous pouvez trouver des inoculants dans certains magasins de produits agricoles, auprès des ministères de l’Agriculture, ou dans des stations de recherche ou des universités. Ils sont assez abordables. En général, les inoculants sont mélangés à de la tourbe et sont vendus dans un emballage avec leur mode d’emploi.

Animateur :
Très bien, le moment semble bien choisi pour arrêter là aujourd’hui. Résumons tout ce que nous avons entendu. Nous avons appris que les plantes ont besoin d’aliments végétaux tirés du sol et que les biofertilisants constituent un moyen abordable et efficace d’ajouter ces aliments dans le sol. Et nous avons entendu parler de la relation particulière qui existe entre les légumineuses et les bactéries vivant dans des nodules sur leurs racines. (Pause) Je tiens à remercier infiniment tous nos invités qui nous ont adressé la parole aujourd’hui.

M. Tomate :
Merci. Et puis je avoir un autre verre d’eau (riant)?

Mme Fève :
Ce fut un plaisir d’être avec vous aujourd’hui.

M. Rhizobium :
Merci de m’avoir donné la chance de vous adresser la parole.

Animateur :
Merci à tous nos auditeurs et auditrices et au revoir!

Acknowledgements

Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur, Réseau de radios rurales des pays en développement.
Révision : Anthony Anyia, phytophysiologiste en recherche, Alberta Research Council, Canada.

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