Augmentation des rendements dans le Sahel grâce à des micro doses d’engrais

EnvironnementSanté

Notes au radiodiffuseur

Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.

La désertification est un problème grave auquel sont confrontés de nombreux pays africains. La dégradation des terres due à la désertification engendre de mauvais rendements et une faible capacité de paissance, une perte de terres agricoles et de pâturages, la réduction ou la disparition des forêts et de graves difficultés économiques pour les producteurs, les éleveurs et la population en général.

Le Programme sur les lisières désertiques (PLD) est le fruit d’une collaboration entre neuf pays africains : le Burkina Faso, le Botswana, le Mali, la Namibie, le Niger, le Sénégal, le Kenya, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, assistés par cinq Centres internationaux de recherche agricole et trois Instituts de recherche avancée. Il a pour objectifs : 1) de comprendre la dégradation des terres; 2) d’évaluer les pratiques de gestion des terres arides; 3) d’améliorer la gestion des ressources naturelles; 4) de concevoir des politiques, des programmes et des options institutionnelles; 5) de formuler des stratégies de gestion de la sécheresse; 6) de rehausser les capacités institutionnelles; et 7) d’échanger des technologies et des renseignements. Le but principal est d’améliorer la sécurité alimentaire des populations rurales pauvres et d’atténuer la pauvreté en stoppant ou en inversant la désertification. Les 120 millions d’habitants de ces neuf pays dépendent principalement de l’agriculture pluviale et des pâturages naturels pour leur survie. Mais leurs moyens de subsistance sont en danger à cause de la dégradation des terres. Le problème de la perte de biodiversité est particulièrement crucial dans les régions très arides ou les écosystèmes sont moins à même de se rétablir une fois qu’ils ont été gravement endommagés. Ce texte met l’accent sur un projet du PLD qui utilise des ‘micro doses’ d’engrais pour augmenter les rendements des cultures dans la région du Sahel.

Texte

Personnages :

Animateur
Hassane Ousmane

Animateur :
Cette émission apporte de bonnes nouvelles au sujet d’un cas de réussite agricole en Afrique. La zone semi aride du Sahel, en Afrique du Centre et de l’Ouest, est l’une des régions les plus pauvres au monde. Le climat est extrêmement rigoureux et la variabilité des précipitations annuelles provoque des sécheresses. Les sols sont infertiles. Ces conditions compliquent encore davantage la culture des principales denrées vivrières dans la région – le millet et le sorgho – et les agriculteurs restent pauvres.

L’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi arides au Niger a trouvé un moyen d’améliorer le rendement à la fois du millet et du sorgho avec un mélange d’engrais chimiques et naturels. Des années de tests effectués au Niger ont démontré que de petites applications d’engrais, qu’on appelle des ‘micro doses’, peuvent augmenter les rendements des récoltes.

Aujourd’hui, nous accueillons à notre émission monsieur Ousmane Hassane, de l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi arides au Niger. Bonjour, monsieur Ousmane.

Ousmane Hassane :
Je suis très heureux de me voir offrir une telle possibilité.

Animateur :
Qu’est ce qu’une application d’engrais à micro doses?

Ousmane Hassane :
Le micro dosage est le fait d’appliquer seulement de petites quantités d’engrais dans un trou de plantation. Le micro dosage utilise les engrais de façon plus efficiente et améliore les rendements.

Animateur :
Pouvez vous nous expliquer davantage cette technologie?

Ousmane Hassane :
On a toujours dit aux agriculteurs qu’il fallait utiliser beaucoup d’engrais. Mais nos recherches ont révélé que, même quand les précipitations sont faibles, si un agriculteur utilise deux grammes de phosphate d’ammonium ou six grammes de NPK en formule 15:15:15 dans les buttes de semis, les rendements de millet sont doublés. Les agriculteurs peuvent donc augmenter leur rendement en utilisant seulement 20 kilos de phosphate d’ammonium en formule 18 46 0 ou 60 kilos de NPK en formule 15 15 15 par hectare. Le projet a également aidé les agriculteurs à former des groupes pour acheter ensemble les intrants agricoles au début de la saison de croissance, lorsque les prix sont moins chers.

Animateur :
Ou a été testée cette technique de micro dosage?

Ousmane Hassane :
Quelques études fructueuses ont été effectuées dans des fermes au Niger. En s’appuyant sur ce succès, l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi arides a mené un projet de micro dosage des engrais dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest : le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Animateur :
Et quels ont été les résultats dans ces trois pays?

Ousmane Hassane :
Le micro dosage a fait augmenter les rendements de sorgho et de millet de près de 50 % à plus de 200 %. En outre, les agriculteurs ont reçu des revenus plus élevés, de 50 à près de 200 %. Plus de 12 000 ménages ont été impliqués durant les deux années du projet.

Animateur :
Nous serons de retour dans un instant pour poursuivre notre entretien avec monsieur Ousmane Hassane de l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi arides.

Pause musicale

Animateur :
Bon retour, monsieur Hassane. Je crois comprendre que vous avez annoncé les bonnes nouvelles à propos du micro dosage à d’autres agriculteurs de ces trois pays.

Ousmane Hassane :
Oui. Nous nous sommes servis d’écoles de terrain en agriculture pour publiciser la technique du micro dosage. Au Niger, des écoles de terrain ont été établies pour les agriculteurs dans quatre villages. Chaque école de terrain couvrait un hectare. Un micro dosage a été utilisé sur la moitié de la superficie et des méthodes traditionnelles sur l’autre moitié.

Animateur :
Les autres agriculteurs du village et des villages voisins ont donc appris cette technique?

Ousmane Hassane :
Oui, nous avons organisé des activités portes ouvertes ou des journées de démonstration pour les autres agriculteurs. Elles ont été très populaires. Le nombre de participants a varié entre 100 et 500, plus de la moitié étant des femmes.

Animateur :
Les participants ont ils été impressionnés par ce qu’ils ont vu?

Ousmane Hassane :
Oui, assurément. Des agriculteurs ont guidé les visites de terrain ainsi que les visites à une installation de stockage des céréales. Ils ont expliqué la technique du micro dosage à d’autres agriculteurs. Ils ont également démontré d’autres innovations pour la conservation de l’eau et du sol, y compris des façons d’utiliser des barrières, des digues et des alignements de pierres, ainsi que des variétés améliorées. Les agriculteurs ont fait un travail formidable en vue de maitriser et d’expliquer les différentes techniques, et il y a eu beaucoup de bonnes interactions. Les agriculteurs ont également expliqué le système du ‘warrantage’.

Animateur :
Qu’est ce que le ‘warrantage’?

Ousmane Hassane :
Dans le système du warrantage, des groupes d’agriculteurs reçoivent un crédit après la récolte en échange du stockage de leurs céréales. Ces dernières sont traitées comme un élément accessoire. Cela permet aux agriculteurs de vendre leurs récoltes plus tard dans la saison lorsque les prix sont plus élevés et les bénéfices supérieurs. Le fait d’avoir de l’argent tôt durant la saison signifie qu’ils peuvent se permettre d’acheter les intrants agricoles plus tôt, ce qui fait augmenter leurs rendements et les aide à vendre leurs céréales. Des centaines d’organismes d’agriculteurs utilisent dorénavant le système du warrantage.

Animateur :
à votre avis, l’approche des écoles de terrain en agriculture et des portes ouvertes a t elle été efficace?

Ousmane Hassane :
Oui, les techniques ont été répandues dans les villages n’ayant pas participé au projet initial et des liens ont été établis entre les organismes d’agriculteurs sur les différents sites de démonstration. Les activités portes ouvertes permettent aux agriculteurs de voir en action des technologies prometteuses et accélèrent l’adoption de telles pratiques. Un autre avantage est le fait que les producteurs prennent en charge des méthodes, comme le micro dosage, et vendent les idées eux mêmes. Les agriculteurs deviennent des experts techniques lors des journées portes ouvertes.

Animateur :
Merci beaucoup pour nous avoir parlé de ce projet passionnant. Et bonne chance!

Ousmane Hassane :
Merci de m’avoir invité.

Acknowledgements

Rédaction : Idiwel Moussa Ibrahim, adjoint au programme, Programme sur les lisières désertiques (PLD), ICRISAT Niamey.
Révision : Jens B. Aune, agro écologiste, Département d’études internationales en environnement et en développement, Université norvégienne des sciences de la vie (UMB), C.P. 5003, N 1432 Aas, Norvège.