L’école sans le Sida

Questions socialesSanté

Notes au radiodiffuseur

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Selon les Nations Unies, plus de 2 millions d’enfants vivent avec le VIH, tandis que 15 millions sont devenus orphelins à cause de la maladie et que des millions d’autres sont devenus vulnérables à cause de la maladie de leurs parents ou d’autres personnes dont ils dépendent. Les radiodiffuseurs ont transmis avec empressement de bonnes informations sur la prévention du Sida : feuilletons radiophoniques, tribunes libres, journaux intimes de sidatiques et autres émissions du genre abondent. Cependant, il faut encore rejoindre les auditoires de jeunes.

Texte

 

Personnages

Animateur
Endo’o: Élève en onzième année au Lycée technique de Nanga-Eboko
Mimi: Élève en douzième année au Lycée technique de Nanga-Eboko
Zammer: Élève en douzième année au Lycée technique de Nanga-Eboko
[Vérifiez la concordance des classes dans vos écoles]

Montée de l’indicatif musical et maintien en fondu enchaîné

Animateur:
Depuis plus de 10 ans, la pandémie du Sida est devenue redoutable. La plupart des familles du Cameroun et même de toute l’Afrique ont déjà enterré au moins un membre décédé suite à cette terrible maladie qui laisse des orphelins, des veufs ou des veuves. Jusqu’à présent, aucun traitement fiable ni vaccin n’a été découvert, même si de nouveaux traitements permettent aux gens atteints de vivre plus longtemps avec la maladie.

Pendant l’émission d’aujourd’hui, nous allons suivre une conversation entre trois camarades de lycée, dont deux ont déjà pris conscience de la gravité de la maladie, tandis que le troisième reste encore un peu sceptique et se laisse guider par son instinct.

Montée de l’indicatif musical, puis sortie en fondu.

Zammer et Mimi causent à bâtons rompus dans la cour du lycée. Ils sont rejoints par Endo’o qui les salue.

Endo’o:
Hello Zammer! Mimi! Comment ça boom?

Mimi:
Ça va un peu!

Endo’o:
Mon gars, j’ai rencontré une petite hier soir et elle m’a dit qu’on se « meetait » cet « aprem ». Je compte toujours la « brink » dans ton bungalow.

Mimi:
Toi, tu ne parles qu’en termes de petites. Tu ne dois pas dormir du tout?

Endo’o:
Tu sais, la « nga », mon grand-père disait: « Tant qu’on a les dents, il faut croquer ».

Mimi:
J’espère que tu te protèges au moins.

Endo’o:
Laisse-nous tranquilles avec ça! Protection pourquoi et contre quoi?

Zammer:
Comment peux-tu poser une question aussi stupide? Que penses-tu du VIH/Sida?

Endo’o:
Réponds d’abord à ma demande. Je voudrais savoir si je peux une fois de plus profiter de ton beau cadre cet après-midi.

Zammer:
Pour te répondre franchement, c’est désormais impossible!

Endo’o:
Mais comment ça? Tu me « bahates » parce que tu n’a pas beaucoup de succès avec les filles?

Zammer:
Ce n’est pas cela! Tu sais bien que je ne peux jamais te refuser un service, quel qu’il soit.

Endo’o:
Alors, que se passe-t-il donc?

Zammer:
C’est ce que j’étais en train de dire à Mimi tout à l’heure. Il s’agit de mon « pater » qui, en revenant du village la semaine dernière, a « brink » deux de ses neveux et sa nièce.

Endo’o:
Mais comment ça?

Zammer:
Mon « oncal » et sa femme sont morts la semaine dernière en l’espace de deux jours. Ils ont laissé leurs enfants sans parents et mon père ne pouvait pas les abandonner à la merci de Mère Nature. Par conséquent, il les a pris avec lui.

Mimi:
Reconnaissons que le vieux Essola a frappé là un autre grand coup!

Zammer:
Mais non, Mimi! Tout porte maintenant à croire que la cause de leur décès n’était rien d’autre que le VIH/Sida.

Mimi:
Pendant les obsèques, on avait pourtant parlé d’un poison lent que leur avait fait avaler le vieux Essola il y a quelques mois.

Zammer:
Ce n’est point cela! Le vieux a été accusé à tort. En fouillant des documents après leur décès, mon père a retrouvé les fiches d’examens médicaux faits il y a deux ans et ils étaient justement séropositifs.

Endo’o:
Donc, c’est le Sida qui les a tués?

Zammer:
Bien sûr que oui!

Mimi:
Oh, le pauvre vieux Essola a été humilié à tort!

Endo’o:
Mais alors pourquoi ne peux-tu pas me céder ta chambre comme d’habitude?

Zammer:
Tout simplement parce que je suis maintenant obligé de la partager avec mes deux cousins en question.

Endo’o:
C’est donc ton père qui les a pris en charge?

Zammer:
C’est ce que je tente de t’expliquer depuis le début. Je passe déjà mes nuits sur un lit superposé à trois niveaux où j’occupe justement le bas.

Endo’o:
Le Sida ici-même? Je prends encore cela avec des pincettes.

Mimi:
Tu sembles être complètement déphasé avec le temps, Endo’o. Cesse de te comporter comme un ignorant. As-tu jeté un coup d’œil sur les statistiques publiées récemment par le MINSANTÉ? Douze pour cent des gens de notre région sont séropositifs.

Zammer:
Il faudrait que tu passes au dépistage lors de la prochaine campagne, comme nous l’avons fait, Mimi et moi, la dernière fois. Entre-temps, essaie de calmer tes ardeurs et surtout apprends désormais à te protéger, à défaut de t’abstenir.

Endo’o:
C’est vrai que les capotes me donnent un dégoût (pause et avec hésitation)… mais je pourrais désormais essayer. Mais seulement après avoir séduit la petite dont je vous ai parlé tantôt.

Zammer:
Alors, débrouille-toi pour trouver un autre endroit!

Mimi:
Il y a plusieurs façons de te protéger, Endo’o. La façon la plus simple est de t’abstenir. Mais si tu as des relations sexuelles, tu devrais toujours utiliser des capotes.

Montée de l’indicatif musical et sortie en fondu.

Animateur:
Vous venez tout juste d’écouter la conversation de trois camarades d’école portant sur le Sida. Endo’o, qui n’est pas encore complètement convaincu de l’existence de la maladie, semble vouloir changer d’avis bien qu’il soit encore attiré par les relations sexuelles. Par ailleurs, le père de Zammer a pris la responsabilité de s’occuper de deux de ses neveux, ce qui est beaucoup mieux pour eux que de les voir abandonnés par la famille, comme c’est souvent le cas. (Pause) Aujourd’hui, nous avons entendu une courte dramatique radiophonique au sujet du VIH/Sida et des étudiants, intitulée « L’école sans le Sida ». Merci de nous avoir suivis et soyez à l’écoute la semaine prochaine!


Acknowledgements

Rédaction : Mme Gladys Cécile Eba, Odama FM, Cameroun.
Révision : Gladys Mutangadura, Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies, Lusaka.
N.B : Dans ce texte, quelques mots sont tirés du « Francam Anglais », langue inventée par les jeunes du Cameroun pour s’assurer que leurs parents ne les comprendront pas.

Information sources

Francam :
meetait : rencontrait
aprem : après-midi
brink : amener
nga, ngo : fille, petite amie
bahate : refuser
oncal : oncle
pater : père