Le labourage est-il vraiment nécessaire? Les bienfaits de l’agriculture de conservation

Arbres et agroforesterieEnvironnement

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Cette émission portant sur l’agriculture de conservation, avec un format à deux animateurs, intéressera les agriculteurs qui sont préoccupés par la perte de sol et la diminution des rendements. L’agriculture de conservation comporte des pratiques de labour réduit, l’établissement d’un couvert végétal permanent et l’utilisation de rotations des cultures. Les agriculteurs ayant pratiqué l’agriculture de conservation pendant un certain temps observent que les sols sont plus fertiles, peuvent retenir plus d’eau et qu’ils obtiennent des rendements plus stables. Nous vous recommandons d’assurer le suivi de cette émission par d’autres programmes qui décrivent plus en détail les techniques spécifiques impliquées dans l’agriculture de conservation. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez lire le texte intitulé « Une agriculture de conservation prometteuse » également inclus dans la présente pochette.

Texte

Animateur :
Si vous allez dans les champs à l’époque de la plantation, vous constaterez que la plupart des agriculteurs sont en train de labourer leurs terres. Mais le labourage cause-t-il davantage de problèmes qu’il n’apporte de solutions aux agriculteurs? Peut-être. Le labourage est-il vraiment nécessaire? Peut être pas. Ce sont là les questions dont nous allons parler durant cette émission aujourd’hui. Restez à l’écoute.

PAUSE MUSICALE

Animateur 1 :
Bon retour à l’émission. En tant qu’agriculteurs, nous sommes depuis longtemps au courant de l’érosion des sols et des moyens de la prévenir, mais cependant… nous perdons encore du sol.

Animateur 2 :
Nous perdons du sol et nous perdons aussi espoir car, à mesure que le sol s’érode, il en va de même des rendements des cultures et la récolte s’amenuise chaque année.

Animateur 1 :
Certains agriculteurs et chercheurs pensent que le labourage contribue à l’érosion des sols.

Animateur 2 :
Le labourage? Mais chaque agriculteur laboure et travaille le sol! Nous préparons la terre pour la plantation et nous travaillons le sol pour éliminer les mauvaises herbes.

Animateur 1 :
Il est vrai que le travail du sol est une pratique culturale très courante. Mais saviez-vous que certains agriculteurs en Afrique et dans d’autres régions du monde ont cessé de labourer. Ils ne travaillent plus leurs terres.

Animateur 2 :
Quoi?! Je ne suis pas certain d’avoir bien compris ce que vous dites.

Animateur 1 :
Ces agriculteurs ont cessé de labourer pour économiser leurs sols.

Animateur 2 :
Ce ne sont là que des sornettes!

Animateur 1 :
Non. Cela s’appelle ‘l’agriculture de conservation’.

Animateur 2 :
Êtes-vous en train de me dire que tous les agriculteurs devraient cesser de labourer?

Animateur 1 :
Non, non… vous allez trop vite! Je dis simplement que nous ne devrions pas avoir peur d’envisager de nouvelles techniques. Les agriculteurs et les chercheurs qui ont étudié ces idées disent que le travail du sol n’est pas toujours nécessaire… surtout sur nos sols tropicaux.

Animateur 2 :
Mais si cela est vrai, pourquoi les agriculteurs ont-ils commencé par labourer au départ?

Animateur 1 :
Le travail du sol peut aider à contrôler les mauvaises herbes et permettre au sol de retenir plus d’eau. Mais un labourage régulier qui retourne beaucoup de terre conduit à la dégradation des sols, surtout ici dans notre climat chaud où la couche de terre arable est mince. Au fil du temps, en travaillant trop le sol, les rendements des cultures diminuent.

Animateur 2 :
Très bien, revenons maintenant à notre question… le travail du sol est-il vraiment nécessaire? Quelle est la réponse?

Animateur 1 :
Il suffit de regarder les forêts pour répondre à cette question. On ne travaille pas le sol dans les forêts. Et pourtant, des tas de plantes saines y poussent.

Animateur 2 :
Je dois admettre que c’est vrai. Si le travail du sol était nécessaire pour faire pousser les plantes, alors toutes ces terres qui n’ont pas été travaillées deviendraient désertiques. C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé. Si je voulais me lancer dans l’agriculture de conservation, par où devrais-je commencer?

Animateur 1 :
Tout d’abord, vous devriez labourer vos terres moins souvent. À l’époque de la plantation, au lieu de labourer il faudrait planter vos semences directement dans le sol. Si vous cessez de labourer, vous pourriez obtenir au début des tas de mauvaises herbes. Il est important d’utiliser toutes les techniques possibles pour lutter contre les mauvaises herbes, notamment grâce à une rotation des cultures. Il faut également conserver un couvert végétal… soit en laissant les résidus de cultures, soit en faisant pousser des cultures de couverture (comme les doliques ou les pois d’Angole) en association avec votre culture principale.

Animateur 2 :
Aurai-je à changer quelque chose d’autre?

Animateur 1 :
Vous aurez à changer votre mentalité! Ce que je veux dire par là, c’est que vous aurez à changer votre façon de penser. C’est probablement la chose la plus difficile à faire pour tout le monde.

Animateur 2 :
Donc, si cette agriculture de conservation est si formidable, pourquoi n’y a-t-il pas davantage d’agriculteurs qui l’adoptent?

Animateur 1 :
Parce que c’est une pratique nouvelle. Cela signifie qu’elle exige beaucoup d’apprentissage pour bien des gens, comme les agriculteurs et les vulgarisateurs. Il faut du temps pour relever les nouveaux défis… mais c’est faisable!

Animateur 2 :
Oui, mais c’est un pas en avant important. Il me faudra savoir que j’en tirerai des avantages. Peut-être de meilleures récoltes! De plus grands bénéfices!

Animateur 1 :
Il faudra vous donner le temps, mais je suis convaincu que vous constaterez une plus grande stabilité des rendements et une plus faible perte des sols. Et vous n’aurez pas à dépenser autant d’argent en matériel, en engrais et en pesticides. Si vous voulez voir les avantages par vous-même, essayez-la sur une petite parcelle de terre pour commencer. C’est la meilleure façon de faire votre apprentissage.

Animateur 2 :
Cela me semble prometteur. Mais, vous savez, il va me falloir du temps pour changer ma façon de penser sur ce sujet…

Animateur 1 :
Ne vous ai-je pas dit que c’était la chose la plus difficile à changer?

MUSIQUE POUR CLORE L’ÉMISSION.

Acknowledgements

  • Rédaction : Jennifer Pittet, Thornbury (Ontario), Canada.
  • Révision : Soren Damgaard Larsen, spécialiste du développement, agriculture de conservation et santé des sols, Centre mondial de l’agroforesterie, Nairobi, Kenya.

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