Recueillir le sol et récolter l’eau dans les versants des collines

Gestion de l'eauSanté des sols

Notes au radiodiffuseur

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Les innovateurs ne sont pas uniquement des gens qui ont une vision à long terme pour améliorer l’avenir, mais ce sont aussi des gens qui sont prêts à investir des années de labeurs pour trouver des solutions afin d’améliorer leurs situations. Le texte suivant fournit de l’information au sujet d’une technique pour récolter l’eau et recueillir le sol. Le texte est fondé sur une innovation créée par des agriculteurs qui font partie des Irob, peuple du Nord de l’Éthiopie.

Dans le texte, l’enfant est âgé de 9 ou 10 ans. Nous n’avons pas donné de nom au personnage pour vous permettre de distribuer le rôle à une fille ou un garçon. Si vous ne pouvez pas trouver d’enfant pour participer au dialogue, un adulte peut jouer le rôle de la petite-fille adolescente ou du petit-fils adolescent.

Texte

Personnages

Enfant
(fille ou garçon âgé de 9 ou 10 ans)
Grand-père

INTRODUCTION. INDICATIF QUI CONTINUE DE JOUER PENDANT QUE PARLE L’ANIMATEUR (5 secondes).

ANIMATEUR
– Aujourd’hui nous poursuivons notre série portant sur l’innovation dans le domaine de l’agriculture et les réussites, partout dans le monde. Nous allons vous présenter une innovation locale créée par des agriculteurs qui font partie des Irob, peuple qui vit dans la région du Tigray dans la zone la plus au Nord de l’Éthiopie. C’est une région aride et montagneuse où la saison des pluies est très courte et incertaine. Pendant une grande partie de l’année, l’eau est donc peu abondante. C’est pourquoi un grand nombre de familles Irob trouvent difficile de cultiver des récoltes. Elles vivent surtout de l’élevage du bétail. Ces familles cultivent des récoltes uniquement si elles réussissent à concentrer l’eau et le sol dans des parcelles de terrain plat qu’elles créent dans le flanc de la montagne.

FERMETURE EN FONDU. EFFETS SONORES : Bruits – enfant qui souffle comme un boeuf. Les pieds de l’enfant glissent sur les gravillons. D’un pied sûr, un adulte à la respiration régulière accompagne l’enfant.

EENFANT
– Grand-papa, attends, je ne peux pas te suivre!

GRAND-
PÈRE– Tes jambes ne sont pas encore aussi longues que les miennes. Aller à l’école à la ville ne t’aide pas à apprendre à marcher dans ces montagnes. Si tu vivais ici, tu grimperais cette pente comme ces chèvres. Nous y sommes presque – regarde, voilà la plus haute terrasse juste au-dessus de nous.

EFFETS SONORES : Bruits de pas qui glissent sur les pierres. L’enfant souffle encore comme un boeuf.

GRAND-
PÈRE – Nous y voilà. Maintenant assieds-toi un instant sur cette roche pendant que je vais vérifier si le muret de la terrasse est en bon état. La crue subite d’hier soir a peut-être fait bouger quelques roches.

ENFANT
– Sensationnel! Regarde par-là. D’ici, en haut, on dirait de grands escaliers qui descendent la montagne – chaque marche derrière un barrage de roches.

GRAND-
PÈRE – Est-ce qu’on t’apprend à compter à l’école? Combien de marches vois-tu?

ENFANT
(commençant rapidement) – Un, deux, trois, quatre (plus lentement), cinq, six – c’est difficile de voir, il y a tellement de choses qui poussent sur les marches – (plus lentement), sept. Et beaucoup plus bas, où se trouve la grande bande de maïs, est-ce huit?

GRAND-PÈRE
– Oui, tu as raison – j’ai construit huit barrages pour créer huit champs dans le flanc de la montagne.

ENFANT
– Pourquoi, grand-papa, cultives-tu des récoltes dans le flanc de la montagne? Près de mon école, le père de mon ami, Assefa, a une ferme dans un terrain plat juste en sortant de la ville. Il n’a pas besoin de grimper.

GRAND-
PÈRE – Vois-tu un terrain plat ici? Il n’y a que des escarpements et des pentes raides. Si nous n’avions pas construit de barrages pour faire des terrasses, il n’y aurait pas de terre pour cultiver quoi que ce soit.

ENFANT
– Où as-tu trouvé l’idée de construire des barrages pour faire des terrasses?

GRAND-
PÈRE (qui réfléchit) – On a parfois des idées quand on regarde autour de soi et que l’on réfléchit. Mais d’autres personnes peuvent aussi te donner des idées. Un homme qui s’appelait Gebray et qui vivait au-delà du col dans le village avoisinant a eu l’idée de construire des barrages. Il est maintenant mort mais son idée est toujours vivante.

ENFANT
– Eh bien! Où a-t-il trouvé l’idée?

GRAND-PÈRE
– Il y a un grand nombre d’années – plus de 50 ans – Gebray était soldat. Il combattait dans le Nord de l’Afrique dans une région très aride et il a constaté que les agriculteurs construisaient de petits barrages pour récolter l’eau et cultiver des récoltes. Il s’est rappelé son village, ici dans la région des Irob, où la pluie s’écoule et emporte le sol sans rien pour l’arrêter. Quand il est rentré à la maison, il a tenté d’arrêter l’eau en construisant un petit barrage.

ENFANT
– Pourquoi voulait-il faire cela?

GRAND-
PÈRE – Parce qu’ici, c’est aride et le sol est pierreux mais s’il réussissait à capter l’eau et le sol, il pourrait s’en servir pour cultiver. Comme tout le monde dans le coin, il vendait des chèvres pour acheter des céréales pour nourrir sa famille. Il s’est dit que s’il pouvait créer de la terre pour cultiver des récoltes, il n’aurait pas à vendre autant de chèvres.

ENFANT
– A-t-il construit un aussi grand nombre de terrasses?

GRAND-
PÈRE – Éventuellement, oui. D’abord, il n’a construit qu’un petit barrage. Il a placé quelques grosses roches à l’endroit où coulait, dans le plateau, un filet d’eau pendant quelques temps après la pluie – là-haut où tu vas à l’école. Il pleut plus souvent là-bas qu’ici, en bas, dans les pentes.

ENFANT
– Et puis que s’est-il passé?

GRAND-PÈRE
– L’eau de pluie a dévalé par le lit du ruisseau, emportant avec elle de la terre et des feuilles, et elle fut arrêtée par le barrage. La terre et les feuilles sont restées là derrière le barrage.

ENFANT
– Et après?

GRAND-
PÈRE – Il a mis quelques graines dans la terre derrière le barrage. Elles ont poussé et sont devenues de gros plants de maïs. Il avait recueilli de la bonne terre et les plantes étaient en bonne santé. Il a récolté un peu de maïs et il était très heureux. Il venait de découvrir comment créer une ferme. Il a donc décidé d’ajouter d’autres roches et de prolonger le barrage de façon à ce que la terre et l’eau restent derrière. Gebray a ainsi pu cultiver une plus grande quantité de maïs.

ENFANT
(avec impatience) – Est-il devenu très riche, grand-papa?

GRAND-
PÈRE – Eh bien!… Au cours des années, il a travaillé très fort et il a construit, plus haut dans le lit du ruisseau et dans le flanc de la montagne, d’autres barrages. Chaque barrage qu’il construisait était plus long. Il essayait différentes façons de placer les roches pour permettre à une plus grande quantité d’eau de rester derrière les murets des terrasses au lieu de sauter les parois. Il voulait ainsi recueillir plus de terre.

ENFANT
– Comme tu l’as fait.

GRAND-
PÈRE – Oui, en l’observant, j’ai eu beaucoup d’idées – et j’ai aussi essayé mes idées. Par exemple, planter l’herbe juste au-dessus du muret de la terrasse. Vois-tu comment l’herbe pousse autour des roches et les retient comme du fil métallique? Je peux aussi couper l’herbe et m’en servir pour nourrir les animaux.

ENFANT
– Est-ce que grâce à cela tu es plus riche que Gebray?

GRAND-
PÈRE – Eh bien! Assez riche pour aider à payer ce que cela coûte pour t’envoyer à l’école. En fait, Gebray n’a jamais été très riche – personne n’est riche ici. Mais on le respectait parce qu’il avait eu de bonnes idées et parce qu’il travaillait fort pour mettre ces idées en application. On le respectait aussi parce qu’il partageait ses idées avec d’autres. Il était toujours prêt à donner des conseils aux gens qui lui demandaient son avis, moi y compris.

ENFANT
(d’un ton réfléchi) – Grand-maman m’a dit, hier, qu’elle n’a jamais été plus heureuse que le jour où, pour la première fois, elle a récolté l’eau du plus grand barrage en bas, dans le fond.

GRAND-
PÈRE – Oui, c’est de la bonne eau propre qui a été filtrée par le sol et les roches. Avant cela, elle devait marcher pendant des heures jusqu’à un ruisseau qui coule très loin d’ici. Elle devait transporter l’eau en montant la pente raide jusqu’à la maison. Elle peut maintenant, en quelques minutes, récolter l’eau en bas de la pente près de la porte de la maison.

ENFANT
– Elle m’a dit que toutes vos vies avaient changé quand vous avez commencé à construire le premier barrage.

GRAND-
PÈRE – Et cela a aussi changé ta vie.

ENFANT
– C’est formidable d’avoir un grand-père qui peut créer de la terre à l’aide d’eau – et de l’eau à l’aide de la terre!

OUVERTURE EN FONDU DE L’INDICATIF QUI JOUE PENDANT 5 SECONDES. FERMETURE EN FONDU.

ANIMATEUR
– Vous venez d’écouter (nom de l’émission). (Nom de l’interprète) jouait le rôle du grand-père et _______ jouait le rôle de l’enfant. Comme le montre l’histoire, l’innovation dans le domaine de l’agriculture peut avoir de bons résultats : nouvelles façons de capter l’eau et de cultiver les récoltes. Les techniques développées dans une région sont souvent transmises d’un agriculteur à un autre. Elles sont aussi transmises par des générations plus anciennes d’agriculteurs qui ont consacré un grand nombre d’années – en temps et en labeur – à trouver des solutions à leurs problèmes. Connaissez-vous quelqu’un dans votre communauté qui a développé de nouvelles techniques et qui les a partagées avec d’autres?

Acknowledgements

Collaboration : Christine Davet, Toronto, Canada.

Révision : Ann Waters-Bayer et Chesha Wettasinha, ETC Ecoculture, Pays-Bas et Mengistu Hailu, Mekelle University, Éthiopie

Information sources

Hagos Woldu et Asfaha Zigta. » How to stop erosion: catch the soil « , ILEIA Newsletter, 1997.

Mengistu Hailu. The soil makers, thèse, Wageningen University, 2003.

Reij, Chris et Ann Waters-Bayer, éditeurs. Farmer Innovation in Africa: A Source of Inspiration for Agricultural Development.London, Earthscan Publications Ltd., 2001.