Différend au Sujet D’Un Cours D’Eau Sacré :Des Villageois Décrivent le Conflit

Questions sociales

Notes au radiodiffuseur

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Lorsque deux groupes sont en conflit, ils ne peuvent parfois même pas se mettre d’accord au sujet de l’origine du conflit. Donner à chaque groupe l’occasion de décrire le sujet du conflit peut constituer la première étape qui mène à la résolution du conflit. Un médiateur ou une médiatrice peut aider les gens à faire ce premier pas. Invitez un médiateur ou une médiatrice à votre émission pour discuter de conflits au sujet de ressources communes telles que les terres, l’eau ou les forêts. L’invité peut être une aînée ou un aîné vivant dans le village ou un médiateur professionnel ou une médiatrice professionnelle c’est-à-dire une personne qui n’est pas mêlée au conflit, mais en qui les deux groupes ont confiance. Invitez les auditeurs et les auditrices à vous écrire ou à vous téléphoner pour exprimer leurs opinions. Lisez leurs lettres et/ou diffusez leurs appels. Enregistrez des interviews sur le terrain.

Texte

Personnages

Samuel
: médiateur
Kofi
: aîné vivant dans le village
Sonia
: jeune mère de famille

Narrateur
– Au cours d’émissions récentes, nous avons parlé de problèmes qui se posent pendant et après les conflits tels que la guerre ou les catastrophes naturelles. Nous avons appris à (rebâtir les réserves de semences, cultiver des récoltes de survie, créer un fonds de prêts renouvelables et cultiver des légumes dans un camp de réfugiés). L’émission d’aujourd’hui porte sur une autre sorte de conflit – un désaccord entre deux groupes de villageois concernant l’utilisation d’une ressource naturelle : l’eau.

Les conflits liés aux ressources naturelles telles que les terres, l’eau et les forêts peuvent être difficiles à régler. Lorsque deux groupes sont en désaccord, ils ne peuvent parfois même pas être d’accord à propos de la raison de la dispute. Dans de telles situations, demander à chaque groupe de décrire le sujet du conflit, du point de vue de chaque partie, peut être la première étape qui mène à une résolution du conflit. Un médiateur ou une médiatrice peut aider les gens à faire ce premier pas.

Un médiateur ou une médiatrice est une personne en qui les deux groupes ont confiance. Il ou elle vit dans la communauté ou a affaire de façon régulière à la communauté. Un médiateur ou une médiatrice écoute les deux points de vue et aide les groupes à se mettre d’accord. Voici des questions que le médiateur ou la médiatrice devra poser et auxquelles il ou elle devra obtenir une réponse :

Quel est le sujet du désaccord?
Qui est impliqué?
Quels sont les points de vue des membres des deux groupes?
Quels sont les besoins, les espoirs et les préoccupations des deux groupes?
Le conflit existe-t-il depuis longtemps?
Quel pouvoir les deux groupes ont-ils?
Quelles solutions les membres des deux groupes proposent-ils?
Quelles solutions conviennent aux membres des deux groupes?

Écoutons le récit et nous apprendrons comment un agriculteur que l’on respecte et qui vit dans un village voisin aide un groupe de villageois à faire face à un conflit concernant un cours d’eau. Écoutons pour savoir comment cet agriculteur prend des mesures concrètes pour trouver une solution au conflit.

Samuel
– Je m’appelle Samuel. Dernièrement, on m’a demandé d’aider à résoudre un conflit dans le village de Po où il y avait un différend concernant l’utilisation de l’eau. On m’a demandé d’intervenir parce que je n’étais pas impliqué dans le conflit et parce que les membres des deux groupes savaient que j’étais juste. Lorsque j’ai demandé aux gens de décrire le problème, tous se sont mis à parler en même temps. Des jeunes personnes criaient. Les gens ne pouvaient pas se mettre d’accord concernant le sujet du problème.

J’ai demandé aux villageois de rentrer à la maison et de revenir me rencontrer plus tard pour me donner une description du conflit. Je voulais savoir exactement ce sur quoi portait le différend. C’est une étape importante. Si deux groupes ne peuvent pas se mettre d’accord concernant le sujet du conflit, on ne peut pas commencer à négocier.

Samuel
– Les villageois sont revenus la semaine suivante. Le représentant de chaque groupe a fait une brève présentation, décrivant le problème et donnant le point de vue des membres du groupe. Vous allez entendre les deux points de vue liés au conflit. D’abord vous entendrez Kofi, un aîné du village et ensuite vous entendrez Sonia, une jeune mère de famille.

PAUSE MUSICALE

Kofi
– Je m’appelle Kofi et je vis dans le village de Po. Je suis l’un des aînés du village. Dans ce village, nous avons la chance de posséder deux cours d’eau. Il y a très longtemps, mes ancêtres ont déclaré qu’un des ces cours d’eau – le plus beau – serait un endroit sacré. Depuis cette époque, pour respecter les dieux, personne n’a le droit de se rendre au cours d’eau le mercredi de chaque semaine. Nous avons toujours respecté ce tabou. Mais récemment, le deuxième cours d’eau a commencé à s’assécher. C’est pourquoi quelques jeunes gens ont désobéi au tabou, et ils utilisent le cours d’eau sacré le mercredi. Ainsi ils offensent les dieux et le cours d’eau va s’assécher. Cela ne peut pas continuer. Le problème c’est que des villageois offensent les dieux!

Samuel
– Kofi finit son discours et il s’assit. Sonia se leva pour parler.

Sonia
– Je m’appelle Sonia. Dans ce village, nous avons deux beaux cours d’eau. Récemment, à cause de la sécheresse, un des cours d’eau s’est asséché. Je travaille fort pour élever mes quatre enfants alors je n’ai pas le temps de me rendre à l’extérieur du village pour aller chercher de l’eau. Mais j’ai besoin d’eau chaque jour. J’ai parlé du tabou en compagnie de quelques amies. Nous sommes des jeunes mères qui ont besoin d’eau pour faire la cuisine et pour faire la lessive. Nous avons décidé que les idées des aînés étaient vieilles et dépassées. Nous avons décidé de ne pas tenir compte du tabou et d’utiliser l’eau du cours d’eau sacré chaque jour, même le mercredi. Cela nous sauve beaucoup de travail. Il y a un grand nombre de choses que les aînés dans ce village nous empêchent de faire – mais leurs idées ne sont plus utiles. Le problème c’est que les idées des aînés sont dépassées.

Samuel
– J’avais écouté attentivement les deux points de vue. C’était maintenant à mon tour de parler. Voilà ce que j’ai dit aux membres des deux groupes : J’ai entendu les deux points de vue. J’ai appris que deux groupes étaient représentés ici – les aînés du village et les jeunes mères qui élèvent leurs familles. J’ai aussi appris que les deux groupes ne sont pas d’accord sur la question principale. En d’autres mots, un des problèmes c’est que vous n’êtes pas d’accord sur le sujet du conflit. Vous vous souvenez que Kofi a dit :

Kofi
– » Le problème c’est que des villageois offensent les dieux. »

Samuel
– Et Sonia a dit :

Sonia
– » Le problème c’est que les idées des aînés sont vieilles et dépassées. »

Samuel
– À partir de cela, j’ai constaté que vous n’êtes pas d’accord sur le problème. Avant que nous puissions prendre des mesures, vous devez décrire un problème que vous avez en commun. Le problème c’est peut-être la pénurie d’eau. Si c’est le cas, nous pouvons travailler ensemble pour le résoudre.

PAUSE MUSICALE.

Samuel
– Plusieurs semaines plus tard, et après plusieurs discussions, les villageois se sont mis d’accord que le gros problème c’était la pénurie d’eau. S’il était possible de faire couler l’eau du premier cours d’eau de nouveau, les gens n’auraient pas à se rendre au cours d’eau sacré le mercredi. Au cours des mois qui suivirent, les villageois se sont mis d’accord pour conserver l’eau et le sol le long de la rive du cours d’eau. Un grand nombre d’agriculteurs partagèrent leurs connaissances au sujet de la conservation. Aujourd’hui le problème dans le village de Po n’est toujours pas réglé… mais au moins on a identifié le problème. Il y a maintenant moins de tension et les gens comprennent comment prendre des mesures concrètes.

PAUSE MUSICALE.

EXTRO

Narrateur
– Bien que les villageois n’aient pas entièrement réglé leur désaccord au sujet du cours d’eau, par l’entremise de Samuel, ils ont fait un premier pas en identifiant le problème. S’il y a un différend dans votre communauté, un médiateur ou une médiatrice pourra peut-être aider à régler le conflit. N’oubliez pas que le médiateur ou la médiatrice ne devrait pas être impliqué ou impliquée dans le conflit. Les membres des deux groupes doivent être convaincus que cette personne est juste. Écouter les deux points de vue et identifier un problème commun, voilà une façon de rendre la recherche de solutions qui conviennent à tous plus facile.

-FIN-

Acknowledgements

Collaboration : Jennifer Pittet, Thornbury, Ontario, Canada.
Révision : Daniel Buckles, titulaire d’un doctorat, administrateur principal de programme, Centre de recherches pour le développement international, Ottawa, Canada.

Information sources

» From « sacrilege » to sustainability: Reforestation and organic farming in Forikrom, Ghana « . IK Notes, numéro 4, janvier 1999, Knowledge and Learning Center, Africa Region, World Bank, 1818 H Street, NW, Room J5-171, Washington DC 20433 USA.
Adresse électronique : pmohan@worldbank.org

» Peaceful conflict resolution is teachable: Nine steps provide the key to resolving disputes peacefully « . Colman McCarthy, MS-Nepal Newsletter, avril 2001.

» Describing a conflict « . Footsteps, numéro 36, septembre 1998: Coping with Conflict, Tearfund, 100 Church Road, Teddington, Middlesex, TW11 8QE, UK. Adresse électronique : footsteps@tearfund.org