Risques Liés au Travail sur la Ferme Chez les Jeunes

Enfants et jeunesSanté

Notes au radiodiffuseur

Le travail à la ferme peut être physiquement très exigeant pour les jeunes. Les jeunes femmes doivent transporter de lourds fagots de bois et chargements d’eau sur de longues distances. Elles s’exposent aux émanations nocives des fours à bois quand elles cuisinent à l’intérieur. Garçons et filles entrent également en contact avec des pesticides toxiques utilisés en agriculture. Tous ces risques peuvent entraîner divers troubles physiques dont la douleur, l’invalidité, les problèmes de fertilité ou encore les troubles respiratoires. Dans ce texte, nous allons aborder deux de ces facteurs de risque et discuter de moyens à prendre pour que les jeunes apprennent travailler de façon sécuritaire.

Texte

Les personnages:

L’animateur.

Priti:
Une jeune femme d’environ 18 ans.
Rithu:
La tante de Priti.
Raju:
Un garçon de 15 ans (le fils de la voisine de Rithu).

DES BRUITS PROVENANT D’UN MARCHÉ PUBLIC.

L’EFFET SONORE EST MAINTENUE PENDANT LA PRESENTATION.

L’animateur:
Le jour se lève en cette saison sèche sur le village commerçant de Dhaniapur, en Inde. Un autocar s’avance dans la rue principale, s’immobilise dans un nuage de poussière et laisse descendre une vingtaine de femmes, portant cruches, légumes et autres objets artisanaux à vendre au marché. Parmi elles se trouve Rithu, une femme de 40 ans qui marche en boitant. Elle se dirige vers le dispensaire situé en bordure de la place du marché. À l’entrée du dispensaire, elle croise Priti, la fille de sa sœur, âgée d’environ 18 ans. Écoutons leur entretien.

Priti
: Bonjour, Tante Rithu! Je suis tellement heureuse que vous soyez là. D’ailleurs, j’espérais vous trouver ici.

Rithu
: Bonjour, Priti! Tu vas bien? (D’un ton inquiet) Ta grossesse ne se déroule toujours pas normalement?

Priti
: Oh, Tante Rithu! J’ai encore fait une fausse couche. Mon mari et sa famille sont en colère contre moi.

Rithu
: Toi, ça va? As-tu vu le médecin de la clinique?

Priti
: Oui! Sauf que… (en pleurs) Je ne peux pas faire ce qu’elle me demande.

Rithu
: Allons, du calme, ma chérie. De quoi parles-tu?

Priti: Eh bien, vous savez que j’ai des maux de dos depuis des années déjà et que j’ai du mal à dormir à cause de cela. Le médecin affirme que je dois cesser de transporter des chargements d’eau. Elle dit que le transport d’objets lourds me blesse le dos et que cela pourrait expliquer mes fausses couches. Mais je ne peux pas m’arrêter comme ça! Personne d’autre que moi ne peut aller puiser l’eau. Que vais-je faire?

Rithu
: Priti! Beaucoup de femmes se trouvent dans la même situation. Je sais bien que tu ne peux pas t’arrêter comme ça. Mais je crois pouvoir te donner quelques conseils utiles.

Priti
: De grâce, Tante Rithu! J’ai tellement peur d’être battue ou mise à la porte par la famille de mon mari si je n’ai pas un enfant bientôt ou si j’arrête de travailler.

Rithu
: Écoute, voici quelques conseils. Mais d’abord, j’ai besoin de te poser quelques questions. Comment transportes-tu ton eau?

Priti
: Comme nous tous. Dans une grande cruche d’argile et je marche de notre village jusqu’à Dhaniapur pour la remplir.

Rithu
: Oui mais, comment la transportes-tu? Sur ta hanche? Sur ta tête? As-tu une palanche et deux contenants pour la transporter sur tes deux épaules?

Priti
: Bien, d’habitude, je l’appuie contre ma hanche. Du côté droit, parce que j’ai plus de force de mon côté droit.

Rithu
: Priti, il va falloir que tu changes tes habitudes. Le médecin t’a-t-elle dit que ta colonne se délitait?

Priti
: Oui, elle me l’a fait observer.

Rithu
: Alors, il est vital que tu changes ta façon de transporter l’eau. Essaie de te servir d’une palanche ou de porter la cruche sur ta tête. Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour le cou, mais c’est bien moins dommageable que de se servir de la hanche. Par contre, si tu n’as pas d’autre choix, tâche de changer de côté assez souvent. Quelle distance dois-tu parcourir?

Priti
: Pendant la saison sèche, je dois marcher une heure pour me rendre et une autre heure pour revenir, deux fois par jour.

Rithu
: Priti, c’est beaucoup trop. Il faudrait songer à creuser un puits près de votre maison ou de vos champs. Vous avez une pièce d’équipement sur roues ou un animal qui pourrait supporter ces charges?

Priti
: Non, je n’ai pas d’instrument et mon mari a besoin du buffle dans les champs. Mais je vais suivre votre conseil pour ce qui est de porter l’eau sur ma tête ou de changer de hanche de temps à autre. À présent, je dois vous quitter, mes beaux-parents m’attendent pour rentrer.

Rithu
: Au revoir, Priti, et bonne chance!

PAUSE MUSICALE.

L’animateur: Le transport des charges lourdes demande un très grand effort physique. Les jeunes femmes et fillettes qui transportent souvent de lourds chargements d’eau ou de bois de combustion peuvent encourir de nombreux problèmes de santé. Priti et sa tante nous ont permis de constater qu’il y a des façons moins dommageables que d’autres pour transporter l’eau. Le recours aux palanches ou le port des cruches sur la tête sont des méthodes préférables à celle du transport contre la hanche. Dans tous les cas, si vous devez vous servir de vos hanches, changez de côté souvent.

RUMEURS DE MARCHÉ PUBLIC ET L’EFFET SONORE S’ESTOMPE GRADUELLEMENT.

L’animateur: Notre histoire se poursuit avec Rithu qui se dirige vers le marché. Tout à coup, elle voit Raju, le fils de 15 ans de sa voisine quittant le dispensaire. Elle est étonnée. Ce jeune homme a toujours été fort et en bonne santé; Rithu se demande donc ce qui l’amène à consulter le médecin.

Rithu
: Raju, tu es malade? Pourquoi es-tu allé au dispensaire?

Raju
: Bonjour, Rithu! Cela fait quelques semaines que je ne me sens pas bien. Je travaillais aux champs lorsqu’un jour, j’ai perdu connaissance. Je suis tombé, comme ça. Depuis, j’ai la diarrhée, je me sens étourdi et somnolant. Je suis resté au lit pendant quelques jours en me disant que j’avais dû manger quelque chose d’indigeste. Mais comme les symptômes ne sont pas disparus, je suis venu ici.

Rithu
: Qu’a dit le médecin?

Raju
: Il m’a examiné puis m’a demandé si j’étais entré en contact avec des produits chimiques. Je lui ai expliqué qu’on avait traité les champs de coton au début de cette journée où je suis évanoui. Il m’a dit que le pesticide était la cause de mes malaises.

Rithu
: C’est très grave, Raju. Le docteur t’a-t-il dit que tu irais mieux bientôt?

Raju
: Il a dit que je me sentirais mieux dans quelques semaines. Il voulait savoir si j’avais lu l’étiquette collée sur le bidon de pesticide. Bien sûr, j’ai répondu non. J’ai été tellement intrigué qu’en arrivant chez moi, j’ai lu l’étiquette. Vous savez ce qu’on pouvait y lire? Il ne fallait pas aller dans les champs pendant au moins les trois premiers jours suivant l’épandage. C’est une chance que personne d’autre ne soit tombé malade.

Rithu
: C’est une chance que toi tu t’en tires, Raju.

Raju
: Qu’entendez-vous par cela?

Rithu
: Je veux dire que tu aurais pu en mourir ou devenir invalide. Avant de me marier, un garçon du village est tombé gravement malade. Comme toi, il est retourné travailler au champ quelques heures à peine après l’épandage de pesticides. Sauf que lui, il ne s’en est jamais relevé. Suite à son empoisonnement, il n’a jamais pu se concentrer suffisamment pour travailler. Quelques années plus tard. il perdait l’usage de ses bras et ses jambes. Les médecins ont avisé les parents que leur fils allait nécessiter des soins toute sa vie.

Les pesticides sont des poisons. On les utilise pour tuer et ils peuvent tuer n’importe quoi, ça ne les dérange pas. Il faut être très vigilant face à l’emploi des pesticides. La prochaine fois, lis d’abord l’étiquette, Raju!

Raju
: Ne vous en faites pas, c’est acquis!

Rithu
: Au revoir, Raju!

Raju
: Au revoir, Rithu, et merci de vos conseils!

PAUSE MUSICALE.

L’animateur:
Les jeunes s’exposent à de multiples risques sur la ferme. Il importe de connaître quels sont ces risques pour mieux y parer et pour se livrer à une agriculture sans danger. Si vous devez transporter des fagots de bois et des chargements d’eau sur de longues distances, recourez à des méthodes qui ménagent votre corps. Explorez également la possibilité de creuser un puits près de votre maison. Si vous utilisez des pesticides, renseignez-vous sur la façon sécuritaire de les employer. Lisez toujours les instructions avant l’épandage.

N’oubliez pas: votre santé est votre bien le plus précieux. Conservez-la toute votre vie!

– FIN –

Acknowledgements

  • Contribution: Vijay Cuddeford, recherchiste/rédacteur, Toronto, Canada.
  • Révision: Richard Beattie, director, Youth Action, Canadian International Development Agency, Canada.

Information sources

Women carrying water: how it affects their health,” Annie Dufaut, Waterlines, volume 6, no 3, January 1988. IT Publications, 103-105 Southampton Row, London WC1B 4HH, England.
The Long Walk Home,” Marilyn Carr, Appropriate Technology, volume 10, no 1, 1983. IT Publications, 103-105 Southampton Row, Londres WC1B 4HH, England.
Buying a bus for Mraru,” Diana Opondo, UNICEF News, numéro 104, 1980. UNICEF House, 3 United Nations Plaza, New York, New York 10017, USA. Tel: (1) 212 326.7000, Fax: (1) 212 887.7465 or 887.7454.
Acute Pesticide Poisoning: A Major Global Health Problem,” J. Jeyaratnam, World Health Statistics Quarterly, No. 43, 1990. Organisation Mondiale de la Santé, Avenue Appia 20, 1211 Genève 27, Suisse. Tél: (+00 41 22) 791 21 11, Fax: (+00 41 22) 791 3111.
Gender Strategies for Sub-Saharan Africa: An Overview,” Findings: Africa Region, no 85. World Bank Group, 1998. World Bank Publications, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA. Tel: (703) 661-1580. Fax: (703) 661-1501.
E-mail: books@worldbank.org
Site web: http://www.worldbank.org/afr/findings/english/find85.htm
Occupational Morbidity,” Penny Kane. In «Women and Occupational Health: Issues and policy paper prepared for the Global Commission on Women’s Health», published by Penny Kane, 1999. Organisation Mondiale de la Santé, Avenue Appia 20, 1211 Genève 27, Suisse. Tél: (+00 41 22) 791 21 11, Fax: (+00 41 22) 791 3111. Site web: http://whqlibdoc.who.int/hq/1999/WHO_CHS_GCWH_99.1.pdf
Policy Document on Overall Sustainable Women Development for Socio-economic Development of Rural Africa, Green Africa Network, undated.
Site web: http://www.greenafrica.net/Policy/Women_Policy.htm

Women, Water and Sustainable Development. Protection of Children’s Environmental Health, World Health Organization, undated.
http://www.who.int/peh/child/Children1.html
Organisation Mondiale de la Santé, Avenue Appia 20, 1211 Genève 27, Suisse. Tél: (+00 41 22) 791 21 11, Fax: (+00 41 22) 791 3111
Public Health Impact of Pesticides Used in Agriculture, Groupe de travail OMS/UNEP, 1990. Organisation Mondiale de la Santé, Avenue Appia 20, 1211 Genève 27, Suisse. Tél: (+00 41 22) 791 21 11, Fax: (+00 41 22) 791 3111.