Accoutumances…Le Drame des Jeunes aux Prises avec la Drogue

Enfants et jeunesQuestions sociales

Notes au radiodiffuseur

Avant la diffusion de ces témoignages de jeunes aux prises avec la drogue, l’alcool et le tabagisme, tâchez de savoir s’il existe un regroupement de jeunes ou un organisme dans votre région (ou informez-vous auprès du dispensaire le plus proche) qui offre des programmes pour aider les jeunes à cesser l’usage de ces substances dangereuses. Vous pourrez alors introduire ces renseignements dans votre émission au moment d’aller en ondes.

Vous pouvez également ponctuer l’émission en ajoutant les commentaires de l’animateur entre les saynètes (avant ou après les effets sonores), de manière à signaler aux auditeurs que le passage au récit suivant.

Texte

Les personnages:

L’animateur

Selena, Raphael, Precious, Trudy, Leah, Thandi
: des jeunes qui consomment drogues, tabac et alcool ou qui en tentent l’expérience

MUSIQUE
(Thème de l’émission… Laisser jouer pendant 30 secondes…).
L’animateur:
La jeunesse est le moment où l’on tente diverses expériences, où l’on prend des risques. De nos jours, beaucoup de jeunes font l’essai de drogues illégales, des boissons alcoolisées, du tabac, et même de solvants, comme la colle et l’essence. Ces substances peuvent provoquer des sensations désagréables et faire perdre aux usagers la maîtrise de leurs actes. Au cours de cette émission, nous entendrons le récit de plusieurs jeunes qui expliquent pourquoi ils consomment ces substances. Restez à l’antenne après l’émission pour entendre plusieurs jeunes auditeurs nous parler de toxicomanie.

EFFETS SONORES
(Bruits de machines à coudre en marche).

Selena
: Je m’appelle Selena. Je viens d’un village pas très éloigné de la capitale. Tous les matins, je me lève tôt et j’aide à faire les tâches ménagères, je balaie la cour avant et je vais nourrir les animaux. Ensuite, je prends le premier autocar vers la ville. Le trajet met parfois deux heures à parcourir. J’aimerais bien piquer un somme dans le car, mais trop de choses m’en empêchent. D’abord, le car est toujours plein à craquer. Les routes sont en piteux état et chaque bosse nous fait sursauter, car le conducteur va vite et prend les virages à toute vitesse, tellement que mon cœur se débat chaque fois. Je commence à travailler à 7 heures du matin. Nous avons seulement deux pauses de 15 minutes, une à midi et une autre à 4 heures. Quand l’après-midi arrive, je suis crevée. C’est pourquoi je prends ces pilules qu’une copine de travail m’a données. Elles me donnent des trépidations, mais elles m’aident à tenir le coup jusqu’à la fin du quart de travail. À 19 h 15, je prends le dernier car qui se rend à mon village. J’aimerais bien me passer de devoir travailler. J’aimerais bien mieux aller à l’école, mais ma mère a besoin de cet argent. Nous sommes sept enfants à nourrir. Les choses n’ont pas été faciles depuis le départ de mon père. Ma mère dit qu’un jour je n’aurai plus besoin d’aller travailler à la manufacture. En attendant, je prends ces cachets. Ils me tiennent éveillée. Ils me donnent la pêche. Je n’aime pas me sentir maussade. Par contre, je me sens vraiment mal quand l’effet s’en va, et je ne pense alors qu’à prendre d’autres pilules pour me remonter. Je n’aime pas ça.

EFFETS SONORES
(Bruits de machines à coudre. Laisser jouer 6 secondes et fondre sur rumeur de marché public).

Raphael
: Les meilleurs jours sont les jours de grand achalandage, vers le milieu de la semaine. Il y a tellement de monde qu’on peut facilement se faufiler, se déplacer sans être vu ou s’emparer de quelque chose et s’enfuir, car avec tous ces gens, on peut déguerpir et disparaître dans la cohue. Si l’un de nous se fait choper, les autres continuent comme si rien n’était et se cassent avec leur butin. Pourquoi on vole ? Il faut manger, n’est-ce pas ? Et il faut aussi payer la came. Oui, la drogue nous aide à traverser bien des moments difficiles. On se sent euphorique, tout semble possible. Puis C’est le retour à la réalité et aux crispations. Si je le pouvais, j’aimerais toujours être « high ». J’ai quitté la maison il y a très longtemps, et je vis dans la rue depuis l’âge de sept ans. Ce n’est pas un monde très tendre, mais c’est mieux que ce que je vivais à la maison. Je ne pourrais jamais y retourner. La rue est maintenant ma seule demeure. J’ai des potes avec qui je me tiens. On fait ce qu’on peut pour s’entraider. On ne tient pas le coup longtemps quand on est seul dans la rue. C’est comme ça que mes histoires de drogues ont commencé. Au début, je ne voulais pas essayer, mais je me disais que les autres jeunes m’accepteraient mieux ainsi. Je voulais cadrer avec le groupe. Ouais, dur, dur, la vie dans la rue. Ça pue, c’est sale, et tu te sens toi-même comme un déchet à force de vivre dans la saleté. Mais les drogues aident à passer au travers. Un jour, par contre, je vais tout cesser. Je compte m’en sortir. Peut-être même que j’aurai un emploi, une petite amie, que nous allons nous marier et avoir des enfants. Je ne sais pas. J’y pense parfois, mais je ne sais pas. J’ignore comment sortir de ce gouffre. En tout cas, maintenant je dois filer. Je dois aller voir mon vendeur.

EFFETS SONORES
(Bruits de marché public… Laisser jouer 5 secondes et fondre sur rumeur de village – grillons, etc.).

Precious
: Il m’approchait toujours au beau milieu de la nuit. La première, il s’est simplement avancé vers le coin que j’occupais dans la baraque, il a mis sa main sur ma bouche et a serré très fort. J’étais dans un tel état de choc et de d’effroi que je suis restée sans bouger. Après avoir eu ce qu’il voulait de moi, il m’a laissée là dans le noir, pleurant en silence. J’entendais ma mère respirer dans son coin, mais elle n’a pas remué, elle est restée immobile. Le jour suivant, j’avais si honte que je n’arrivais pas à la regarder. Mais elle n’a pas semblé remarquer quoi que ce soit. Elle avait ce même visage morne et fatigué qu’elle a tout le temps. Elle était bien trop occupée et en avait tellement sur les bras avec les plus jeunes pour seulement remarquer que j’existais. La deuxième fois qu’il m’a fait ça je n’ai pas pleuré. J’ai simplement éteint une partie de moi-même et bloqué tout sentiment. C’était comme si ça arrivait à une autre personne. Il reste que j’éprouve parfois un immense sentiment de honte. C’est insupportable. Et c’est à ce moment-là que je picole. Ça m’engourdit les sens, et je me sens bien. Quand je suis éméchée, je peux rire. J’adore rire. J’ai besoin de rire. Dernièrement, mes amis m’ont dit qu’à leur avis je buvais trop. Il m’arrive de me réveiller et de ne plus trop savoir ce qui s’est passé. Ma copine m’a dit qu’un soir, j’ai laissé quelques garçons abuser de mon corps. Elle m’a averti de faire attention. Je pourrais tomber enceinte, ou attraper le VIH, le virus qui cause le sida. Je sais qu’elle n’a pas tort. Mais c’est tellement difficile. Il se fait tard. Je me demande s’il va revenir cette nuit.

EFFETS SONORES
(Bruits nocturnes… Laisser jouer 5 secondes et fondre sur rumeur de cour d’école).

Trudy
: Hé ! Marissa ! T’as une clope ? Hé, qu’est-ce que tu regardes comme ça ? Oui, oui, je sais. On déconseille la cigarette. C’est mauvais pour la santé. Mais il y a tout plein de femmes blanches dans les revues et les affiches qui fument et ne s’en portent pas plus mal. On sait bien que la vie est plus facile quand on a la peau blanche. Alors ? Qu’est-ce que vous regardez ? Je sais que j’ai la peau noire. Mais quand je fume, je me sens « cool ». Même si je ne suis pas blanc. Alors, Marissa ! Elle vient cette clope ? Tu m’en devais une, tu te souviens ?

EFFETS SONORES
(Bruits de cour d’école… Laisser jouer quelques secondes et fondre sur fond de pompe à eau en action).

Leah
: Bonjour, Thandi.

Thandi
: Bonjour Leah, mais où étais-tu donc passée ?

Leah
: Désolée du retard. Il a fallu que je reste après l’école.

Thandi
: Tu choisis mal ta journée ! Tu sais que si on n’a pas puisé et ramené l’eau à la maison avant l’heure, on n’aura pas la permission de sortir ce soir.

Leah
: Thandi, j’ai réfléchi. Je ne suis pas sûre qu’on doive y aller.

Thandi
: Tu rigoles ? Pourquoi pas ?

Leah
: Tu as eu vent des rumeurs qui circulent au sujet de ces parties de plaisir dans les gorges. Les beuveries, les drogues.

Thandi
: Ne sois pas ridicule, Leah. C’est Sulu et son frère qui veulent qu’on vienne avec eux. Ça veut dire qu’ils ne nous prennent plus pour des gamines. Seules les filles populaires sont invitées dans les gorges.

Leah
: Une camarade de classe m’a dit que les filles qui vont là sont faciles, si tu vois ce que je veux dire. Et s’ils nous forcent à faire des choses qu’on ne veut pas ? Comment on va rentrer ? Il sera difficile de dire non.

Thandi
: Leah, je ne peux pas croire que tu me fasses le coup le plus beau soir de nos vies. Ce village est tellement ennuyeux. Il n’y a jamais rien à faire. Au moins, aux gorges, les gens s’éclatent. Et si nous n’y allons pas, Sulu et Tewvik ne s’intéresseront plus à nous.

Leah
: Pas la peine d’aller dans les gorges pour faire la fête. Pourquoi on n’essaierait pas d’organiser des activités pour les jeunes dans les environs ? Nous pouvons très bien planifier des fêtes sans qu’il y ait tout plein de drogues et d’alcool. On pourrait monter des pièces de théâtre ou jouer d’un instrument ou quelque chose du genre. Et si Sulu et Tewvik nous aiment vraiment, ils respecteront notre décision. Qui sait, peut-être qu’ils voudront nous aider.

Thandi
: Ah, Leah. Des fois tu m’exaspères.

EFFETS SONORES (Fond de pompe à eau en action).

Leah
: Allons, finissons-en avec l’eau pour qu’on puisse tenter de joindre Sulu et Tewvik. Peut-être seront-ils d’accord pour qu’on se rencontre comme ça afin de discuter d’un club pour la jeunesse qui organiserait des activités amusantes pour nous, au lieu de passer la soirée dans les gorges. Tu as dit que tu voulais les voir, n’est-ce pas ? Pas besoin d’aller jusqu’aux gorges pour ça.

Thandi
: : Je ne sais pas. Comment se fait-il que tu n’aies pas pensé à tout cela avant ?

Leah
: C’est-à-dire que, je ne voulais pas te décevoir. Mais plus j’y pense, si je fais des choses qui me nuisent, je serai déçue de moi-même. Avec ce que ma copine m’a dit aujourd’hui à propos de ce qu’on fait subir aux filles qui vont là, je me suis ravisée. Allons Thandi, pourquoi ne pas au moins demander à Sulu et à Tewvik s’ils veulent faire quelque chose de différent ce soir ?

Thandi
: Bon, d’accord. J’avoue qu’en fait, j’aurais eu un peu la trouille d’aller dans les gorges, moi aussi ! J’espère seulement qu’ils ne penseront pas que nous sommes trop peureuses.

Leah
: Ça va ! S’ils tiennent vraiment à nous, ça ne les dérangera pas. Allons, dépêchons-nous et rentrons à la maison.
EFFETS SONORES (Fond de pompe à eau en action).

[Note : Si cela est possible, faites suivre l’émission d’un mini-forum sur la toxicomanie. Invitez plusieurs jeunes auditeurs à venir y participer dans les studios de la station radiophonique. Placez les solutions au cœur de la discussion, par exemple, insistez sur les moyens pris par les jeunes du groupe pour surmonter leurs problèmes liés à la drogue, et nommez les organismes régionaux ou groupes d’aide que les jeunes peuvent joindre pour obtenir des renseignements à ce sujet.]

L’animateur:
Aujourd’hui notre studio accueille trois jeunes personnes venues discuter des thèmes abordés dans les récits que vous venez d’entendre, et nous donner des conseils sur la façon de surmonter sa toxicomanie. Nous accueillons [nommer les personnes]
Après la discussion de groupe :

L’animateur:
Nous aimerions aussi entendre vos commentaires sur les récits de l’émission d’aujourd’hui. Nous y attachons une grande importance. De plus, toute idée sur la prévention des toxicomanies sera reçue avec plaisir. Prenez contact avec nous à la station radiophonique [_______________].

– FIN –

Acknowledgements

  • Contribution : Adiat Junaid, recherchiste/rédacteur, Toronto, Canada.
  • Révision : Lelo Njumbuxa, Senior Communications Officer, et Linda Mabusela, Communications Assistant, Youth Development Trust, PO Box 214, Florida Hills 1716, Afrique du Sud. Tél : (27 11) 472-4594, Fax : (27 11) 472-4597.
    E-mail : info@ydt.co.za
    www.ydt.co.za

Information sources

Substance Use Among Street Children and Other Children and Youth in Especially Difficult Circumstances,” Fact Sheet N151, March 1997. Organisation Mondiale de la Santé (OMS), site Web : www.who.int/inf-fs/en/fact151.html
Choices : A Guide for Young People, Gill Gordon, 1999. Macmillan Publishers Limited, 25 Eccleston Place, Londres, Angleterre, SW1W 9NF.
Youth Front Against Drugs and Alcohol Abuse – YFADAA: A youth-led approach to combating substance abuse,” The International Youth Foundation: Youth Net Intl. Site Web : www.bixler.com/iyfdocument.cfm/24/general/55 (Pour plus de renseignements concernant spécifiquement le projet précité, adressez-vous aux personnes contact susnommées : Ibrahim Bun Sanneh, Secretary General, Youth Front Organization, PO Box 2068, Banjul, Gambie. Tél : 220 228-627 ou 220 907-772, Fax : 220 227-214.)
SUPPORT (Society Undertaking Poor People’s Onus for Rehabilitation), Old BMC Office 2nd Floor, Vakola Market, Nehru Road, Santa Cruz (East), Mumbai – 400 005, Inde. Tél : (91-22) 616 2965, Fax : (91-22) 287 3377
E-mail : support-ngo@vishna.com
site Web : http://support.vishna.com

South African National Council on Alcoholism and Drug Dependence.
Site Web : www.sn.apc.org/sanca
Substance Abuse: Supporting Vulnerable Groups.
Site Web : www.who.int/substance_abuse/pages/vulnerable.html
DrugUse: Helpful Links to other informational Sites.
Site Web : www.druguse.com/links.html