Eliminez les sauterelles et les criquets de votre ferme

Agriculture

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Ceux, parmi vous, qui ont des problèmes avec les sauterelles et les criquets sur leurs fermes devraient savoir qu’il existe de nombreuses méthodes pour venir à bout de ces insectes. Des méthodes moins coûteuses et moins dangereuses que les insecticides chimiques. Faites des essais en associant plusieurs techniques pour savoir laquelle convient le mieux pour votre ferme. Les sauterelles autant que les criquets peuvent faire des dégâts dans les cultures. Quand les sauterelles arrivent dans votre champ, elles y restent, habituellement, et dévorent une grosse partie de vos produits chaque année. Les criquets ressemblent aux sauterelles, et parfois, se conduisent aussi comme elles. Mais, à d’autres moments, les criquets se rassemblent en groupes importants que l’on appelle des « nuées ».

Puis ils voyagent sur de longues distances, dévorant tout sur leur passage. Lorsque les criquets forment des nuées, c’est presque impossible pour les agriculteurs isolés de les combattre. Souvent, ils ont besoin de l’aide du gouvernement ou d’autres organismes. Alors voici de bonnes nouvelles pour vous : il existe des techniques simples que vous pouvez utiliser pour éliminer les sauterelles et les criquets, quand ces derniers ne forment pas des nuées. Souvenez-vous que lorsque les criquets ne se déplacent pas sous formes de nuées, ils se conduisent comme les sauterelles, alors utilisez contre eux les mêmes techniques que vous utilisez contre les sauterelles.

Déterrez les oeufs.

Voici un moyen simple de réduire le nombre de sauterelles dans votre champ. A l’aide d’une simple houe, vous pouvez réduire le nombre de sauterelles dans une proportion de 80 à 90 pour cent. Commencez par observer où et quand les criquets femelles pondent leurs oeufs. Vous saurez qu’elles sont en train de pondre lorsque vous les verrez introduire leurs corps dans le sol. Les sauterelles et les criquets pondent leurs oeufs dans des coques. Autrement dit, elles pondent environ 50 oeufs dans un trou de 5 centimètres sous terre, et les recouvrent d’une mousse qui ressemble à une éponge pour laver.

Lorsque vous trouvez des oeufs, marquez les emplacements pour pouvoir les retrouver. Puis quand vous revenez, tout ce que vous avez à faire c’est de déterrer les oeufs enfouis dans les différents endroits. S’il y a trop de coques d’oeufs à déterrer avec une seule houe, vous pouvez vous servir d’une charrue pour amener les oeufs à la surface. Cependant, le labour à la charrue rend votre sol plus vulnérable à l’érosion, alors ne le faites qu’en cas de nécessité.

Etalez les oeufs par terre pour les exposer à l’air. Ainsi, les oeufs vont sécher au soleil, ou être mangés par les oiseaux. C’est mieux de faire cela un jour chaud et sec pour que les oeufs sèchent plus rapidement. Ou encore, donnez à manger les oeufs de sauterelles et de criquets à vos volailles. Assurez-vous que vos voisins connaissent aussi cette technique. Sinon, les sauterelles vont revenir dans vos champs à partir des champs de vos voisins.

Les volailles mangent les sauterelles et les criquets.

Les criquets et les sauterelles constituent un repas savoureux pour les canards, les pintades et les poules ! Alors élevez des canards, des pintades et des poules sur votre ferme pour réduire le nombre de sauterelles et de criquets. Si vous n’avez pas de volailles, vous pouvez toujours en emprunter auprès de vos voisins. Plus vous avez de canards et de poules sur votre ferme, plus ils mangeront de sauterelles et de criquets. Alors essayez cette idée. Rassemblez toutes les volailles de la communauté dans un champ. Une fois qu’elles auront mangé les sauterelles et les criquets dans un champ, mettez-les dans le champ suivant. Et ainsi de suite.

Continuez ainsi tant que les volailles n’auront pas visité chaque champ. De cette façon, chaque champ aura moins de criquets et de sauterelles, grâce à l’appétit des canards et des poules. En Chine, ils ont mis à contribution des groupes de plus de 70.000 canards et poules pour venir à bout des invasions de criquets. Ce qui est formidable c’est que les pintades, les poules et les canards mangent aussi d’autres insectes. Alors quand les volailles engraissent, qu’il y a moins de sauterelles, de criquets et d’autres insectes, qu’est ce qu’un agriculteur peut demander de plus ?

Choisissez les plantes qui seront vos alliées.

Parfois, vous pouvez détourner l’attention des sauterelles et des criquets, pour qu’ils n’attaquent pas vos produits, en plantant différentes plantes autour des limites de votre champ. Par exemple, plantez des Soucis (Tagetes en Latin). Les sauterelles aiment manger les Soucis, alors elles laissent vos cultures en paix. Et puis, quand les sauterelles mangent les Soucis, vous pouvez les asperger avec un insecticide, de préférence d’origine naturelle. Les Soucis repoussent aussi d’autres insectes indésirables, comme les nématodes et les mouches blanches. Les sauterelles sont aussi repoussées par certaines plantes, alors vous pouvez planter autour de vos champs des produits que les sauterelles n’aiment pas. Par exemple, les sauterelles n’aiment pas le sorgho autant que le maïs et le mil. Alors plantez du sorgho autour de vos champs de maïs et de mil pour décourager les sauterelles et les criquets d’entrer dans vos champs.

Les arbres et les arbustes.

Planter des arbres et des arbustes peut aussi décourager les sauterelles et les criquets en les empêchant de pondre leurs oeufs. En Chine et à Chypre, ils ont planté des arbres et des arbustes pour résoudre leurs problèmes de sauterelles et de criquets. Ils les ont plantés sur les limites de leurs champs, sur les rives des rivières et des lacs, sur les terres improductives, les lits d’anciennes rivières, les terres sablonneuses ou les dunes, les plaines inondables et les autres endroits où les criquets se reproduisent. En plus de décourager les criquets de rester là et d’y pondre leurs oeufs, ces arbres, arbustes et plantes à fleurs abritent des oiseaux, des guêpes parasites et d’autres ennemis naturels des criquets et des sauterelles.

Alors plantez des arbres, des arbustes, et des plantes à fleurs pour décourager les sauterelles et les criquets, et encourager leurs ennemis naturels. Les sauterelles et les criquets aiment les endroits recouverts de végétation, mais pas trop. Le fait d’avoir une couverture permanente sur le sol décourage les sauterelles et les criquets qui veulent pondre leurs oeufs. Et pour les criquets déjà éclos, la sortie de terre deviendra aussi plus difficile. Si vous ne pouvez pas planter des arbres, essayez la stratégie opposée. Les sauterelles n’aiment pas non plus les sols nus. Dans le Sahel, les agriculteurs laissent une bande de terre nue, d’environ 2 à 3 mètres de large, autour de leurs champs pour empêcher les sauterelles d’y entrer. Alors si vous ne pouvez pas faire pousser une bonne couverture végétale permanente autour de vos champs, essayez le contraire. Des agriculteurs du Sahel maintiennent leurs champs bien entretenus, sans mauvaises herbes, pour éliminer les criquets. Mais n’oubliez pas que le sol nu est vulnérable à cause de l’érosion, alors faites bien attention.

Des pièges.

Répandez de la nourriture, comme le son, que les sauterelles et les criquets aiment manger, et aspergez cette nourriture avec du nim ou un autre insecticide naturel. Quand les criquets et les sauterelles mangeront cette nourriture, ils seront empoisonnés. Vous pouvez même rendre le piège plus attrayant en ajoutant un peu de mélasse à la nourriture. Pour un petit champ ou un jardin, faites un piège à l’aide d’un seau ou d’une jarre. Remplissez à moitié la jarre ou le seau avec de l’eau et ajoutez un peu de mélasse ou autre chose de sucré. Ou encore, servez-vous d’un seau avec une lumière au-dessus. Placez quelques uns de ces seaux là où il y a le plus de sauterelles et de criquets.

Les sauterelles sont attirées par l’appât ou la lumière et tombent dans le seau ou la jarre. Ces pièges peuvent être plus efficaces en versant une mince couche de pétrole sur l’eau. Le pétrole empêche les insectes de s’échapper. Mais si vous utilisez du pétrole, ne donnez pas à manger les insectes à vos volailles ! Vous pouvez aussi utiliser des tas de paille comme pièges. Les sauterelles se déplacent souvent vers les bordures du champ, la nuit, et vont se réfugier dans la paille parce que c’est plus chaud. Sachant où elles se trouvent cette nuit-là, vous pouvez facilement les asperger d’insecticide naturel. Vous pouvez aussi brûler la paille, même si cela vous prive de la paille pour la nuit suivante

En cas d’invasion

Si une nuée de criquets vient dans votre direction, il n’y a pas grand chose que vous puissiez faire, tout seul. Voici une technique que votre communauté peut utiliser dans les cas où les jeunes criquets se déplacent ensemble en marchant en bandes. Servez-vous de barrières pour diriger les criquets dans des fossés. L’astuce consiste à deviner où vont les criquets pour mettre les barrières et les fossés sur leur chemin. Les barrières doivent avoir de 33 à 45 centimètres de haut et peuvent être en tissu, en bois ou d’autres matières. Placez les barrières de telle sorte que les criquets soient dirigés vers les fossés. Les fossés doivent avoir une profondeur d’au moins 40 centimètres, une largeur d’1 mètre et des parois verticales.

Lorsqu’il y a beaucoup de criquets dans le fossé, vous pouvez les brûler ou les enterrer. Pendant les années où il y a beaucoup de sauterelles, vous pouvez cultiver des produits que les criquets et les sauterelles n’aiment pas, comme les pommes de terre, les patates douces, le riz, les arachides, les haricots, le coton, le sésame, et les produits qui servent d’engrais vert.

Les criquets et les sauterelles comme nourriture.

Des gens en Afrique, en Amérique du Sud et dans d’autres régions du monde utilisent les criquets et les sauterelles comme nourriture. Par exemple certains pasteurs mauritaniens tuent les criquets, à la fois pour en faire des médicaments et pour les manger. Ils les réduisent en poudre que l’on mange. Ils croient que parce que les criquets mangent toutes sortes d’arbres, ils doivent être le remède à toutes les maladies, puisque il y a un arbre pour guérir chaque maladie.

Attention !

Malheureusement, les gens qui veulent manger des criquets et des sauterelles, ou les utiliser pour nourrir les bêtes doivent faire très attention, de nos jours. Si les criquets ou les sauterelles ont été vaporisés avec des produits chimiques, ils peuvent être dangereux pour vous et vos bêtes. Pour les criquets, vous devez demander à votre vulgarisateur agricole local s’ils ont été vaporisés dans votre pays ou dans d’autres pays. N’oubliez pas que les criquets parcourent de longues distances très rapidement.

Pour les sauterelles, vous pouvez probablement demander à vos voisins et aux communautés avoisinantes. S’ils vaporisent des produits chimiques sur les sauterelles, parlez-leur de certaines des méthodes mentionnées dans ce texte, et suggérez-leur de les essayer. Plus tard, vous aurez tous une source de nourriture appréciable.

Conclusion

La gestion intégrée des criquets, des sauterelles et d’autres insectes nuisibles exige de la réflexion, de l’observation, et de l’expérimentation. Cependant, elle comporte de nombreux avantages:

1. Plusieurs de ces techniques aideront à éliminer d’autres insectes nuisibles. Pendant que vous apprenez ce qui marche le mieux pour protéger vos cultures, vous développerez un système qui sera efficace contre tous vos insectes. Le meilleur c’est que votre système de gestion intégrée des insectes va durer longtemps. Vous pouvez l’apprendre à vos enfants, qui, à leur tour, l’enseigneront à leurs enfants et ainsi de suite…

2. Utiliser moins de produits chimiques veut dire un sol plus sain contenant davantage d’insectes utiles, et moins d’argent dépensé en produits chimiques dangereux.

3. Lorsqu’ils n’ont pas été traités aux insecticides, les criquets et les sauterelles sont bons pour vos poules ou pour vous-même.

Acknowledgements

La recherche et la production de ce texte ont été réalisées par Boyd Fuller, Maîtrise en Ingénierie Agricole, Toronto, Canada.

Remerciements aux personnes suivantes pour les conseils et la révision de ce texte: Dr George Popov, Départment d’Entomologie, Musée d’histoire naturelle, Londres, Grande Bretagne. Dr Hélène Chiasson, Entomologiste, Montréal, Canada. Dr Peter Kevan, Départment de Biologie environnementale, Université de Guelph, Guelph, Canada.

En Août 1992, nous avons demandé à tous les participants quels insectes nuisibles posaient le plus de problèmes aux agriculteurs Locaux. Sauterelles et criquets ont été les deux insectes les plus cités.

Information sources

Grasshoppers & Locusts – The plague of the Sahel par the Panos Institute, 1993, 114 pages. Publié par Panos Publications Ltd., 9 White Lion Street, London, N1 9PD, UK.

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« Environmentally Sound Locust Management in China » dans The IPM Practitioner, vol. 13, no. 7, par Anghe Zhang, William Quarles and William Olkowski, Juillet 1991, 9 pages. Publié par the Bio-Integral Resource Centre (BIRC), PO Box 7414, Berkeley CA, U.S.A. 94707.

« Agroforestry and IPM in China » dans The IPM Practitioner, vol. 14, no. 4, par Anghe Zhang, William Olkowski, Avril 1992, 12 pages. Publié par the Bio-Integral Resource Centre (BIRC), PO Box 7414, Berkeley CA, U.S.A. 94707.

Extraits de la Conférence: « Entomological Society of America’s 1992 Annual Meeting – Part VIII » dans The IPM Practitioner, vol 15, no. 10, Octobre 1993, 3 pages. Publiés par the Bio-Integral Resource Centre (BIRC), PO Box 7414, Berkeley CA, U.S.A. 94707.

Locust Handbook, édité par A. Steedman, 1990, 204 pages. Publié par Natural Resources Institute, Overseas Development Administration, U.K.. Neem- a natural insecticide, 34 pages. Publié par « Gewinnung natüralicher Insektizide aus tropischen Pflanzen », Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ-German Agency for Technical Cooperation), Postfach 5180, 6236 Eschborn 1, Germany.

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Agricultural Pests of India and South-East Asia par Avtar Singh Atwaal, 1976. Publié à Dehli et Ludhiana, India.

« Controlling Grasshoppers » dans The Farming World. Entrevues avec Bill Page du « the Tropical Development Research Institute No. 1273, et le Dr Wester Modder de l’Université d’Ibadan, No. 1291, Nigeria. Anti-Locust Research Centre, College House, Wrights Lane, London W85 S5, UK