Tu m’appartiens? : Le consentement sexuel pour les jeunes

Égalité des genresSanté

Notes au radiodiffuseur

Notes aux radiodiffuseur.euse.s

Au Mali, comme dans beaucoup de sociétés traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, le pouvoir de la tradition est sans appel et les relations amoureuses ne sont pas épargnées. Même la soumission de la femme à la violence sexuelle est considérée comme une action honorable et celles qui ne s’y soumettent pas font l’objet des châtiments de toute sorte. Ceci est aussi vrai chez les jeunes de 15 à 35 ans.

Au sein des couples, le concept de « devoir conjugal » est une valeur traditionnelle dans ces dites sociétés et le viol conjugal n’est pas reconnu, car, selon la tradition, les hommes ne peuvent être accusés de viol au sein d’un couple, même s’ils forcent leur femme à avoir des rapports sexuels.

Le consentement est nécessaire à tout moment de la relation sexuelle et le consentement passe avant tout par la communication. Si la personne hésite, ce n’est pas un consentement.

Le désir ne se force pas et ne se commande pas. Le désir n’est pas une preuve d’amour. La relation sexuelle peut avoir lieu seulement si chaque partenaire souhaite sincèrement participer à l’activité sexuelle et y consent.
La présente pièce traite du problème de consentement entre Hamidou et sa fiancée, Sokoura.

L’histoire se passe à Dantèmèbougou, village imaginaire ancré dans des attitudes et des pratiques  traditionnelles datant de plusieurs siècles. Hamidou et Sokoura sont deux jeunes amoureux. Après l’annonce de leurs fiançailles par leurs parents, les deux jeunes ont commencé à se fréquenter pour mieux approfondir leur connaissance. En outre, Sokoura veut montrer que c’est elle qui a décroché le jackpot en se fiançant avec celui dont toutes les filles du village rêvaient. Mais l’incompréhension va vite régner entre les deux. Sokoura voulait une sexualité construite sur le consentement. Mais Hamidou n’entendait pas de cette façon et voulait passer à l’acte à sa guise quoi qui advienne. Sokoura n’en pouvait plus et va menacer son fiancé de le quitter s’il ne changeait pas de comportement. L’ami de Hamidou, Lassi, et Bamineta, une voisine plus âgé, n’ont pas réussi à aider le couple à régler ses différends. Voyant qu’il risquait de perdre Sokoura, Hamidou sollicite les conseils de Monsieur Samaké, un enseignant du village. Après avoir écouté M. Samaké, Hamidou a regretté ses actes. Enfin, les deux jeunes se sont comprises et ont continué de vivre leur belle histoire d’amour.

Ce feuilleton radiophonique montre comment les jeunes couples peuvent modifier leur comportement afin d’avoir des relations sexuelles saines et consenties. Elle peut être une source d’inspiration pour les radiodiffuseurs et radiodiffeuses qui veulent fournir une plateforme pour que les communautés puissent discuter des défis à l’épanouissement sexuel des femmes en couples en tant que violation des droits des femmes.

Le feuilleton pourrait également servir de source d’information pour des émissions radiophoniques de questions-réponses ou de dialogue.

Les radiodiffuseurs et radiodiffuseuses qui souhaitent créer des émissions sur ce thème pourraient s’entretenir avec des experts en la matière et avec des femmes et des hommes ordinaires. Ils et elles pourraient poser les questions suivantes, entre autres :

  • Quand un homme a des relations sexuelles avec une femme, doit-il prendre en compte son avis?
  • Que faire si une femme ne consent pas à faire l’amour?
  • Quand l’insistance de l’homme sur les activités sexuelles se transforme-t-elle en viol?
  • Est-ce que quelqu’un peut être accusé de viol au sein d’un couple?
  • Le fait de ne pas dire non signifie-t-il donner son consentement?

La pièce est composée de trois scènes et dure 20 à 25 mn.

 

Texte

Les personnages :

Le narrateur.trice;

Hamidou, fiancé de Sokoura ;

Sokoura, fiancée de Hamidou ;

Lassi, ami de Hamidou ;

Bamineta, conseillère sociale ;

Monsieur Samaké, enseignant du village

 

Scène I:
Les débuts de Hamidou et Sokoura

 

NARRATEUR.TRICE :
Dans cette première scène, Sokoura a appris que ses parents ont pris les colas de fiançailles de Hamidou. Elle en raffole car son vœu venait d’être exaucé de devenir l’épouse de l’homme que toute femme souhaiterait avoir. Hamidou obéit à tous les caprices de la belle Sokoura qui, au demeurant, lui plaisait énormément. Pendant que Sokoura souhaitait consolider ses liens avec son homme, Hamidou pensait profiter de toutes les rencontres pour satisfaire sa libido. Ce comportement agace Sokoura qui lui suggère un amour consensuel et non violent mais sans succès.

HAMIDOU :
(joyeux) C’est vrai semblable ça, toi et moi côte à côte. Qui l’aurait cru!

SOKOURA :
(souriante) Hamidou, peux-tu me serrer dans les bras?

HAMIDOU :
On n’est pas habitué à faire cela dans notre village et Dieu m’épargne les affres de ceux qui vont se moquer de moi. (rigolade)

SOKOURA :
Tu sais, je vie un moment inoubliable de ma vie.

HAMIDOU :
Comment ça?

SOKOURA :
Depuis longtemps je rêvais d’être avec toi.

HAMIDOU :
(ému) C’est vrai ça?

SOKOURA :
Tout à fait vrai. D’ailleurs je ne sais pas si cela n’a pas joué sur mes études car je ne cessais de t’imaginer dans les bras des belles filles de Dantèmèbougou surtout cette année. En tout cas, je me suis souvent posée la question si tu ne m’avais pas ensorcelé.

HAMIDOU :
(rigolade) Non, pas du tout. D’ailleurs, comme toi, moi-aussi je n’ai jamais cessé de t’aimer. Tu as toujours été dans mes pensées.

SOKOURA :
(ETONNÉE) Pourquoi ne m’as-tu jamais dit cela avant? Donc pendant tout ce temps tu m’aimais en cachette?

HAMIDOU :
(SOURIANT) Oui je t’ai toujours aimée mais j’avais peur d’échouer en t’abordant car tu es instruite et moi non.

SOKOURA:
(qui rit à fond) Tu avais peur de moi? Suis-je une diablesse?

HAMIDOU :
Tu es plus belle qu’une diablesse. Ne t’en rends-tu pas compte de cela?

SOKOURA :
(SOURIANTe) Alors là, je dois rendre grâce à Dieu.

HAMIDOU :
Non, c’est plutôt à moi de remercier Dieu d’avoir fait de moi un homme comblé. Avec toi à mes côtés, aucun obstacle ne peut me résister dans cette vie.

SOKOURA :
Il ne faut pas exagérer.

HAMIDOU :
Je n’exagère rien! Mon amour pour toi me hantait —tes démarches, tes parfums … bref tout en toi me convenait. Et pourtant, je m’inquiétais parce qu’il y avait ce fossé éducationnel qui nous séparait.

SOKOURA :
L’instruction ne doit pas être un rempart en matière d’amour. Ne me fais pas douter de toi quand tu me dis que tu m’aimes.

HAMIDOU :
Pour te prouver je te serai fidèle toute ma vie, je vais choisir la monogamie devant le maire et mes parents. Je te chanterai sur tous les toits, tu seras le baromètre de ma santé, le mercure de mon temps, mes colères se dissiperons à ta vue, tu ne subiras jamais de brimades ni par moi, ni par tiers tant que je vivrais.

SOKOURA :
Tout cela est beau. Mais quelle assurance que ton amour pour moi sera éternel? Car à la simple vue d’une influenceuse venue de nulle part certains perdent les pédales (rigolade).

HAMIDOU :
Ne t’en fais pas pour ça. Elles sont combien dans ce village qui courent après moi—as-tu jamais entendu que j’ai profité de l’une d’entre elles?

SOKOURA :
Mais …

HAMIDOU :
Mais quoi?

SOKOURA :
En tout cas, ce que je te demande, c’est de ne pas me décevoir dans notre vie de couple. Je suis à toi et j’en raffole mais ne m’abuse pas et ne me siphonne pas.

HAMIDOU :
Rassure-toi chérie, je t’accepte avec joie et te promets d’être un mari exemplaire. N’aie aucune inquiétude car tu resteras coquette toute ta vie (rire) et je t’en donne ma parole. Seulement je voudrais que nous arrosions nos fiançailles.

SOKOURA :
Tu en auras le temps car tous les soirs je serai avec toi pour qu’aucun fauve ne rode autour de toi.

HAMIDOU :
J’en ai trop envie et la rondeur de ta taille est si excitante que tu ne l’imagine.

SOKOURA :
Dès à présent, il faut que tu saches que j’ai mes principes en ce qui concerne nos moments d’intimité. C’est pourquoi je t’ai dit de ne pas me tenter. Je souhaite que nous nous concertions à l’avance pour choisir quand faire l’amour car le forcing n’est pas mon genre.

HAMIDOU :
Ma chère, décontracte-toi, le désir sexuel ne prévient jamais, il naît instantanément dès qu’on se retrouve avec celle que l’on aime.

SOKOURA :
Tu te trompes. Sans consentement préalable le rapport sexuel n’a aucun sens. En tout cas, j’aimerais que nous convenions avant quoi que ce soit.

HAMIDOU :
On verra ça après, mais pour le moment tu es à moi et je sais que toi aussi tu en raffole maintenant, alors allons en chambre et célébrons notre union.

 

Scène II:
Le cauchemar

 

NARRATEUR:
Cette scène c’est où les choses vont se gâter entre Hamidou et Sokoura. Lesintimidations et la tentative de viol de Hamidou vont pousser Sokoura à fuir chez Baminata. Mais Baminata va la mettre dehors avec ses problèmes au milieu de la nuit. Devant l’insistance de Hamidou, Sokoura va se ressaisir en limitant les sorties et en menaçant son fiancé de rompre les liens.

HAMIDOU :
Tu sais ma chérie, hier je n’ai pas dormi après notre intimité. J’ai passé tout le reste de la nuit à ne penser qu’à toi. Ta douceur, ton innocence, ton charme—je me croyais dans un film. C’est pourquoi je veux me rendre à l’évidence que ce n’est pas un rêve ce que j’ai vécu hier. Alors commençons la soirée par consommer notre engagement. Allons au lit et faisons l’amour.

SOKOURA :
Sans te vexer, je ne veux pas de sexe aujourd’hui.

HAMIDOU:
Mais regarde-moi, avec un pantalon aussi gonflé, tu oses me laisser comme ça tout raid?

SOKOURA :
Prends une douche, cela te ramollira.

HAMIDOU :
Toi là, tu es sans pitié!

SOKOURA :
Désolé, Hamidou, je ne suis pas d’humeur.

HAMIDOU :
(FRUSTRÉ) À quoi bon garder un chien qui ne mord pas?

SOKOURA :
Moi je suis donc ton chien qui ne mord pas, hein?

HAMIDOU :
C’est juste un proverbe de chez nous—rien d’autre.

SOKOURA :
Eh bien, c’est un proverbe mal placé car ça ne cadre pas avec ce que nous débattons.

HAMIDOU :
Mais je n’ai dit que la vérité. Comment veux-tu que je parle de toi si tu me refuses les rapports sexuels?

SOKOURA :
(EMPORTÉE) Ce n’est pas toi qui m’abandonnes? Hier tu me promettais ciel et terre pour me conserver.

HAMIDOU :
(enervé) C’est la vie de couple. C’est un contrat et chacun doit remplir sa part. Je t’ai tout promis sans rien te demander en échange et voilà que tu es incapable de m’offrir ton corps.

SOKOURA :
(DEÇUE) Je suis désolée mais mon corps n’est ni à offrir ni à échanger contre une promesse quelconque. Je te l’ai dit … il faut que tu me respectes en tant que personne. Cesse de me voir comme un objet sexuel. Mon corps ne t’appartient pas et fais gaffe sinon nous n’irons nulle part comme cela. J’ai été trop vite en besogne en multipliant les sorties avec toi.

HAMIDOU :
(CRIANT) J’ai demandé la permission de tes parents et ils m’ont accepté! Alors cela me donne le droit de sortir avec toi quand je veux et te faire l’amour autant que je le désire!

SFX :
ON FRAPPE A LA PORTE

LASSI :
Ah, voici nos deux tourtereaux toujours en flamme. C’est très bien car quand on est en couple, il ne faut pas perdre de temps pour faire son premier bébé (rigolade).

HAMIDOU :
(déçu) Tu tombes à pic mon ami. J’allais te voir car je ne comprends pas Sokoura.

LASSI :
Qu’est-ce que tu ne comprends pas d’elle?

HAMIDOU :
(avec force) Elle refuse que je lui fasse l’amour!

LASSI :
(ETONNE) Bon, cela n’est pas possible, car elle t’appartient.

HAMIDOU :
(INDEXANT SOKOURA) Tu entends çà, tu m’appartiens et je vais faire de toi ce que je veux qu’advienne que pourra.

LASSI :
Hamidou, laisse-moi te dire ceci : je ne perdrais jamais mon temps avec une femme qui me refuse son sexe car l’union d’un homme et d’une femme se fait autour du sexe. Mais je vous laisse pour éviter d’être un oiseau de mauvais augure. À plus!

HAMIDOU :
Tu as entendu ce que Lassi a dit. Je ne te demande rien d’autre dans la vie, mais ne me refuse jamais le sexe. Tu me le dois en tant que ma fiancée.

SOKOURA :
Je ne t’ai pas refusé le sexe. Je dis que je ne suis pas prête pour le sexe aujourd’hui et qu’il faut que nous convenions de le faire à l’avance. En plus, je ne te dois rien du tout. Si je n’étais pas venue ce soir qu’allais-tu faire?

HAMIDOU :
(FACHÉ) Je ne sais pas ce qui va se passer après mais couche toi.

SOKOURA :
(QUI SE DEBAT) Laisse-moi Hamidou, je ne ferai rien. Je m’en vais.

HAMIDOU :
Tu ne sors pas de cette maison avant que je ne n’aurai pas obtenu ce que je veux.

SOKOURA :
S’il s’agit de l’hydromel prends en bien mais moi mon sexe, jamais tu ne le toucheras ce soir et peut-être plus jamais encore. Au revoir.

HAMIDOU :
(fébrile) Arrête-toi. Reviens, toi. Ne va pas comme ça, attends-moi on va se comprendre.

SOKOURA:
(chez Bamineta)Bamineta, Bamineta, parle avec Hamidou, il veut me violer.

BAMINETA :
(SURPRISE) Te violer? Sors de chez moi avec tes histoires de viol! Quelle femme n’est pas à la merci de son mari, sors vite de chez moi et que tu ne remettes plus les pieds ici. Hamidou, ne la laisse pas car elle est à toi et tout le village en est témoin.

NARRATEUR.TRICE:
HAMIDOU POURSUIT SOKOURA MAIS NE LA RATTRAPE PAS.

SOKOURA :
(AU LOIN) Cette fois c’est fini entre toi et moi. Trouve-toi une autre femme.

HAMIDOU :
(APOLOGETIQUE) Pardonne-moi Sokoura. Reviens nous allons nous comprendre. Je ne voulais pas en arriver là.

SOKOURA :
C’est trop tard!

 

Scène III
: L’excuse de Hamidou

 

NARRATEUR.TRICE:
Hamidou a senti la séparation venir qu’il ne souhaite pas. Il va adopter les conseils de Monsieur Samaké, un enseignant du village pour qu’il ne perde pas la femme de sa vie. Ce dernier lui explique les défis au véritable amour. Hamidou regrette ses actes et le fait savoir à Sokoura. Il promet de se défaire de tous ses préjugés et d’avoir son consentement avant toute activité sexuelle dorénavant. Sokoura qui ne voulait pas non plus qu’ils se séparent, pardonne à son fiancé et lui déroule le tapis rouge.

HAMIDOU :
Moi, jeter mon amour aux chiens, non. Jamais je ne courberais l’échine devant une femme pour le sexe. Si elle n’accepte pas que je lui fasse l’amour on se sépare.

LASSI :
Mon ami pardonne-moi. J’aurais pu être celui qui te sauverait mais mon orgueil d’homme m’a ôté la raison et je t’ai emporté dans les méandres de mes erreurs. Comme je comprends que ta vie est intimement liée désormais à celle de Sokoura, j’ai fait venir Monsieur Samaké, l’enseignant du village pour qu’il te parle. Il est sage et il sait aimer, alors écoute ses conseils.

HAMIDOU :
Monsieur Samaké?

LASSI :
Oui, Monsieur Samaké, en chair et en os.

MONSIEUR SAMAKE :
Hamidou, bonjour. C’est quoi le problème?

HAMIDOU :
Sokoura n’a aucun comportement de femme soumise et je ne le supporterai pas.

LASSI :
Je te l’ai dit, le but d’être en couple c’est le rapport sexuel mais je ne peux pas décider à ta place.

HAMIDOU :
Ne t’en fais pas mon ami, Je ne cèderais pas sur ce point car son comportement est contraire à nos mœurs.

MONSIEUR SAMAKE :
Même nos mœurs commandent le respect de la femme en toute circonstance, Hamidou.

HAMIDOU :
(AVEC UN TON AIGRI) Monsieur Samaké, as-tu jamais entendu parler d’une femme qui décide du calendrier des rapports sexuels dans un couple?

MONSIEUR SAMAKE :
Voilà … tu touches là la cause des nombreux conflits conjugaux qui ont des conséquences désastreuses dans nos foyers. Une femme n’est-elle pas un humain?

HAMIDOU:
Si.

MONSIEUR SAMAKE :
Alors si tu es d’accord qu’elle est un humain comme toi, elle jouit donc des mêmes droits que toi. Alors elle a droit à la considération et au respect.

HAMIDOU:
Soit, mais ses droits n’incluent pas le refus du sexe, je n’ai jamais appris cela et je ne peux me soumettre à un quelconque accord préalable avec elle pour ça.

MONSIEUR SAMAKE :
Dit moi franchement : est-ce que tu aimes Sokoura comme tu le prétends?

HAMIDOU :
Je l’aimais. Mais avec ce comportement, je ne sais plus.

MONSIEUR SAMAKE :
Aimer quelqu’un suppose qu’on est prêt à supporter toutes ses caprices. Forcer le rapport sexuel n’est pas synonyme d’aimer, cela s’apparente plutôt à l’exploitation.

HAMIDOU :
Tu vas loin Monsieur Samaké, comment peut-on exploiter sa compagne?

MONSIEUR SAMAKE :
En mettant la pression sexuelle sur la femme on ne l’aime pas mais on la malmène, on l’exploite.

HAMIDOU :
(ETONNE) Euh!

MONSIEUR SAMAKE :
Oui, aimer une femme revient à la comprendre, à l’écouter et à coopérer avec elle sur toutes les questions, surtout sur l’intimité.

HAMIDOU :
(souriant) ça c’est une nouveauté en matière d’amour!

MONSIEUR SAMAKE :
Pour toi, peut-être. Mais aucune femme ne devrait accepter ce genre de pression sexuelle. Dans tous les cas, si tu tiens à elle, calme-toi. Tu découvriras le véritable amour.

HAMIDOU :
(convaincu et se méprisant) Je suis donc mon propre fossoyeur, Monsieur Samaké?

MONSIEUR SAMAKE :
Tout à fait, mais il n’est jamais trop tard!

HAMIDOU:
Si ce que tu me dis me permettra de conserver Sokoura, alors je vais la chercher et lui demander pardon.

MONSIEUR SAMAKE :
Un homme sage se connaît et comprend ses responsabilités, comme tu le fais. N’écoute jamais les autres en matière d’amour, écoute ton cœur, écoute ta partenaire.

HAMIDOU :
Pourtant elle a essayé de me faire comprendre que je ne sais pas aimer.

MONSIEUR SAMAKE :
L’amour véritable n’est pas dans la puissance du sexe ni de l’argent mais plutôt dans la capacité dans la capacité à respecter le processus de son partenaire.

HAMIDOU :
C’est vrai, elle m’a averti.

MONSIEUR SAMAKE :
Elle t’a averti parce qu’elle t’aime de toute son âme. Tu aurais dû faire un effort pour la comprendre.

HAMIDOU :
(se lamentant) J’étais aveuglé par ma libido et je ne voyais rien ni n’entendais quelque chose d’autre que faire l’amour avec Sokoura. J’étais obsédé.

MONSIEUR SAMAKE :
Les femmes amoureuses ne préfèrent pas les brutes.

HAMIDOU :
Moi je suis brute?

MONSIEUR SAMAKE :
Être dans la grâce d’une aussi belle femme et en sortir brutalement n’a rien de tendre.

HAMIDOU :
J’ai compris, j’ai compris. Accepterait-elle de me pardonner?

MONSIEUR SAMAKE :
Le cœur de tout amoureux lui dit qu’il doit parfois se retirer afin d’avancer plus sûrement. Fais-toi savoir que rien n’est gâté et qu’il te suffit de te métamorphoser pour reconquérir le cœur de Sokoura.

HAMIDOU :
Je te jure Monsieur Samaké que je ne m’abaisserai plus jamais au point de trahir mon propre cœur, et encore moins celui de Sokoura.

NARRATEUR.TRICE :
EN CE MOMENT, SOKOURA EST APPARU POUR VOIR HAMIDOU QUI L’APERÇOIT.

SOKOURA :
Monsieur Samaké, l’or ne brille que pour ceux qui ont des oreilles. Vos sages paroles m’auraient échappé si je n’avais pas été dans les environs. Merci pour les conseils. Hamidou j’ai entendu tout ce que tu as dit! Maintenant, qu’est-ce que tu veux me dire? Je t’écoute.

HAMIDOU :
Je te jure sur tout ce qui m’est sacré que je me suis trompé sur ton compte et que je te demande pardon.

SOKOURA :
Le peuple Bamananw (Note de la rédaction : une culture et une langue du sud-ouest du Mali) ne disent-ils pas que morsure de chien ne guérit pas par un simple pardon?

HAMIDOU :
C’est vrai. Désormais, je suis à toi, tu mérites mon attention et ton avis compte pour tout, y compris nos moments d’intimité. J’ai été trop faible, pardonne-moi, chérie!

SOKOURA :
(SATISFAITE) Ta faiblesse te conduit à ton bonheur, car plus d’un dans ta situation ne se relèverait à force d’orgueil. Je te pardonne donc et te demande plus de courtoisie dans tes approches car seul le consentement renforce l’amour et assaisonne l’intimité. Je suis toute à toi, mon cœur!

DJANGUINÈ:
Un amour véritable repose sur la communication, le respect mutuel la tendresse et le consentement entre homme et femme. Alors ne confondons pas notre pulsion avec l’amour. Changeons donc de comportement vis-à-vis de nos partenaires. Comme cela nous limitons la violence et les conflits dans nos couples et promouvoir la paix dans nos foyers et dans nos communautés.

Acknowledgements

Remerciements

Rédigé par : Drissa Fomba, Président de l’Association Mali Traditionnel (AMTRAD)

Révisé par : Hadidjatou Diarra, Conseillère en Communication Plaidoyer sur un Programme en Santé et Droits Sexuels et Reproductifs (SDSR)

 

Cette ressource a été produite grâce à l’initiative « HÉRÈ — Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ – MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Women in Law and Development in Africa (WiLDAF) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.