Notes au radiodiffuseur
Notes aux radiodiffuseurs et aux radiodiffuseuses
À Kisiwani, un village du district de Same, dans la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie, une grande partie des agriculteurs et agricultrices sélectionnent et stockent des semences pour la saison suivante, et ce, suivant des méthodes agroécologiques. Cela fait deux ou trois ans maintenant que les gens de ce village tilisent ces méthodes qui, selon eux, leur donnent de meilleurs résultats que les semences améliorées des magasins d’intrants agricoles. En effet, les semences améliorées ne germent pas toujours parce qu’elles ont été conservées trop longtemps, ou à cause d’autres facteurs. Toujours aux dires des agriculteurs et des agricultrices, les semences locales résistent aux organismes nuisibles, aux maladies et aux nouvelles conditions météorologiques; elles ne nécessitent aucun engrais synthétique, pesticide ou fongicide; elles produisent des denrées saines plus nutritives que celles des semences améliorées; les aliments préparés avec les produits des semences locales sont meilleurs pour la santé et elles contribuent à l’amélioration de la biodiversité et la conservation de la nature. Les agriculteurs et les agricultrices ajoutent que les semences sélectionnées et stockées restent viables même après trois saisons d’utilisation lorsqu’on les conserve bien et que des organismes nuisibles ou des maladies ne les attaquent pas.
Ces agriculteurs et ces agricultrices rencontrent des difficultés pour sélectionner et stocker des semences, en raison notamment des conditions météorologiques et du manque d’installations de stockage, mais ils continuent d’entreposer des semences avec les moyens de bord. Dans le présent texte radiophonique, nous découvrirons les dispositions qu’ils prennent pour conserver et protéger les semences, y compris la culture, la récolte, l’entreposage et la protection des semences contre les organismes nuisibles et les maladies.
Monsieur Omary, l’agent de vulgarisation agricole du district de Same nous parle de l’aide qu’il apporte aux agriculteurs et aux agricultrices, et un agriculteur nommé monsieur Emmanuel Kakore nous explique en détail comment les cultivateurs et les cultivatrices sélectionnent et conservent les semences pour une autre saison, et ce, à l’aide de techniques agroécologiques.
Si vous souhaitez réaliser une émission similaire sur la sélection et la conservation des semences suivant une méthode et des techniques agroécologiques, vous pourriez vous inspirer de ce texte radiophonique. Si vous décidez de présenter ce texte dans votre émission régulière, vous pourriez le faire interpréter par des comédiens et des comédiennes de doublage ou des animateurs et des animatrices de radio à la place des personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et de comédiennes de doublage et non celles des véritables personnes interviewées.
Si vous souhaitez effectuer des recherches pour réaliser votre propre émission sur ce sujet, vous pourriez poser les questions suivantes à des agriculteurs, des agricultrices et d’autres spécialistes :
- Pourquoi préférez-vous sélectionner et entreposer vous-mêmes vos semences?
- Quels sont les critères à respecter pour la sélection et l’entreposage de certaines semences?
- Quelles sortes d’installations et de moyens de stockage utilisez-vous pour conserver vos semences?
- Comment protégez-vous les semences de ferme entreposées contre les organismes nuisibles et les maladies?
Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 15 à 20 minutes.
Texte
EFFETS SONORES:
MONTÉE DE L’INDICATIF sonore ET FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE :
Mesdames et messieurs, bienvenue à l’émission d’aujourd’hui. Nous allons découvrir comment sélectionner et entreposer des semences pour la saison suivante au moyen de techniques agroécologiques.
Pour en parler, j’ai rencontré monsieur Emmanuel Kakore, un agriculteur de Kisiwani, un village du district de Same, dans la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie. Emmanuel Kakore pratique l’agriculture agroécologique depuis environ neuf ans.
Mais avant de m’entretenir avec lui, je parlerai à un agent de vulgarisation agricole du district, monsieur Omary Mhina.
Bonjour, monsieur Omary, et merci pour le temps que vous nous accordez. Je suis là pour vous poser quelques questions concernant la sélection et l’entreposage des semences pour la saison suivante grâce à des techniques agroécologiques.
Tout d’abord, quelles sont les denrées les plus couramment cultivées dans votre district?
OMARY MHINA:
Le district de Same est divisé en trois zones agroécologiques, à savoir: les terres à basse altitude, à moyenne altitude et à haute altitude. Les agriculteurs et les agricultrices cultivent généralement du maïs, du haricot, du tournesol, du sorgho, du manioc, de la pomme de terre, des arbres fruitiers et des légumes. Le café est surtout cultivé sur les terres à moyenne altitude, et le riz dans les zones à basse altitude.
ANIMATEUR.TRICE:
Quel est le meilleur moment pour cultiver dans votre région?
OMARY MHINA:
En général, la saison agricole commence en septembre et en octobre, bien qu’en raison des changements climatiques, la saison commence maintenant en novembre et en décembre parfois. Par conséquent, les récoltes peuvent donc s’étaler d’avril à juin.
ANIMATEUR.TRICE:
Qu’est-ce que l’agriculture écologique?
OMARY MHINA:
L’agriculture écologique est une pratique agricole axée sur l’écosystème, suivant laquelle les agriculteurs et les agricultrices n’utilisent ni engrais industriels ni pesticides. Elle préserve et respecte les liens entre tous les organismes vivants et leur milieu pour générer des résultats positifs. À la place des intrants industriels, l’agriculture écologique a recours aux pesticides naturels ou biologiques et aux engrais biologiques issus de la décomposition d’organismes vivants et du fumier animal. Cette pratique est respectueuse de l’environnement, car elle ne nuit ni aux sols ni aux cultures, et elle ne comporte aucun danger pour les consommateurs et les consommatrices, ou d’autres êtres vivants.
ANIMATEUR.TRICE:
En matière de sélection et d’entreposage de semences, quelle est la différence entre agriculture agroécologique et agriculture conventionnelle?
OMARY MHINA:
Beaucoup d’agriculteurs et d’agricultrices préfèrent utiliser des semences issues de l’agriculture agroécologique pour la saison suivante. En pareil cas, une personne qui n’a pas de semences peut en demander ou acheter chez des voisins, car les agriculteurs et les agricultrices échangent ou partagent généralement les semences. Pour la sélection des semences, les cultivateurs et les cultivatrices expérimentés choisissent d’habitude les plants en meilleure santé et les font bien sécher. Ensuite, ils et elles procèdent au tri et au classement avant l’entreposage. Ceux et celles qui préfèrent les variétés améliorées en achètent généralement dans les magasins d’intrants agricoles. La différence c’est que les semences sélectionnées et stockées suivant les principes de l’agriculture agroécologique se conservent plus longtemps, et peuvent servir encore lorsqu’elles sont bien entreposées.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment aidez-vous les agriculteurs et les agricultrices pour la sélection et l’entreposage des semences?
OMARY MHINA:
Je leur conseille d’avoir un lopin de terre spécial pour la production de semences, notamment celles du maïs et du haricot. Toute la récolte provenant de ce lopin est sélectionnée, mise à sécher, emballée et entreposée pour servir de semence pour la saison suivante.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment les agriculteurs et les agricultrices traitent-ils les semences destinées à l’entreposage?
OMARY MHINA:
Pour les haricots, une fois que les plants du champ sont matures pour la récolte, les feuilles deviennent jaunes ou brunes. Les agriculteurs et les agricultrices déracinent alors les plants et les étalent sur une surface plate, par exemple un plancher, un rocher plat ou une bâche. Ils et elles laissent les plants sécher complètement au soleil pendant quelques jours, en fonction de leur degré de séchage au moment de la récolte et des conditions météorologiques locales.
Le battage permet d’extraire les graines de haricot des gousses lorsqu’elles ont séché, et il peut être fait de deux façons au moins. Premièrement, s’il y a juste quelques plants, les agriculteurs et les agricultrices tiennent simplement les plants par la racine et les frappent sur un objet dur ou une surface dure. Et, deuxièmement, ils et elles peuvent rassembler toute la récolte séchée et procéder au battage avec un gros bâton.
Après le battage, les cultivateurs et les cultivatrices vannent le haricot pour le débarrasser de tous les corps étrangers, les débris ou toute la paille. Cette méthode est également utilisée lors de la sélection des grains de maïs.
Les agriculteurs et les agricultrices commencent à sélectionner les semences durant la croissance des plants. Et la sélection des semences se poursuit jusqu’à ce que les semences conservées soient entreposées, suivant surtout des critères particuliers. Les semences conservées et entreposées doivent être de gros calibres, sains, ne doivent porter aucune trace de dommages causés par des organismes nuisibles ou des maladies, et être suffisamment sèches.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment les agriculteurs et les agricultrices trient-ils les bonnes graines?
OMARY MHINA:
En vannant les semences au vent, toutes les semences déformées, infestées et endommagées sont éliminées. S’il en reste, elles sont extraites à la main, et ensuite les semences sélectionnées sont prêtes pour l’entreposage.
ANIMATEUR.TRICE:
Qu’en est-il du maïs? Comment les agriculteurs et les agricultrices sélectionnent-ils les bonnes semences de maïs?
OMARY MHINA:
À l’instar d’autres cultures, la sélection des semences commence lorsque les cultures sont toujours au champ. Les cultures préférées sont celles qui se trouvent au milieu du champ pour amoindrir les risques de pollinisation croisée avec les plants des champs de maïs voisins. Il est recommandé de récolter le maïs qui servira de semence, seulement lorsque les plants parviennent à pleine maturité. Après la récolte, certaines personnes prennent les plants de maïs entiers, toujours feuillus, et les étalent sur le toit de leurs cuisines. Puis, pendant la cuisine, la fumée du feu de bois tue les organismes nuisibles qui infestent parfois les grains de maïs. Cependant, la majeure partie des cultivateurs et des cultivatrices récoltent le maïs lorsqu’il a séché au champ et que les feuilles ont bruni. Ils et elles récoltent les épis et les font sécher au soleil pendant trois jours environ, en fonction des conditions météorologiques. Je leur apprends à diviser l’épi en trois parties: A, B et C.
« A » est la partie rattachée à la tige du maïs. « B » est celle du milieu et que nous recommandons d’utiliser comme semence et « C » est la partie restante du haut. Les grains de la partie « B » devraient aussi gros que ceux de la partie « A » et « C » réunis. Les grains de la partie « A » et « C » sont souvent petits et, par conséquent, ne conviennent pas pour la conservation. Mais les grains de la partie « B » sont gros et sains, et donc bons à être conservés pour servir de semences.
ANIMATEUR.TRICE :
Comment les agriculteurs et les agricultrices conservent-ils les semences sélectionnées pour la saison suivante?
OMARY MHINA:
Les cultivateurs et les cultivatrices utilisent des sacs de conservation vendus dans les magasins ou dans les magasins d’intrants agricoles, et qui peuvent contenir 80 à 120 kilogrammes. Ils et elles conditionnent les grains de maïs ou de haricot et entreposent les sacs dans une pièce de stockage spéciale à la maison. Il peut s’agir d’une pièce séparée de celles où leurs denrées sont stockées ou ailleurs dans le même entrepôt. S’ils ou elles veulent vendre les semences entreposées, les agriculteurs et les agricultrices les conditionnent dans des sacs de 10 ou 20 kilogrammes. Ils et elles ne vendent pas les épis de maïs disposés sur le toit des cuisines.
ANIMATEUR.TRICE:
Pendant combien de temps les semences peuvent-elles être entreposées et demeurent-elles viables?
OMARY MHINA:
Beaucoup de cultivateurs et de cultivatrices stockent une quantité suffisante de semences pour juste six mois jusqu’à la saison suivante, mais les semences peuvent être entreposées pendant 24 mois. Lorsqu’elles ne sont pas infestées d’organismes nuisibles, les semences entreposées peuvent servir pendant deux saisons agricoles.
ANIMATEUR.TRICE :
Quels conseils donnez-vous aux agriculteurs et aux agricultrices pour lutter contre les organismes nuisibles et les maladies et protéger les semences?
OMARY MHINA:
Je leur conseille d’utiliser des méthodes locales et écologiques comme les pesticides biologiques pour combattre les organismes nuisibles et les maladies, par exemple, en répandant de la cendre sur les feuilles des cultures qui ont été attaquées par les organismes nuisibles.
De plus, les cultivateurs et les cultivatrices peuvent écraser des feuilles de neem (Azadirachta indica) et du piment et mélanger le tout avec de l’eau. Ce mélange peut être pulvérisé sur les grains de maïs et de haricot avant d’être entreposés pour les protéger des organismes nuisibles. Mais les semences pulvérisées doivent être séchées bien avant d’être entreposées.
ANIMATEUR.TRICE:
Quelles sont les difficultés que les agriculteurs et les agricultrices rencontrent au niveau de la sélection et l’entreposage des semences?
OMARY MHINA:
Le manque de matériel pour l’entreposage des biopesticides qu’ils fabriquent constitue une difficulté. Les producteurs et les productrices ne disposent pas de bonnes installations d’entreposage, par conséquent, ils et elles utilisent des moyens de bord tel que les bouteilles d’eau normale. En plus, pour faire des pesticides locaux, les gens n’ont pas le matériel pour mesurer la quantité d’ingrédients nécessaires pour les pesticides fabriqués localement. Par conséquent, ils mesurent de façon approximative les quantités d’ingrédients des pesticides.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci, monsieur Omary, pour votre temps et votre contribution.
OMARY MHINA:
Merci infiniment et tout le plaisir est pour moi.
EFFETS SONORES:
Courte musique, puis fondu enchaÎné.
ANIMATEUR.TRICE:
Chers auditeurs et auditrices, j’ai grand espoir que vous avez appris beaucoup de choses de monsieur Omary, l’agent de vulgarisation agricole. Permettez-moi maintenant de vous conduire chez Emmanuel Kakore pour en savoir plus sur l’opinion des agriculteurs et des agricultrices concernant les systèmes semenciers paysans.
Emmanuel Kakore est un agriculteur qui vit à Kisiwani, un village du district de Same, dans la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie. Il pratique l’agriculture agroécologique depuis neuf ans environ.
Bonjour, Emmanuel Kakore, j’aimerais vous poser quelques questions concernant la sélection et l’entreposage des semences pour une autre saison, suivant des techniques agroécologiques.
Quelles cultures produisez-vous?
EMMANUEL KAKORE :
Je cultive surtout le maïs, le haricot, le manioc et la banane.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment sélectionnez-vous et entreposez-vous les semences pour la saison suivante?
EMMANUEL KAKORE :
Premièrement, j’ai un lopin de terre spécial d’environ une demi-acre où je produis des semences pour la saison suivante. Pour le maïs et le haricot, lorsque la récolte arrive et que les semences ont séché au champ, nous les récoltons et les faisons sécher au soleil. Une fois qu’elles sont suffisamment sèches, nous les mélangeons avec des pesticides locaux pour les protéger contre les infestations d’organismes nuisibles, et nous en conditionnons pour les entreposer en lieu sûr pour la saison suivante. Nous en vendons également à d’autres collègues durant la saison agricole.
ANIMATEUR.TRICE :
Quel est le meilleur moment pour cultiver votre parcelle de semences?
EMMANUEL KAKORE:
La petite saison pluvieuse commence en fin septembre ou octobre, mais à cause des changements qui surviennent au niveau de la météo, actuellement la saison commence parfois en novembre, décembre ou janvier. Donc, quand il commence à pleuvoir, les cultivateurs et les cultivatrices sèment et se préparent ensuite pour d’autres activités comme le sarclage, le remplissage des espaces ou l’éclaircissage, le buttage, la lutte contre les ravageurs et les maladies, et s’assurent d’utiliser tous les intrants conformément aux principes agroécologiques.
ANIMATEUR.TRICE:
Quel est le meilleur moment pour récolter et sélectionner les semences?
EMMANUEL KAKORE:
Premièrement, je tiens compte des conditions météorologiques, car lorsque les pluies s’arrêtent, une période de fraîcheur s’en suit, et le soleil ne brille pas assez pour faire sécher les plants. Pour le maïs, je plie généralement les tiges pour éviter que les grains pourrissent à cause des pluies.
Donc, lorsque la météo est bonne avec des journées suffisamment ensoleillées, je récolte mes plants et je les fais sécher pendant trois à cinq jours, en fonction du niveau d’ensoleillement dans une journée.
ANIMATEUR.TRICE:
Quelles méthodes faut-il appliquer pour la récolte des semences, notamment celles du maïs?
EMMANUEL KAKORE:
Lorsque les plants de maïs ont séché au champ et que les feuilles deviennent jaunes, c’est le signe qu’il est temps de récolter. Je cueille les épis, laisse les plants dans le champ et ensuite je transporte la récolte à la maison. Nous retirons les épis et, si la météo est bonne, nous les faisons sécher au soleil sur une bâche pendant quelques jours.
ANIMATEUR.TRICE :
Comment traitez-vous les semences à conserver?
EMMANUEL KAKORE:
Quand le maïs est suffisamment sec, je trie les épis et je sépare ceux qui ont de gros grains de ceux dont les grains sont petits. Je trie les grains de maïs en divisant chaque épi en trois parties, autrement dit, en éliminant les parties inférieure et supérieure. Je prends la partie du milieu où se trouvent généralement les grains les plus gros, et qui sont meilleurs à ceux des deux autres parties, et ce sont ces grains-là que je stocke pour la saison suivante.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment savoir quand les grains sont suffisamment secs pour être stockés?
EMMANUEL KAKORE:
Nous utilisons souvent des méthodes qui consistent par exemple à verser les grains sur le plancher et à écouter le bruit que cela fait. Lorsque les grains sont assez secs pour être stockés, ils émettent un son net et ils s’éparpillent partout. Outre cela, vous pouvez mordre quelques grains pour voir s’ils sont suffisamment secs. Nous mettons également une petite quantité dans une bouteille transparente avec des grains et nous attendons pendant douze heures. Si le sel se liquéfie, cela signifie que les grains ne sont pas assez secs. Mais si le sel ne se liquéfie pas, alors nous savons que les grains sont secs et prêts à être entreposés.
ANIMATEUR.TRICE :
Quelle sorte d’installations de stockage utilisez-vous?
EMMANUEL KAKORE:
Cela est très compliqué, car nous n’avons pas d’installations de stockage modernes spéciales. En lieu et place, nous utilisons des récipients de bord comme des sacs. Nous mettons les semences dans des sacs, nous disposons des morceaux de bois sur le plancher, et puis nous déposons les sacs sur le bois. Cela évite que les grains absorbent l’humidité du sol.
J’achète également de petits sacs pour stocker 10 ou 20 kilogrammes, et j’entrepose les semences que je compte vendre dans ces sacs. J’utilise également des récipients de stockage en plastique comme des seaux.
ANIMATEUR.TRICE:
Quelle est l’efficacité des récipients de stockage que vous utilisez?
EMMANUEL KAKORE:
En fait, ils sont efficaces. En effet, nous stockons les semences pendant longtemps sans problème. Ce qu’il faut faire, c’est de protéger les semences de l’humidité. Par conséquent, je m’assure que la pièce où je stocke les semences est toujours fermée et que le plancher ne dégage pas d’humidité, surtout quand j’entrepose les semences dans des sacs.
ANIMATEUR.TRICE:
Pendant combien de temps les semences peuvent-elles être entreposées et restées viables?
EMMANUEL KAKORE:
Si elles sont bien stockées et protégées, et qu’aucun organisme nuisible ni aucune petite bête comme des rongeurs ne les attaquent, les semences peuvent servir durant environ trois saisons sans problème. Mais je conserve des semences après chaque récolte. J’utilise ces semences pour la saison suivante et je vends le supplément.
ANIMATEUR.TRICE :
Comment protégez-vous les semences pour être sûr qu’elles sont viables pour la saison suivante?
EMMANUEL KAKORE:
L’important c’est de protéger les semences contre les organismes nuisibles comme les charançons du maïs, la vermine telle que les rongeurs et l’humidité. Donc, nous produisons des pesticides locaux que nous pulvérisons sur les semences avant de les entreposer pour les mettre à l’abri des organismes nuisibles. Je m’assure que la pièce où je stocke les semences n’est pas humide, et que le sol et la fenêtre empêchent l’humidité d’atteindre les semences.
ANIMATEUR.TRICE:
Quels sont les pesticides locaux que vous utilisez pour lutter contre les organismes nuisibles aux semences?
EMMANUEL KAKORE:
J’utilise des feuilles de neem, du piment, du tournesol sauvage et de l’urine de vache.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment préparez-vous vos pesticides?
EMMANUEL KAKORE:
Pour l’urine de vache, nous le recueillons et la conservons dans des seaux pendante 21 jours. Ensuite, nous écrasons le tournesol sauvage avec de l’ail et nous mélangeons le tout avec de l’eau et l’urine de vache conservée depuis 21 jours, et nous utilisons ensuite ce mélange comme pesticide.
À part cela, nous écrasons des feuilles de neem avec du tournesol sauvage, et nous mélangeons bien avec de l’eau, et nous utilisons cette solution comme pesticide.
Nous préparons également des pesticides sous forme de poudre. Les ingrédients sont constitués de cendres de bouse de vache brûlée que nous mélangeons avec les grains de maïs ou d’autres grains, de la poudre de piment et de la poudre de feuilles de neem séchées. Vous mélangez une portion de chacun de ces ingrédients, à raison d’une portion de 1:1:1. Ensuite, vous mélangez 250 grammes de cette poudre avec 20 kilogrammes de semences.
EFFETS SONORES:
EFFET SONORE OU MUSIQUE, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE:
Mesdames et messieurs, c’est la fin de notre émission. Nous avons appris comment les agriculteurs et les agricultrices sélectionnent et entreposent des semences pour la saison suivante en matière d’agriculture agroécologique dans le district de Same, dans la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie.
Monsieur Omary Mhina, un agent de vulgarisation et un expert agricole de la région, nous a parlé, et nous avons entendu également monsieur Emmanuel Kakore, un agriculteur qui sélectionne et entrepose ses semences pour la saison suivante dans le cadre de l’agriculture agroécologique qu’il pratique.
Nous espérons que vous avez appris beaucoup de choses durant cette émission. Merci et passez une agréable journée.
Acknowledgements
Remerciements
Rédaction : Enos Mathias Lufungulo, journaliste indépendant
Révision : Eliud M. A. Letungaa. Bureau régional de l’agriculture et de l’élevage, Mtandao wa Vikundi vya Wakulima na wafugaji Mkoa wa Arusha (MVIWAARUSHA).
Information sources
Interviews :
Omary Mhina, agent de vulgarisation, district de Same
Emanuel Savopo Kakore, agriculteur, village de Kisiwani
Leticia Emmanuel, agricultrice, village de Kisiwani
Yusuph John, agriculteur, village de Kisiwani
Ester Philipo, agricultrice, village de Kisiwani
Toutes les interviews ont été réalisées le 26 juin 2022.
Cette ressource a été produite grâce au soutien financier de la Fondation Biovision.