La participation des femmes à l’EFTP (enseignement et formation techniques et professionnels) : Obstacles, avantages, politiques et programmes

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Introduction

Malgré une transformation majeure du secteur de l’éducation, le Ghana est toujours confronté à l’idée fausse que les programmes de carrière à dominante masculine dans les domaines techniques et professionnels sont mieux adaptés aux hommes. Cette fausse impression a sapé l’intérêt des jeunes femmes marginalisées, continuant ainsi à les décourager d’avoir des aspirations professionnelles dans les métiers de l’EFTP.

Garantir la pleine participation des femmes à l’EFTP est une stratégie clé et efficace pour autonomiser les groupes marginalisés, en particulier les femmes, et améliorer la situation du chômage et du sous-emploi des jeunes femmes au Ghana. La majorité des personnes inscrites dans l’EFTP public sont des hommes, une norme sociale qui doit être revue pour permettre aux femmes de participer et de s’épanouir en profitant des opportunités qui existent dans ces secteurs à forte croissance. Par exemple, seuls 16,7 % des 18 432 stagiaires de l’Institut de formation technique (TTI) sont des femmes et environ 26 % des 6 710 stagiaires de l’Institut national de formation professionnelle (NVTI) sont des femmes.

De nombreuses jeunes femmes pauvres des zones urbaines du Ghana sont confrontées à des conditions sociales, politiques et économiques qui limitent leur capacité à surmonter la pauvreté, et la formation à l’EFTP peut offrir une voie de sortie de la pauvreté générationnelle. Mais, selon le Ministère de l’éducation, 25,9% du nombre total de personnes inscrites dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels sont des femmes.

Informations clés sur l’EFTP.

  • Malgré les appels et les initiatives du gouvernement et des parties prenantes, la participation des femmes aux formations et aux métiers de l’EFTP reste faible.
  • Le principal obstacle à l’inscription des femmes à la formation technique et professionnelle est la persistance de stéréotypes négatifs, par exemple, que l’EFTP est destiné aux hommes.
  • Accroître l’accès des femmes à la formation EFTP et aux emplois qui y sont liés peut les rendre économiquement autonomes et réduire la pauvreté à long terme.
  • La formation à l’EFTP doit être améliorée pour éliminer progressivement les programmes et les méthodes d’enseignement dépassés.
  • Le développement des compétences techniques reçoit très peu de fonds de la part du gouvernement ou des donateurs.trices privés au Ghana.
  • L’éducation des filles engendre de nombreux gains socio-économiques qui profitent à des sociétés entières. Il s’agit notamment d’une productivité économique accrue, de revenus familiaux plus élevés, de mariages retardés, de taux de fécondité réduits et d’une amélioration de la santé et des taux de survie des nourrissons et des enfants.

Statistiques sur le sous-emploi des femmes au Ghana

  • Bien que les femmes représentent plus de 50 % de la main-d’œuvre du Ghana, elles occupent moins de 2 % des postes qualifiés lucratifs.
  • Selon une étude réalisée par la Banque mondiale en 2020, 12 % des jeunes âgés de 15 à 35 ans sont au chômage et plus de 50 % sont sous-employés, ces deux chiffres étant supérieurs à ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne.
  • Un rapport différent datant de 2020 a estimé le taux de chômage des jeunes femmes au Ghana à 13,5 % et 13,1 % en 2015 et 2017, respectivement.

Opportunités pour les jeunes femmes urbaines pauvres dans les sous-secteurs de l’EFTP

  • Stockage, transformation et commercialisation dans le secteur de l’agriculture.
  • Maçonnerie, carrelage et plomberie dans le secteur de la construction.
  • Électrotechnique domestique (câblage), réparation et installation d’appareils électroniques, et installation de téléviseurs numériques dans le secteur de l’énergie.
  • Les services de transport de marchandises et de transport, les services de transport par autobus, les services Uber, Yango et Bolt dans le secteur des transports.
  • Réparation informatique, développement de logiciels, techniciens en réseau et en informatique, assemblage d’ordinateurs et d’accessoires, installation de télévision en circuit fermé (CCTV) dans le secteur des TIC et de l’électronique.
  • Mécanique automobile, électricité automobile et carrosserie automobile dans le secteur de l’ingénierie.
  • La menuiserie, les textiles et les produits en cuir, la fabrication de détergents, les cosmétiques et le perlage dans le secteur manufacturier.

Avantages de l’EFTP pour les jeunes femmes et la société dans son ensemble

  • L’autonomisation économique des femmes : L’EFTP est considéré comme faisant partie des grands égalisateurs sociaux, créant des opportunités pour les jeunes femmes d’améliorer leur niveau de vie, d’acquérir une mobilité ascendante et de rompre avec la pauvreté générationnelle.
  • La valorisation des ressources humaines : Au niveau sociétal, la marginalisation des femmes fait perdre à de nombreux pays les capacités des femmes. Si davantage de femmes bénéficient d’une formation qualifiante, un pays dispose d’une main-d’œuvre plus qualifiée pour mieux se développer.
  • Réduction de la pauvreté des ménages : Donner aux femmes les moyens d’entrer dans la vie active grâce à l’EFTP leur permet de contribuer de manière significative au revenu de la famille, ce qui favorise grandement la réduction de la pauvreté.
  • Un meilleur bien-être des enfants : Les femmes étant traditionnellement les gardiennes de leurs enfants, si les jeunes femmes sont économiquement autonomes, elles disposent de suffisamment de ressources pour subvenir aux besoins de leur foyer, et notamment de leurs enfants.
  • Réduction de la discrimination fondée sur le sexe : L’EFTP aide les jeunes femmes à s’intégrer dans la société en fréquentant des écoles ou des formations avec leurs homologues masculins.
  • Création d’emplois : L’EFTP peut aider les jeunes femmes à augmenter leurs chances d’obtenir un emploi dans des institutions formelles en ingénierie, menuiserie, couture, etc. afin qu’elles puissent créer leur propre entreprise et employer d’autres personnes.
  • Donner aux femmes des moyens d’action en matière de planification familiale et de questions sexuelles/productives : En s’engageant dans une formation et un emploi dans le cadre de l’EFTP, les jeunes femmes peuvent renforcer leurs capacités et leur compréhension et accroître leur confiance pour faire leurs propres choix et prendre en charge ces domaines de leur vie.
  • Soutenir la croissance du PIB national : Les diplômés de l’EFTP qui sont soit indépendants soit engagés dans le secteur formel contribuent à réduire le chômage et à améliorer l’activité économique et la croissance globale du PIB au Ghana.
  • Réaliser un développement durable : Il est beaucoup plus facile d’y parvenir lorsque les femmes exercent un emploi rémunéré et ont un accès et un contrôle égaux aux ressources économiques.
  • Atteindre les objectifs commerciaux : La participation des femmes dans les secteurs non traditionnels peut accroître la productivité et augmenter d’autres avantages pour les entreprises, notamment en attirant de nouveaux talents, en réduisant les niveaux de risque et en améliorant l’impact communautaire grâce à l’embauche de femmes locales.
  • L’égalité des sexes : Lorsque les femmes sont qualifiées et ont un emploi rémunéré, l’égalité des sexes est renforcée, les résultats de développement de la productivité pour la prochaine génération sont également assurés.

Obstacles à la participation des jeunes femmes à l’EFTP

  • Les perceptions négatives, notamment le fait que l’EFTP est inférieur à l’enseignement général et qu’il est dominé par les hommes, affectent la participation des femmes dans les domaines commerciaux non traditionnels à forte croissance.
  • La pauvreté : lorsque les parents ou les tuteurs.trices ne sont pas en mesure d’assumer le coût de la formation.
  • Le manque d’infrastructures scolaires et les ressources limitées pour répondre aux besoins et aux défis spécifiques des jeunes femmes, notamment en matière d’hygiène et d’assainissement.
  • Des obstacles propres à la culture, notamment le mariage des enfants, et des préjugés contre l’éducation.
  • Les croyances religieuses, telles que les conceptions selon lesquelles le rôle des femmes est de s’occuper de la maison, et non de travailler ou d’effectuer certains travaux.
  • L’accès inégal des femmes à l’éducation.
  • La répartition déséquilibrée du travail domestique entre les hommes et les femmes à un impact énorme sur la possibilité pour les jeunes femmes d’accéder et de participer à l’EFTP.
  • Les questions de santé et de sécurité continuent d’être un obstacle à la participation des femmes. Les femmes ont été élevées pour croire qu’elles n’ont pas la force physique pour des travaux comme la construction.
  • Le manque de confiance en soi : La plupart des femmes pensent qu’elles ne peuvent pas réussir dans certains domaines de l’EFTP. Par exemple, dans les domaines de la construction, du maniement, de la maçonnerie et du carrelage, la plupart des femmes pensent que c’est un secteur dominé par les hommes et qu’elles pourraient ne pas réussir.
  • Le harcèlement sexuel : Alors que des dessous de table sont exigés des hommes, les femmes se voient fréquemment demander des faveurs sexuelles avant d’être embauchées à des emplois du secteur formel.
  • Taquineries et moqueries : Les femmes qui occupent des emplois liés à l’EFTP sont souvent soumises à ce type de comportements.
  • Absence de systèmes de soutien pour la garde des enfants.
  • Un environnement peu propice, par exemple, l’industrie ne disposant pas de vestiaires et d’équipements de protection individuelle (EPI) appropriés pour les travailleuses
  • Un manque de politiques sensibles au genre pour soutenir la participation des femmes dans les secteurs dominés par les hommes.
  • Des méthodologies utilisées pour dispenser la formation et des modèles de formation en apprentissage dépassés et obsolètes qui ne suivent pas les tendances actuelles du secteur : Au Ghana, le secteur utilise des équipements et des outils de formation obsolètes et inadaptés, il manque de matériel de formation, le nombre d’instructeurs.trices qualifiés ayant l’expérience pratique requise dans l’industrie est insuffisant et les liens entre les établissements de formation et l’industrie font défaut.

Les moyens d’attirer et de retenir les femmes dans l’EFTP

  • Utiliser des modèles pour éduquer et sensibiliser : Mettre en avant les femmes qui ont réussi dans des carrières liées à l’EFTP peut remettre en cause les normes sociales existantes selon lesquelles seuls les hommes peuvent travailler dans ces industries.
  • Mettre en place des mesures incitatives pour que les entreprises non traditionnelles prennent en compte les femmes dans leurs pratiques d’embauche : Des incitations telles que des exonérations fiscales pourraient motiver les entreprises à embaucher et à retenir les femmes dans leurs organisations.
  • Promouvoir massivement les programmes de formation EFTP disponibles et leurs avantages pour les femmes : Malgré la disponibilité de financements pour les formations EFTP, ces opportunités sont peu connues des jeunes des communautés urbaines à faibles revenus et de leurs proches. Ainsi, le renforcement et l’approfondissement du processus de partage des informations avec le public permettront d’attirer davantage de femmes dans le secteur.
  • Améliorer l’accessibilité des informations pertinentes sur l’EFTP : Les médias sociaux et autres plateformes de réseaux sociaux font partie des canaux privilégiés par les jeunes pauvres urbains pour accéder aux informations.
  • Renforcer les capacités des prestataires de formation : L’adoption d’approches nouvelles et interactives peut contribuer à maintenir l’intérêt des jeunes femmes qui s’inscrivent à une formation d’EFTP. De même, intégrer régulièrement des formations pratiques et concrètes peut faciliter la compréhension et l’engagement.
  • Les politiques des employeurs : Le gouvernement et les autres organismes concernés peuvent encourager les employeurs à adopter des politiques qui renforcent la capacité des femmes à exercer leurs droits sur le lieu de travail. Par exemple, les politiques qui protègent l’emploi des femmes pendant leur congé de maternité peuvent grandement contribuer à encourager les femmes à jouir de leurs droits reproductifs tout en conservant leur emploi intact.
  • Mettre en place des systèmes d’aide à la garde d’enfants pour les femmes stagiaires de l’EFTP : Cette question doit être abordée du niveau national au niveau local pour garantir l’inscription des femmes à toutes les formations de l’EFTP.
  • Promulguer des politiques visant à encourager une adhésion précoce à l’EFTP : Le Ministère de l’Éducation pourrait promulguer des politiques pour encourager les jeunes femmes à s’orienter très tôt vers les domaines de l’EFTP, par exemple au niveau de l’école secondaire.

Parties prenantes/secteurs qui doivent être impliqués pour accroître la participation des femmes à l’EFTP au Ghana

  • Les médias
  • Les parents et les proches
  • Les ONG
  • Le gouvernement
  • Les établissements d’enseignement
  • Les dirigeants communautaires
  • Les chefs et autres autorités traditionnelles
  • Les chefs et groupes religieux
  • Les organisations de la société civile.

Politiques et programmes gouvernementaux existants sur l’implication des jeunes femmes dans l’EFTP au Ghana.

  1. Gender Responsive Skills and Community Development Project (GRSCDP) : Le GRSCDP, qui relève du Ministère de la Condition féminine et de l’Enfance, est chargé de promouvoir les filles dans les métiers professionnels non traditionnels. Le programme accorde des bourses aux filles pour qu’elles s’inscrivent à un programme de métiers spécialisés, en payant 100 % des frais de formation. Le programme a également alloué un certain nombre d’ordinateurs aux établissements d’enseignement technique afin de garantir que les jeunes femmes reçoivent une formation de qualité.
  2. Women in Technical Education Department (WITED) : WITED opère sous les auspices du Ghana Education Service du Ministère de l’Education. Il se concentre sur les femmes dans l’enseignement technique et aide les jeunes femmes dans les établissements de formation technique en les mettant en relation avec des femmes travaillant dans des domaines techniques. L’organisation travaille dans les 10 régions et leurs districts respectifs.
  3. Girl’s Education Unit (GEU): La GEU est une unité de la Division de l’éducation de base du Service de l’éducation du Ghana qui promeut l’élimination des obstacles à l’éducation des filles. La GEU facilite, met en réseau, influence, concentre, planifie, évalue et collecte/distribue des informations, des données et des bonnes pratiques. En outre, la GEU travaille avec un groupe de facilitateurs.trices communautaires qui mènent des activités de mobilisation et de sensibilisation au sein des communautés et assurent un suivi auprès des familles pour soutenir l’éducation des filles.
  4. Tech Needs Girls: Ce projet s’appuie sur les expériences et les réalisations d’un partenariat de développement avec le secteur privé appelé « Female Professionals in Electronics », qui est actuellement mis en œuvre au Ghana par l’organisation allemande de développement, GIZ, en coopération avec l’Agence coréenne de coopération internationale, et Samsung. Au cours des deux dernières années, ce projet a aidé quatre écoles d’EFTP à mettre en place des cours de TIC et d’électronique.

Acronymes

CCTV: Télévision en circuit fermé

COTVET: Council for Technical and Vocational Education and Training (maintenant appelé

COTVET (Commission for Technical and Vocational Education and Training))

GEU: Girl’s Education Unit

GRSCDP: Gender Responsive Skills and Community Development Project

GSDI: Ghana Skills Development Initiative

GSS: Ghana Statistical Service

L’EFTP: Technical and Vocational Education and Training

NYP: National Youth Policy

WITED: Women in Technical Education Department

 

Où puis-je trouver d’autres ressources sur ce sujet?

 

  1. Amankwah R.O., Kodom M., et Afrane O.O., 2020. Gender Analysis Study- Draft Report, WUSC-EUMC.
  2. Amoamah M. A., et al, 2016. Gender Inequality In TVET Institutions – Bridging The Gap: The Case Of Accra Polytechnic https://www.iiste.org/Journals/index.php/MTM/article/viewFile/28229/28975
  3. Baah-Boateng, W. 2020. Africa Youth Employment Insights: Ghana Brief. https://includeplatform.net/wp-content/uploads/2020/09/Youth-Employment-Insights-Ghana-1.pdf
  4. Britt, C., et al, 2020. USAID/Ghana Gender Analysis Report. https://banyanglobal.com/wp-content/uploads/2020/05/USAID-Ghana-Gender-Analysis-Report.pdf
  5. Dadzie, C. E., Fumey, M., et Namara, S., 2020. Youth Employment Programs in Ghana: Options for Effective Policy Making and Implementation. https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/34349/9781464815799.pdf?sequence=2&isAllowed=y
  6. Ghana Statistical Service (GSS), 2013. 2010 Population and Housing Census, National Analytical Report. https://statsghana.gov.gh/gssmain/fileUpload/pressrelease/2010_PHC_National_Analytical_Report.pdf
  7. International Finance Corporation, 2013. Accessing Private sector contribution to job creation and poverty reduction: Findings on gender. https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/2125f97c-da65-4fb0-aba7-1d554bfe55bb/full-study-gender.pdf?MOD=AJPERES&CVID=jRvG5JC
  8. Ministry of Education, Ghana, non daté. 2019 / 2020, TVET National Profile School Year Data report. Téléchargeable sur : https://moe.gov.gh/iis-technical-vocational/
  9. Ministry of Youth and Sports, 2010. National Youth Policy of Ghana. Towards an Empowered Youth, Impacting Positively on National Development. https://www.youthpolicy.org/national/Ghana_2010_National_Youth_Policy.pdf
  10. Saskatchewan P., 2016. Needs Assessment of the TVET System in Ghana as it relates to the Skill Gaps that Exist in the Extractive Sector. https://saskpolytech.ca/about/organization/documents/needs-assessment-ghana-tvet-system.pdf
  11. World Bank, 2010. Education in Ghana: Improving Equity, Efficiency and Accountability of Education Service Delivery. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/3012?locale-attribute=es
  12. WUSC, 2020. Consultancy study on gender labour market analysis of three cities in Ghana (Accra, Kumasi, and Sekondi-Takoradi).

Acknowledgements

Remerciements

Rédigé par : Linda Dede Nyanya Godji, Journaliste indépendante.

Révisé par : Juliana Ohenewaa Amoako-Twum, Responsable de l’engagement public et du plaidoyer, EUMC-Ghana

La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « Innovation in Non-traditional Vocational Education and Skills Training » INVEST, réalisé par l’EUMC, grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.