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ANIMATEUR :
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, au micro Dominic Mutua Maweu.

(Pause) Aujourd’hui, j’aimerais que nous envisagions comment le fait de s’informer sur les relations sexuelles et tout ce qui s’y rapporte peut aider nos jeunes à être exempts du VIH. Dans ma recherche, j’ai été très chanceux de rencontrer une femme qui vit avec le VIH et qui a donné bénévolement de son temps pour former des gens pour devenir « des ambassadeurs d’espoir » auprès d’autres personnes vivant avec le VIH dans les villages. Je voudrais vous dire que chacune et chacun de nous peut être un ambassadeur d’espoir. Il vous suffit de vous rendre au centre de consultation et de dépistage volontaire le plus proche et de vous faire tester pour le VIH afin de connaître votre état. Vous ne pouvez pas être un ambassadeur d’espoir sans connaître votre situation vis-à-vis du VIH.

Une chose à laquelle croit cette femme, c’est qu’on devrait tout dire à nos jeunes sur les relations sexuelles. J’aimerais qu’elle se présente et nous livre un court témoignage sur la façon dont elle a appris qu’elle était infectée par le VIH, à quel âge, et comment était sa vie à cette époque-là. Bienvenue.

JULIA:
Je m’appelle Julia Wambui Maina. Je viens du district de Nyeri dans la province centrale du Kenya.

En 1994, j’ai rencontré un jeune homme et nous avons eu un très gros mariage religieux haut en couleurs. Par la suite, nous avons découvert que j’avais un problème pour avoir des enfants. En 1997, mon médecin m’a conseillé d’aller faire un test sanguin parce que je me sentais faible. C’est là que j’ai appris que je vivais avec le VIH. J’avais environ 24 ans. Mais je soupçonne d’avoir pu être infectée vers l’âge de 20 ou 21 ans. Après cela, notre relation s’est dégradée. Par la suite, nous avons décidé d’aller nous faire tester tous les deux pour le VIH. J’étais positive mais mon mari était négatif. À partir de là, les choses ont empiré jusqu’à notre séparation un peu plus tard.

ANIMATEUR :
Vous vous êtes donc séparés parce que vous aviez le VIH?

JULIA:
Oui. Vous savez, à cette époque on ne savait pas que deux personnes pouvaient rester ensemble si l’une d’elles avait le VIH. Il a décidé qu’il ne pouvait pas rester avec moi, alors il est parti vivre sa vie.

ANIMATEUR :
Essayiez-vous encore d’avoir un enfant au moment de votre séparation?

JULIA :
Non. J’avais déjà une fille du temps où j’allais à l’école, même si je n’avais pas de petit ami. C’est simplement par des jeux d’enfant que j’ai eu ce bébé. J’ai donc cessé d’essayer d’avoir un enfant et j’ai décidé de faire plus attention à ma santé. Ma foi religieuse ne me permettait pas non plus de sortir avec n’importe quel homme.

ANIMATEUR :
Après avoir vécu toutes ces épreuves, vous donnez maintenant de votre temps pour former d’autres personnes en vue d’être des ambassadeurs d’espoir. Comment cela est-il arrivé?

JULIA :
Après mon test et la nouvelle de mon état, je suis restée longtemps à l’étape du déni. J’étais en état de choc. Je pensais que ma vie était finie. Je me demandais pourquoi j’avais attrapé le virus … mais je ne trouvais pas de raison. Par la suite, lorsque je me suis rendu compte que je n’étais pas en train de mourir comme je m’y attendais. Alors, j’ai décidé d’essayer d’aider mes jeunes camarades et aussi mes collègues femmes, et même mes concitoyens dans notre pays. Je veux m’assurer que les jeunes ne continuent pas à être infectés.

Les jeunes sont les plus menacés par le VIH et le sida. J’ai maintenant 32 ans, mais j’ai été infectée quand j’étais jeune. Les statistiques dont nous disposons révèlent que la plupart des personnes atteintes de ce virus l’attrapent à un très jeune âge.

ANIMATEUR :
En tant que jeune ayant vécu ces expériences qui ont fait de vous une mère alors que vous étiez encore à l’école et une personne infectée par le VIH, quel conseil pouvez-vous donner aux jeunes et à l’ensemble de la collectivité?

JULIA :
À mon avis, l’enseignement dispensé dans nos églises et nos mosquées devrait changer radicalement. Nous disons aux jeunes que les relations sexuelles sont un péché, mais quand ils sont entre amis du même âge, on leur dit que le sexe est la seule façon de prouver qu’ils sont vraiment des garçons ou des filles.

Pour préparer psychologiquement nos jeunes, nous devons donc les informer sur le sexe. Nous devons combiner nos enseignements religieux avec les enseignements de la sexualité. La sexualité a tout à voir avec les sentiments, l’attitude et les valeurs qui font partie des relations sexuelles. Si nous ne réussissons pas à leur enseigner tout cela et s’ils s’informent par eux-mêmes sur le sexe, ils pourraient l’apprendre de la mauvaise façon. Il vaut mieux pour nous les préparer, afin que cela ne soit pas nouveau pour eux quand ils y feront face.

ANIMATEUR :
Les jeunes croient à certains mythes quand il s’agit de questions concernant les relations sexuelles et la sexualité. Parfois, les jeunes pensent que si une fille reste vierge après l’âge de 20 ans, elle pourrait avoir des problèmes pour mettre au monde un enfant. Parfois, les jeunes disent que si vous n’avez pas de relations sexuelles, vous aurez des maux de dos, ou que, lorsqu’un garçon fait des rêves érotiques, il est possédé par un démon. Qu’avez-vous à dire à ce sujet?

JULIA :
Franchement, bien des choses qui sont fausses ont été dites à propos de la sexualité. La vérité c’est que rien n’arrivera à une fille, même si elle n’a pas de relations sexuelles jusqu’à son mariage à plus de 35 ans. C’est un argument utilisé par certaines personnes qui veulent prouver que les relations sexuelles font partie de la vie, que l’on soit marié ou pas. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a pas de problèmes même si une femme n’a pas de relations sexuelles jusqu’à plus de 40 ans.

En fait, bien des choses ont été dites dans le but de tromper les jeunes. Nous devons informer nos jeunes sur la sexualité afin qu’ils puissent connaître leur corps et les changements qu’ils vivront en grandissant. Si nous attendons qu’ils apprennent tout par eux-mêmes, ils l’apprendront auprès d’enseignants « fourbes ». Si nous informons les jeunes sur la sexualité, nous aurons en temps voulu des jeunes responsables dans notre société et dans notre pays.

ANIMATEUR :
Merci beaucoup. (Pause) Chers auditeurs et auditrices, après avoir entendu les propos de cette femme, je voulais en apprendre davantage sur ce problème des jeunes et de la sexualité. J’ai donc parlé à un autre invité. Donnons-lui la parole maintenant. (Pause) Bienvenue et veuillez commencer pour nous dire votre nom, ainsi que votre profession.

MICHAEL MUTUNE :
Merci. Je m’appelle Michael Mutune et je suis un enseignant retraité.

ANIMATEUR :
Depuis quand avez-vous quitté l’enseignement et que faites-vous maintenant?

MICHAEL MUTUNE :
J’ai quitté l’enseignement il y a maintenant deux ans et je suis un agriculteur, un homme d’affaires et un responsable de la paroisse.

ANIMATEUR :
Pensez-vous que l’éducation sexuelle est importante dans nos établissements d’enseignement, nos foyers et nos centres religieux?

MICHAEL MUTUNE:
Eh bien, c’est un problème complexe depuis longtemps. Le manque d’éducation sexuelle chez les jeunes a provoqué beaucoup de dommages dans la société.

Il est choquant d’apprendre par les médias l’histoire de ces jeunes filles qui décrochent de l’école à cause d’une grossesse. L’incident le plus choquant a été signalé cette année, le 10 juin, lorsque 18 élèves de l’école primaire Chepkurkur à Mount Elgon, dans le comté de Bungoma, ont été trouvées enceintes et avaient quitté l’école.

Au cours du même mois, à l’école primaire Cheplanget à Buret, dans le comté de Kericho, cinq filles âgées de 11 à 16 ans ont quitté l’école pour des raisons semblables.

Cela n’est peut-être pas considéré comme un gros problème car elles peuvent désormais être autorisées à retourner à l’école après l’accouchement, mais qu’en est-il du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles? Et il y a d’autres complications reliées à la naissance, surtout pour les jeunes filles.

ANIMATEUR :
À votre avis, que faudrait-il faire pour régler ce problème?

MICHAEL MUTUNE :
Mon conseil est le suivant : pour régler ce problème, la nation devrait s’assurer que les filles aient accès à une éducation, ainsi qu’à des services et des informations sur la santé en matière de sexualité et de reproduction. Les gens conseillent désormais au gouvernement d’inclure des cours sur la santé en matière de sexualité et de reproduction dans le programme des écoles primaires, puisque cela a fonctionné ailleurs.

Je blâme également la Commission des services aux enseignants pour son inaction notoire en vue de réduire chez les adolescentes les grossesses provoquées par les enseignants et le personnel des écoles.

Au lieu d’infliger des punitions sévères, elle se contente de transférer les enseignants et le personnel impliqués. Il est très troublant de constater que les hommes responsables de mettre enceintes des filles trop jeunes sont restés impunis. C’est un signal pour les parents qui ont été accusés de négliger la responsabilité de transmettre les bonnes valeurs morales à leurs enfants.

ANIMATEUR :
À titre de leader religieux, pensez-vous que l’église devrait informer sur la sexualité?

MICHAEL MUTUNE :
Oui elle le devrait, mais il s’agit d’une question complexe. Bien que l’église enseigne l’abstinence jusqu’au mariage, nous ne devrions pas abandonner à la mort par le VIH les personnes dans le péché. La Bible dit que nous devrions nous aimer les uns les autres et cela devrait même englober les personnes qui n’adhèrent pas aux enseignements de l’église.

Je conseille généralement aux jeunes de se renseigner à l’église sur les relations sexuelles, même sur l’usage des condoms. Il est très décourageant de constater que l’église possède une trousse pour les personnes vivant avec le VIH, mais discrédite l’usage des condoms.

Même si nous n’enseignons pas directement la sexualité aux jeunes dans notre église, nous avons des ateliers pour informer les jeunes sur le VIH et le sida. C’est dans ces ateliers qu’on leur apprend tout, y compris la pratique de relations sexuelles plus sécuritaires et l’usage des condoms lorsqu’ils sont incapables de se sortir du sexe.

ANIMATEUR :
Qu’en est-il des parents et des autres membres plus âgés de la famille dans nos foyers? Est-il nécessaire pour les parents de parler de la sexualité aux jeunes?

MICHAEL MUTUNE :
Oui et cela a toujours été nécessaire, mais maintenant les choses ont changé. Ceux qui sont supposés informer sur la sexualité sont devenus le problème.

À notre époque, ce sont nos tantes, nos oncles et nos grands-parents qui avaient l’habitude de transmettre cette information aux jeunes, mais ce sont maintenant les coupables. Il faut faire quelque chose pour sauver nos jeunes!

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, nous devons nous arrêter là pour aujourd’hui. Il est clair qu’il y a un vide à combler. Nos deux invités pensent fermement que le fait d’informer nos jeunes sur les relations sexuelles et la sexualité avant qu’ils vivent les mêmes problèmes peut être utile. Nous vous demandons de réfléchir à ces choses. Quelles suggestions avez-vous? Au revoir et à la prochaine! Au micro Dominic Mutua Maweu, réalisateur et animateur de cette émission.