Histoire de la réussite d’Agatha Ngoma, petite exploitante agricole en Zambie : L’agriculture de conservation pour de meilleurs rendements

Cultures agricolesSanté des sols

Notes au radiodiffuseur

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Au cours des dernières années, les menaces posées par le changement climatique, la dégradation de l’environnement et l’insécurité alimentaire en Afrique sont devenues évidentes aux yeux de tous. Mais les familles rurales ont besoin de solutions pratiques aux défis que présentent les mauvais sols, les mauvaises précipitations et les mauvais rendements.

L’agriculture de conservation donne l’occasion aux petits exploitants agricoles d’obtenir de meilleurs moyens de subsistance face à tous ces défis. Elle englobe des méthodes très simples de culture qui comportent une perturbation réduite du sol pendant la préparation des terres, pas de brûlage des résidus de culture après la récolte, une rotation des cultures et le recours, dans la mesure du possible, à des sources organiques comme le compost et le fumier animal pour obtenir les nutriments des cultures en remplacement des engrais chimiques.

En Zambie, de nombreux petits exploitants agricoles utilisent encore des méthodes traditionnelles pour cultiver leurs champs. Ils labourent un champ et font ensuite des buttes ou des billons sur lesquels ils plantent leurs cultures. Mais, à cause de la sécheresse, la performance des cultures est toujours mauvaise et les rendements sont souvent très faibles. De nombreux ménages manquent de nourriture entre novembre et février ou mars de l’année suivante lorsqu’ils peuvent récolter leurs nouvelles cultures.

L’agriculture de conservation a fait une grande différence pour les petits exploitants agricoles pauvres en ressources mais viables. Maintenant, de nombreux ménages ont suffisamment de nourriture durant toute l’année et ont parfois même un surplus à vendre.

Cette émission a été réalisée en 2011 sur Breeze FM à Chipata, dans l’est de la Zambie, mais a été rediffusée plusieurs fois à la demande des petits exploitants agricoles. Agatha Ngoma est un exemple de la majorité des femmes rurales souffrant de coutumes culturelles qui semblent asservir les femmes à leurs maris. Son mari la considérait comme une travailleuse non rémunérée et une machine à faire des enfants. En conséquence, sa famille était nombreuse et pauvre. Beaucoup de femmes se retrouvent dans des situations semblables dans maintes régions rurales de l’Afrique sub-saharienne.

Toutefois, Agatha était ambitieuse. Elle participait à chaque programme de perfectionnement qui venait dans sa région. Finalement, elle s’est impliquée dans l’agriculture de conservation. Très vite, sa vie s’améliora. Il y avait suffisamment de nourriture à la maison et elle pouvait envoyer ses enfants à l’école sans aucun appui de son mari insensible. En fait, elle commença à lui donner de l’argent pour sa bouteille quotidienne de kachasu très toxique, boisson locale illégale. Cela contribua à son décès en 2012. Même si Agatha en fut fortement affectée, le décès de son mari sembla lui donner un regain d’énergie et elle adopta l’agriculture de conservation avec vigueur et passion.

Le présent texte parle de la façon dont Agatha a changé sa vie grâce à l’agriculture de conservation. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur l’agriculture de conservation ou une autre pratique agricole qui pourrait être utile dans votre région. Ou vous pourriez choisir de théâtraliser ce texte à votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de préciser à votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

 

L’émission originale complète, avec l’introduction et la conclusion, les effets sonores et les autres pauses, durait trente minutes. Cependant, le texte pourrait être réalisé en deux parties. Il serait peut-être convenable de faire l’entrevue avec l’agente de vulgarisation durant la première partie de l’émission. Si vous le faites, n’oubliez pas d’avertir vos auditeurs qu’au cours de la prochaine émission vous parlerez à une agricultrice ayant réussi à mettre en pratique ce qu’ils viennent tout juste d’entendre.

Texte

Personnages :

Animateur/présentateur

Vainess Zulu Agente de vulgarisation

Agatha Ngoma Petite exploitante agricole

Kawamba Phiri Chef du village

 

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

ANIMATEUR : Bonjour, collègues agriculteurs. Je m’appelle Filius Chalo Jere, votre dévoué animateur de l’émission L’agriculture est une entreprise! Au cours de l’émission d’aujourd’hui, nous rencontrerons une femme exceptionnelle qui a surmonté des malchances et réussi à améliorer les moyens de subsistance de sa famille. Elle y est parvenue en passant des méthodes agricoles traditionnelles à ce que l’on peut appeler une nouvelle façon de cultiver pour elle.

Comme d’habitude, l’objectif de cette émission vise à vous montrer que l’agriculture ne consiste pas seulement à gratter le sol sans but avec une simple houe (binette)! Si vous suivez des méthodes convenables, l’agriculture peut bien nourrir votre famille et améliorer votre revenu!

Transition (court morceau instrumental rural, par ex. des battements de tambour pendant environ 30 secondes)

Il est devenu courant pour de nombreux exploitants agricoles d’obtenir de maigres rendements saison après saison. Beaucoup blâment les faibles précipitations et les mauvais sols. Toutefois, je vais vous emmener aujourd’hui dans une région rurale dans la chefferie de Mshawa, à trente kilomètres de Chipata, dans l’est de la Zambie. Je veux vous faire rencontrer Agatha Ngoma, une agricultrice extraordinaire qui obtient de très bons rendements malgré de mauvais sols et de faibles pluies. Elle a adopté une méthode agricole appelée l’agriculture de conservation. Elle a commencé en utilisant la houe chaka. Mais maintenant elle utilise un ripper (matériel de fissurage avec une ou des dents) tiré par des bœufs.

Je sais que certains d’entre vous se demandent ce que sont une houe chaka et un ripper! Cependant, ne vous inquiétez pas parce que, sur notre chemin pour rencontrer cette femme prospère, nous ferons un arrêt pour parler à l’agente de vulgarisation agricole de cette région. C’est elle qui m’a parlé de cette agricultrice et elle nous expliquera ce que sont ces outils.

Maintenant, pas de temps à perdre parce que nous allons très loin. Alors, mettez votre casque et allons-y!

SFX : Démarrage d’une moto

ANIMATEUR : (Voix superposée au bruit de la moto qui diminue) La route est relativement bonne pour la plupart du trajet. Mais il faut être prudent car, de temps en temps, on rencontre un nid-de-poule qui peut vraiment provoquer un accident. C’est la situation sur de nombreuses routes rurales en Zambie.

C’est la saison de commercialisation des principales récoltes et nous rencontrons de nombreuses charrettes à bœufs le long du chemin qui conduit au marché. La plupart transportent des sacs de maïs, alors que d’autres transportent des sacs d’arachides et de soja. Ce sont quelques-unes des cultures les plus populaires chez les petits exploitants agricoles d’ici.

SFX : Bruit de moto ralentissant

Nous sommes arrivés au domicile de l’agente de vulgarisation agricole. Elle s’appelle Vainess Zulu. C’est une charmante jeune femme dans la mi-vingtaine. Elle pourrait facilement avoir choisi de faire un autre travail en ville. Elle a dit qu’elle aime vivre et travailler parmi les habitants du monde rural pour les aider à améliorer leur vie.

Sa maison de fonction est très petite et utilise l’énergie solaire au lieu de l’électricité. Elle se sert d’une latrine à fosse derrière sa petite maison et tire son eau du puits communal voisin.

Aujourd’hui, elle est censée rendre visite à des agriculteurs en moto. C’est ce qu’elle fait la plupart du temps. Cependant, je lui ai demandé de m’attendre afin de pouvoir nous expliquer la houe chaka, le ripper et l’agriculture de conservation en général.

SFX : Bruit de moto ralentissant avant de s’arrêter avec quelques tours du moteur

VAINESS : Oui, j’aime contribuer à améliorer la vie de ces gens. Beaucoup d’entre eux ne savent pas qu’ils sont très chanceux d’avoir des terres. Ils peuvent avoir beaucoup de succès juste en labourant la terre.

Comme je vous l’ai dit au téléphone, j’ai une rencontre avec un groupe d’agriculteurs qui sont prêts à vendre leurs récoltes. Je veux leur conseiller de ne pas vendre tout et d’en mettre suffisamment de côté pour leurs familles jusqu’à la prochaine récolte.

ANIMATEUR : Devez-vous vraiment leur dire de faire cela?

VAINESS : J’ai bien peur que oui. Certains agriculteurs pensent que l’argent c’est tout. Ils vendent presque toutes leurs cultures vivrières et passent le reste de l’année à se battre pour trouver de la nourriture pour leurs familles. Ce n’est pas bon car cela les retarde pour travailler dans leurs propres champs.

De toute façon, bienvenue. J’ai encore quelques minutes avant la réunion. Que voulez-vous savoir de moi?

ANIMATEUR : Merci de m’avoir attendu. Je ne prendrai pas beaucoup de votre temps. Je voudrais en savoir un peu plus sur l’agriculture de conservation. Vous avez dit que c’est une très bonne pratique agricole pour les petits exploitants agricoles. En quoi est-ce bon?

VAINESS : Pour de multiples raisons. Toutefois, l’agriculture de conservation est particulièrement bonne pour les agriculteurs dans les régions où le sol est pauvre et les précipitations très faibles. Elle contribue à conserver et à améliorer le sol et à retenir l’humidité.

ANIMATEUR : Comment peut-elle surmonter le problème de la pauvreté des sols et de la rareté des précipitations?

VAINESS : Vous ne le croirez peut-être pas, mais ce genre d’agriculture implique des pratiques agricoles simples que l’on pourrait presque qualifier de rétrogrades. Étant donné que le sol est si pauvre, je dis à mes agriculteurs de creuser des bassins dans leurs champs à l’aide d’une houe chaka. C’est une houe très solide qui est conçue spécialement pour creuser profondément jusqu’à tant de déchirer la couche durcie dans le sol.

ANIMATEUR : Qu’est-ce qu’une couche durcie?

VAINESS : Une couche durcie est la couche dure de sol compacté qui se forme sous la couche arable au fil des ans lorsque les agriculteurs utilisent des méthodes qui ne font que déplacer la couche arable d’une façon une saison et d’une autre façon la saison suivante. La couche située immédiatement sous cette couche arable devient compactée et les racines de nombreuses cultures ne réussissent habituellement pas à la traverser. Par conséquent, en cas de sécheresse, les cultures se fanent très vite.

ANIMATEUR : Le travail de la houe chaka consiste donc à casser ce que vous appelez la couche durcie afin que les racines des cultures puissent s’enfoncer plus profondément?

VAINESS : Oui, mais il y a bien davantage. La houe chaka est faite juste pour la taille idéale d’un bassin normal, soit 15 centimètres de largeur par 20 à 25 centimètres de profondeur et 30 centimètres de longueur.

ANIMATEUR : Cela signifie-t-il que les agriculteurs doivent mesurer chaque bassin?

VAINESS : Ce ne serait pas pratique. Je dis à mes agriculteurs d’utiliser leurs pieds pour mesurer la longueur de chaque bassin. La plupart d’entre eux ont de grands pieds qui mesurent entre 25 et 30 centimètres. Quant à la largeur, c’est la raison pour laquelle la houe chaka a 15 centimètres de large. Pour la profondeur, je leur dis d’utiliser leur main jusqu’au poignet avec les doigts bien tendus.

ANIMATEUR : Il me semble que l’on insiste beaucoup sur des mesures. Pourquoi?

VAINESS : L’agriculture de conservation est une forme d’agriculture très précise. À cause de cela, il est possible de calculer de combien de semences et d’engrais ou de fumier un agriculteur aura besoin et combien il pourra s’attendre à récolter.

Mes agriculteurs travaillent dans des parcelles carrées de 50 mètres de côté. Nous appelons une telle parcelle une lima, ce qui signifie «cultiver» dans la langue locale. Environ 70 bassins peuvent composer une rangée droite de bassins avec un intervalle de 70 centimètres entre le centre de deux bassins. Les rangées doivent être distantes de 90centimètres et environ 55 rangées peuvent entrer dans une lima.

ANIMATEUR : Ouais, ce doit être un sacré travail! Je suis convaincu que ce n’est pas facile à cultiver une si grande surface.

 

VAINESS : Je suis d’accord, mais le creusage des bassins n’est exigé que la première année. Cependant, j’encourage mes agriculteurs à avoir trois ou quatre limas afin de pouvoir pratiquer une rotation des cultures. C’est essentiel et très bon pour les cultures.

ANIMATEUR : J’en ai entendu parler. Mais cultiver trois ou quatre parcelles ne fait qu’accroître la charge de travail, n’est-ce pas?

VAINESS : Peut-être. Cependant, l’agriculture de conservation favorise tout particulièrement les agricultrices.

ANIMATEUR : Comment cela?

VAINESS : Les femmes aiment travailler en groupes. Dans notre région, elles travaillent dans un champ jusqu’à tant de le terminer. Cela prend normalement trois jours. Ensuite, elles passent à un autre champ jusqu’à ce qu’elles aient aidé chaque membre de leur groupe.

Après la première année, un agriculteur n’a besoin que de déchiqueter les déchets du vieux champ. L’agriculture de conservation décourage le brûlage des déchets et des résidus de récolte. Au lieu de cela, il faut les déchiqueter et les répandre entre les rangées de bassins. Ils agissent comme du paillis qui conservera l’humidité et protégera le sol de la chaleur et du soleil. Les déchets et les résidus de récolte finissent par pourrir et devenir de l’humus. La plantation est toujours faite dans les mêmes bassins, année après année. Avec la couche durcie qui est brisée, ce travail est habituellement facile, ce qui convient encore aux femmes. Quant à la culture de grandes superficies, c’est la raison pour laquelle j’ai familiarisé mes agriculteurs avec le ripper.

ANIMATEUR : Qu’est-ce qu’un ripper?

VAINESS : Un ripper est simplement une petite pièce de métal solide appelée une dent. Elle est fixée sur le bâti (cadre) d’une charrue ordinaire tirée par des bœufs. Vous devez enlever les socs de charrue et les versoirs afin qu’il n’y ait que cette pièce de métal.

Lorsque les bœufs tirent la charrue, la dent fissure simplement une ligne droite profonde dans le sol. En ajustant la charrue, vous pouvez vous assurer que la ligne de fissurage est assez profonde pour briser la couche durcie. Comme les rangées de bassins, les sillons doivent aussi être espacés de 90 centimètres. C’est là que l’agriculteur applique le fumier ou l’engrais et plante la semence en respectant les mesures correctes et au bon moment.

ANIMATEUR : Quelles sont les mesures correctes et quel est le bon moment?

VAINESS : Les mesures pour semer dans les lignes de fissurage sont différentes selon les bassins et la culture semée. Pour le maïs, l’agriculteur doit semer une graine tous les 20 centimètres. Il doit le faire aussitôt après les premières bonnes pluies.

ANIMATEUR : Pourquoi a-t-il fallu familiariser vos agriculteurs avec le ripper?

VAINESS : En Zambie, les petits exploitants agricoles produisent plus de 70% de notre maïs. C’est notre aliment de base et bien des citadins en dépendent. Par conséquent, de nombreux petits exploitants agricoles veulent en faire pousser suffisamment pour pouvoir en vendre un peu. Pour ce faire, ils doivent accroître la taille de leurs champs. Le ripper les aide à le faire. Il leur permet de récolter assez pour leurs besoins avec un surplus pour la vente. Vous dites toujours à mes agriculteurs à la radio que «l’agriculture est une entreprise». De fait, c’est une entreprise!

ANIMATEUR : Je dois vous remercier pour votre bienveillance, madame. Je trouve ce sujet très intéressant. Cependant, je suis conscient que vous avez des agriculteurs à rencontrer et je dois aller rencontrer MmeAgatha Ngoma.

VAINESS : Vous serez toujours le bienvenu si vous avez besoin de renseignements complémentaires.

Veuillez transmettre mes meilleures salutations à Agatha. C’est seulement à une dizaine de kilomètres d’ici, près du dépôt de vente des récoltes.

ANIMATEUR : Il y a un dépôt de vente des récoltes le long de cette route?

VAINESS : Oui, mais vous devrez tourner quelques centaines de mètres plus loin.

Vous verrez un baobab et un chemin en terre battue à droite. C’est là que vous devrez tourner. Vous verrez immédiatement un gros village que traverse le chemin en terre battue. La maison d’Agatha est la première sur la gauche. Dites-lui pour moi de ne pas vendre tous ses produits frais.

ANIMATEUR : Je le ferai. Merci.

SFX : Démarrage d’une moto

ANIMATEUR : Chers agriculteurs et agricultrices, je dois dire que ce fut un régal. Selon l’agente de vulgarisation, l’agriculture de conservation est la réponse à notre pratique agricole, surtout lorsque vous utilisez la houe chaka et le ripper.

Rendons-nous chez MmeNgoma pour voir comment fonctionnent ces outils.

SFX : Démarrage d’une moto, avec des bruits d’oiseaux en arrière-plan

Je traverse une campagne très belle. Il y a des collines ondoyantes avec des poches de vallées verdoyantes où les agriculteurs ont cultivé leurs légumes. Cependant, la plupart des cultures pluviales ont été récoltées et les champs sont nus et attendent d’être préparés pour la prochaine saison.

SFX : Bruit de la moto ralentissant

Ah, ce doit être là que Vainess a dit que je dois tourner à droite parce qu’il y a un gros arbre étrange. C’est le seul gros arbre aux alentours, comme si on l’avait planté là comme repère. Les touristes l’appellent l’arbre éléphant et, croyez-moi, c’est justifié d’appeler un tel arbre un éléphant!

C’est un panorama assez imposant avec un tronc très épais qui nécessiterait probablement dix personnes les bras tendus pour en faire le tour. Mais la chose la plus spectaculaire, c’est qu’il n’a aucune feuille. Au lieu de cela, il a simplement un bouquet de branches nues qui donnent l’impression qu’il a été retourné avec ses racines en l’air. Mais, il y a de gros fruits ronds gris qui pendent de ces branches nues et les colombes, les merles et d’autres oiseaux semblent apprécier le décor. Dans l’ensemble, le terrain est plat avec des buissons et des herbes sèches.

SFX : Bruits de colombes et d’autres oiseaux

Ce doit être aussi le village d’Agatha, à quelques mètres seulement du tournant. C’est très grand et très propre. Les huttes se trouvent sur deux rangées parallèles de chaque côté du chemin en terre battue. Il y a une nsaka devant chaque hutte ou chaque maison. C’est un endroit spécial que l’on retrouve habituellement sur chaque propriété familiale du village. C’est un signe clair de l’hospitalité et de l’empressement à recevoir les visiteurs. Normalement, il s’agit simplement d’un toit de chaume sur des poteaux, avec des tabourets ou des bancs en boue à l’intérieur.

Tout d’abord, dans la rangée gauche de maisons, je peux voir une petite maison en briques rouges avec un joli toit recouvert de feuilles de tôle ondulée neuves et une petite véranda. Ce doit être la maison d’Agatha. Mais, selon la tradition, je dois d’abord me présenter au chef du village. Sa maison doit être la vaste construction au toit de chaume à ma droite.

Pour des raisons évidentes, la nsaka devant la maison du chef est beaucoup plus grande que les autres. Il y a un tabouret renversé d’un côté et un vieux vélo délabré appuyé contre l’un des supports du toit de la nsaka. Je vois un vieil homme aux cheveux blancs tissant un tapis en roseau devant lui. Ce doit être le chef.

SFX : Moto s’arrêtant avec quelques tours du moteur

ANIMATEUR : Hodi! [Note de la rédaction : Hodi est la façon traditionnelle de demander avec respect d’être admis en présence de quelqu’un dans les langues Chewa et Nyanja.]

CHEF : Hodini! Bienvenue, Baba. Je m’appelle Kawamba Phiri. Je suis le chef de ce village. [Note de la rédaction : Hodini est la façon traditionnelle d’accepter la requête polie d’un visiteur demandant à être admis. Baba est le titre traditionnel respectueux pour les anciens.]

Puis-je vous aider?

ANIMATEUR : Oui, Baba. Je suis de la station Breeze FM et je souhaite rencontrer MadameAgatha Ngoma. Je m’appelle…

CHEF : Vous n’avez pas besoin de vous présenter chez nous, les agriculteurs. Je vous ai reconnu dès que vous avez dit hodi. Je dois dire que c’est fantastique de rencontrer le propriétaire de la voix qui nous donne des conseils en matière de vulgarisation à la radio. Cependant, Mama Ngoma se trouve au dépôt de vente près du virage. Elle vend son maïs. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, venez vous asseoir sur ce tabouret. Je vais aller la chercher pour vous.

ANIMATEUR : Vous n’avez pas à le faire, Baba. Si vous êtes d’accord, je vais faire demi-tour et aller la trouver au dépôt. Je peux lui parler là-bas.

CHEF : Ce n’est pas acceptable pour un étranger de parler à la femme de quelqu’un en dehors du village. Je vais aller la chercher pour vous. Ce n’est pas du tout un problème car je vais prendre mon vélo. Détendez-vous et attendez.

ANIMATEUR : Très bien, Baba. C’est très aimable à vous.

SFX : Bruits de pas, cliquetis bruyant de vélo

J’aimerais me promener dans le village pendant que le chef est parti. Mais je suis convaincu que ce serait aussi contraire à la tradition. Alors, je dois me contenter d’observer le village de mes yeux à partir de ma position assise!

SFX : Bruits de poulets et de chèvres

Des poulets se promènent partout en grattant le sol à la recherche de nourriture. Ils ont bien du plaisir car il y a beaucoup de grain répandu, surtout près des greniers. Les chèvres bêlent également à l’entrée du village. Chacune est attachée à un arbuste, pour l’empêcher d’avoir un comportement malicieux, et broute. Je peux aussi entendre des porcs grogner dans leurs porcheries où ils sont confinés.

Il est clair qu’il y a assez de nourriture dans ce village!

SFX : Sonnette de vélo et bruit de pédalage

Oh, voici le chef. (Pause) Non, ce doit être Agatha elle-même.

AGATHA : Hodi! Je suis Agatha Ngoma. Le chef m’a dit que vous vouliez me parler. J’ai quasi refusé de venir parce que je suis presque la prochaine dans la file pour la pesée. Mais, ensuite, il m’a dit que vous étiez la voix de l’émission L’agriculture est une entreprise sur Breeze FM. Alors, j’ai emprunté son vélo pour venir rapidement. Il est resté là-bas pour s’assurer que mes sacs avancent en attendant d’être prêts pour la pesée. Lorsque ce sera mon tour, il m’appellera.

ANIMATEUR : Merci beaucoup d’être venue du marché pour me parler. J’ai entendu parler de vous par l’agente de vulgarisation et je suis venu pour savoir si ce qu’elle m’a dit sur vous est vrai. Elle vous transmet ses meilleures salutations et vous fait dire de ne pas vendre toutes vos récoltes.

AGATHA : (Riant avec amusement) C’est bien Vainess, qui se soucie toujours de nous voir manquer de nourriture. Toutefois, elle a dit cela par habitude car elle sait bien que je ne peux pas faire ça. De toute façon, comment va-t-elle?

ANIMATEUR : Assez bien et en forme, je dois dire. Je l’ai quittée alors qu’elle partait rencontrer des agriculteurs. Maintenant, je sais que vous n’avez pas beaucoup de temps libre. Je vais donc essayer de prendre très peu de votre temps.

AGATHA : Je l’apprécie. Mais allons chez moi et nous pourrons parler librement.

SFX : Bruits de pas et bruits de poulets, de chèvres, etc. du village

ANIMATEUR : J’avais raison. La maison d’Agatha est bien celle que j’ai identifiée à mon arrivée. Comme les autres maisons et les autres huttes, elle a une latrine à fosse en arrière. En fait, Agatha a raison de dire que Vainess parlait par habitude car elle doit savoir que sa meilleure agricultrice a déjà entreposé assez de nourriture pour sa famille dans ses greniers. Il y a une nsaka presque aussi grande que celle du chef, avec un banc en boue tout autour pour s’asseoir.

AGATHA : J’ai dû construire une grande nsaka. Je reçois beaucoup de visiteurs à cause de mon travail.

Asseyons-nous et dites-moi ce que vous voulez savoir.

ANIMATEUR : Merci. Tout d’abord, parlez-moi de vous. L’agente de vulgarisation m’a parlé de vous. Mais ce serait bien de l’entendre à nouveau de votre propre bouche.

AGATHA : Je m’appelle Agatha Ngoma et nous sommes dans le village de Kawamba dans la région du chef Mshawa. Je suis mariée et j’ai six enfants, dont deux filles. Avez-vous besoin d’autres détails sur moi?

ANIMATEUR : Oui, où est votre mari, MmeNgoma?

AGATHA : (Petit rire) Vous n’avez pas besoin de vous faire de souci parce que mon mari n’est pas ce genre d’homme. S’il arrivait et nous trouvait en train de parler, il se contenterait de vous saluer poliment et disparaîtrait dans la maison. Il me fait confiance et sait que la plupart des visiteurs dans notre maison sont là pour notre bien. Avec la bière et le reste, la plupart de nos hommes sont rarement à la maison. Une femme doit donc devenir un homme; sinon, les enfants mourront de faim – et le mari aussi. Vous comprenez ce que je veux dire, n’est-ce pas?

ANIMATEUR : Je pense que oui. Pardonnez-moi de vous avoir obligée à aborder un sujet délicat. Je m’intéresse à vos activités concernant l’agriculture de conservation, surtout le matériel que vous utilisez, comme la houe chaka et le ripper. Depuis combien de temps êtes-vous impliquée dans ce genre d’agriculture?

AGATHA : Je pratique l’agriculture de conservation depuis six ans. C’est grâce à ce genre d’agriculture que je me suis améliorée au point de prétendre avec fierté que je suis devenue le principal soutien de famille à la place de mon mari. Il fait de son mieux, en allant un peu partout pour trouver quelque chose. Mais il revient à chaque fois ivre, insouciant et les mains vides. Néanmoins, l’agriculture de conservation m’a permis de construire cette belle maison pour ma famille. J’ai aussi réussi à acheter quelques bœufs et je suis en mesure d’envoyer tous mes enfants les plus âgés à l’école.

SFX : Bruits d’un bébé

ANIMATEUR : Tout cela grâce à l’agriculture de conservation?

AGATHA : Oui!

ANIMATEUR : Quel est le secret de ce genre d’agriculture qui vous a permis une telle réussite?

AGATHA : Le secret c’est que, lorsque vous cultivez une petite superficie, vous récoltez beaucoup.

Par exemple, si vous plantez seulement un demi- acre d’arachides, vous pouvez récolter dix sacs ou plus. Normalement, il vous faudrait un acre pour récolter la même quantité en utilisant les méthodes d’agriculture traditionnelles.

Lorsque j’ai abordé pour la première fois de genre d’agriculture, j’ai planté un hectare de maïs et obtenu 120 sacs de 50 kilos chacun. Je n’avais jamais récolté autant de maïs auparavant. Cela m’a permis de constater que l’agriculture de conservation est en fait une très bonne méthode agricole. (Note de la rédaction : Les rendements d’Agatha se sont améliorés immédiatement, au cours de la même saison. Mais, cela peut prendre plus de temps selon le climat, le sol et les autres facteurs, pour obtenir des rendements semblables dans d’autres lieux, parfois jusqu’à quatre ans.)

ANIMATEUR : Qu’est-ce qui permet l’obtention de rendements aussi élevés?

AGATHA : C’est simple. Avec l’agriculture de conservation, vous faites seulement ce qui est nécessaire et au bon moment. Tout d’abord, vous n’avez pas besoin de creuser chaque pouce de terre comme nous avions l’habitude de le faire. Vous creusez seulement la partie que vous devez utiliser. Donc, je ne débarrasse plus mes champs de l’herbe ou des résidus de récolte de la saison précédente, comme j’avais l’habitude de le faire. Je prépare également mes champs tôt en les fissurant et j’applique du fumier animal ou du compost bien à l’avance. Étant donné que j’effectue tôt toutes ces activités agricoles essentielles, je suis généralement capable de semer mes semences tôt. (Note de la rédaction: Les semis précoces sont cruciaux pour bénéficier de l’humidité du sol et pour minimiser la perte de nutriments du sol pendant les premières pluies.)

ANIMATEUR : De quelle précocité parle-t-on?

AGATHA : Peu après la première bonne pluie à la fin de novembre. À cette époque-là, mon maïs, mes arachides et mes tournesols sont habituellement déjà dans le sol. Par conséquent, ils reçoivent assez de pluie et sont vigoureux et capables de résister à la première période sèche. C’est le secret des rendements accrus. C’est tellement efficace que je ne reviendrai jamais à mes anciennes pratiques culturales.

ANIMATEUR : Comment cultiviez-vous avant d’adopter l’agriculture de conservation?

AGATHA : C’était de l’esclavage. Je devais nettoyer les champs pendant les chauds mois de septembre et d’octobre. Après cela, je devais brûler les résidus de récolte et faire des billons pour y planter mes cultures. Nous appelons cela galauza dans notre langue Chewa. [Note de la rédaction : Chewa est la langue locale largement parlée dans l’est de la Zambie, au Malawi et dans des régions du Mozambique.] C’est éreintant, je vous le dis!

Cependant, en 2001, Vainess est venue présenter un projet appelé Programme contre la malnutrition. Elle voulait des gens qui étaient prêts à adopter l’agriculture de conservation. Comme incitatif , elle a dit que nous obtiendrions des semences gratuites.

Après des années à m’éreinter avec la galauza, j’étais prête à essayer n’importe quoi de nouveau. Toutefois, beaucoup de gens ont refusé parce que cela impliquait un dur labeur au début. Vainess apporta une étrange houe avec un très long manche et nous mentionna que c’était une houe chaka. Elle nous a montré comment creuser des bassins de plantation un par un avec cette houe. Mais elle était plus lourde que la houe habituelle. Pour cette raison, bien des gens n’ont pas réussi à l’utiliser convenablement et ont continué avec la galauza.

Cependant, je n’ai pas abandonné parce que je souhaite toujours essayer quelque chose qui promet d’améliorer ma pratique culturale. Cette année-là, les pluies ont été exceptionnellement mauvaises et de nombreuses cultures ont séché sur pied. Beaucoup de gens ont eu de très mauvais rendements. Mais mes cultures ont prospéré et mes rendements ont été magnifiques. Vainess était très contente et a dit que les faibles pluies étaient bonnes pour son projet.

ANIMATEUR : Comment pouvait-elle être heureuse alors que des gens avaient une mauvaise récolte? Cela signifiait la famine pour les gens!

AGATHA : Oui, et Vainess voulait qu’ils combattent la famine. Elle disait que les gens verraient désormais clairement qu’avec l’agriculture de conservation il était possible d’obtenir de bons rendements, même avec très peu de précipitations.

ANIMATEUR : Qu’est-ce qui en fait l’efficacité?

AGATHA : Les bassins de plantation que j’avais creusés avec la houe chaka étaient la réponse. Après les avoir creusés, j’avais appliqué du fumier animal de bonne qualité dans chaque bassin et rempli les bassins à moitié avec de la terre. (Note de la rédaction : Si les agriculteurs utilisent du fumier de mauvaise qualité, comme c’est courant dans de nombreuses régions de l’Afrique, les rendements seront inférieurs.) Peu après les premières bonnes pluies, j’ai semé mes cultures et rempli les bassins. Les bassins ont capté beaucoup d’eau. Mes cultures ont donc été en mesure de pousser très rapidement.

Par ailleurs, les jeunes cultures avaient beaucoup de nourriture parce que le fumier dans les bassins n’était pas lessivé par les pluies comme l’engrais se fait lessiver sur les billons de la galauza. Leurs racines étaient également capables de s’enfoncer profondément à la recherche de l’humidité en cas de sécheresse. Mais mes voisins, qui avaient utilisé la galauza, étaient dans le pétrin. Les billons ont séché lorsque la sécheresse st arrivée. Leurs cultures ont séché sur pied parce que leurs racines ont été incapables de pénétrer la couche durcie.

ANIMATEUR : Mais vos cultures ont bien réussi? Cela ressemble à un gros succès!

AGATHA : Oui, certains ont commencé à dire que je recourais à la sorcellerie! Et pourtant la seule magie que j’utilisais résidait dans l’agriculture de conservation. J’ai donc décidé d’enseigner à bien des gens les avantages de l’agriculture de conservation. Pour le faire, je me suis rendue dans les régions voisines de Katamanda, Mapala, Mafuta et Vizenge. J’ai également invité toutes les personnes intéressées à venir voir ce que je faisais.

ANIMATEUR : Mais ce n’était pas votre travail. C’est celui de l’agente de vulgarisation.

AGATHA : Vous avez raison. Mais les gens sont parfois convaincus plus vite lorsqu’ils entendent des choses de la bouche d’une collègue. Ils n’avaient pas suivi ce que Vainess nous avait dit et ils ont donc récolté la famine. J’ai connu la famine chez moi aussi. Mais elle avait disparu en suivant les conseils de Vainess. Je pensais qu’il était de mon devoir de les convaincre au sujet de l’agriculture de conservation. Je ne pouvais pas supporter de voir des gens mourir de faim – surtout des enfants!

ANIMATEUR : Oh, c’est touchant. Mais quel succès avez-vous obtenu dans votre travail?

AGATHA : Ce ne fut pas facile de faire changer les vieilles habitudes des gens. Toutefois, ceux qui m’ont écoutée et ont adopté cette forme d’agriculture ont progressé tout comme moi. Je fais généralement appel à mes collègues femmes pour adopter l’agriculture de conservation. Elles sont souvent opprimées par leurs maris et d’autres sont de pauvres veuves qui ne peuvent pas se permettre d’acheter de l’engrais.

ANIMATEUR : Vainess m’a dit que vous êtes maintenant impliquée dans un autre projet portant sur l’agriculture de conservation dont la promotion est faite par le programme Research Into Use.

AGATHA : Oui, je le suis.

ANIMATEUR : Quelle est votre implication exacte dans ce projet?

AGATHA : Ce programme est en réalité une amélioration de la houe chaka vers le ripper, qui est une sorte de charrue qui ouvre un sillon étroit profond dans lequel vous pouvez semer vos semences. Cela implique d’utiliser des bœufs de trait et d’augmenter la superficie de mon champ. C’est bon parce que le programme Research Into Use veut nous faire progresser, nous pauvres agriculteurs, de la famine et de la pauvreté interminables à la sécurité alimentaire et à la prospérité des ménages. Ce projet nous a formées à de nombreuses pratiques de l’agriculture de conservation adaptées à une utilisation avec un ripper et des bœufs.

ANIMATEUR : Voulez-vous m’en dire un peu plus sur ce programme.

AGATHA : Le projet donne à des agriculteurs choisis un bœuf et un ripper pour les aider à accroître la superficie de leurs champs. Mais, pour bénéficier de ce programme, vous devez suivre toutes les règles de l’agriculture de conservation. Elles englobent le non-brûlage des déchets ou des résidus de récolte, le creusage tôt de bassins de plantation, la plantation précoce, la rotation des cultures, etc.

Si vous possédez déjà un bœuf, le projet vous en donne un autre afin que vous ayez une paire complète pour tirer le ripper. Si vous n’avez pas du tout de bœufs, vous devez en acheter un avant que le projet puisse vous donner l’autre. Vous devez également augmenter votre surface consacrée à l’agriculture de conservation. Lorsque vous avez terminé la préparation de vos propres champs avec le ripper, vous devez être disposé à labourer pour d’autres agriculteurs autour de vous qui souhaitent pratiquer l’agriculture de conservation.

ANIMATEUR : Vous m’avez dit que beaucoup de gens étaient réticents à adopter l’agriculture de conservation parce que la houe chaka était lourde et différente de la houe manuelle ordinaire. Comment ont réagi les gens au ripper utilisant la traction par des bœufs?

AGATHA : Très bien, en fait. Vous voyez, les gens considèrent les bœufs comme un actif du ménage, alors beaucoup ont démontré de l’intérêt. Mais ce n’est pas tout le monde qui pouvait bénéficier de ce programme en même temps car le projet avait des ressources limitées. Le projet a donc transformé ceci en un fonds renouvelable. Les premières personnes à en bénéficier sont censées payer pour le bœuf par versements. Ces versements contribueront à acheter plus de bœufs pour d’autres. Par contre, le ripper est gratuit.

ANIMATEUR : Tout le concept de la traction par des bœufs dans l’agriculture de conservation doit être nouveau pour certaines personnes. Comment le projet a-t-il assuré son succès?

AGATHA : Par la formation! Chaque nouveau participant suit d’abord une formation sur la façon de gérer les bœufs: comment les nourrir convenablement, comment s’assurer qu’ils sont en bonne santé et comment les entraîner pour tirer les instruments agricoles.

Cet entraînement est si complet que même moi j’ai réussi. Tout d’abord, nous entraînons le bœuf à rester sous la chaîne et l’attelage. Ensuite, nous l’emmenons en promenade dans les champs pour le familiariser avec son futur lieu de travail. Après cela, nous l’entraînons à tirer un billot et puis une charrette. Enfin, nous l’amenons à tirer le ripper.

ANIMATEUR : De quelle façon les agriculteurs de votre entourage ont-ils bénéficié de vous après que vous ayez reçu le bœuf et le ripper?

AGATHA : Ils en ont bénéficié énormément. Plus de trente m’ont déjà approchée pour fissurer leurs champs cette saison. À cause de cela, j’ai déjà fissuré mon champ afin d’avoir assez de temps pour les aider.

ANIMATEUR : Mais aider les autres doit prendre beaucoup de votre temps et de vos efforts. Le faites-vous gratuitement?

AGATHA : Pas exactement. Je leur facture un tout petit montant pour mes services. Selon la superficie du champ, parfois je demande seulement un poulet ou quelques arachides ou un peu de maïs s’ils n’ont pas d’argent. Mon but c’est d’encourager le plus de gens possible à adopter l’agriculture de conservation.

SFX : Bruits de bébé allant en diminuant

ANIMATEUR : Je suis étonné que vous ayez tant fait. Que diriez-vous à d’autres femmes qui pourraient penser que ce que vous faites est un travail d’hommes?

AGATHA : Elles gaspillent leur temps si elles pensent ainsi. Dans l’agriculture de conservation, il n’y a pas d’homme ni de femme. Tout au plus, je dirais que l’agriculture de conservation est particulièrement bonne pour les ménages dirigés par une femme parce qu’elle allège le fardeau agricole. Mais les avantages sont incroyables!

Vous voyez, beaucoup de femmes dans les régions rurales font face à d’énormes défis en vue de trouver de l’argent pour des intrants coûteux comme l’engrais. Cependant, l’agriculture de conservation encourage des pratiques qui conservent la fertilité du sol et préconisent l’utilisation de compost, de fumier animal et la plantation d’arbres comme le musangu et le Gliricidia sepium qui améliorent la fertilité du sol.

OFF MIC : (Voix du chef, appelant) MmeNgoma, MmeNgoma, dépêchez-vous! Vous êtes la suivante!

AGATHA : Oh, désolée, vous devez m’excuser maintenant parce que je dois retourner surveiller mes sacs pour la pesée au dépôt de vente. Toutefois, j’ai apprécié de vous parler parce que je sais que vous le diffuserez à la radio et que bien d’autres gens en apprendront plus sur l’agriculture de conservation.

ANIMATEUR : Certainement, je le ferai. Allez-y et merci!

SFX : Bruits de pas pressés, bébé en pleurs

ANIMATEUR : Eh bien, que puis-je ajouter à cela? Une femme assumant le rôle de soutien de famille : conduisant les bœufs, fissurant le sol dur et aidant les autres à se débarrasser de la famine et de la pauvreté grâce à l’agriculture de conservation.

Bon, je dois partir et essayer cela dès maintenant!

Mais, bien sûr, je serai de retour avec vous la semaine prochaine, même jour, même heure. Alors, surveillez ce que je tirerai de mon expérience avec les bœufs et le ripper!

Montée de l’indicatif musical, maintenir pendant cinq secondes, puis fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Filius Jere, réalisateur, émissions radiophoniques agricoles, Breeze FM, Chipata, Zambie.

Révision : John Fitzsimons, professeur agrégé, Planification et Développement ruraux, Université de Guelph, Canada.

Traduction : Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

1.   Agatha Ngoma, petite exploitante agricole, village de Kasakula, chef Chanje, Chipata, est de la Zambie

2.  Vainess Zulu, agente de vulgarisation agricole, chefs Chanje, Mkanda et Mshawa

3.   Mary Mumba, directrice générale, Chipangali Women’s Development Association, Chipata, Zambie, 27 mai 2013

4.   Gillies (Panos Southern Africa), Research Into Use – Programme Z, a/s Pelum, Lusaka, Zambie, 3 avril 2010

5.   Musonda/Banda, Section de l’agriculture de conservation, Syndicat national des agriculteurs de Zambie, Chipata, Zambie, 19 mars 2012

 

Peter Langmead, Conservation Farming and Conservation Agriculture Handbook for Hoe Farmers, Édition 2007. Disponible à l’adresse : http://conservationagriculture.org/uploads/pdf/cfu-research/HOE%20CONSERVATION%20FARMING%20OF%20MAIZE%20IN%20ZAMBIA%20-%20LANGMEAD.pdf )

Site Web de la Section de l’agriculture de conservation du Syndicat national des agriculteurs de Zambie : www.conservationagriculture.org. Courriel : cfu@zamnet.zm