Notes au radiodiffuseur
La disponibilité continue des variétés traditionnelles et des nouvelles variétés développées par l’amélioration formelle des plantes est très importante pour assurer la biodiversité et la productivité agricole. Les variétés traditionnelles peuvent jouer un rôle important.
Par exemple : en Asie, 20 millions d’hectares de riz sont en proie aux inondations. Le riz meurt après quelques jours de submersion complète, entraînant ainsi une perte totale des cultures. Au moyen de la sélection conventionnelle, non-OGM, l’Institut international de recherche sur le riz a inoculé un gène de variétés existantes de riz dans les variétés populaires cultivées dans les pays producteurs de riz. Il est également en cours d’inoculation dans les variétés africaines populaires.
Au Mali, l’ONG CAB Dèmèso, avec l’appui d’USC Canada, a lancé, il y a cinq ans, un processus de recherche participative qui permet aux agriculteurs de sélectionner de nouvelles variétés après avoir fait des essais en les cultivant suivant leurs méthodes de production sur leurs propres parcelles agricoles. Les nouvelles variétés sont constituées autant de semences locales que de semences issues des programmes de sélection de la recherche nationale. Les agriculteurs ont testé 35 variétés de mil, de sorgho et de niébé qui étaient en voix de disparition ont été testées dans trois différentes régions agroclimatiques du pays.
L’objectif est d’accroître la diversité des variétés de cultures dans les champs des agriculteurs et des agricultrices et de sélectionner les variétés qui s’adaptent le mieux aux conditions climatiques locales, et qui répondent aux préférences des agriculteurs en termes de goût, de valeur nutritionnelle et de facilité de transformation, un critère important pour les femmes. Le processus s’appelle sélection variétale participative, et il place les paysans au coeur des démarches de la production, la sélection et l’utilisation des variétés.
Actuellement, CAB Dèmèso, travaille avec les communautés qu’elle appuie pour multiplier les variétés sélectionnées et les distribuer ensuite à d’autres agriculteurs et communautés. À l’avenir, ces variétés paysannes pourraient être enregistrées à travers un système d’enregistrement communautaire.
Le présent texte radiophonique est basé sur des interviews réalisées avec des agriculteurs, des agricultrices, ainsi que des agents de CAB Dèmèso. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte radiophonique sur la diversité variétale et la façon dont les agriculteurs peuvent conserver la biodiversité agricole.
Vous pourriez également produire ce texte dans le cadre de votre émission agricole régulière, en le faisant interpréter par des comédiens et des comédiennes de doublage à la place des intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées.
Voici quelques questions possibles pour une discussion en onde :
- Comment les semences traditionnelles sont-elles préservées dans votre région?
- Quels sont les critères les plus importants sur lesquels se basent les agriculteurs locaux pour choisir les semences à cultiver? Les femmes et les hommes ont-ils des critères divergents? Si oui, quels sont-ils?
- Quelle importance y a-t-il à valoriser la biodiversité agricole?
Durée estimée du texte radiophonique : 20 minutes avec la musique de début et de fin.
Texte
Si vous ignorez ce qu’est la sélection variétale participative, il s’agit simplement d’un moyen pour les agriculteurs de participer pleinement au choix des variétés végétales qu’ils veulent produire en les cultivant dans leurs champs. Restez à l’écoute pour en savoir davantage.
Safo est une commune rurale composée de 14 villages, située à environ 15 kilomètres de Bamako, la capitale malienne. Les habitants vivent principalement de l’agriculture, et sont aujourd’hui confrontés à des problèmes liés au changement climatique.
Les personnes avec lesquelles nous sommes venus nous entretenir nous accueillent en groupe. Comme dans la concession de toute famille d’agriculteurs, on entend des bruits d’ânes, de petits ruminants et de volailles partout. Après avoir échangé les salutations, nous allons nous adresser à la première personne.
Notre communauté est située près de Bamako, ce qui fait qu’il est de plus en plus difficile de trouver des terres agricoles à cause de l’urbanisation galopante. Pour régler cette situation, le projet a sensibilisé les agriculteurs à travers le théâtre sur le fait de cultiver de la bonne qualité en quantité suffisante, malgré nos petites superficies en appliquant des pratiques agroécologiques. Nous pouvons cultiver plusieurs choses sur le même lopin de terre sans que les cultures se gênent entre elles et en utilisant uniquement de l’engrais organique.
On nous a également formés sur la sélection des variétés de semences. Cela consiste à semer différentes variétés d’une même culture sur une parcelle, afin qu’on puisse choisir la variété que nous préférons. Les agriculteurs ont également appris des choses sur la plantation d’arbres et l’utilisation du fumier organique.
Le projet a constaté que cet individualisme était peut-être à la base de nos problèmes. Donc, ils nous ont demandé de nous réunir pour que chacun explique la méthode qu’il ou elle utilisait pour chercher les semences. Finalement, nous avons choisi une seule méthode qui semble fonctionner pour nous tous. Cette méthode consiste, premièrement, à cultiver une bonne variété, et, ensuite, au moment de la récolte, on trie les meilleurs plants et on conserve leurs semences pour l’année suivante. Chacun applique cette méthode dans son champ pour avoir des semences de meilleure qualité.
La coopérative possède également des champs collectifs, où nous observons attentivement l’évolution des cultures, et ce, de la semence à la récolte. On évalue le potentiel de chaque variété en termes de rendement et de résistance aux facteurs tels que les insectes, la sécheresse, les maladies, les oiseaux et beaucoup d’autres choses. Les plants qui s’en sortent bien sont récoltés à part afin d’être utilisés comme des semences de qualité à distribuer en début d’hivernage.
Alors, le projet a encouragé la préservation et la promotion de nos propres semences locales, qui sont généralement bien adaptées aux conditions climatiques actuelles et sont aussi productives que les variétés importées.
Ici, nous ne payons pas les variétés locales qui sont préservées dans la banque de semences. En revanche, celles qui sont importées coûtent cher et ne sont pas toujours adaptées à nos conditions climatiques. Donc, nous partageons la même vision que le programme concernant l’utilisation de nos semences locales, du fumier organique et des pesticides biologiques que nous produisons nous-mêmes.
Je dois ajouter qu’avant l’arrivée du programme, nous avions des difficultés avec les semences. Les semences traditionnelles avaient été presque abandonnées au profit des semences importées.
Chers auditeurs, nous allons nous entretenir maintenant avec monsieur Abdou Bomba, chef du Programme Agro Biodiversité de l’ONG CAB Dèmèso. Monsieur Abdou pouvez-vous vous présenter à nos auditeurs?
Donc, ce sont les agriculteurs qui expriment d’abord leurs besoins, en déclarant par exemple : « Nous avons besoin d’une variété qui peut résister aux insectes, à la sécheresse, aux maladies céréalières, aux oiseaux et autres. » Ensuite, les chercheurs ou l’ONG commencent à travailler pour obtenir la semence qui répond à ces critères. C’est la première étape.
Au deuxième stade, les paysans cultivent les variétés dans leurs champs. L’ONG les accompagne en collectant les informations sur les semences. Les agriculteurs cultivent les nouvelles variétés à côté de la variété locale qui, selon eux, est mieux performante. S’il s’agit d’une variété de sorgho, par exemple : ils vont la cultiver au côté d’une variété de sorgho qu’ils ont l’habitude de produire et qui selon eux est la plus productive.
Pour la culture de ces nouvelles variétés, les agriculteurs choisissent leur propre système de production, y compris les semis, le sarclage et la fertilisation. Puis, ils déterminent laquelle des différentes variétés locales les impressionne et choisissent celle qu’ils veulent adopter. CAB Dèmèso les accompagne à travers ce processus, mais ce sont les agriculteurs qui prennent toutes les décisions. Au moment des récoltes, les paysans voient quelle variété est la plus productive et ils adoptent celle-ci.
Au mois de septembre, juste avant les récoltes, les agriculteurs évaluent les différentes variétés. Ils se rendent ensemble dans les champs et discutent des différentes variétés sur la base des critères qui sont importants pour eux, y compris la taille et la hauteur de la plante, la panicule ou la couleur du grain.
Après l’évaluation au champ, ils préparent les différentes variétés aux fins de dégustation, et, puis, ils font leur choix final en fonction du rendement de la farine et du gout de chaque variété. Ce sont là les différentes étapes de la sélection variétale participative.
Avant de mettre en terre une semence, nous effectuons une vérification pour nous assurer de sa fiabilité. En d’autres termes, nous voyons si elle peut germer, en effectuant un test de germination. Nous faisons le test dans un mélange de sable et de banco.
La sélection variétale participative permet aux agriculteurs de trouver et d’adopter de nouvelles variétés. Les agriculteurs travaillent avec une variété qui existe déjà. Ils la cultivent et la comparent avec une autre variété pour voir si elle répond à leurs besoins. Si c’est le cas, ils l’adoptent.
L’amélioration variétale participative vise à développer une nouvelle variété. Pour cela nous choisissons premièrement une bonne variété qui possède certaines caractéristiques qu’on recherche et, ensuite, nous travaillons avec elle pour obtenir d’autres caractéristiques que nous recherchons.
Nous croisons cette variété avec d’autres variétés dans les champs, en collaboration avec les paysans. Nous sélectionnons et mettons à part les nouvelles variétés qui résulteront de ce croisement. C’est ça l’amélioration végétale participative. Mais nous ne travaillons pas sur ce volet du programme pour le moment.
Bonjour, madame, vous pouvez vous présenter?
De plus, autrefois, il n’y avait pas d’échanges entre les femmes et les hommes. Mais dans ce projet, on échange les idées. Nous sommes plus nombreux que les hommes dans les coopératives. C’est pourquoi nous occupons une place importante. Je ne connais pas le nombre exact de femmes, mais il y a quatre quartiers : Sidoni, Kokola, Noumouda et Bougoudakoura et chaque quartier a son groupement de femmes. Le jardin collectif mis en place a favorisé une meilleure collaboration entre les femmes, en plus de créer des liens d’amitié. Cela a suscité plus d’espoir. Donc, en résumé, nous les femmes sommes bien intégrées dans le projet.
Nous vous remercions d’avoir suivi l’émission et vous invitons à rester à l’écoute pour un autre thème rural important.
Acknowledgements
Rédaction : Boubacar Gakou, cinéaste, Bamako, Mali
Révision : Abdou Bomba, chef du Programme de biodiversité agricole de CAB Dèmèso, et Élodie Rousselle, gestionnaire de programme, Afrique de l’Ouest pour USC Canada.
Information sources
Interviews réalisées avec :
Amadou Diarra, Abdou Bomba, Sitan Diarra, Soungalo Coulibaly, Nantenin Sinaba, Djeneba Coulibaly et Nah Kané, 20 septembre 2017
Le présent texte radiophonique a été produit grâce au financement de The McLean Foundation.
RRI aimerait également remercier USC Canada et son partenaire local, CAB Dèmèso, pour l’appui qu’ils ont apporté à la production de ce texte radiophonique.
Le Programme Agro Biodiversité Dun kafa est appuyé financièrement par le gouvernement du Canada, avec le soutien technique d’USC Canada.
Projet réalisé avec l’appui financier du Gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada