Les avantages de la culture intercalaire

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

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La culture intercalaire est une pratique agricole traditionnelle répandue dans plusieurs régions du monde. De plus, les chercheurs conviennent que, lorsqu’on l’applique rigoureusement avec la bonne association de cultures, la culture intercalaire offre beaucoup d’avantages. Le présent texte radiophonique vous en dira plus.

Vous pourriez faire interpréter ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole ordinaire par des comédiens et des comédiennes de doublage à la place des intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix de comédiens et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées aux fins de production du texte radiophonique.

Vous pourriez également vous inspirer du présent texte pour mener des recherches pour la réalisation d’une émission radiophonique sur le dressage d’animaux de ferme dans votre pays.

Si vous décidez de vous inspirer de ce texte radiophonique pour la réalisation de votre propre émission, vous pouvez vous entretenir avec des agriculteurs, des agricultrices et des spécialistes de l’agriculture, en leur posant les questions suivantes:

  • Quelles sortes de denrées agricoles les agriculteurs cultivent-ils généralement en association avec d’autres et quels sont les résultats et les avantages en tirent-ils?
  • Quelles sont les difficultés liées à la culture intercalaire et quelles sont les solutions proposées pour surmonter ces difficultés?
  • À qui les agriculteurs peuvent-ils s’adresser pour avoir de l’aide en ce qui a trait à la culture intercalaire?

Outre le fait de vous entretenir directement avec des agriculteurs et d’autres acteurs importants du secteur agricole local, vous pourriez vous inspirer de ces questions pour une tribune téléphonique ou une émission avec envoi de messages textes.

Durée estimée du texte radiophonique : 7 ½ minutes

Texte

INTERVIEWEUR:
Plusieurs bonnes raisons nous poussent à parler de culture intercalaire à la radio. La première est que beaucoup d’agriculteurs la pratiquent.
 
La culture intercalaire est un mode de culture traditionnel pratiqué depuis des centaines d’années. Les chercheurs agricoles contemporains étudient minutieusement les méthodes traditionnelles pour les adapter ensuite aux conditions actuelles. En procédant de la sorte, ils contribuent, dans plusieurs cas, à une hausse considérable de la production de vivres.
 
Nous allons nous entretenir avec un chercheur qui étudie la culture intercalaire. Voici ce qu’il dit à propos de cette pratique.
CHERCHEUR AGRICOLE A:
La raison principale en faveur de la culture intercalaire est qu’elle offre plus de «stabilité» aux agriculteurs au fil des ans. Par exemple: si un agriculteur ou une agricultrice cultive deux denrées, et que l’une d’elles souffre de la sécheresse ou des méfaits d’un ravageur ou d’une maladie, l’autre denrée peut compenser les pertes subies avec la première. Au fil des ans, cela assure une «stabilité» aux agriculteurs. Cette pratique leur fait oublier les années de vaches maigres et leur donne la certitude de toujours avoir quelque chose à récolter.
 
INTERVIEWEUR:
C’est assurément une très bonne raison de pratiquer la culture intercalaire. Après tout, qui peut se permettre de prendre le risque de manquer complètement une récolte simple?
 
Toutefois, ce n’est qu’une des bonnes raisons en faveur de la culture intercalaire à la différence de ce qu’on pourrait appeler «monoculture». Le Dr B m’a cité une autre bonne raison.
 
CHERCHEUR AGRICOLE B:
Le rendement total est généralement plus élevé avec la culture intercalaire qu’avec la monoculture. Avec le système de culture intercalaire, il arrive parfois qu’on obtienne des rendements moins élevés avec chacune des cultures complémentaires individuelles, mais que le rendement cumulé de toutes les cultures soit plus élevé.
 
INTERVIEWEUR:
J’ai entendu dire qu’une des raisons de ce phénomène, c’est que même si certaines cultures ont besoin de beaucoup de soleil, d’autres préfèrent moins de lumière. Est-ce bien le cas?
 
CHERCHEUR AGRICOLE B:
En effet, c’est le cas. À cause de ça, au Sri Lanka et dans d’autres pays, l’idéal c’est de cultiver le dolique avec le maïs, car les grands plants de maïs aiment l’ensoleillement et ils procurent de l’ombre aux plants de haricot à pousse basse qui tolèrent l’ombre.
 
INTERVIEWEUR:
Le Dr A nous a parlé d’une autre façon dont les différents modes de cultures peuvent être complémentaires sur des parcelles en polycultures.
 
CHERCHEUR AGRICOLE A:
La culture de sorgho avec le pois pigeon est l’association de cultures la plus populaire en Inde. Le sorgho a des racines superficielles et le pois pigeon un système radiculaire plus profond.
 
Lorsqu’on les cultive ensemble, on s’attend d’abord à avoir une bonne récolte de sorgho. On peut produire autant de sorgho que si le sorgho avait été cultivé seul. Donc, premièrement, vous récoltez tout le sorgho, et la récolte de pois pigeon vient plus tard. Vous pouvez obtenir une récolte maximum de pois pigeons de 70 %, et ce, en plus de la récolte complète de sorgho. Une fois le sorgho récolté, vous avez des plantes de pois pigeons de trois mois bien établies. Les pois pigeons peuvent paraître de petite taille, en raison de la rude concurrence avec l’autre culture, mais ils sont là. Leurs racines sont bien enracinées dans le sol, ce qui leur permettra d’absorber de reste d’humidité disponible dans le sol.
 
CHERCHEUR AGRICOLE C:
Vous pouvez voir un des véritables problèmes que pose la monoculture ici. Si vous cultivez une denrée en saison pluvieuse, les 30 ou 40 premiers centimètres de couche seront presque desséchés quand les pluies s’arrêteront. Même si le sol reste humide en profondeur, il sera impossible pour une autre culture de s’établir sur ce sol à cette période de l’année. Mais s’il s’y trouve une culture en croissance, dont le système radiculaire est déjà bien établi, celle-ci pourra continuer à puiser l’humidité qui se trouve en profondeur dans le sol.
 
CHERCHEUR AGRICOLE A:
Ce que cela signifie, c’est que la période durant laquelle les cultures peuvent exploiter la lumière, l’humidité et les éléments nutritifs disponibles se prolongera durant la saison. Cela peut constituer un avantage majeur pour les agriculteurs.
 
INTERVIEWEUR:
Le Dr A a parlé d’éléments nutritifs ou d’aliments végétaux. Comme vous le savez peut-être, l’azote est un élément nutritif très important pour les végétaux. Toutefois, saviez-vous que les bactéries présentes sur les racines du pois pigeons pouvaient «fixer» l’azote? Cela signifie que les bactéries absorbent l’azote présent dans l’air et le transmettent aux plantes, et ce pas uniquement au pois pigeon, mais également à l’autre denrée agricole, qui, dans ce cas, est le sorgho. Cela se produit avec toutes les légumineuses telles que les pois, le haricot et plusieurs autres. Par conséquent, lorsque vous les cultivez, cela peut réduire le besoin d’engrais azoté supplémentaire!
 
Le Dr m’a montré un beau champ de sorgho et de pois pigeon, et m’a expliqué la manière efficace dont ils ont été cultivés et sont utilisés. Les épis de sorgho avaient été déjà récoltés, et au sol je pouvais voir une belle moisson de pois pigeon. Voici le Dr D.
 
CHERCHEUR AGRICOLE D:
Lorsque vous utilisez le système de culture intercalaire, vous obtenez non seulement une stabilité, mais également une augmentation des rendements. Comme le pois pigeon est une légumineuse, vous n’avez pas besoin d’une aussi grande quantité d’engrais azoté. Les bactéries fixatrices d’azote présentes sur les racines de cette plante fixent l’azote, dont pourra également disposer le sorgho.
 
INTERVIEWEUR:
Donc le sorgho peut profiter de l’azote du pois pigeon?
 
CHERCHEUR AGRICOLE:
Si, car ils sont cultivés ensemble.
 
INTERVIEWEUR:
Après avoir récolté le sorgho, il vous reste à récolter le pois pigeon. Le pois pigeon est plutôt une plante ligneuse. Par conséquent, que faites-vous à ce sujet?
 
CHERCHEUR AGRICOLE D:
Les tiges du pois pigeon servent de bois de chauffage, et de combustible pour la cuisine.
 
INTERVIEWEUR:
Qu’en est-il des tiges de sorgho?
 
CHERCHEUR AGRICOLE D:
Elles servent d’aliments pour les animaux.
 
INTERVIEWEUR:
Donc rien ne se perd.
 
Il existe plusieurs autres associations de cultures intercalaires, telles que la culture du tournesol et du dolique aux Philippines, la culture du maïs et du ricin au Brésil, la culture du maïs et l’arachide en Zambie, et la culture du manioc et l’arachide en République démocratique du Congo. Dans plusieurs pays, les agriculteurs cultivent les cucurbitacées avec d’autres denrées. Les cucurbitacées font concurrence à la majorité des mauvaises herbes. Cela sauve les agriculteurs d’une de leurs plus grandes corvées: le sarclage. Le Dr B. m’a expliqué que les patates douces et les melons étaient de très bonnes espèces couvre-sol. Concernant le melon, il a déclaré ce qui suit:
 
CHERCHEUR AGRICOLE B:
Nous avons découvert que certaines cultures poussaient mieux ensemble très souvent plutôt que seules. Les plantes qu’on associe au melon, même s’il est possible qu’elles réduisent la production du melon, semblent en tirer profit réellement.
 
INTERVIEWEUR:
Si vous ne pratiquez pas la culture intercalaire actuellement, il se peut qu’un agriculteur ou une agricultrice du voisinage trouve cela rentable. Vous pourriez vous renseigner auprès de ces voisins. Si vous faites de la culture intercalaire, peut-être qu’il existe une meilleure façon de le faire. Pourquoi ne pas vous donnez la peine de le découvrir.

Acknowledgements

Note : Le présent texte radiophonique est adapté de l’élément 6 de l’Ensemble 6 distribué en 1979. Les collaborateurs au texte original étaient George Atkins, fondateur de Radios Rurales Internationales; le Dr R. N. Willey, ingénieur agronome en système de culture, ICRISAT, Inde; le Dr Bede N. Okigbo, directeur général adjoint, IITA, Nigeria; le Dr M. B. Russel, physicien des sols, ICRISAT, Inde; et le Dr Vijay Alakshmi, chercheur principal, Indian Council of Agriculture Dryland Project, Hyderabad, Inde. Il a été actualisé et révisé à nouveau par John Fitzsimons, professeur agrégé, School of Environmental Design and Rural Development, Université de Guelph, Canada.

gac-logoLe texte radiophonique original a été préparé avec le soutien financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.