Les agriculteurs vieillissent, mais l’agriculture, elle, se modernise : nouvelles normes de production et de récolte du manioc

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

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Pour assurer la salubrité des aliments, aider les agriculteurs et les transformateurs et améliorer les chaînes de valeur agricoles, les gouvernements doivent contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre de normes pour la production et la transformation de denrées alimentaires tels que la pomme de terre et le manioc.

Les normes sont des directives détaillées ayant trait à la culture de produits agricoles, de haute qualité, qui ne présentent aucun danger pour la consommation. Elles couvrent tous les volets de la production, la transformation, l’étiquetage et du transport. Le Bureau national des normes de chaque pays doit collaborer avec d’autres acteurs en vue d’élaborer et veiller à l’application desdites normes.

Lorsque les producteurs et les transformateurs suivent les normes, la qualité de leurs produits s’améliorer, les producteurs et les transformateurs peuvent s’attendre à une augmentation de leurs revenus et les consommateurs sont assurés d’avoir des produits salubres et de haute qualité. En outre, la vente et la commercialisation d’une frontière à l’autre sont envisageables, comme c’est le cas avec les normes harmonisées mises en œuvre par l’Afrique orientale et centrale en ce qui concerne la pomme de terre et le manioc. Même si le présent feuilleton porte sur les normes en Afrique orientale et centrale, votre pays pourrait disposer de normes très similaires. Vous pourriez faire des recherches pour le savoir.

Ce feuilleton radiophonique qui comporte huit scènes explique comment les producteurs et les transformateurs de pomme de terre et de manioc peuvent cultiver et préparer ces denrées. Le texte parle des normes de récolte, d’entreposage, de transformation et d’emballage du manioc et des pommes de terre.

Vous pourriez vous inspirer du présent feuilleton pour produire une émission similaire sur les normes afférentes au manioc ou à d’autres cultures de votre région. Sinon, pourquoi ne pas le proposer dans le cadre de votre programme agricole régulier, en vous servant des voix de comédiens et de comédiennes de doublage pour représenter les intervenants?

Vous pourriez vous baser sur le feuilleton radiophonique pour réaliser une interview avec un transformateur de manioc ou de pomme de terre, un agriculteur ou une agricultrice qui cultive du manioc ou de la pomme de terre pour le marché de la transformation ou un spécialiste en ce qui a trait à la chaîne de valeur de la pomme de terre ou du manioc. Invitez les auditeurs et les auditrices à appeler ou envoyer des SMS pour poser leurs questions et faire des observations. Les sujets de discussion pourraient tourner autour des questions suivantes :

  • Quels sont les meilleurs créneaux de vente pour les producteurs sur le marché de la transformation?
  • Dans quel contexte les agriculteurs et les agricultrices doivent-ils transformer leur manioc ou leurs pommes de terre, et quand doivent-ils faire appel à un transformateur?
  • Si un auditeur ou une auditrice désire ouvrir une petite entreprise de transformation, quelles sont les mesures qu’ils doivent prendre pour mener des recherches sur le marché et s’assurer qu’il lui sera possible de gagner de l’argent?

Durée estimée du texte : 20 minutes, avec la musique de début et de fin.

Note : Ce texte est le quatrième d’une série de quatre éléments sur les normes régissant le manioc et la pomme de terre en Afrique orientale et centrale. Le premier intitulé Le manioc est symbole de richesse : de nouvelles normes harmonisées en matière de transformation de la farine de manioc en Afrique de l’Est et équatoriale, a été publié en septembre 2014 dans l’Ensemble de ressources 99. Le deuxième a été publié dans l’Ensemble de ressources 103 en mars 2016 et le troisième a été publié dans l’Ensemble 104 en septembre 2016.

Texte

NARRATEUR:
Mbarute est un jeune agriculteur qui vit en campagne avec ses parents. C’est un jeune homme intelligent et sa récolte de manioc en est la preuve pour son père, Semana. Si vous voulez savoir comment traiter votre récolte de manioc, écoutez ce feuilleton radiophonique!

SCÈNE 1

NARRATEUR:
C’est le soir, et toute famille de Semana Evariste discute des activités de la semaine après le repos dominical. Mbarute Eugene, le fils aîné de Semana, croise son père devant sa cour.
EFFETS SONORES:
voix d’enfants, bruits de chèvres qui rentrent à la maison
MBARUTE:
Bonsoir, Mzee (Note de la rédaction: il s’agit d’un terme utilisé en signe de respect envers les aînés), comment a été la journée?
SEMANA:
Pas mal, mon fils. Mais je n’ai pas eu ma dose d’urwagwa (bière de banane) aujourd’hui, et l’eau n’étanche pas la soif!
MBARUTE:
Oh, Mzee, nous avons eu de la boisson chez le voisin. . .
SEMANA:
Aaah, tu aurais dû m’en informer, fiston. C’est fini? Je pourrai aller là-bas demain. Il se fait un peu tard maintenant. (PAUSE) Mais, dis-moi, j’ai entendu dire que tu allais bientôt récolter ton manioc. Est-ce vrai, fiston?
MBARUTE:
C’est exact. Je dois commencer à récolter mon manioc dans le champ situé au sommet de la colline. Y a-t-il un problème, père?
SEMANA:
Mon fils, je ne veux pas que tu récoltes ce manioc si rapidement. Cela ne fait à peine qu’un an et quelques mois qu’il a été planté! Je ne vais pas récolter. Ma famille n’a jamais souffert de faim au point de devoir récolter le manioc avant qu’il ne soit prêt! Une récolte précoce est un moyen d’apporter la faim au sein de la famille.
MBARUTE:
Arrête, n’exagère pas, père! Quinze mois suffisent pour que le manioc soit prêt. C’est une bonne saison de croissance, surtout en ce qui concerne les nouvelles variétés! Souviens-toi que nous avons utilisé de nouvelles techniques et répandu de l’engrais dans mon champ! Le moment est venu de récolter!
SEMANA:
(L’AIR UN PEU DÉGOÛTÉ) Les gens modernes qui ne savent rien! Qui t’a dit que le manioc doit rester seulement une année dans le champ, comme si on comptait sur le bout des doigts? (ÉTONNÉ) Une année seulement! Depuis que je suis né, nous n’avons jamais récolté du manioc en un an, jamais! Et tu n’as pas honte de parler d’engrais. C’est de cette façon qu’on endommage notre sol, on ne le rend pas fertile! Tu le regretteras! Mes enfants vont me honnir devant toute la communauté! Mon Dieu! Je ne pourrais jamais accepter ça!

SCÈNE 2

EFFETS SONORES:
voix d’enfants et de femmes. SEMANA ENTRE DANS LA CONCESSION, marmonant, vexé contre son fils. bibi, la femme de semana, dit bonsoir à son époux.
SEMANA:
(EN COLÈRE) Dis-moi, depuis que Mbarute est né, avons-nous déjà récolté des denrées avant qu’elles ne soient parvenues à maturité? En particulier le manioc! Généralement, nous récoltons le manioc après trois ans au moins! Et voici qu’aujourd’hui, Mbarute veut me couvrir de honte! Il veut récolter son manioc en 15 mois, en 15 mois seulement! Les gens vont dire que mon fils, oui mon fils, est en train de s’appauvrir – mon fils pauvre, pendant que je suis encore en vie, non et non!
BIBI:
Mais Mbarute n’est pas stupide. Il doit avoir une raison de récolter si tôt. Il m’a dit qu’il y a de nouvelles variétés qui ne restent pas longtemps dans le champ.
SEMANA:
Ahhh, tu prends son parti? Bien, j’aurais dû m’en douter! Toi et ton fils avez comploté pour me couvrir de honte devant la communauté. OK. Mbarute a raison. Il y a de nouvelles variétés, etc., etc. … (D’UNE VOIX FERME) Mais pour quelles raisons veut-il récolter si tôt?>
BIBI:
(IRRITÉE) Je ne suis pas une complice! De plus, mon enfant a peut-être raison. Il est intelligent; il sait ce qu’il fait. (ELLE S’ÉLOIGNE)
SEMANA:
(MONOLOGUE. VOIX BASSE. INCERTAIN). Voilà où j’en suis, je vieillis et je deviens faible … oh mon pauvre Semana! Mon fils veut me honnir devant ma communauté, ma femme ne me comprend pas … que dois-je faire mes amis?
(PAUSE, PUIS D’UNE VOIX FORTE) D’accord, laissons Mbarute faire ce qui lui plaît avec son champ de manioc. Je lui dirai qu’il s’est trompé après qu’il a échoué. Moi, Semana, je vais récolter mon propre manioc! Cela fait trois ans maintenant; trois ans et quelques mois, oui! C’est certain qu’ils sont prêts pour la récolte. Ils sont prêts pour un riche paysan! (ÉLEVANT DAVANTAGE LA VOIX) Je suis riche dans cette communauté, et c’est pourquoi je dois récolter mon manioc qui est prêt!

SCÈNE 3

NARRATEUR:
Mbarute est en train de récolter, de même que son père. L’agent de vulgarisation agricole a appris aux agriculteurs et aux agricultrices comment ils devaient récolter leur manioc suivant les normes harmonisées en vigueur en Afrique orientale et centrale afin de pouvoir trouver un meilleur marché et être même en mesure de vendre leurs produits à l’extérieur du pays. Aujourd’hui, un intermédiaire viendra acheter le manioc pour le livrer à une usine qui le transformera en farine pour ensuite vendre celle-ci aux citadins. Il offre un prix meilleur à celui des autres intermédiaires de la localité.
EFFETS SONORES:
OISEAUX QUI CHANTENT TÔT LE MATIN, ENFANTS QUI JOUENT. BRUIT DE JEUNES QUI SONT RASSEMBLÉS ET QUI DISCUTENT, CRIANT PARFOIS.
MBARUTE:
(CRIANT) Venez par ici si vous cherchez du travail aujourd’hui! Chacun doit venir avec un sac, un sac propre! Venez vite, vous allez transporter mon manioc du champ à l’usine!
JEUNE DU VOISINAGE 1:
Yego (oui), chef! Nous allons chercher nos sacs vides et nous revenons. Y a-t-il beaucoup de manioc? Assez pour que tout le monde puisse remplir cinq sacs?
MBARUTE:
Plus que cinq! Je vais continuer jusqu’à ce que toute ma récolte soit transportée à l’usine. C’est le moment! C’est le bon moment pour récolter!
JEUNE 1:
Yego (oui), chef!
JEUNE 2:
J’ai deux sacs, j’en ai deux … je peux prêter un à quelqu’un qui n’en a pas!
JEUNE 1:
Prête-m’en un, mon ami! Prête-le-moi! Eh, Mbarute va nous donner du travail! Hey, allez, tout le monde … Je vais faire au moins sept tours! (RIRES)

SCÈNE 4

EFFETS SONORES:
AGRICULTEURS RECOLTANT DU MANIOC. L’ECHO DE LEURS VOIS RESONNE SUR LES COLLINES.
MBARUTE:
Écoutez-moi, écoutez, vous tous agriculteurs! Comment récoltez-vous? Aujourd’hui, il pleut et le sol n’est pas trop dur. Vous allez utiliser votre houe pour ameublir la terre, mais très délicatement, avec beaucoup de précautions pour éviter d’endommager le manioc. S’il arrive qu’une racine se casse, vous pouvez utiliser la houe très, très délicatement pour éviter d’écorcher le manioc. C’est compris?
AGRICULTEURS:
Yegoooo (oui), chef!
MBARUTE:
Je demande votre attention, s’il vous plaît, écoutez-moi! Pour le transport du manioc, j’ai des sacs tout neufs. Servez-vous-en! C’est ce que l’usine conseille. Les vieux sacs sales sont mauvais pour le manioc. Ils peuvent le détruire et le contaminer. Il faut les éviter, mes amis!

Quand nous aurons terminé, nous allons trier tout le manioc, en séparant les grosses racines des petites, ainsi que ceux qui sont endommagés. En ce qui concerne ceux qui sont endommagés, nous allons les emporter à la maison pour que ma mère fasse de la farine avec ça.

SCÈNE 5

DANS LE CHAMP DE MANIOC DE SEMANA

EFFETS SONORES:
DES HOUES BÊCHENT LE SOL À TOUR DE RÔLE. LES OUVRIERS DISCUTENT DE LA RÉCOLTE.
SEMANA:
Mes amis, écoutez attentivement. Je vais vous expliquer comment nous allons procéder à la récolte. Je n’ai pas l’argent qui me permettra de revenir dans ce champ pour le préparer pour la nouvelle saison. Donc, chacun doit récolter le manioc à l’aide d’une houe et labourer en même temps afin que je puisse cultiver du manioc à nouveau. Ainsi, nous allons récolter et labourer en même temps. Autre chose, si un d’entre vous ne travaille pas rapidement, je ne vais pas le payer, d’accord? Mettons-nous au travail!
OUVRIERS:
Comment allons-nous transporter le manioc? Allons-nous utiliser des paniers … ou …?
SEMANA:
(L’INTERROMPANT) C’est simple. Vous avez tous de vieux gros sacs, déchirés que vous n’utilisez pas souvent. Le manioc abîme les sacs. Donc, les gars vous pouvez utiliser les sacs déchirés, des sacs laissés à l’abandon qui sont destinés uniquement au transport du manioc!
OUVRIERS:
OK! C’est compris, bien compris, compris (à tour de rôle).
SEMANA:
Je m’en vais. Je reviens dans un instant!
OUVRIER 1:
J’ai un sac vraiment usé, mais il est suffisamment bon pour le manioc.
OUVRIER 2:
J’en ai un également. Mbarute m’a donné un sac d’engrais. Il peut servir, même si c’est petit. Je vais le rallonger avec des lianes.
OUVRIER 1`:
Bon, mettons-nous au travail chers amis! Le manioc c’est de l’argent! Courage!

SCÈNE 6

EFFETS SONORES:
BRUITS D’AGRICULTEURS FAISANT LA QUEUE.
(Ils attendent l’homme d’affaires qui achète le manioc pour l’emporter au marché de manioc.
CONTRÔLEUR DE L’USINE:
Karibu (bienvenue), chers clients! Venez ici. Apportez tous les paniers et les sacs de manioc ici! Tous ceux qui ont le manioc de Mbarute, alignez-vous tous derrière lui! Eh, voici Semana, aussi! Eh, c’est la journée de la famille aujourd’hui! Karibu, M. Semana. Karibu à tous vos compagnons! Karibu, karibu!
SEMANA:
Merci beaucoup. J’arrive, mon frère. J’ai du manioc qui est parfaitement à point. L’agronome va vérifier, c’est vrai!
CONTRÔLEUR:
Bonjour, chers agriculteurs, chers clients. Ouvrez vos sacs, nous allons contrôler le manioc. Et n’oubliez pas: nous n’acceptons pas le manioc endommagé!
MBARUTE:
Regardez, monsieur, mon manioc est intact. Nous avons fait attention de ne pas écorcher les racines durant la récolte!
CONTRÔLEUR:
(PAUSE) Ahhh, Mbarute, ton manioc est vraiment de bonne qualité! S’il vous plaît, approchez! Déposez ça sur la balance! Nous allons nous occuper de vous rapidement, car votre manioc est intact.
MBARUTE:

SEMANA:
Allez, monsieur le contrôleur, venez voir ce rang aussi! Mon manioc est à point. Quelques-uns sont abîmés, mais ce n’est pas grave!
CONTRÔLEUR:
(MARQUE UNE PAUSE, PUIS L’AIR SURPRIS) Semana, regarde la couleur de votre manioc, cher ami. Que s’est-il passé? Ton manioc est atteint de maladies. Il est resté trop longtemps dans le sol. Les tubercules ne sont pas bons pour la cuisson.
(PARLANT DE SORTE QUE TOUT LE MONDE PUISSE ENTENDRE) Seul ce jeune homme a trié son manioc. Quant à vous autres, étalez vos tubercules par terre et triez-les. Tous les tubercules endommagés pendant la récolte doivent être séparés des autres. Il en est de même pour ceux qui sont atteints de maladies. Alors, asseyez-vous et étalez votre manioc ici pour faire le tri. Les tubercules abîmés ou cassés ne sont pas acceptés ici!
SEMANA:
Eh, jeunes gens, venez ici! Nous allons étaler tout le manioc ici pour trier les tubercules. C’est ce que le contrôleur demande. Chacun n’a qu’à amener son sac.
CONTRÔLEUR:
Eh, M. Semana, vous transportez le manioc dans des sacs sales comme ceux-ci? Non! Ce n’est pas correct! Des sacs vides d’intrants comme le NPK? Non, le manioc qui se trouve dans ce sac d’engrais doit repartir chez vous, Semana. Vous devez toujours faire attention pour ne pas contaminer le manioc et ne pas mettre la vie des gens en danger. Nous allons emporter ce manioc dans le pays voisin. Maintenant que nous avons adopté des normes communes pour le manioc frais, notre marché potentiel s’est développé davantage. Nous pouvons vendre nos produits dans plusieurs pays.
SEMANA:
Pitié, monsieur le contrôleur. Normalement, on transporte le manioc dans des sacs qui sont très vieux, et ce, quel que soit le type de sac. Mais la prochaine fois, je … je … je …
CONTRÔLEUR:
Non, il n’est pas question! Dépêchez-vous, monsieur!
SEMANA:
Mais je vais perdre de l’argent!
CONTRÔLEUR:
Votre perte sera plus grande même! Ces tubercules sont endommagés parce qu’ils sont vieux. On aurait dit qu’ils ont été plantés il y a vingt ans! Il faut les trier aussi. Vous emporterez chez vous les tubercules endommagés et ceux qui sont gâtés parce qu’ils ont été récoltés tard!
Maintenant, nous devons emballer tout le manioc dans ces bons sacs. Regardez ce qui est écrit à l’extérieur des sacs. Ils indiquent le lieu où le manioc a été cultivé et le pays d’origine. Ce manioc peut même traverser les frontières.
SEMANA:
(MONOLOGUE, LA VOIX BASSE, CHOQUÉ ET L’AIR HÉSITANT) Eh, comment se fait-il que Mbarute, mon fils, gagne plus d’argent que moi avec son manioc? Que puis-je faire? Est-ce dû à mon ignorance? Non, Mbarute et sa mère n’ont pas plus de connaissances que moi! S’agit-il d’une question de vie moderne? Non, les jeunes, les gens modernes sont également ignorants! Donc, qu’est-ce qui m’a fait échouer de cette façon?

SCÈNE 7

NARRATEUR:
Semana rentre chez lui, confus et déçu. Derrière lui, deux jeunes transportent le manioc que l’usine n’a pas voulu acheter. Sa femme est à la maison. Elle est surprise de voir son mari si troublé.
SEMANA:
Bonjour Bibi, où est la pipe que j’avais laissée ici? Dis-moi!
BIBI:
Je l’ai vu quelque part là-bas … Peut-être que tu peux regarder derrière le mur là-bas.
SEMANA:
(ÉLEVANT LA VOIX) Dis-moi, où se trouve ma pipe? Tu as dit que l’avais vu ici, là-bas… où se trouve-t-elle exactement?
BIBI:
La voici, ici, derrière la chaise, juste ici! Mais dis-moi, quel est le problème? Tu reviens avec le manioc alors que tu aurais dû le vendre à l’usine, et en plus tu me parles sur un ton colérique. Qu’est-ce qui se passe?
SEMANA:
(POUSSANT UN GRAND SOUPIR). Je m’excuse. Pardonne-moi. (IL ALLUME SA PIPE) L’intermédiaire ne veut pas de mon manioc, non seulement parce qu’il est très vieux, mais aussi parce que les tubercules sont écorchés!
(S’INTERROGEAT) Mais j’ai l’impression que Mbarute a comploté contre moi … (SOUPIRS) Oh non, je sais que mon fils n’a pas pu faire ça!
BIBI:
Comploter? Non! Ne dis pas que … mon fils ne peut pas, il est vraiment gentil, ce Mbarute. Je connais mon fils. Mais il te l’avait dit. Mbarute t’a dit que ton manioc était en train de se gâter, car il était vieux. Mais comme tu es un conservateur, tu continues avec tes vieilles connaissances. (AVEC DOUCEUR, LENTEMENT) Ah, les temps changent, mon mari, et il en est de même pour les connaissances. Je crois qu’il est temps pour nous de nous adapter aux nouvelles méthodes …
SEMANA:
(QUELQUE PEU RÉTICENT) J’imagine que tu as raison, Bibi. Je dois changer … C’est vrai, il le faut …
EFFETS SONORES:
BRUIT DE MBARUTE QUI ARRIVE
BIBI:
Hé, Mbarute, te voilà, mon fils! Nous parlions justement de toi! Je disais à ton père que les temps avaient changé, et que par conséquent nous devions changer aussi. Viens manger d’abord … tu n’as pas faim?
MBARUTE:
Eh, maman, j’ai faim, mais je n’ai pas vraiment envie de manger. Je suis désolé, papa. Je suis désolé pour ce qui t’est arrivé à l’usine.
SEMANA:
(GENTIMENT) Mon fils, ce n’est pas du tout ta faute. C’est ma faute, ou plutôt c’est la vieillesse. Dans notre temps, les gens aimaient le manioc qui était récolté trois ou ans après avoir été planté. Mais de nos jours, je ne peux pas vendre ce genre de manioc. (CONFUS ET TRISTE), C’est dommage, c’est triste, c’est … c’est … Je ne sais pas, mon Dieu … Peut-être que je dois changer également …
MBARUTE:
(GENTIMENT) Oui, papa, je crois que tu dois le faire … Et en écoutant ce que tu es en train de dire, peut-être que tu es prêt à changer. Par exemple: j’ai cultivé de nouvelles variétés qui ont un bon rendement, qui produisent de gros tubercules et qui s’adaptent facilement à nos champs!
SEMANA:
Tu disais qu’il y a des variétés qu’on peut récolter en 15 mois et qui ont un bon rendement et de gros tubercules? Il faudra que tu m’expliques tout ça, mon fils. Je dois changer et redevenir un producteur de manioc exemplaire au sein de cette communauté. Je suis prêt à t’écouter mon fils, même en ce qui concerne l’utilisation d’engrais étrangers, je veux tout savoir! Parle-moi de tout ce que tu as utilisé et de tout ce que tu as fait!
MBARUTE:
Je t’expliquerai tout, papa. Je suis vraiment fier de toi! Et l’an prochain, nous allons chercher les endroits où on peut vendre le manioc et nous le transporterons nous-mêmes là-bas, pour y gagner plus d’argent!

FIN DU FEUILLETON

NARRATEUR:
Cette émission a été réalisée dans le cadre du projet «Améliorer l’adoption des normes harmonisées pour les racines et les tubercules en Afrique orientale et centrale» qui vise à améliorer les sources de revenus des agriculteurs et des agricultrices d’exploitations familiales grâce à la commercialisation et l’accroissement du commerce régional des racines et des tubercules en Afrique orientale et centrale.

Le projet a été financé par l’USAID, par le biais de l’Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique orientale et centrale ou ASARECA

Les partenaires du projet sont l’Institut international d’agriculture tropicale ou l’IITA), le Bureau national ougandais des normes, le Bureau national rwandais des normes, le Bureau national tanzanien des normes et l’Université de Nairobi.

Pour en savoir davantage sur les normes harmonisées pour les racines et les tubercules, veuillez contacter le bureau des normes de votre pays.

Acknowledgements

Rédaction : Jean-Paul Ntezimana, Radio Salus, Rwanda.

Révision : Catherine Njuguma, agente régionale chargée des communications internes pour l’Afrique de l’Est, IITA (Institut international d’agriculture tropicale), Tanzanie

Le présent texte radiophonique a été rédigé avec l’appui du bureau tanzanien de l’Institut international d’agriculture tropicale.

 

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