Échos 55

Juillet 2000

La biodiversité contribue à la sécurité alimentaire

Depuis les débuts de l’agriculture il y a des milliers d’années, les fermiers ont développé des dizaines de milliers de variétés de plantes. Ces variétés correspondent à de nombreux besoins locaux: aux variations climatiques et aux usages traditionnels. Là où les pratiques agricoles traditionnelles sont toujours utilisées, il est courant de trouver des dizaines de variétés de maïs, de blé, de pommes de terre et autres plantes dans un même village. Souvent, de nombreuses cultures poussent dans le même champ. Chaque culture et chaque variété a des utilités différentes et ensemble elles sont comme une assurance pour les récoltes. Même dans des conditions difficiles pour la culture (sécheresse, pluies torrentielles, sol pauvre, invasion d’insectes), un fermier qui a planté différentes variétés auront toujours une récolte. De cette façon, la diversité des cultures, parfois appelée biodiversité, contribue activement à la sécurité alimentaire.

Pourtant, la biodiversité agricole est menacée. La FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) estime que 75% de la biodiversité des cultures et du bétail a été perdue depuis 1900. Ces pertes sont dues principalement à l’usage de technologies qui deviennent obsolètes et à la dégradation des pratiques locales. Nous perdons aussi la diversité des insectes et des organismes vivants présents dans le sol sans laquelle l’agriculture ne serait pas possible. Nous dépendons de la diversité génétique pour nous adapter à des problèmes nouveaux. Les variétés traditionnelles ont souvent les caractéristiques nécessaires pour combattre les nouvelles maladies et les insectes.

Nous perdons aussi les connaissances sur notre agriculture locale. Les variétés de plantes et le savoir des fermiers sont des trésors culturels et des ressources économiques. La biodiversité est importante pour notre santé et notre nutrition. La perte de la biodiversité peut mener à une dégradation de la santé et à une augmentation de la pauvreté. La médecine traditionnelle à base de plantes est toujours une source de soins médicaux pour 80% de la population mondiale. La diversité des plantes augmente les chances d’une nutrition adaptée. La diversité réduit la vulnérabilité des fermiers face aux changements climatiques, aux prix instables du marché, aux attaques d’insectes et enfin face à la pauvreté.

Vous pouvez aider les fermiers à préserver la biodiversité de notre planète, à améliorer leurs chances pour une meilleure nutrition, une meilleure santé et un bien-être économique. Prévenez les fermiers de l’effet:

  • des plans de développement agricoles qui font la promotion de variétés uniformes.
  • de la perte de l’habitat due à la déforestation, à la désertification et aux grands projets de développement comme la construction de barrages.

Discutez de l’impact grandissant des corporations multinationales de grains qui sont pour un nombre limité de plantes génétiquement identiques.

Les textes de cette pochette donnent des idées pour maintenir la diversité au niveau local. Utilisez les pour commencer des discussions sur les avantages apportés par la culture de beaucoup de variétés différentes dans la ferme, sur l’importance de conserver et de stocker des semences de variétés de plantes locales. Encouragez les fermiers à partager leur savoir avec vous et entre eux.

Il existe certainement des dizaines de moyens de préserver ou de renforcer la biodiversité. Nous espérons que cette pochette vous aidera à étudier les pratiques traditionnelles et à en imaginer d’autres.

Contribution: Vijay Cuddeford, chercheur, auteur, Toronto, Canada


  • Depuis 1900, les trois quarts de la biodiversité dans les cultures agricoles ont été perdus
  • 6 espèces de bétail domestique disparaissent tous les mois
  • 29 acres de forêt tropicale disparaissent toutes les minutes
  • Sur 5000 espèces de plantes que les humains utilisent pour se nourrir, moins de vingt fournissent la plus grande partie de la nourriture dans le monde
  • Trois plantes, le blé, le riz et le maïs, représentent 60% des calories et 56% des protéines que les humains consomment directement des plantes

L’eau: nous pouvons changer les choses

En début d’année, nous avons partagé avec vous des informations et des expériences provenant du monde entier sur le thème de la gestion de l’eau. Cette mise à jour de l’Inde montre la nécessité d’une action communautaire. L’Inde va peut-être être confrontée à la sécheresse la plus grave de ce siècle, spécialement au Rajasthan où la famine sévit pour la deuxième année consécutive. Nous avions eu des rapports dans lesquels on pouvait lire que la police ouvrait le feu sur des personnes qui se battaient pour de l’eau, que les villageois n’avaient que 10 à 15 litres d’eau pour une quinzaine de jours; que d’autres se suicidaient en absorbant des pesticides parce qu’ils n’arrivaient pas à décider s’ils devaient boire le peu d’eau qu’ils avaient ou l’utiliser pour les cultures.

Pourtant, dans la région Alwar les champs sont verts et luxuriants. Ce «miracle» n’est pas dû à une intervention du gouvernement, à des programmes d’irrigation ou à des barrages. C’est le résultat d’un effort communautaire. Les villageois ont construit des «johads» qui sont de petits barrages en forme de croissant et faits de terre pour retenir l’eau de pluie comme un réservoir d’eau dans un village traditionnellement utilisé pour stocker de l’eau pour les périodes sèches.

Si vous êtes touché par la rareté de l’eau dans votre région, n’oubliez pas d’utiliser nos textes comme point de départ pour la recherche et pour faire des émissions de radio qui intéresseront votre communauté et qui lui apporteront beaucoup.


Le prix de la Communication George Atkins pour 2000

Appel à nomination

Le prix de la Communication George Atkins a été établis en 1991 pour reconnaître les résultats marquants des membres du Réseau de Radio Rurales des Pays en Développement. Le gagnant de cette année recevra un prix d’un montant de US$250.00.

Nous recherchons des candidats qui démontrent:

  • un niveau excellent en diffusion radio pour le développement rural et agricole
  • des approches participatives innovantes en matière de communication
  • un engagement communautaire

Présentez-vous, votre organisation ou d’autres membres du Réseau. Soumettez-nous un texte (qui n’excède pas 1000 mots) pour nous dire pourquoi vous pensez que ce membre devrait recevoir le prix. Joignez toutes les photos qui appuient la nomination.

Les nominations doivent être déposées au bureau de Toronto avant le 30 novembre 2000.

Le prix de la communication George Atkins porte le nom de Dr. George S. Atkins, Fondateur du Réseau de Radios Rurales des Pays en Développement. 


Le brevet Neem a été retiré

L’annonce récente du retrait du brevet Neem est percu comme une victoire dans la bataille pour reprendre le contrôle sur la connaissance et l’application traditionnelles des systèmes et ressources. Au mois de mai de cette année, L’Office européen des Brevets a retiré le brevet pour un fongicide fabriqué à partir d’huile issue des graines de l’arbre Neem (Azadirachta indica). Le brevet avait été accordé au Ministère de L’Agriculture des Etats Unis et à la corporation multi-nationale, WR Grace, il y a six ans.

Un groupe d’ONG et de personnes indépendantes ont lancé la “Campagne de l’arbre Neem” en 1993 pour gagner un appui mondial contre le brevet. Leur argument était que les brevets ne peuvent pas être basés sur des connaissances traditionnelles. S’ils le sont, les populations locales ne seront plus en mesure d’utiliser les ressources biologiques qu’ils ont développées et nourries pendant des siècles. Les fermiers ont utilisé les différentes parties de l’arbre Neem, parfois désigné comme «l’arbre le plus utile sur terre», pendant des siècles pour fabriquer entre autres des médicaments, des fongicides et des pesticides.

L’Inde n’autorise pas les brevets sur les produits ou procédés agricoles. Aux Etats Unis, les brevets peuvent être accordés sur n’importe quelle forme de vie sauf sur les humains.


Sagesse commune

Connaître vos auditeurs est une série en trois parties qui a commencé dans le numéro d’Echos du mois d’avril. La première partie a expliqué la différence entre votre auditoire actuel et votre auditoire cible. Ici, nous nous intéresserons aux différentes façons de rassembler des informations sur les personnes qui écoutent vos émissions. Lisez notre prochain numéro pour apprendre à utiliser cette information pour faire votre émission.

Nous vous invitons à partager les méthodes qui ont eu des résultats positifs pour vous en tant que communicateur rural et dont vous pensez qu’elles pourront aider les autres.

Comment rassembler des informations concernant votre auditoire?

Rassembler des informations concernant vos auditeurs est un bon moyen pour savoir si vos émissions sont écoutées par votre auditoire cible. Il y a de nombreuses façons de rassembler ces informations. Vous pouvez essayer d’utiliser les idées ci-dessous ou vous préférerez peut-être utiliser vos propres méthodes. Mais n’oubliez pas que vos renseignements ne seront valables que si des personnes différentes de vos auditeurs participent. Par exemple, si votre émission a pour cible les femmes, la majorité des participants devraient être des fermières.

Utilisez votre discernement en tant qu’animateur. Les tests d’audience ne sont pas toujours précis et vous devrez donc confronter les informations avec votre propre expérience et vos connaissances.

Sondages sur les auditeurs

Un sondage consiste en une liste de questions qui donne des informations sur ce que votre auditoire aime ou non, les moments où ils vous écoutent le plus, quelles émissions ils aimeraient entendre plus souvent, etc. Le sondage peut-être fait par écrit ou à l’oral. Dans beaucoup de cas il ne sera pas forcément plus simple d’utiliser une liste de questions écrites. Vous préférerez peut être aller rencontrer les gens chez eux pour leur poser vos questions.

Quand vous préparerez le questionnaire, vous devrez prendre en compte certains critères:

Types de questions: Décidez d’utiliser des questions ouvertes ou fermées. Une question ouverte permet à la personne de donner leur propre réponse à la question. Par exemple, «Que pensez-vous de notre émission?» Une question fermée est celle où la personne interrogée choisit la réponse la plus appropriée dans une liste. Par exemple, «Comment décririez-vous notre émission?: a) excellente, b) bonne, c) assez bonne, d) mauvaise?» Les questions ouvertes vous donnent plus de renseignements mais avec les questions fermées il est plus facile de comparer les résultats. Vous pourrez choisir de faire une combinaison des deux.

Syntaxe: Parfois, le mot que vous emploierez suggère une réponse à la personne interrogée. Par exemple en demandant, «Vous ne pensez pas que Mr. Smith est un mauvais hôte, n’est-ce pas?» vous obtiendrez certainement ce type de réponse: «Bien sur que non». Demandez plutôt: «Que pensez-vous de M. Smith, l’hôte?»

Tests en groupe

Un «test en groupe» est fait par un petit groupe de personnes sélectionnées avec soin qui discutent de nos émissions et les évaluent. Pour que le test soit efficace, les personnes doivent correspondre à vos auditeurs. Par exemple, si l’auditoire de votre émission est composée de 60% de femmes, de 40% d’hommes et que 70% d’entre eux ont entre 20 et 30 ans, votre groupe devra être formé de six femmes, 4 hommes et 7 d’entre eux devront avoir entre 20 et 30 ans. Le groupe peut être réuni une fois ou sur une base régulière. Vous pourrez profiter de ces rencontres pour tester de nouvelles idées d’émissions ou pour discuter d’émissions antérieures.

Discussions de groupe

Elles sont similaires aux tests. La différence principale est que les participants sont plus nombreux et qu’ils ne sont pas sélectionnés pour correspondre à l’auditoire. Vous pouvez utiliser des groupes de discussions pour évaluer une émission après sa diffusion et parler des thèmes que vous pourriez aborder dans vos prochaines émissions. L’un des types de discussions les plus efficaces est le «groupe d’écoute». Un groupe d’écoute peut se rassembler une fois par semaine, écouter une émission spécifique et en discuter ensemble. Cela vous donnera des idées pour vos émissions.

Registres quotidiens (tenus par des auditeurs)

Un registre quotidien des auditeurs est un registre précis des émissions qu’un individu (ou une famille) écoute un jour précis. Pour que cette méthode fonctionne, vos participants doivent pouvoir lire et écrire. Si beaucoup de familles différentes gardent un registre quotidien pendant une ou deux semaines, vous obtiendrez des informations précises et détaillées sur les habitudes d’écoute de vos auditeurs. Tout ce que vous devez faire, c’est donner un calendrier vierge à vos auditeurs et leur demander de le remplir quand ils allument leur radio et quand ils l’éteignent et de noter les émissions qu’ils écoutent.

Contribution: Krystyn Tully, étudiante, département radio et télévision, Université Ryerson, Toronto, Canada


Ressources

Rural Advancement Foundation International  Une ONG internationale qui se consacre à la conservation et à l’amélioration durable de la biodiversité agricole. Communique (publié 4 à 6 fois par an) et beaucoup d’autres publications sont disponibles en anglais, en français et en espagnol.
Contactez: RAFI Headquarters
110 Osborne Street, #202
Winnipeg, Manitoba, R3L 1Y5, Canada
Tél: 204-453-5259, Fax: 204-925-8034
E-mail: rafi@rafi.org, http://www.rafi.org/

Réseau d’Information des Terres Arides (RITA) Une ONG qui a été créée dans le but de développer un réseau d’information destiné aux agents de développement communautaire en zones arides. BAOBAB est publié 3 fois par an en français et en anglais.
Contactez: RITA
Roselyne Jouanneau, Coordinatrice pour l’Afrique francophone
Casier Postal 3, Dakar-Fann, Sénégal
Tél: 221 825 18 08, Fax: 221 825 45 21
E-mail: ritaalin@sonatel.senet.net

Genetic Resources Action International (GRAIN)  Une ONG internationale qui met en valeur la conscience de la perte de diversité biologique qui est la première menace de la sécurité alimentaire. Leur bulletin d’information trimestriel «Seedling» est disponible gratuitement pour les groupes, les individus et les ONG du Sud
Contactez: GRAIN
Girona 25, pral. E-08010, Barcelona, Spain
Tél: 34-93-301 13 81 Fax: 34-93-301 16 27
E-mail: grain@bcn.servicom.es

Environnement et Développement du Tiers Monde (ENDA-TM) travaille avec des ménages ruraux et urbains dans divers projets concernant la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles, la biodiversité, l’eau, l’habitat et la santé.
Contactez: ENDA-Bénin
Jean-Paul Périer, 02 BP 529
Cotonou, Bénin
Tél: (229) 32 52 31, Fax: (229) 32 30 89
E-mail: endacot@leland.bj

Educational Concerns for Hunger Organization (ECHO) – Banques de semences Les banques de semences ECHO contiennent 450 espèces et variétés de graines de légumes tropicaux, de fourrages, d’engrais verts, de cultures et d’arbres de l’agroforesterie qui peuvent pousser dans des conditions difficiles. Des échantillons sont distribués à titre d’exemple gratuitement.
Contactez: ECHO, 17391 Durrance Road North Fort Myers, FL 33917 USA
Tél: 941-543-3246, Fax: 941-543-5317
E-mail: echo@echonet.org, http://www.echonet.org/

OUTREACH séries sur la biodiversité OUTREACH fournit des informations pour les personnes chargées de formation gratuitement aux personnes des pays à revenus bas ou moyens qui touchent un public large. Leur série sur la biodiversité comprend des informations sur la conscience grandissante de l’importance de la conservation de la diversité génétique dans les champs et dans les jardins et des solutions pour maintenir, préserver et améliorer la biodiversité des plantes locales. Il existe aussi de nombreux autres titres dont certains sont disponibles en français, en espagnol, en portugais, en chinois et en arabe.
Contactez: OUTREACH, PO Box 820 Shelburne, VT 05482, USA
Tél: 802-985-1492, Fax: 802-985-2011
E-mail: tveusa@together.net.


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A partir du 1er juin 2000, vous pouvez nous joindre à l’adresse suivante:
416 Moore AvenueSuite 101
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Canada M4G 1C9
Nos numéros de téléphone et de fax restent les mêmes:
Tél:  416-971-6333
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