Restauration des terres II – Mettre fin à l’écoulement des terres

Arbres et agroforesterieEnvironnementSanté des sols

Notes au radiodiffuseur

Les régions vallonnées qui entourent le mont Elgon à l’est de l’Ouganda sont parmi les plus fertiles de l’Afrique de l’Est. Par conséquent, les agricultrices et les agriculteurs des régions avoisinantes s’y sont déplacés au fil des ans. La population ne cesse d’y croître, ce qui signifie que la superficie des terres disponibles pour chaque individu est de plus en plus petite. En raison de la population grandissante, les gens mettent le feu aux buissons et déboisent les forêts pour pouvoir avoir plus d’espace pour les activités humaines qui sont plus que jamais nombreuses. Dans certaines régions, ces activités ont empiété sur les parcs nationaux, provoquant des disputes entre le gouvernement et les communautés.

À cause de cette pression accrue sur les terres, l’érosion du sol s’est étendue à plusieurs régions. Dans certaines régions escarpées, les glissements de terrain ont enterré des villages entiers, en raison du manque d’arbres pour maintenir la terre en place. En 2011, une ONG internationale dénommée Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a lancé une campagne dans la région. La campagne avait plusieurs objectifs : restaurer les paysages forestiers totalement détruits par des années de brûlis et de déboisement, renforcer les capacités des populations locales à mettre en œuvre les adaptations « écosystémiques » au changement climatique et réduire la vulnérabilité des communautés de l’écosystème du mont Elgon.

Les habitants des plaines et des collines enregistraient tous de mauvaises récoltes. Cependant, les causes étaient quelque peu différentes. Dans les plaines, les mauvaises récoltes étaient dues aux sécheresses sévères liées à l’absence de couverture végétale. Sur les collines, les récoltes ont été mauvaises à cause du ruissellement des eaux en naval qui a emporté la couche arable. L’érosion du sol est un gros problème pour les communautés qui vivent sur les collines du district de Kapchorwa. Alors, l’UICN encourage les gens qui vivent et cultivent sur les collines escarpées à adopter des pratiques visant à réduire l’érosion du sol causée par le ruissellement d’eau.

Grâce au projet “Approche écosystémique de l’adaptation au changement climatique”, l’UICN a encouragé les agricultrices et les agriculteurs à creuser des tranchées à travers les pentes de leurs champs vallonnés, à créer des bandes de contours dans leurs champs et à planter de l’herbe d’éléphant le long des lignes de démarcation de leurs exploitations agricoles. L’UICN a encouragé ceux qui vivaient le long des berges à aménager rune zone tampon de quinze mètres entre la rivière et leurs exploitations, et à adopter des pratiques comme le paillage, l’irrigation et la plantation d’arbres.

Les résultats ont été lents à se faire voir, mais il n’y a aucun doute qu’au cours des trois dernières années les sols ont retrouvé leur fertilité, et que plusieurs agricultrices et agriculteurs ne regrettent pas vraiment d’avoir écouté les conseils de l’UICN.

Le présent texte radiophonique est basé sur des entrevues réelles. Vous pourriez décider de le présenter dans le cadre de votre émission agricole courante, en vous servant de voix d’actrices et d’acteurs pour représenter les intervenantes et les intervenants. Si c’est le cas, n’oubliez pas de prévenir votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit de voix d’actrices et d’acteurs, et non celles des personnes avec lesquelles les entrevues originales ont été réalisées.

Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire des recherches, en vue de réaliser une émission sur les bienfaits de la réduction de l’érosion du sol dans votre région.

Si vous décidez de vous inspirer du présent texte radiophonique pour créer votre propre émission, vous pourriez vous entretenir avec des agricultrices, des agriculteurs, ainsi que d’autres expertes et experts, et leur poser les questions suivantes :

  • Que font les agricultrices et les agriculteurs de votre région pour s’assurer que le ruissellement des eaux n’emporte pas la terre arable de leurs exploitations agricoles?
  • Quelles sont les raisons qu’ils avancent pour ne pas adopter les pratiques qui réduisent l’érosion du sol? Par exemple : à Kapchorwa, à l’est de l’Ouganda, certains agricultrices et agriculteurs vivant le long des berges pensent que l’aménagement d’une zone tampon entre la rivière et leurs exploitations leur fait perdre de la bonne terre agricole, alors que d’autres ont peur que la zone tampon finisse par être saisie par le gouvernement pour être annexée à l’espace avoisinant le parc national.

Certains agricultrices et agriculteurs ont-ils trouvé des solutions à ces problèmes et à bien d’autres? Si oui, invitez ces derniers, ou des agentes et des agents de vulgarisation, ainsi que d’autres expertes et experts à raconter leurs histoires sur les ondes.

Vous pourriez également animer une émission proposant une tribune téléphonique sur laquelle les agricultrices et les agriculteurs pourraient parler de ces problèmes. Vous pourriez inviter une experte ou un expert à s’adresser et à répondre aux questions et aux commentaires des agricultrices et des agriculteurs.

Durée estimée pour ce texte : 20 minutes, avec musique de début et de fin.

Texte

ANIMATEUR:
Bonjour, chers auditrices et auditeurs, et bienvenus à l’émission. Mon nom est ____. Aujourd’hui, nous allons vous montrer comment des agricultrices et des agriculteurs sont en train de lutter contre l’érosion du sol et d’augmenter les rendements de leurs cultures dans les villages vallonnés des environs du mont Elgon, dans le district de Kapchorwa, à l’est de l’Ouganda.

Je me trouve dans le district de Kapchorwa pour rendre visite aux agricultrices et aux agriculteurs et m’informer sur les différentes pratiques qu’ils utilisent pour réduire l’érosion des sols des terrains accidentés, et apprendre à quel point la réduction de l’érosion des sols est importante pour l’agriculture. Plus tard, je discuterai avec un assistant de terrain qui travaille avec une organisation dénommée Union internationale pour la Conservation de la Nature ou UICN. Il a tout fait pour convaincre les agricultrices et les agriculteurs de la région d’adopter les pratiques visant à réduire l’érosion des sols.

Mais rendons-nous d’abord dans le village de Kaptokwoi pour y rencontrer quelques agricultrices et agriculteurs du nom de Mme Bushendich Annet, M. Silkei Mike Chemusto et Mzee Somikwo Charles (Note de la rédaction: Mzee est un terme utilisé souvent en signe de respect pour les hommes âgés ou très respectés dans la société). Ces agricultrices et ces agriculteurs sont heureux de voir leurs champs retrouver leur fertilité après qu’ils ont adopté les pratiques que leur a apprises l’UICN.

L’indicatif sonore est amplifié et baissé complètement

EFFETS SONORES:
VOITURE QUI RECULE, VOIX QUI SE FAIT ENTENDRE)

SILKEI:
(SE RAPPROCHANT DU MICRO, ÉLEVANT LA VOIX) Et les gars, ce doit être notre visiteur de la station de radio.

SOMIKWO:
(SE RAPPROCHANT DU MICRO, ÉLEVANT LA VOIX) Bien, les gars, allons placer les chaises sous la véranda.

EFFETS SONORES:
LE MOTEUR DE LA VOITURE S’ARRÊTE, DES PORTES S’OUVRENT ET SE REFERMENT

ANIMATEUR:
(SE DÉPLAÇANT VERS LE MICRO) Mesdames et messieurs, j’espère que je ne suis pas en retard.

SILKEI:
(SUR UN TON DE BIENVENUE) Bien, monsieur, la dernière personne vient juste d’arriver il y a une minute, alors vous êtes pile à l’heure. Soyez le bienvenu à Kaptokwoi.

ANIMATEUR:
C’est un bel endroit. J’aime les collines.

SOMIKWO:
(RIRES) Ma foi, c’est ça Kapchorwa pour vous. Chaque visiteur qui vient ici aime l’endroit. Aimeriez-vous asseoir, monsieur?

ANIMATEUR:
Oh si! Bonjour, je m’appelle ____________ et je suis heureux d’être ici.

SOMIKWO:
Soyez le bienvenu, et moi je suis Somikwo Charles.

ANIMATEUR:
Heureux de vous rencontrer, M. Somikwo. Bonjour madame.

BUSHENDICH:
Bonjour, monsieur. Je suis Bushendich. Soyez le bienvenu à Kaptokwoi.

ANIMATEUR:
Merci.

SILKEI:
Et je suis Silkei Chemusto. Vous êtes le bienvenu dans ma maison (LE TAQUINANT) c’est la raison pour laquelle il est de mon devoir de vous offrir une chaise!

TOUS:
RIRES

ANIMATEUR:
Merci, monsieur.

EFFETS SONORES:
BRUITS DE CHAISES QU’ON TIRE

ANIMATEUR:
(L’AIR ÉMERVEILLÉ) Je dois avouer que ce village est vraiment magnifique! Oh, les collines! Voyez ces champs, sur chacun desquels poussent différentes cultures, comme ils sont si beaux! Ces collines doivent être très fertiles. Il y a des cultures partout!

BUSHENDICH:
(RIRES) Il y a des cultures partout parce que nous devons manger. Et il se pourrait que les collines soient fertiles, mais pendant des années, nous avons eu des problèmes avec le ruissellement des eaux qui emportait la terre arable lorsqu’il pleuvait. Donc, elles ne sont pas aussi fertiles qu’elles l’étaient auparavant.

ANIMATEUR:
Madame, les gens n’ont-ils pas développé des moyens pour réduire l’érosion du sol au fil des ans?

BUSHENDICH:
Si. Par le passé, la plupart des gens creusaient des tranchées pour permettre à l’eau de s’écouler loin de leurs champs.

ANIMATEUR:
Et cela aurait dû régler le problème.

BUSHENDICH:
Pas vraiment. Les eaux de pluie continuaient à emporter la terre arable, et nous ne savions pas quoi faire.

ANIMATEUR:
Décrivez-moi ces tranchées, s’il vous plaît.

BUSHENDICH:
On avait l’habitude de creuser des tranchées à la limite des exploitations agricoles, et ce, de l’amont à l’aval, de sorte que lorsqu’il pleuvait, les eaux de pluie s’écoulaient le long de la tranchée, à l’extérieur des limites du champ, et ne traversaient pas le champ, évitant ainsi d’emporter nos terres arables.

ANIMATEUR:
Vous dites que vous aviez l’habitude de creuser des tranchées. Est-ce à dire que vous ne le faites plus?

BUSHENDICH:
Toute personne ayant participé à la formation de l’UICN ne creuse plus ces tranchées.

ANIMATEUR:
Quand cette formation a-t-elle eu lieu?

BUSHENDICH:
En 2013.

ANIMATEUR:
Pourquoi cette façon de creuser les tranchées a-t-elle pris fin après la formation?

BUSHENDICH:
Parce qu’elle n’empêchait pas la terre arable d’être emportée. Dans certains cas, cela empirait même le problème.

ANIMATEUR:
M. Silkei, connaissez-vous quelqu’un dans le village qui a souffert de l’érosion du sol dans le passé?

SILKEI:
J’ai moi-même souffert des répercussions de l’érosion du sol. Ce que Bushendich a dit est vrai, et je peux vous citer un exemple. En 1995, j’ai acheté un terrain vierge. Au cours des toutes premières années, j’ai planté 10 sacs de pommes de terre irlandaises et j’ai récolté 100 sacs. Mais la terre se trouvait sur une pente raide, tout comme plusieurs autres champs du village. Alors, chaque fois qu’il pleuvait, je perdais beaucoup de terre arable.

J’ai creusé le type de tranchée dont a parlé Bushendich sur les flancs de mon champ, pour éviter que les eaux de pluie n’emportent la terre. Toutefois, cela n’a rien donné de bon. Le problème a persisté année après année, et mes rendements ont continué à baisser. Douze ans plus tard, en 2007, j’ai planté 10 sacs de pommes de terre irlandaises sur le même terrain et je n’ai pu récolter que huit sacs.

ANIMATEUR:
Qu’avez-vous fait alors?

SILKEI:
J’ai renoncé au terrain. Je l’ai abandonné. Je n’avais aucune raison de planter quelque chose là-dessus.

ANIMATEUR:
Pendant combien de temps le laisserez-vous à l’abandon?

SILKEI:
Oh non. J’ai recommencé à y planter. Après la formation de l’UICN, et après avoir appris à creuser les tranchées de la bonne manière, ainsi que les meilleures méthodes destinées à lutter contre l’érosion du sol, j’ai décidé de lui donner une autre chance.

ANIMATEUR:
Attendez un instant. Êtes-vous en train de me dire que le fait de creuser des tranchées de la bonne manière permet à la terre de recouvrer sa fertilité?

SILKEI:
(RIRES) Bien, si les eaux de pluie qui ruissellent du haut emportent beaucoup de terre arable et les déposent dans vos tranchées, à la fin votre terre deviendra très fertile. Et le fait de creuser les bonnes tranchées empêche également vos terres de devenir infertiles.

ANIMATEUR:
Est-ce que c’est comme ça que votre terre est redevenue fertile?

SILKEI:
Non, j’ai appliqué des engrais chimiques. Cependant, la formation m’a permis d’espérer à nouveau que ma terre pouvait être utile une fois de plus. Alors, j’ai creusé les bonnes tranchées et j’ai recommencé à utiliser le champ.

ANIMATEUR:
Quelle est la bonne façon de creuser des tranchées sur une exploitation agricole?

SILKEI:
La bonne façon consiste à creuser les tranchées à travers la colline, et pas de la manière dont nous avions l’habitude de les creuser, à savoir en ligne directe de l’amont vers l’aval.

ANIMATEUR:
Pourquoi cette méthode est meilleure?

SILKEI:
Parce que de cette façon, lorsque ruisselle de l’amont, elle reste dans la tranchée au lieu de s’écouler. Et au lieu d’emporter la terre arable, elle dépose la terre dans les rigoles. Plus tard, nous récupérons cette terre et nous la répandons sur le champ.

SOMIKWO:
J’ai quelque chose à ajouter à cela.

ANIMATEUR:
Je vous écoute, monsieur.

SOMIKWO:
Quand vous creusez une tranchée, il ne faut pas qu’elle soit creuse d’un bout à l’autre. Vous devez le compartimenter. Vous devez laisser une petite paroi à tous les cinq mètres. Cela ressemble aux jointures d’une canne à sucre.

ANIMATEUR:
Pourquoi faites-vous cela?

SOMIKWO:
Cela permet de ralentir le débit de l’eau dans la tranchée elle-même. De plus, cela permet de répartir l’eau à travers le champ, plutôt que de la diriger uniquement vers une des extrémités de la tranchée. Si le champ est situé sur une pente raide, toutes les tranchées creusées sur la pente doivent être rapprochées les unes des autres, afin de ralentir le mouvement de l’eau en aval.

ANIMATEUR:
Je comprends. M. Silkei a dit que l’UICN vous avait appris d’autres moyens de lutter contre l’érosion du sol. Quelles sont les autres méthodes pour lutter contre l’érosion dans une région vallonnée comme Kaptokwoi? M. Somikwo?

SOMIKWO:
Pour ceux d’entre nous qui cultivent le long des berges, l’UICN nous a appris à laisser une zone tampon entre la rivière et nos exploitations agricoles.

ANIMATEUR:
Pourquoi?

SOMIKWO:
Pour que lorsqu’il pleut beaucoup et que le niveau de la rivière monte, l’eau n’emporte pas nos terres.

ANIMATEUR:
Mais est-il évident que tout le monde sait que lorsque le niveau de la rivière monte, les eaux peuvent emporter la terre arable, et qu’ils doivent laisser une zone tampon?

SOMIKWO:
(RIRES) Tout le monde le sait, mais pour plusieurs personnes, le risque en vaut la chandelle. La terre est beaucoup plus fertile près de l’eau. Nous avons appris au cours de la formation de l’UICN qu’on doit laisser une zone tampon entre l’exploitation agricole et la rivière, car si on ne le fait pas, un jour, toute la bonne terre de nos champs sera emportée.

ANIMATEUR:
Quelle doit être la superficie de cette zone tampon?

SOMIKWO:
Quinze mètres. Et sur quinze mètres, c’est mieux de planter des arbres et de l’herbe d’éléphant pour empêcher que les eaux de pluie n’emportent la terre.

BUSHENDICH:
Ouais. Pendant la saison pluvieuse, l’eau de la rivière, que nous utilisons chez nous, devient très sale, car les gens labourent leurs champs tout près de l’eau.

ANIMATEUR:
Êtes-vous en train de me dire qu’il y a des gens qui labourent toujours tout près de la rivière, même après avoir suivi la formation?

BUSHENDICH:
Beaucoup de gens ne veulent pas laisser une zone tampon. Certains pensent que c’est une trop grande perte de terre agricole. Et d’autres se disent que s’ils laissent la zone tampon, le gouvernement viendra s’en emparer pour l’annexer au parc national.

ANIMATEUR:
Madame Bushendich, est-ce que votre exploitation agricole se trouve près de la rivière?

BUSHENDICH:
Non, la mienne se trouve sur la colline.

ANIMATEUR:
Comment luttez-vous contre l’érosion du sol sur votre exploitation agricole?

BUSHENDICH:
J’ai créé des bandes de contours sur mon exploitation.

ANIMATEUR:
Qu’est-ce que c’est qu’une bande de contours?

BUSHENDICH:
Une bande de contours est une bande de terre qu’on ne laboure pas. Elle doit avoir une largeur de deux mètres. On plante des herbes là-dessus pour que lorsqu’il pleut, l’herbe freine les eaux de ruissellement de l’amont.

ANIMATEUR:
Pourquoi utilisiez-vous des bandes de contours? Pourquoi pas des tranchées, par exemple?

BUSHENDICH:
Pendant la formation, on nous a dit que si la couche de terre d’un champ est mince, il n’est pas conseillé de creuser des tranchées parce qu’elles pourraient provoquer un glissement de terrain. On nous a dit que les bandes de contours seraient plus pratiques.

ANIMATEUR:
Est-ce que ces méthodes ont permis de réduire l’érosion du sol?

TOUS:
Oh oui! Il y a eu un grand changement.

ANIMATEUR:
Dites-moi, M. Somikwo. Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il y a eu une amélioration?

SOMIKWO:
Je viens juste de récolter l’équivalent de cinq camions de chou sur ma terre d’une acre. Avant de commencer à creuser les tranchées, j’avais la chance d’obtenir l’équivalent d’un camion de chou sur le même lopin de terre.

ANIMATEUR:
Quand avez-vous creusé les tranchées?

SOMIKWO:
C’était en 2013. Mes récoltes sont meilleures depuis lors.

ANIMATEUR:
C’était Mme Bushendich Annet, M. Silkei Mike Chemusto et Mzee Somikwo Charles. Ils affirment tous que la lutte contre l’érosion du sol a amélioré la fertilité des sols, de même que les rendements des cultures de leurs exploitations agricoles.

(PAUSE) Je quitte le village de Kaptokwoi et je me rends avec un véhicule 4 X 4 dans une autre localité située sur les collines, et qui s’appelle Benet, dans le district de Kween. Ici, je rencontre Kokop Emanuel, un des nombreux habitants de ce village à avoir participé à la formation de l’UICN.

ANIMATEUR:
M. Kokop, qu’est-ce que vous avez appris à la formation?

KOKOP:
Nous avons appris à contrôler l’érosion de sol en creusant des tranchées, en créant des bandes de contours et en plantant de l’herbe à l’éléphant.

ANIMATEUR:
Quelle méthode utilisez-vous le plus sur votre exploitation agricole?

KOKOP:
J’ai creusé des tranchées sur toutes mes exploitations agricoles … dans ma plantation de matoke, et sur tous mes champs.

ANIMATEUR:
Pourquoi avez-vous creusé des tranchées?

KOKOP:
Parce que nous avons un problème avec l’érosion du sol dans ce village. Lorsqu’il pleut, la situation devient incontrôlable sur ces collines! La terre arable est emportée.

ANIMATEUR:
Mais est-ce que les tranchées ont permis de réduire l’érosion du sol?

KOKOP:
Beaucoup! Les tranchées retiennent l’eau et le garde dans le sol. Mais ce n’est pas tout. Ces tranchées contribuent à accroître la fertilité du sol.

ANIMATEUR:
Comment?

KOKOP:
Lorsque l’UICN a invité les membres de la communauté à participer à la formation, certaines personnes ont accepté l’invitation et d’autres l’ont refusé. Ceux qui sont allés à la formation ont creusé des tranchées sur leurs terres, pendant que ceux n’y ont pas participé n’en ont pas creusé. Donc, quand il pleut, toute la bonne terre des champs de ceux qui ont refusé de creuser des tranchées est emportée vers les champs disposant de rigoles, augmentant par la même occasion leur fertilité!

ANIMATEUR:
Avez-vous été témoin de cela?

KOKOP:
(RIRES) Cela s’est produit sur ma propre terre. La terre que vous voyez ici était presque inutilisable à cause de l’érosion du sol. Puis, j’ai creusé des tranchées. Peu de temps après, il a plu, toutes les tranchées ont été remplies de la terre de mes voisins. J’ai transvasé la terre et l’ai empilée tout le long du côté situé en aval des rigoles. J’ai décidé de planter de la grenadille sur cette terre, tout le long des tranchées. (RIRES)

ANIMATEUR:
Pourquoi riez-vous?

KOKOP:
J’étais choqué de voir combien ma terre était devenue fertile. Les semis poussaient rapidement et étaient en bonne santé. J’étais stupéfait. Lorsqu’ils fleurissaient, je n’en revenais pas. Pour résumer l’histoire, les récoltes étaient si bonnes que je récoltais six sacs de grenadilles deux fois par semaine pendant à peu près trois mois.

ANIMATEUR:
Cela a dû exiger beaucoup de terres.

KOKOP:
Non. J’ai planté la grenadille le long des tranchées. Chaque tranchée fait environ 30 mètres de long.

ANIMATEUR:
Vous avez dû gagner beaucoup d’argent.

KOKOP:
Après deux saisons, j’ai acheté un lopin de terre dans la ville de Kapchorwa uniquement avec l’argent des grenadilles.

ANIMATEUR:
Est-ce que la formation de l’UICN portait seulement sur la lutte contre l’érosion du sol?

KOKOP:
Non. On nous a également encouragés à planter des arbres afin de pouvoir réduire l’impact des rayons chauds du soleil. Est-ce que vous apercevez cette forêt qui se trouve sur les collines là-bas?

ANIMATEUR:
Ouais.

KOKOP:
Avant, la forêt s’étendait jusqu’ici et même encore plus bas. Mais les gens l’ont déboisée pour cultiver des denrées. Maintenant il ne pleut plus comme avant. Parfois, lorsqu’il pleut, la pluie tombe sur les collines situées près de la forêt, mais ne parvient pas sur nos champs ici. Donc, l’IUCN a encouragé les gens a planté des arbres pour créer de l’ombrage aux cultures, mais aussi pour éviter que la terre ne s’assèche trop vite, et pour retenir fermement la terre et réduire ainsi l’érosion du sol.

ANIMATEUR:
Combien d’arbres avez-vous plantés jusque-là?

KOKOP:
J’ai planté près de 400 arbres.

ANIMATEUR:
C’était Kolop Emanuel qui nous expliquait les avantages que procure la lutte contre l’érosion du sol et de l’importance des arbres pour l’environnement.

Nous sommes de retour dans la ville de Mbale, dans les locaux de l’UICN. Je rencontre Christopher Lutakome. Il est l’assistant de terrain qui travaille avec les agricultrices et les agriculteurs des villages de Kaptockwoi et de Benet depuis le démarrage du projet.

ANIMATEUR:
M. Chris, vous faites partie de l’équipe qui a formé les agricultrices et les agriculteurs de Kaptokwoi et Benet sur les meilleurs moyens de lutte contre l’érosion du sol, et qui les a encouragés à planter des arbres.

CHRIS:
C’est exact.

ANIMATEUR:
Pourquoi cette formation était-elle nécessaire?

CHRIS:
Il y a beaucoup d’activités agricoles qui sont menées dans les régions avoisinant le mont Elgon. Les terres situées à l’est de l’Ouganda sont très fertiles. Toutefois, plusieurs agricultrices et agriculteurs ne savent pas utiliser leur terre de la meilleure façon. En plus de cela, la région est très vallonnée. Lorsqu’il pleut, l’eau qui ruisselle traverse les champs des gens à grande vitesse, emportant avec elle la couche arable.

L’UICN a découvert que la plupart des agricultrices et des agriculteurs ne faisaient rien pour empêcher que cette terrible situation ne se produise. Le peu de personnes qui tentaient de faire quelque chose s’y prenait mal.

ANIMATEUR:
Comment s’y prenaient-ils?

CHRIS:
Ils creusaient les tranchées en aval. Ils pensaient que l’eau se dirigerait en aval, sans endommager leurs exploitations. Mais cela a continué a emporté leurs terres, et le problème a persisté pendant des années.

ANIMATEUR:
À quel moment l’UICN a-t-elle décidé de former les gens sur les meilleurs moyens de lutte contre l’érosion du sol?

CHRIS:
L’UICN a commencé a formé les agricultrices et les agriculteurs sur la lutte contre l’érosion du sol en 2011. Nous avons montré aux gens comment bien creuser les tranchées, nous les avons encouragés à construire des bandes de contours sur leurs exploitations, nous avons appris aux gens qui se trouvent sur les berges à laisser des zones tampons entre l’eau et l’exploitation agricole, et nous avons encouragé les gens à planter des arbres, en particulier les espèces indigènes.

ANIMATEUR:
Quelles sont quelques-unes des difficultés que vous avez rencontrées?

CHRIS:
Plusieurs personnes ne voulaient pas venir aux formations. Certains, dont les terres sont situées sur les berges, ne voulaient pas créer de zones tampons, même s’ils savaient que la montée des eaux de la rivière emporterait leur terre.

Ils avaient également peur que les responsables des aires protégées environnantes ne réclament leurs terres. Ces personnes vivent à côté du parc national du mont Elgon et les problèmes d’empiétement sont fréquents. Plusieurs d’entre eux n’ont toujours pas adopté les méthodes que nous leur avons apprises.

Dans le cadre du projet, nous avons créé un fonds d’encouragement pour motiver les populations. Il s’agit d’un fonds renouvelable, dont le fonctionnement est très simple: le fonds encourage l’adoption de méthodes particulières en récompensant ceux qui les adoptent. Toute personne qui adoptait de bonnes pratiques de gestion des terres remplissait automatiquement les conditions pour recevoir un prêt.

Les conditions du prêt étaient très intéressantes, car les intérêts étaient moins élevés que ceux qu’accordaient les institutions financières. Le taux d’intérêt est de 5 % et l’agricultrice ou l’agriculteur le rembourse après trois mois.

ANIMATEUR:
Est-ce que cela aide à augmenter le taux d’adoption?

CHRIS:
Si. Maintenant, même ceux qui n’étaient pas disposés à adopter les méthodes quoi qu’il advienne, commencent à envier ceux qui les ont adoptées. Ils sont eux aussi de plus en plus motivés à les adopter.

ANIMATEUR:
C’était M. Chris Lutakome, un employé de l’UICN qui forme les agricultrices et les agriculteurs sur de nouvelles pratiques améliorées de lutte contre l’érosion du sol. Il les encourage également à planter des arbres pour réduire les impacts négatifs des rayons chauds du soleil sur les cultures, et pour réduire les risques d’érosion du sol.

Aujourd’hui, nous avons entendu des agricultrices et des agriculteurs nous parler des changements qui surviennent lorsque vous réduisez l’érosion du sol à l’aide de méthodes, telles que les bandes de contours, les tranchées et la plantation d’arbres. Nous espérons que vous aurez le goût d’adopter certaines de ces méthodes, afin de bénéficier des avantages que procure la lutte contre l’érosion du sol.

N’oubliez pas d’écouter l’émission la semaine prochaine qui portera sur le thème de ___.Ciao, c’était moi ___.

Acknowledgements

Rédaction : Tony Mushoborozi, développeur de contenu, Scrypta Pro Ltd., Ouganda

Révision : Richard Muhumuza Gafabusa, chef de projet, Projet sur les approches écosystémiques de l’adaptation au changement climatique, UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature), Ouganda, et Sophie Kutegeka – Mbabazi, agente principale de programme, UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature), Ouganda

Information sources

Entrevues réalisées avec les agricultrices et les agriculteurs Mme Bushendich Annet, M. Silkei Mike Chemusto et Mzee Somikwo Charles, tous originaires de Kaptokwoi, Kokop Emanuel de Benet et l’employé de l’UICN, M. Chris Lutakome. Toutes les entrevues ont été réalisées le 5 février 2015.

Radios Rurales Internationales aimerait remercier l’Union international pour la Conservation de la Nature d’avoir apporté son appui à la production de ce texte radiophonique.

Les initiatives visant à sensibiliser les populations par rapport à la restauration des paysages forestiers sont appuyées par le ministère du Développement international (UK Aid), par l’entremise du gouvernement du Royaume-Uni