Les légumes traditionnels africains : De retour sur la table

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Il existe plus de 300 espèces différentes de légumes traditionnels africains qui sont consommés en Afrique de l’Est depuis de nombreuses années. Ces légumes sont connus pour leur valeur nutritive aussi bien que médicinale.

Les légumes traditionnels africains constituaient une grande partie du régime alimentaire et de la culture des gens jusqu’à l’arrivée des légumes « modernes » comme le chou et les carottes. Cependant, au cours des dernières années, les légumes traditionnels ont lentement regagné en popularité. Les légumes autrefois négligés sont maintenant cultivés par des petits exploitants agricoles, vendus sur des marchés à ciel ouvert et dans des supermarchés et consommés par les populations à la fois rurales et urbaines.

Le présent texte relate les expériences de gens qui ont réussi à cultiver et à vendre des légumes traditionnels au Kenya. Il illustre comment les agriculteurs peuvent faire pousser des légumes traditionnels pour améliorer leur revenu et leur sécurité alimentaire.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Montée de l’indicatif musical puis fondu enchaîné

Animatrice :
Essayez de deviner. Ils sont nutritifs, ils poussent bien en milieu sec, ils peuvent être une source de revenu et ils sont écologiques… Si vous avez répondu les légumes traditionnels africains, vous avez raison et c’est ce que nous allons apprendre aujourd’hui.Montée de l’indicatif musical et fondu enchaîné sous la voix de

Animatrice :
Bonjour et bienvenue à l’émission Farmer to Farmer. Je m’appelle Winnie Onyimbo. En Afrique de l’Est, les légumes traditionnels africains comme le calalou, la plante-araignée, le chou éthiopien ou africain, la morelle jaune et d’autres sont de retour sur notre table. Il n’y a pas si longtemps, ces légumes étaient jugés sans intérêt et rétrogrades. De nombreux citadins ne savaient pas comment les faire cuire convenablement. Mais tout cela a changé.

Aujourd’hui, nous allons partir en voyage pour suivre la chaîne de valeur des légumes-feuilles africains. En cours de route, nous nous informerons sur leur importance pour notre régime alimentaire et comment ils peuvent contribuer à renforcer la sécurité alimentaire en Afrique. Nous rendrons visite à des gens qui non seulement produisent les légumes, mais qui ont une passion pour eux. Tout d’abord, nous rendrons visite à un vendeur de semences, puis à un agriculteur qui cultive des légumes traditionnels africains, ensuite à un chercheur spécialisé dans les légumes traditionnels et enfin à un représentant de supermarché. Mais notre voyage commence et se termine dans la cuisine.

Bruit de cuisson.Fndu enchaîné et maintien durant la conversation.

Animatrice :
Je me trouve dans la cuisine d’Anne. Anne fait cuire et mange des légumes-feuilles africains. Je la regarde préparer un repas de légumes traditionnels qui sont dorénavant devenus très populaires en Afrique de l’Est. (Pause) Alors, que cuisinons-nous aujourd’hui?

Anne :
Aujourd’hui nous cuisinons du calalou et de la plante-araignée.

Animatrice:
Pourquoi préférez-vous les légumes traditionnels africains?

Anne :
Ils sont sucrés, meilleurs pour la santé que le chou frisé et le chou vert, et ils cuisent plus vite.

Animatrice :
Ça sent bon. Combien faudra-t-il de temps?

Anne :
Moins de 10 minutes.

Animatrice:
Très bien, c’est à peu près le temps qu’il nous faudra pour raconter l’histoire de mon voyage en vue de m’informer sur les légumes traditionnels africains au Kenya. Mon premier arrêt a eu lieu à Wangige, petite ville en banlieue de Nairobi, capitale du Kenya, où j’ai rencontré Kangara, un vendeur de semences.

Bruit de cuisson en fondu enchaîné

Bruit d’une voiture qui démarre, puis fondu enchaîné

Animatrice:
Les semences sont le début de la chaîne de valeur pour les légumes traditionnels africains. Kangara ne vend que des semences de qualité de légumes traditionnels africains.

Kangara:
J’obtiens mes semences de Nakuru. La demande est très forte à l’heure actuelle. Bon nombre de gens préfèrent ces légumes, même dans les grandes villes.

Animatrice:
Même si les semenciers étaient sceptiques au début pour travailler avec des légumes traditionnels africains, leur popularité dans les supermarchés et sur les marchés en plein air a créé un débouché pour les semences de légumes-feuilles africains.

Kangara:
Je vends aux agriculteurs et à d’autres vendeurs de semences qui veulent du calalou, de la plante-araignée, le chou frisé africain et la morelle jaune. Je livre dans les villes et les villages. Je le fais depuis 30ans et j’ai scolarisé mes enfants jusqu’au niveau collégial.

Montée du bruit de cuisson, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animatrice.

Animatrice:
C’était Kangara, un vendeur de semences de légumes traditionnels. (Pause) Du centre du Kenya, mon voyage pour suivre les traces des légumes-feuilles africains m’a ensuite conduite à Kiserian, un établissement situé dans la province de la vallée du Rift au Kenya, où j’ai rencontré Stephen Kimondo, un agriculteur qui cultive uniquement des légumes africains.

Bruit d’une voiture qui démarre, puis montée de bruits de la ferme. Fondu enchaîné et maintien durant la conversation.

Animatrice:
Parce que les semences de Stephen Kimondo sont de bonne qualité et qu’ilutilise uniquement du fumier de vaches, ses légumes poussent bien et ont un vaste marché. (Pause) Pourquoi les gens s’intéressent-ils autant aux légumes-feuilles africains?

Kimondo:
Les gens s’éloignent des soi-disant aliments transformés chimiquement et retournent à leurs racines. Et ce retour aux racines est synonyme de légumes traditionnels. Alors, je donne aux gens ce qu’ils veulent.

Animatrice:
Quand avez-vous commencé à faire pousser ces légumes?

Kimondo:
Je le fais depuis l’an 2000 et j’adore ce que je fais.

Animatrice:
À qui les vendez-vous?

Kimondo:
Nous avons commencé avec les supermarchés. Ensuite, nous avons constaté qu’un certain nombre de gens ne vont pas dans les supermarchés. Alors, nous nous sommes dit pourquoi ne pas les vendre sur les marchés en plein air? Nous les chargeons donc le matin sur nos camionnettes et nous les emmenons au marché ouvert.

Animatrice:
Quels changements avez-vous constatés depuis que vous avez commencé à vendre aux gens qui achètent les légumes sur les marchés locaux?

Kimondo:
Vous seriez surpris; nous ne pouvons pas répondre à la demande du marché. Le marché est trop gros. La majorité des peuples maasai n’avaient pas l’habitude de manger des légumes, mais maintenant ils le font!

Animatrice:
Quelle sorte d’engrais utilisez-vous?

Kimondo:
Du fumier ordinaire de vaches. Ici, nous sommes entourés par les peuples maasai avec leurs bovins. Notre fumier est organique; nous n’utilisons pas d’engrais chimiques.

Animatrice:
Qu’en est-il de l’eau? Je vois que vous avez des tuyaux qui serpentent entre vos légumes. D’où vient l’eau?

Kimondo:
C’est vrai – nous utilisons un système d’irrigation au goutte-à-goutte. Nous creusons un trou de sonde et c’est ce que nous utilisons. Il conserve beaucoup d’eau. Autrement, l’irrigation par aspersion sur frondaison est encombrante.

Animatrice:
À quelle fréquence irriguez-vous?

Kimondo :
Nous faisons notre irrigation le soir parce qu’il fait vraiment chaud le jour.

Animatrice:
Je vois que vous avez de nombreuses variétés différentes de légumes. Poussent-ils tous durant la saison des pluies et la saison chaude ou bien faites-vous une rotation des légumes selon les saisons?

Kimondo:
Nous ne changeons pas les cultures que nous faisons pousser selon les saisons. Nous faisons pousser uniquement des légumes traditionnels et la majorité d’entre eux vont bien, pourvu que vous cultivez votre ferme et arrosez les légumes.

Animatrice:
Je sais que vous les faites pousser, mais mangez-vous ces légumes vous-même?

Kimondo:
Vous seriez surpris. Je mange un kilo de légumes crus pendant que je traverse ma ferme à pied. Lorsque je vois une belle feuille, je la mets simplement dans ma bouche. Ma famille les aime aussi. Ils savent que les légumes sont à la fois nutritifs et médicinaux. Vous savez que nous devons montrer l’exemple.

Animatrice:
Vous avez dit que vous faites pousser ces légumes traditionnels depuis l’an 2000. En quoi cela a-t-il changé votre vie?

Kimondo:
J’adore l’agriculture. Si j’en tire un shilling ou deux, alors pourquoi ne devrais-je pas continue à le faire? La meilleure chose c’est que vous ne pouvez jamais satisfaire les masses avec des légumes africains. Si j’avais 100 acres, je le ferais encore et je gagnerais probablement plus d’argent. Mais avec le peu que j’ai, je remercie Dieu.

Animatrice:
Je constate que,pour vous, c’est plus que seulement de l’agriculture. Vous voyez la culture de ces légumes comme une façon d’aider les gens.

Kimondo:
Oui. Une fois, le supermarché Uchumi au Kenya rassembla 87 agriculteurs de partout au pays et, durant toute la journée, nous avons appris comment faire pousser des légumes traditionnels. La majorité d’entre eux font maintenant pousser ces légumes traditionnels à l’échelle du pays. J’essaie également de partager mon amour pour les légumes traditionnels à l’église et lorsque les gens entendent parler des légumes, ils en sont heureux et passent des commandes. J’ai constaté beaucoup de changements.

Animatrice:
Kimondo ne fait pas que vendre des légumes africains courants. Il a également introduit ce que certains d’entre nous appellent une mauvaise herbe – et ça se vend bien!

Kimondo:
Nous avons des choses comme la coréope odorante. La plupart des gens ne savent pas que la coréope odorante est bien meilleur que les habituels légumes traditionnels; il est très difficile de dire aux gens ce que c’est, à moins d’en cuisiner pour eux et de le leur faire goûter. Ils me voient en manger et je leur montre comment le faire cuire. Bien des gens ont des légumes traditionnels, y compris de la coréope odorante, dans des potagers. Nous disons aux gens comment faire pousser les légumes et les cuire parce que nous voulons qu’ils bénéficient du contenu de leurs jardins. Nous encourageons les gens à dépasser les limites des choses avec lesquelles ils sont familiers. C’est la raison pour laquelle nous vendons maintenant beaucoup de coréope odorante et d’autres «mauvaises herbes».

Animatrice:
C’était un très enthousiaste Kimondo, un producteur de légumes africains de la province de la vallée du Rift au Kenya. (Ricanement) Cependant, je ne suis pas certaine que je mangerais de la coréope odorante.

Humm … les légumes commencent à sentir très bon. (Pause) Mais revenons à mes voyages. Mon prochain arrêt a été Bioversity International à Nairobi pour comprendre davantage la coréope odorante et les autres légumes traditionnels africains.

Il me reste quelques minutes avant que mon repas soit prêt. Je pense que je peux incorporer deux arrêts supplémentaires avant de déguster mes légumes traditionnels.

Bruit d’une voiture qui démarre, puis fondu enchaîné

Animatrice :
À Bioversity International, j’ai rencontré Patrick Maundu, chercheur sur les aliments africains. Selon M. Maundu, ces légumes fournissent des protéines, du fer, de la vitamine A, de l’iode, du zinc et du sélénium en quantités jusqu’à sept fois supérieures à celles du chou.

Animatrice :
Alors, qu’est-ce qui a déclenché l’intérêt pour ces légumes africains négligés?

Maundu:
C’est le résultat d’un certain nombre de facteurs. L’un est le fait que bien des gens sont maintenant conscients de leur santé et s’efforcent le plus possible de manger sainement. Comparativement au chou vert et au chou frisé, les légumes traditionnels sont assez nutritifs. La deuxième raison est que les gens veulent se diversifier et manger d’autres choses. L’économie de l’Afrique progresse chaque année et les populations ont un peu plus d’argent à dépenser sur d’autres choses. Alors, pourquoi ne pas essayer d’autres saveurs? Un autre facteur est que les gens prennent de plus en plus conscience de leur culture; ils veulent retourner à leurs racines et la nourriture est un élément important de notre tradition. Je pense que tous ces facteurs réunis contribuent à ce que nous voyons. Je devrais peut-être mentionner une autre chose que nous pourrions ignorer, à savoir le VIH et le sida. Pourquoi? Parce que les personnes séropositives veulent une alimentation saine. De nombreux docteurs ont suggéré que les gens devraient diversifier leur goût pour les légumes. Nos légumes traditionnels sont assez riches en nutriments, alors pourquoi ne pas leur donner une chance si vous voulez vivre en bonne santé?

Animatrice:
Pourriez-vous mentionner quelques légumes et leur valeur nutritive?

Maundu:
Différents légumes sont riches en nutriments différents. Il existe de nombreuses sortes de calalou-feuille, mais généralement le calalou est riche en vitamine A et en fer. La morelle jaune est riche en calcium. Un autre légume que certains de nos auditeurs connaissent peut-être est le ben oléifère. Le genre le plus commun est connu sous le nom de Moringa oleifera. Il est normalement séché et moulu en poudre et on le trouve dans les supermarchés. Le ben oléifère est connu comme le légume miracle parce qu’il est riche en à peu près tous les nutriments auxquels vous pouvez penser, notamment certains des minéraux rares dont le corps a besoin. Chaque légume a son propre avantage et c’est la raison pour laquelle c’est une bonne idée de manger autant de légumes différents que possible, afin de pouvoir profiter de nombreuses sortes de nutriments.

Animatrice:
En dehors de la valeur nutritionnelle de ces légumes, il y a aussi leur valeur médicinale. Vous pourriez peut-être en mentionner quelques-uns qui, selon vous, ont une valeur médicinale.

Maundu:
Bon nombre de ces légumes sont bons pour l’estomac. L’un d’eux est la corète potagère. Lorsque vous êtes anémique, il y a des légumes comme la plante-araignée. Lorsque les gens souffrent d’amygdalite, vous les voyez prendre de la morelle jaune parce que certaines personnes croient que c’est un bon antibactérien et qu’il est utile pour la gorge.

Animatrice:
Quelle est l’importance de ces aliments-feuilles africains pour la sécurité alimentaire en Afrique?

Maundu:
En Afrique, bien des gens ne mangeaient pas les légumes qui poussent dans leur cour. Au lieu de cela, ils allaient aux supermarchés pour y acheter des choses qu’ils ne peuvent pas faire pousser. Ils dépensent plus d’argent pour acheter des aliments moins nutritifs. Et comme ils sont moins nutritifs, cela porte préjudice à la sécurité alimentaire dans les foyers.

Un grand avantage des légumes-feuilles africains c’est que les légumes sont adaptés au climat local parce que chaque collectivité a sa propre liste de légumes que les gens font pousser dans leur propre région. Par conséquent, les pénuries de pluie fréquentes ont moins de chances d’affecter ces légumes. Et les habitants locaux savent comment les faire cuire. Cela fait partie de leur culture. En termes de sécurité alimentaire, la culture de légumes locaux améliore leurs chances d’avoir quelque chose sur la table durant toute l’année et aussi quelque chose de plus à vendre sur le marché local.

Animatrice:
Parlons des légumes que les gens ne mangent habituellement pas et considèrent comme des mauvaises herbes. Pourriez-vous en citer quelques-uns?

Maundu:
Je peux en mentionner quelques-uns qui ne sont pas plantés mais qui sont ramassés à l’état sauvage : deux bons exemples sont la coréope odorante et le Galinsoga à petites fleurs, qui sont courants sur nos fermes. De temps à autre, les agriculteurs les ramassent dans leurs champs et les incorporent avec leurs légumes pour diverses raisons, peut-être pour améliorer leur goût ou changer leur consistance – et cela fait partie de la cuisine africaine.

Animatrice:
Très bien, parlons de les faire pousser. De nombreux agriculteurs que j’ai rencontrés se contentent de semer à la volée les semences.

Maundu:
La règle commune est que si le légume atteint 1,50mètre, il est inutile de rapprocher les plants. Mais si le légume n’atteint que 30cm, vous devez rapprocher l’espacement entre les plants. Par exemple, la morelle scabre donne de meilleurs résultats s’il est espacé de 30cm et planté en rangées. Pour la crotalaire qui est une plante populaire dans l’ouest du Kenya et dans le nord de l’Ouganda, les semis à la volée sont les meilleurs parce que, même si vous les surpeuplez, cela n’affecte en rien leur rendement.

Animatrice:
Vous disiez que ces légumes sont bons pour la sécurité alimentaire parce qu’ils sont rustiques. Qu’en est-il de l’eau et du fumier – en faut-il beaucoup?

Maundu:
Cela dépend du légume. Par exemple, certaines sortes de calalou exigent beaucoup d’azote – la morelle jaune a aussi besoin de beaucoup d’azote. C’est la raison pour laquelle il pousse à l’état naturel près des enclos de bovins où il y a beaucoup de fumier. Mais certains légumes-feuilles africains donnent de bons résultats dans des sols extrêmement pauvres. Certains ont besoin de beaucoup de fumier, certains pas beaucoup et certains autres ont besoin de beaucoup d’eau, comme la morelle scabre. C’est la raison pour laquelle vous devez diversifier sur votre ferme, pour faire pousser autant de ces légumes que possible.

Animatrice:
Pour le petit exploitant agricole ou pour un citadin qui voudrait faire pousser ces légumes, que leur conseilleriez-vous?

Maundu:
Tout d’abord, vous avez besoin de semences. Mais, de nos jours, il est facile de se procurer des semences, dans les magasins de fournitures agricoles ou auprès d’institutions qui font des recherches sur les légumes-feuilles africains. Ils seront toujours heureux de vous donner des semences pour les faire pousser. Vous pouvez même mettre de la terre dans des sacs et fertiliser et faire pousser toutes sortes de légumes en autant que vous les arrosez. L’espace n’est donc pas une contrainte, même si vous habitez en appartement.

Animatrice:
Très bien, parlons maintenant de la cuisine. Quelle est la meilleure façon de les faire cuire?

Maundu:
Bon nombre d’entre eux ont seulement besoin de cuire pendant un maximum de dix minutes. Si vous les faires cuire plus longtemps, vous risquez de perdre bon nombre des vitamines qui sont décomposées par la chaleur, notamment les vitamines C et A. La meilleure façon est donc de les faire cuire aussi brièvement que possible sans compromettre leur goût.

Animatrice:
C’était Patrick Maundu, chercheur sur les aliments africains de Bioversity International à Nairobi.

Bruit d’une voiture qui démarre, puis fondu enchaîné

Animatrice:
Il me reste du temps pour un autre arrêt avant de prendre mon repas. Pour mon dernier arrêt, je suis passé devant un des principaux supermarchés à Nairobi pour examiner leurs légumes et voir si les filières de commercialisation pour les légumes-feuilles africains fonctionnent bien.

Bruits d’un supermarché, puis fondu enchaîné

Animatrice :
Je suis au supermarché Uchumi à Nairobi, dans la section des aliments frais. Nous sommes en fin d’après-midi et de nombreux clients font la queue pour acheter des légumes. Je peux voir des produits frais, propres et bien emballés: calalou, plante-araignée, chou frisé africain, morelle jaune, feuilles de citrouille et feuilles de niébé. Il y a quelques années, ces légumes n’étaient pas stockés par les supermarchés comme celui-ci.Edward Azere est le chef d’équipe de la succursale au supermarché Uchumi sur la rue Koinange à Nairobi.

Animatrice :
Pourquoi stockez-vous des légumes traditionnels?

Edward Azere :
Les Kenyans aiment vraiment les légumes traditionnels. Ils sont bons pour leur santé. Ils préfèrent les légumes traditionnels, surtout le calalou, la plante-araignée, la morelle jaune et le niébé, qui sont très nutritifs et ont également une certaine valeur en médecine traditionnelle.

Animatrice :
Comment vont les ventes de ces légumes traditionnels?

Edward Azere :
Dans nos magasins à l’échelle du pays, les légumes traditionnels sont les meilleurs vendeurs au niveau des produits frais. Ils représentent 80% des ventes de nos produits frais. La demande dépasse parfois l’offre.

Animatrice :
Où vous procurez-vous les légumes?

Edward Azere :
Nos fournisseurs les obtiennent auprès des agriculteurs et ils nous les livrent très tôt le matin. Ils viennent d’aussi loin que l’ouest du Kenya et de la vallée du Rift, parce que nous croyons aux produits frais à Uchumi. Nous n’obtenons pas nos légumes de Nairobi parce que nous n’avons pas de fermes à Nairobi, mais aussi parce qu’ils pourraient utiliser des produits chimiques dangereux.

Animatrice :
Je m’entretenais avec Edward Azere, gérant de la succursale du supermarché Uchumi à Nairobi. C’était le dernier arrêt de mon périple. Allons voir si les légumes africains sont déjà cuits. Je suis prête pour une assiette appétissante de calalou et de plante-araignée.

Bruits de pas, puis fondu enchaîné

Animatrice :
Me voilà. Ho, ho…

Anne :
Vous arrivez à temps.

Animatrice :
L’odeur sucrée des légumes-feuilles africains. J’ai hâte de les goûter. Humm… savoureux!

Et ceci met fin à mon voyage sur les traces de la chaîne de valeur des légumes-feuilles africains au Kenya. Merci d’être restés avec moi durant tout ce voyage. Nous avons appris pourquoi les légumes-feuilles africains sont de retour sur nos tables, leur importance pour notre régime alimentaire et comment ils peuvent contribuer à améliorer la situation de la sécurité alimentaire en Afrique.

Nous avons entendu parler Kangara, un vendeur de semences de légumes traditionnels, et Kimondo, un agriculteur qui fait pousser des légumes traditionnels africains. Nous avons aussi parlé avec Edward Azere, représentant d’une chaîne de supermarchés, et avec Patrick Maundu, chercheur à Bioversity International. Au micro Winnie Onyimbo, votre animatrice de l’émission Farmer to Farmer, qui vous dit à la semaine prochaine.

Acknowledgements

Rédaction : Winnie Onyimbo, Transworld Radio, Nairobi, Kenya.
Révision : Patrick Maundu, Bioversity International.
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

Interviews avec :

Gidreff Kangara, vendeur de semences à Wangige, province Centrale au Kenya, 31 juillet 2012

Stephen Kimondo, agriculteur à Kiserian, province de la vallée du Rift au Kenya, 3 août 2012

Patrick Maundu, chercheur, Bioversity International, 18 août 2012

Edward Azere, gérant de succursale du supermarché Uchumi, Nairobi, 17 septembre 2012

 

Pour obtenir de plus amples informations et des recettes utilisant des légumes traditionnels :

Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI), 2006. Back by popular demand: The benefits of traditional vegetables. http://www.bioversityinternational.org/fileadmin/bioversity/publications/pdfs/1090_Back_by_popular_demand.The_benefits_of_traditional_vegetables.pdf?cache=1342739098

AVRDC (The World Vegetable Centre), sans date. African Traditional Vegetables: Recipes for Good Health.  http://libnts.avrdc.org.tw/web_docs/recipes/African%20Traditional%20Recipes_final_English.pdf

Slow Food, sans date. Cooking with Traditional Leafy Vegetables: Indigenous Plants in Tanzania’s Kitchen. Téléchargeable à : http://www.slowfoodfoundation.com/pagine/eng/pubblicazioni/pubblicazioni.lasso?-id_pg=27

Noms communs des légumes traditionnels africains: La liste qui suit donne les noms communs, en diverses langues, de certains des légumes mentionnés dans l’histoire. La liste n’est nullement exhaustive. Dans la plupart des cas, la langue est mentionnée en premier (en italiques) et ensuite le nom commun. Dans certains cas, seul le nom du pays est mentionné (en italiques), pas la langue précise. Dans la plupart des cas, les accents ne sont pas inclus. Cette liste repose sur des sources tirées de l’Internet, dont l’exactitude n’a pas été vérifiée.

Ben ailé, ben oléifère, benzolive, arbre radis du cheval : (Moringa oleifera) Adia: kpashima; Adje: drele; Aizo: celiman, yovokpatin; Anglais : moringa, horseradish tree, drumstick tree, sujuna, ben tree, ben oil tree; Bariba: yuru ara, yorwata yoroguma, goratonou, waguiri; Boko: worousolola, woso; Cotafon: kpatovi, kpatovigbe; Dendi: windi boundou; Fon: kpatima, yovokpatin, kpano, yovotin, kpanuman, kpanuyedede; Giriama: muzungi; Gourmantche: bouloubouli, ganbaaga; Gun: èkwè kpatin, kpajima; Hausa: jagalandi, bàgààrúúwár ÞMásàr, barambo, karaukin zaila, mákkà, ríímín násárà, sàmààrín dángáá, shùùkà hálíí, taɓa ni ka saamuu, zóógálé; Idatcha: langalanga, langali; Ife: ayinyere; Mahi: kpalouman, yovokpatin; Mina: yovo vigbe, yovo kpati; Oueme: yovokpatin; Saxwe: kotba; Swahili: mzunze, mlonge, mjungu moto, mboga chungu, shingo; Tchabe: agunmonliye, lagalaga; Yoruba and Nago: ewè igbale, ewè ile, ewè oyibo, agun oyibo, ayun manyieninu, ayèrè oyibo; Wama: masamanbu, yorikungufa.
Calalou: (espèce Amaranthus) Adja : tete; Afrikaans : hanekam, kalkoenslurp, misbredie, varkbossie; Aizo : fotete, gboholou; Anglais : amaranth; Anii : alefo, guiweguifonon, ifofonon; Bariba : afonnou; Bemba : lengalenga; Boko : efo, gasia; Chichewa : bonongwe; Congo : bitekuteku (Amaranthus viridis, Province de Kinshasa); Cotafon : fotete, tete; Dendi : abahoham; Fon : fotete; Fulani : boroboro; Ghana : madze, efan, muotsu, swie; Giriama : logatsi; Gourmantche : aiinkpinnan; Hausa : alayyafu; Holly : thokoagbodjouba, tete ognibo, tetedudu, tetefounfoun, tetefufu; Idatcha : fotete; Ife : adjogodo; Kamba : woa; Kikuyu : terere; Kipsigis : kelichot; Kisii : embog; Kotokoli : alefo, karatchitou; Lozi : libowa; Luhya : libokoi; Luo : ododo; Maasai : nanyi; Mahi : fotete, tete; Nigeria : efo, tete, inene; Northern Soto : thepe; Nyanja : bonongwe; Oueme : soman; Otammari : adefo; Sierra Leone : grins (Créole), hondi (Mende); Swahili : mchicha; Tchabe : efo docteur, olowon’djedja; Temne : ka-bonthin; Tonga : bonko; Tsonga (Shangaan) : cheke; Tswana : imbuya, thepe; Venda : vowa, Wana : yonbita, yonbtena, yonman; Xhosa : umfino, umtyuthu, unomdlomboyi, Zulu : imbuya, isheke.

Chou frisé africain: Anglais : Ethiopian ou African kale; Luhya : kanzira; Luo : kadhira

Coréope odorante: (Bidens pilosa) Adja: djankoui; Anglais : blackjack; Anii: boboyo; Bondei: twanguo; Chagga: imbara; Gogo: mhangalale; Haya: obukuruna; Hehe: livanivani; Kamba: musee; Kikuyu: mucege; Luo: onyiego; Luhya: orogohe; Maasai: oloreperep; Matengo: injule; Mbwembwe Meru: ishashando; Ndebele: ucucuza; Ngoni: kisosoki, manyonyoli; Northern Soto: monyane; Nyamwezi: lekalamata; Nyaturu: mpangwe; Sambaa: kitojo; Shona: nhungunira; Swahili: kishona nguo; Tsonga (Shangaan): muxidji; Zulu: uqadolo.

Corète, corète potagère, corette, corette potagère, craincrain, jute potager, krinkrin, mauve des Juifs, épinard égyptien, gombo de brousse : (Corchorus olitorius) Adja: demi; Aizo: azatalouga, nenouwi, ninhouin, ninjouinaman; Anglais : jute mallow; Anii: ayoyo, banan, bawounna, gbannan; Arabic: molkhia; Bariba: yoyokun; Bembe: lusakasak; Boko: viohounda, viola, yoyogunan; Cotafon: ademe, demin, deminve; Dendi: ayoyo; Fon: ninnouwi; Giriama: vombo; Gourmantche: minapuopuoma, oyo, tibagnalifare; Hausa: láálò, malafia, tùrgúnùùwáá; Holly: eyo, obeodundun, obeyofunfun, obeyoloyo; Idatcha: yoyo; Ife: ayoyo; Kisii: omotere; Kotokoli: ayoyo; Luhya: omurere; Luo: apoth; Mahi: nennuwi, ninnou; Ndebele: idelele; Northern Soto: thelele; Nyanga: tindingoma; Otammari: tifaanti; Oueme: nenoun; Shona: nyenje, gusha; Sierra Leone: crain crain; Songhai: fakohoy; South African languages: telele, delele and gushe; Sudanese Arabic: khudra; Swahili: mlende; Tchabe: ooyo; Tonga: delele, cikombo bbuyu; Tsonga (Shangaan): guxe; Wama: sekefeman, yoyora, yroyrogou.

Crotalaria, crotalaire, chanvre de Bengale, sunn : (espèce Crotalaria) Anglais : crotalaria; Gourmantche : Kumalikoungu; Kamba : Kamusuusuu; Kipsigis : Kipkururiet; Luhya : Emiro, Mitoo; Luo : mito, mitoo; Maasai : Oleechei; Pokot : Karma; Wama : kuanonman.

Feuiller de citrouille: (Cucurbita moschata) Anglais : Crotolaria; Gourmantche: kumalikoungu; Kamba: kamusuusuu; Kipsigis: kipkururiet; Luhya: emiro, mitoo; Luo: mito, mitoo; Maasai: oleechei; Pokot: karma; Wama: kuanonman.

Galinsoga à petites fleurs: (Galinsoga parviflora) Anglais : gallant soldier.

Grande ortie, ortie élevée : (Urtica massaica) Anglais : stinging nettle; Kikuyu : thabai.
Morelle jaune, morelle poilue ou velue : (Solanum villosum) Adja: gboyame; Anglais : African nightshade; Chagga: kimachame; Cotafon; gboyame; Holly: ossun; Kamba: kitulu; Kipsigis: isoiyot; Kisii: rinagu; Kimasai: nyafu; Kizigua: mnavu; Luhya: namaska, lisutsa; Luo: osuga; Maasai: ormomoi; Luganda: nsugga; Swahili: mnavu; Taita: ndunda.

Morelle scabre: (Solanum scabrum) Adje: lanman; Anglais : giant African nightshade; Bariba: kopwonka; Kamba: kitulu; Kikuyu: managu; Kipsigis: isoiyot; Luhya: namaska; Luo: osuga; Luganda: nsugga; Maasai: ormomoi; Swahili: mnavu; Taita: ndunda; Wama: kotorokou.

Niébé: (Vigna unguiculata) Acholi: boo, ngor, enkoole; Adja: ayiman; Aizo: ayiman, yiviman; Alur and Jonam: amuli, obo; Amharic: adenguare; Anglais : cow peas; Anii: atchakobo, guisei; Arabic: lubia hilo; Bariba: suiwurusu; Boko: blaa; Bugisu: likote; Chichewa: khobwe; Cotafon: ayiman; Ethiopia: nori; Fon: ayiman; Giriama: tsafe; Gourmantche: titukpindi, toutoufari; Holly: ewa, eweewa; Idatcha: ewa; Kakwa: nyele, laputu; Kambe: nthooko; Kikuyu: thoroko; Kisii: egesare, kunde; Kokokoli: sonanfade; Langi: eggobe, ekiyindiru, mpindi; Luganda: kiyindiru, bojo; Luhya: likhuve; Luo: a lot-bo; Maasai: soroko; Mahi: ayiku, ayiman; Ndebele: ndlubu, indumba; Nigeria: agwa, akidiani; Northern Sotho: dinawa, monawa; Nyiha: kunde; Otammari: titu’nti, tituti; Oueme: ayiman; Oshiwambo: omakunde, olunya (white with black eye), omandume or ongoli (mixed black, brown, purple); Runyankore: omugobe; Rutooro: omugobe; Runyoro: omugobe; Sesotho: linaoa; Setswana: dinawa, nyeru, dinawa, morogo wa dinawa; Shona: nyemba; Siswati: tinhlumayi; Swahili: kunde; Tchabe: ewa; Teso: eboo, imere; Tonga: ilanda, nyabo; Tsonga (Shangaan): msoni; Tumbuka: nkunde; Uganda: amuli, boo-ngor, omugobe, boo (in Acholi and Luo); Wama: yangutu, yonguitu.

Plante-araignée, phalangère: (Cleome gynandra) : Adja : sabo; Anglais : spider plant; Bariba : garsia; Bembe : lubanga; Cotafon : kaya; Dendi : foulbe; Fon : akaya; Giriama : mwangani; Holly : djen’dje, effooko; Idatcha : efo; Ife : akaya, efun; Kalenjin : saget; Kamba : mwianzo; Kikuyu : thagiti; Kipsigis : isakyat; Lozi : sishungwa; Luganda : jjobyu; Luhya : tsisaka; Luo : alot-dek; Lusoga : yobyu; Maasai : lemba-e-nabo; Mahi : akaya : Marakwet : sachan, suroyo; Meru : munyugunyugu; Ndebele : elude; Nyanza : suntha; Okiek : isakiat; Pokot : suriyo, suriya, karelmet; Rendille : bekeila-ki-dakhan; Sabaot : sakiantet; Samburu : sabai, lasaitet; Sanya : mwangani; Setswana : lothue; Shona : nyeve, runi; Somali : jeu-gurreh; Swahili : mwangani, mgagani; Tonga : shungwa; Tsonga (Shangaan) : bangala, xibangala; Wama : garsia.