Utilisation efficace du vétiver : Une Campagne Radio Participative au Malawi aide les agriculteurs à conserver le sol dans leurs champs et l’argent dans leurs poches

Santé des sols

Notes au radiodiffuseur

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Entre 2008 et 2009, l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique (IRRRA) de Radios Rurales Internationales a collaboré avec cinq stations de radio au Malawi pour produire des Campagnes Radios Participatives (CRP). L’objectif consistait à savoir de quelle façon la radio peut aider les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles efficaces et peu coûteuses.

Dans trois des communautés impliquées, l’utilisation du vétiver pour conserver le sol et l’eau a été choisie comme technologie agricole améliorée. Zodiak Broadcasting Station, qui a un vaste auditoire dans ces communautés, était une des cinq stations de radio impliquées dans la campagne.

La CRP de Zodiak a produit des émissions interactives hebdomadaires sur ce sujet pendant six mois, en collaboration avec les communautés locales, les agents de vulgarisation et des spécialistes de la conservation de l’eau et du sol.

Le présent texte résume brièvement la CRP, présente quelques entrevues menées avec des agriculteurs et des agents de vulgarisation après la fin de la campagne et aussi quelques nouvelles entrevues avec des agriculteurs portant sur les résultats et les avantages de la campagne radio, plus d’un an après l’achèvement de ladite campagne.

Le projet de l’IRRRA a démontré qu’une Campagne Radio Participative soigneusement documentée et planifiée, portant sur une amélioration agricole choisie par les agriculteurs, peut offrir de vastes avantages, pas seulement dans les zones ciblées, mais aussi dans les communautés situées à l’extérieur des zones d’intervention directe.

Pour obtenir plus d’informations sur l’IRRRA, consultez le site Web du projet de Radios Rurales Internationales à l’adresse http://frrp.wpengine.com/francais/partners/afrri/index.asp.

Le présent texte a pour objectif principal de dresser un bilan du succès de la CRP au Malawi. Mais il peut aussi vous amener à réfléchir sur la valeur d’une implication plus active des agriculteurs dans votre programmation.

Vous voudrez peut-être demander aux membres de la communauté quels sont les enjeux les plus importants en matière de sécurité alimentaire pour les agricultrices et les agriculteurs de votre zone d’écoute. Ces derniers aiment entendre leurs propres voix à l’antenne et celles de leurs voisins. Vous pouvez les inclure par le biais de tribunes téléphoniques, en enregistrant des entrevues à la ferme, sur des marchés, en studio ou lors de discussions avec des agents vulgarisateurs et d’autres travailleurs agricoles à la station.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Personnages :

Animateur (présentateur du studio)
Reporteur itinérant/réalisateur (George Kalungwe)
Membres de la communauté :

  • Maliseni Joseph (homme)
  • Pansipowuma Ngoni (femme)
  • Chef du groupe de villages de Lavu (homme)
  • Salome Lonely Banda, agricultrice (femme)

Agents vulgarisateurs :

  • Mathews Kalimwayi, agent de perfectionnement de la vulgarisation agricole
  • Mac-Noel Amos Kaipanyama, coordonnateur du perfectionnement de la vulgarisation agricole de Mvera

Lieu : Village de Lavu,zone de planification de la vulgarisation de Mvera, autorité traditionnelle de Chiwere, district de Dowa, région centrale, Malawi

Animateur :
Bonjour chers auditeurs et auditrices, au micro…(nom de l’animateur)qui vous souhaite la bienvenue à cette émission. Aujourd’hui, nous allons apprendre comment Zodiak Broadcasting Station, également appelée ZBS, a effectué une Campagne Radio Participative au Malawi portant sur l’utilisation du vétiver pour conserver le sol et l’eau. La campagne faisait partie de l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique ou IRRRA.

Voici comment la campagne a débuté. Tout d’abord, la station de radio et le personnel de l’IRRRA ont effectué un sondage pour identifier les plus gros problèmes de sécurité alimentaire rencontrés par les agriculteurs locaux dans quinze communautés au Malawi. Cinq stations de radio ont été impliquées et chaque station a visité trois communautés. Trois des stations étaient communautaires et deux étaient des radiodiffuseurs nationaux.

Les villages choisis devaient être proches des stations de radio, être des communautés à prédominance agricole et avoir des topographies semblables.

Parmi les deux radiodiffuseurs nationaux, l’un était public et l’autre privé. ZBS était la station de radio privée impliquée. Une émission de radio appeléeMlera Nthakaétait un élément clé de la campagne de ZBS sur le vétiver (Note de la rédaction :Mlera Nthakasignifie«conservation des sols»dans la langueChichewa).
L’émission fut radiodiffusée tous les vendredis à compter de 18heures30 et répétée les mardis à 16heures30 pendant une période de six mois, de septembre 2009 à février 2010. Elle était réalisée par George Kalungwe et animée par Teresa Chirwa.

Les deux radiodiffuseurs étaient activement impliqués dans la recherche, par exemple en effectuant des sondages auprès des auditeurs et une évaluation du projet après son achèvement. Ils ont également reçu une formation pour la production efficace d’émissions radiophoniques agricoles, avec les radiodiffuseurs d’autres stations de radio prenant part à la recherche.

ZBS a effectué son sondage dans les trois villages de Lavu, Lovimbi et Makombe dans la région de l’autorité traditionnelle de Chiwere dans le district de Dowa au centre du Malawi.

Le sondage a révélé que ces trois communautés sont très vallonnées et donc sujettes à l’érosion du sol et de l’eau dans les champs. Même quand les agriculteurs appliquaient un engrais chimique ou du fumier organique sur leurs champs, les cultures ne pouvaient pas prospérer ou donner de bons rendements parce que les nutriments étaient lessivés par l’eau de pluie.

De concert avec les agriculteurs, le vétiver a été choisi comme «technologie d’amélioration». On a pensé que l’aptitude du vétiver à réduire l’érosion du sol aiderait à résoudre le problème des agriculteurs.

Ainsi donc, pourquoi le vétiver a t-il été choisi comme solution possible? Voici les caractéristiques de cette herbe :

Insérez – explication des caractéristiquesdu vétiver – lue par une voix différente

On dit que le vétiver vient de l’Inde. C’est une herbe vivace profondément enracinée à croissance rapide. Si on la sème avec les premières pluies, elle s’établit en quelques années. Ses racines forment un filet dense dans le sous-sol et en dessous, ce qui permet à l’herbe de résister à des sécheresses et à de fortes pluies.

Lorsque l’on creuse le sol pour former un billon et que l’on sème des plantes sur son sommet, on appelle cela un billon repère. Dans un champ avec des billons repères en contour, le vétiver est semé sur la pente supérieure des billons repères. Il contribue à filtrer les sédiments de l’eau de ruissellement. Après un certain temps, ces sédiments forment des terrasses qui sont particulièrement utiles sur les pentes très abruptes.

Le vétiver est relativement facile à entretenir et coûte très peu cher.

Semé en monorangs, le vétiver forme une haie vive épaisse qui réduit efficacement le ruissellement de l’eau de pluie, ce qui minimise l’érosion du sol. En ralentissant le ruissellement, il contribue à retenir l’humidité dans le sol et aussi les nutriments qui, autrement, auraient été lessivés.

Le vétiver n’abrite pas de parasites ni de maladies inquiétantes pour l’agriculture, y compris des termites. Toutefois, le feu peut endommager l’herbe quand elle est bien établie ou la détruire complètement quand elle n’est pas bien établie.
Le vétiver s’adapte à un large éventail de zones de précipitations, de températures et de sols. S’il y a des conditions climatiques extrêmes comme des sécheresses et des inondations, il récupère très facilement lorsque le temps s’améliore.

Il tolère une vaste gamme d’herbicides et de pesticides.

Comme bien d’autres sortes de cultures, le vétiver est sensible à l’ombrage et à la concurrence des mauvaises herbes, surtout durant sa première année d’établissement. Une grande quantité d’ombre réduira sa croissance. Le vétiver pousse mieux dans un environnement exempt de mauvaises herbes.

En raison de son aptitude à réduire l’érosion, cette herbe est également efficace pour récupérer les rigoles. De concert avec d’autres pratiques – par exemple l’utilisation d’engrais organiques ou inorganiques, l’agriculture écologique et l’agroforesterie – elle peut contribuer à rétablir la fertilité et les niveaux d’humidité de sols fortement dégradés.

Cette herbe n’entre pas beaucoup en concurrence avec les cultures principales dans un jardin. La semence du vétiver a une faible viabilité, ce qui réduit les chances qu’il devienne une mauvaise herbe.

Après avoir taillé la plante, l’herbe peut servir comme fourrage ou litière pour le bétail et aussi pour les maisons à toit de chaume.

Animateur :
Avant le début de la campagne, un atelier de conception de ladite campagne a été organisé avec des spécialistes de la conservation des sols et de l’eau, des agents de vulgarisation, des représentants des agriculteurs, du personnel de l’IRRRA et des radiodiffuseurs. La rencontre avait un double but : choisir les renseignements clés que les agriculteurs avaient besoin de connaître au sujet de l’utilisation du vétiver et dissiper les idées fausses entretenues par les agriculteurs au sujet de cette herbe.

Les renseignements clés englobaient la construction de billons repères, la construction de pépinières à vétiver et les soins à apporter aux haies.

Parmi les autres idées fausses, certains agriculteurs croyaient que le vétiver attire les souris et les termites dans les champs, absorbe les nutriments destinés aux cultures et empêche les cultures de recevoir assez de lumière du soleil.

Les émissions radiophoniques de la campagne étaient interactives dans le sens que la majorité des renseignements provenaient des agriculteurs dans les communautés à l’étude. Ces derniers avaient également la possibilité de fournir des rétroactions par le biais d’une interaction personnelle avec les agents vulgarisateurs et de discussions mensuelles en groupes de concertation, ainsi que par des messages SMS et des appels téléphoniques au réalisateur.

On encourageait les personnes qui ne pouvaient pas se permettre d’envoyer un SMS ou de faire un appel téléphonique à écrire des lettres et à les déposer au bureau de vulgarisation agricole de la région. Ces lettres étaient collectées par le réalisateur lors de ses visites d’enregistrement et de surveillance de l’auditoire. L’émission du dernier vendredi de chaque mois était consacrée aux rétroactions. Les agents de vulgarisation et les experts agricoles répondaient aux questions et aux commentaires portant sur le vétiver. Le projet a donc amplement mérité son nom de Campagne Radio Participative ou CRP.

Avant la campagne, les agriculteurs des villages concernés de Lavu, Lovimbi et Makombe ne pouvaient pas récolter assez de nourriture pour toute l’année. L’émission a provoqué un changement considérable, d’après les agriculteurs et les agents de vulgarisation. Maintenant, écoutons quelques-uns des agriculteurs et agricultrices interviewés par notre reporteur sur le terrain, George Kalungwe.

Pansipowuma Ngoni
:
Je m’appelle Pansipowuma Ngoni. Avant de commencer à écouter cette émission, j’avais deux endroits dans mon jardin qui étaient régulièrement lessivés par l’eau de pluie. Après avoir appris comment utiliser le vétiver, j’ai fait l’essai. Maintenant, l’eau ne traverse plus mon jardin. De nos jours, lorsque j’applique du fumier organique comme engrais, ma récolte de maïs semble en meilleure santé qu’auparavant parce que les nutriments ne sont plus lessivés hors du jardin.

Nous avons construit une pépinière de vétiver dans notre région par le biais d’un club que nous avons formé. J’offre l’herbe aux personnes dans le besoin. Ils peuvent venir en chercher un peu. Nous en avons en abondance.

Kalungwe :
Quel a été l’impact de votre décision d’utiliser du vétiver?

Pansipowuma Ngoni :
L’impact sera durable. Auparavant, l’érosion du sol posait un grave problème ici, mais maintenant nous avons réussi à le gérer. Notre village a maintenant atteint sa sécurité alimentaire. Le fumier organique que nous appliquons dans nos jardins agit mieux lorsque le champ est protégé par du vétiver.

Kalungwe :
Et maintenant, nous allons nous adresser à l’agriculteur M.Maliseni Joseph. M.Joseph, quelle mesure avez-vous prise après avoir écouté l’émissionMlera Nthaka?

Maliseni Joseph
:
Avant, je n’aurais pas permis de laisser pousser de l’herbe sur des billons repères, encore moins du vétiver. L’expérience nous a enseigné que les billons repères produisent des cultures saines. Même si vous n’appliquez pas d’engrais, vous êtes assuré d’en tirer quelque chose. Cependant, grâce à cette émission, j’ai appris que les billons repères produisent des cultures saines simplement à cause de l’eau de ruissellement. Ce que je veux dire, c’est que les billons repères emprisonnent tous les nutriments lessivés du jardin. Le maïs cultivé dans les billons repères absorbe donc ces nutriments. Ainsi, lorsque vous semez du vétiver dans un champ pour empêcher le lessivage du sol, cela signifie que tous les nutriments restent dans le champ. Vous avez donc une culture saine partout dans le champ.

Lorsque j’ai entendu parler du vétiver à l’émission, j’ai contacté l’agent de vulgarisation et je lui ai demandé de m’aider, parce que mon champ est très en pente. À bien des endroits, l’eau avait l’habitude de se frayer un chemin. J’avais fini par abandonner. Je laissais l’eau se chercher un passage dans mon champ. L’agent de vulgarisation, M. Kalimwayi, m’a dit de construire des billons repères et j’y ai semé l’herbe. Cette année, je n’ai pas eu de problèmes avec l’eau de ruissellement.

Kalungwe :
Faites-vous tout pour encourager vos collègues agriculteurs, qui pourraient être confrontés aux mêmes problèmes, à utiliser du vétiver?

Maliseni Joseph :
Oui. Je dis à tous ceux dont les champs se trouvent à des endroits vallonnés d’ériger des haies de vétiver. Il n’est pas convenable de laisser simplement l’eau se frayer un chemin dans votre champ. Cela réduit la superficie cultivable. Vous pouvez avoir une grande parcelle, mais vous ne récoltez peut-être pas assez à cause de l’érosion du sol. Ceux qui n’ont pas de vétiver devraient venir nous trouver.

Insérer – poème d’un villageois

Redson Positani :
Je m’appelle Redson Positani. Je viens du village de Lovimbi, dans l’autorité traditionnelle de Chiwere. J’ai un poème sur le vétiver.

Pourquoi es-tu venu ici, vétiver, alors que tu savais que moi, l’eau, j’y étais déjà?
Sans toi, j’aurais pu établir ma base ici.
J’étais très heureuse quand je faisais des tunnels dans leurs champs.
Vétiver, tu es si méchant.
Avant ton arrivée, je me frayais des passages en douceur dans leurs champs, aussi luisants que les gencives d’un enfant.
J’aurais pu établir ma base ici sans ton arrivée.
Je marchais la tête haute, emportant tous les nutriments du champ pour les déverser dans la rivière.
Mes amis étaient heureux ici car je leur apportais de la nourriture.
Tu m’as fait peur, vétiver.
Peux-tu voir que, ces jours-ci, je me promène dans la brousse parce que tu as répandu tes racines dans tous les champs?
Tu es aussi vert que la jacinthe d’eau.
Tu as habillé toutes les pentes que je dévalais avec fascination jusqu’à la rivière.
De concert avec les billons repères, tu m’as donné un bon coup.
Peux-tu voir maintenant que les gens sont heureux et que leurs champs sont solides comme le roc?
Tu as rempli toutes les rigoles béantes; elles sont douces comme si elles étaient chauves.
Ils sont maintenant capables de récolter suffisamment de maïs pour remplir leurs greniers à pleine capacité grâce à toi.
Tu as endurci le sol comme du macadam.
À partir d’aujourd’hui, je te crains beaucoup.

Animateur :
C’est une émission spéciale qui passe en revue l’impact d’une Campagne Radio Participative, ou CRP, effectuée par la Zodiak Broadcasting Station, station de radio privée qui figurait parmi les cinq stations de radio ayant participé à l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique (IRRRA) au Malawi.
La campagne était conçue pour enquêter sur la façon dont la radio peut aider les agriculteurs à adopter des technologies agricoles améliorées. Nous cherchons de quelle façon Zodiak FM a effectué une CRP pour enseigner aux agriculteurs comment utiliser le vétiver en vue de conserver l’eau et le sol.

Kalungwe :
Comme vous l’avez constaté, d’après les conseils entendus au cours de cette émission, les habitants des villages de Lavu, Makombe et Lovimbi ont mis sur pied des pépinières communales qui ont profité à bien des gens. Comment prennent-ils donc soin de ces pépinières? Maliseni Joseph?

Maliseni Joseph :
Lorsque les gens demandent cette herbe, nous ne la leur donnons pas tout simplement. Nous avons établi des règles. Par exemple, une personne doit tout d’abord nous prouver qu’elle a construit des billons repères. Lorsque nous en avons la certitude, nous aidons l’agriculteur à planter l’herbe dans son jardin. Certaines personnes ne savent pas comment faire les haies, qui sont indispensables pour que l’herbe agisse parfaitement.

Kalungwe :
Chef du groupe de villages de Lavu, quelles mesures avez-vous mises en place pour vous assurer que la pépinière est bien entretenue?

Chef du groupe de villages de
Lavu :
Nous nous sommes attribués des jours précis de la semaine durant lesquels nous venons désherber la pépinière pour nous assurer qu’aucune autre sorte d’herbes n’y pousse. Nous voulons seulement du vétiver. L’agent de vulgarisation vient aussi nous rendre visite pour voir comment nous en prenons soin.

Animateur :
Le ruissellement de l’eau est un des problèmes les plus graves auxquels sont confrontés les agriculteurs dans toute l’Afrique, et au Malawi en particulier. Une utilisation efficace du vétiver peut minimiser ce problème, comme l’a montré la Campagne Radio Participative menée par ZBS.

Maintenant George,un autre message clé de la CRP était la façon dont les agriculteurs devraient prendre soin de leurs pépinières de vétiver en préparation pour la prochaine saison. Comment ce message a-t-il été relayé aux agriculteurs?

Kalungwe :
Pour répondre à cette question, je suis accompagné d’un agent vulgarisateur de la zone de planification de la vulgarisation de Mvera, M. Mathews Kalimwayi.


Kalimwayi :
La chose la plus importante, c’est que les agriculteurs continuent d’inspecter leurs pépinières, surtout pendant la saison sèche lorsque les autres herbes naturelles se dessèchent. Il est également très important d’éviter les feux de brousse durant cette période. Au besoin, il faudrait même irriguer.

Nous conseillons aux agriculteurs de construire un pare-feu d’un mètre autour de leur pépinière de vétiver. Si d’autres herbes prennent feu à l’extérieur de la pépinière, leur pépinière sera épargnée. Nous leur disons également de surveiller leur bétail qui peut détruire l’herbe en la mangeant.

Kalungwe :
Je remarque dans les pépinières que la plupart des plants de vétiver sont petits. Les agriculteurs devraient-ils aussitaillerle vétiver dans la pépinière?

Kalimwayi :
Lorsqu’ils viennent tout juste de planter leur herbe dans la pépinière, elle est habituellement petite, si bien qu’ils ne peuvent pas la tailler. Toutefois, après six mois l’herbe dépasse normalement les 30 centimètres. C’est là que nous les encourageons à la tailler. Le meilleur moment pour tailler le vétiver dans la pépinière c’est en mai ou juin lorsqu’ils finissent de récolter leurs produits frais, ou de décembre à janvier au début de la saison des pluies.

Kalungwe :
Vous avez parlé de protéger l’herbe du feu dans la pépinière, mais qu’en est-il du vétiver qui se trouve dans les champs? Comment peut-il être protégé contre les incendies?

Kalimwayi :
Nous décourageons le brûlage des champs après la récolte. On enseigne plutôt aux agriculteurs de couper leurs résidus de récoltes, par exemple de maïs, et de les placer entre les billons. Ils ne devraient pas entasser les résidus, parce que les enfants brûlent parfois les tas lorsqu’ils vont à la chasse aux souris. Le feu est très destructeur quand il s’installe dans le champ d’un agriculteur.

Kalungwe :
En parlant de certains des agriculteurs, ils disent qu’ils oublient parfois de prendre soin du vétiver après la récolte de leurs cultures. Ils affirment être très occupés à vendre leurs produits frais ou bien ils veulent se détendre et oublient complètement l’agriculture.

Kalimwayi :
Ce que je suggérerais c’est que lorsque les agriculteurs vont récolter leurs cultures, ils devraient en premier lieu, avant de commencer la récolte, passer quelques minutes chaque jour à tailler une haie de vétiver. Le lendemain, un autre rang. Agir de la sorte facilite le travail. Ils constateront que, d’ici le temps où ils finiront de récolter leurs cultures, ils auront également terminé de tailler toutes les haies de vétiver dans leur champ. La même chose s’applique aussi aux pépinières de vétiver. Ils devraient trouver le temps de passer près de la pépinière et de tailler une partie de l’herbe, et ensuite se rendre à leur champ pour récolter leurs cultures.

Musique et chants exécutés par des villageois locaux au sujet du vétiver

Animateur :
Chers auditeurs et auditrices, nous examinons de quelles façons les agriculteurs ont utilisé les messages diffusés lors d’une Campagne Radio Participative menée par Zodiak FM du Malawi, dans le cadre de l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique. Cette campagne visait à éduquer les agriculteurs vivant dans des régions de hautes terres afin de réduire le ruissellement de l’eau et le lessivage du sol en utilisant du vétiver.

Kalungwe :
J’ai aussi demandé à un coordonnateur quel était l’impact de la campagne.

Mac-Noel Andrew Kaipanyama :
Je m’appelle Mac-Noel Andrew Kaipanyama. Je suis le coordonnateur de la vulgarisation agricole de Mvera. Pour répondre à votre question, nous avons constaté un changement formidable.

Nous parlions depuis longtemps du vétiver aux agriculteurs. Mais peu de gens suivaient notre conseil. Suite à la campagne radio, nous avons toutefois vu des pépinières s’établir dans ces villages. Bien des gens ont construit des haies de vétiver dans leurs jardins. Nous avons maintenant quatre pépinières de vétiver où les gens peuvent obtenir l’herbe gratuitement.

Animateur :
En quoi ce genre de
changement peut-il être relié à une campagne radio? La chef de file des agricultrices Salome Lonely Banda a la réponse.

Mme Salome Lonely Banda
(chef de file des agricultrices)
:
Nous savions que si nous ne suivions pas les conseils des réalisateurs de Zodiak, ils seraient découragés et cesseraient de venir nous voir, et alors plus personne ne nous entendrait à la radio.

Parfois, nous allions aux réunions uniquement pour voir les personnalités de la radio qui venaient faire les enregistrements et effectuer les recherches. Mais, ce faisant, nous avons appris bien des choses.

Même si certaines d’entre nous n’ont pas été interviewées, nous avons eu la possibilité de composer et de chanter des chants portant sur le vétiver et le fumier organique. Par les chants, nous avons toutes été entendues à l’émission.

Animateur :
C’était MmeSalome Lonely Banda, une chef de file des agricultrices dans la zone de planification de la vulgarisation de Mvera dans le district de Dowa de la région centrale au Malawi. C’est sur sa voix que prend fin notre émission. Aujourd’hui, nous avons passé en revue l’impact d’une Campagne Radio Participative effectuée dans la région par Zodiak Broadcasting Station dans le cadre de l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique.
Nous avons constaté qu’une campagne radio soigneusement orchestrée, qui implique les agriculteurs et des experts pour identifier les enjeux importants et mettre en œuvre la programmation radiophonique, peut accroître le nombre d’agriculteurs qui adoptent des améliorations agricoles. Ces méthodes améliorent leurs pratiques agricoles, leur sécurité alimentaire et leur vie.

Si vous avez des questions ou des commentaires au sujet de la campagne de l’IRRRA effectuée par Zodiak au Malawi, communiquez avec :

Gestionnaire de la station, Zodiak Broadcasting Station (ZBS)
Private Bag 312 Lilongwe, 3 Malawi
Téléphone : + 265 1 761 227
Télécopieur : + 265 1 762 724
Courriel : mmanyeka@yahoo.com

Au micro(nom de l’animateur).

Acknowledgements

Rédaction : George Kalungwe, rédacteur adjoint, Zodiak Broadcasting Station, Bureau des affaires, des finances et de l’économie, Lilongwe, Malawi.
Révision : Rex Chapota, directeur général, Farm Radio Malawi, et Kufasi Shela, agent en chef des ressources foncières et de la conservation, Division du développement agricole de Karonga.
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

Entrevues avec :

  • Maliseni Joseph, interviewé le 06/04/2011
  • Pansipowuma Ngoni, interviewée le 06/04/2011
  • Chef du groupe de villages de Lavu,interviewé le 17 mars 2009
  • Salome Lonely Banda, chef de file des agricultrices, interviewée le 19 juin 2009
  • Mathews Kalimwayi, agent de perfectionnement de la vulgarisation agricole, interviewé le 5 mars 2009
  • Mac-Noel Amos Kaipanyama, coordonnateur du perfectionnement de la vulgarisation agricole de Mvera, interviewé le 11 avril 2009

Pour obtenir de plus amples renseignements sur l’utilisation du vétiver, consultez les sources suivantes :