Le ramassage des déchets en plastique rend la ville propre et génère des revenus

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Notes au radiodiffuseur

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L’augmentation de la quantité de déchets plastiques dans les rues des villes africaines devient un problème crucial. L’utilisation de plastique pour emballer et pour les contenants a rapidement augmenté durant les dernières années. Aujourd’hui, des quantités massives de déchets plastiques finissent dans les poubelles. L’achat de n’importe quel produit donne l’occasion d’utiliser du plastique. Ce plastique est ensuite jeté dans les rues et bouche les caniveaux. Cette situation est l’une des causes expliquant les inondations à Lomé, la capitale du Togo.

Pour lutter contre ce fléau, l’ONG Environnement Plus a décidé de racheter les sachets de plastique usagés. Elle a installé des baraques dans certains quartiers de la ville dans cette optique. Non seulement cette activité citoyenne permet de rendre la ville propre et de protéger l’environnement, mais elle est aussi une source d’emploi et d’argent pour ceux qui contribuent au nettoyage.

Dans le long terme, les déchets seront recyclés et utilisés à d’autres fins, par exemple pour la fabrication de pavés, d’ardoises pour écoliers, de chaussures et d’autres items.
Ce texte est basé sur une interview réalisée avec des responsables de l’ONG Environnement Plus. Il parle de la gestion des déchets plastiques telle que pratiquée par cette organisation, et des opportunités créées dans le cadre des activités de collecte de déchets plastiques.

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Texte

Personnes interviewées

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè, présidente de l’ONG Environnement Plus,
Bernard Messan Atakpa, gestionnaire d’Environnement Plus,
Modeste Sedor, coordinateur d’Environnement Plus
Eric, collecteur de déchets plastiques dans le quartier de Nukafu
Kofi Nagbe, collecteur de déchets plastiques dans le quartier de Gbossimé

Générique puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur
Animateur :
Bonjour à toutes et à tous, et merci d’être des nôtres pour ce programme de Légende FM. Mon nom est Bonaventure N’Coué Mawuvi. Nous sommes réunis ici aujourd’hui pour parler de la gestion des déchets plastiques dans la capitale du Togo, Lomé. Nous allons parler avec des responsables de l’ONG Environnement Plus. Cette organisation a lancé un programme pour racheter les déchets plastiques auprès de la population citadine. Cet effort redonnera sa beauté à notre capitale et protègera l’environnement de tous. Mais nous allons d’abord marquer une courte pause.

Pause

Animateur :
Depuis un certains temps, la ville de Lomé présente un spectacle désolant. Les sachets plastiques jonchent les rues, un peu partout. Une situation menace sérieusement la beauté de la ville. Comment en est-on arrivé là? Que doit-on faire pour rendre notre ville propre? C’est à ces questions que vont répondre nos invités qui ont bien voulu nous recevoir dans leur bureau, des locaux situés dans le quartier de Tokoin Solidarité, non loin du Collège d’Enseignement Général, au nord de Lomé.
Avec nous pour débattre de ce sujet, nous avons Mme Esther Oguki-Atakpa Ewoè, la présidente de l’ONG Environnement Plus. Elle est avec ses collaborateurs Bernard Messan Atakpa, gestionnaire au sein de l’ONG, et Modeste Sedor, coordinateur de l’organisation.

Animateur:
Dites-nous, Madame la présidente, qu’est-ce qui vous a motivés à vous lancer dans l’achat des déchets plastiques?

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè
: Nous avons remarqué que nos villes étaient très sales et très polluées par des déchets plastiques. Les déchets bouchent les égouts, les rivières et tout. Alors, nous avons décidé de racheter les sacs en plastique auprès des gens.

Animateur :
Comment faites-vous l’achat de ces déchets plastiques? Monsieur Bernard Messan Atapka?

Bernard Messan Atakpa:
Nous utilisons des baraques installées à travers la ville de Lomé pour collecter et stocker les déchets plastiques. Actuellement, nous avons 12 baraques qui sont opérationnelles et quatre qu’on vient d’installer et pour lesquelles nous sommes en train de former des agents collecteurs. Donc, à court terme, on veut racheter ces déchets plastiques auprès des gens. Mais à long terme, on veut que la population prenne l’habitude de ne pas jeter les déchets plastiques dans les rues de nos villes.

Animateur :
Que cherchez-vous à accomplir en menant cette activité ?

Bernard Messan Atakpa :
Les sachets en plastique ont un impact sur l’environnement. Si vous êtes attentif, durant les saisons pluvieuses, vous remarquerez qu’ils bouchent les caniveaux et polluent l’environnement. Quand ces sachets sont dans le sol, ils mettent des centaines d’années avant de se décomposer. Leur enfouissement dans le sol bouche le système de drainage des sols. Ces sachets empêchent l’eau de s’infiltrer dans le sol. Quand l’eau est retenue à la surface du sol ou autour de la surface du sol, les moustiques se reproduisent et augment le potentiel de transmission du paludisme.
On constate aussi la multiplication de dépotoirs à ciel ouvert à travers la ville. Cela affecte négativement l’image de la ville de Lomé. Alors, nous avons mis cette initiative sur pied pour encourager les gens à donner un nouveau look à la capitale togolaise, et à changer l’image du Togo en général.

Animateur :
Monsieur Modeste Sedor?

Modeste Sedor :
Comme précédemment mentionné, les sachets en plastique ne se désintègrent pas d’eux mêmes, dans la nature, comme les déchets organiques ménagers. C’est ce qui fait qu’il y a urgence. Il nous faut débarrasser la ville de ces sachets-là pour permettre à l’eau de pluie de s’écouler librement et de s’infiltrer dans le sol.
Les sachets plastiques ne sont pas biodégradables. Enfouis dans la terre, ils empêchent l’eau de pénétrer plus en profondeur. Regardez ce qui se passe dans le quartier d’Adakpamé et les quartiers situés dans l’est de Lomé. (Note de la rédaction: ce problème existe aussi à Kibera, le plus grand bidonville au Kenya, et fort probablement ailleurs.) Une petite quantité de pluie et il y a une inondation. Le sol n’arrive pas à absorber plus d’eau de pluie. Le sol est gorgé d’eau, donc l’eau ne peut s’infiltrer parce qu’elle est bloquée par les sachets enfouis dans le sol suite aux actions des citadins.

Animateur :
Chers auditeurs, je vous rappelle que nous sommes dans les bureaux de l’ONG Environnement Plus. Et nous nous entretenons avec des responsables de cette organisation sur la gestion des déchets plastiques à Lomé.
Avant de continuer nos interviews, écoutons deux agents collecteurs d’Environnement Plus que nous avons rencontrés plus tôt, sur leur lieu de travail.

Montée de bruit de klaxons, de motocyclistes et de vendeurs ambulants, puis fondu enchaîné et soutenu sous la voix de l’animateur

Animateur :
Dites-moi, s’il vous plaît, comment vous achetez les sachets.

Kofi Nagbe :
Nous payons 75 FCFA pour un kilogramme de déchets plastiques. Alors quand les clients arrivent ici, nous avons une balance prête à l’emploi, dans notre baraque, et les clients peuvent voir eux-mêmes combien leur plastique pèse. Une fois le poids déterminé, on leur donne le montant d’argent qui correspond.
Animateur :
Est-ce que vous avez des problèmes quelconques avec les clients?

Kofi Nagbe :
Oh oui, il y a des problèmes. Mais il ne faut pas blâmer les clients parce qu’ils causent des problèmes, il faut les éduquer.

Animateur :
Quel genre de problèmes avez-vous?

Eric :
Parfois certains clients laissent des débris dans les sacs.

Animateur :
Quels genres de débris?

Eric :
Le sable, par exemple. Les sachets se pèsent avant leur achat. Certains clients trichent en mettant du sable dans les sachets pour qu’ils pèsent plus lourd. Il y a aussi des clients qui mélangent des sacs de riz avec les sachets plastiques. Cependant, nous n’achetons pas les sacs de riz.
Un autre problème que nous avons, c’est que nous avons seulement un certain montant d’argent que nous devons utiliser pour acheter les colis de sacs en plastique. Mais après qu’on a épuisé cet argent, on arrête les achats. Cela peut causer des disputes verbales entre les collecteurs de sacs en plastique et les vendeurs. Il y a aussi des clients qui viennent avec des produits que nous ne prenons pas, tels que des bidons plastiques et des plats en plastiques. Alors, on essaye de leur expliquer la situation.

Animateur :
Combien dépensez-vous par jour en achat de sacs en plastique?

Eric :
Quinze mille francs CFA (Note de la rédaction: environ 31 dollars américains ou 23 euros), ce qui représente 200 kilogrammes pour notre baraque de collecte du quartier de Nukafu.

Montée de bruit de klaxons, de motocyclistes et de vendeurs ambulants pendant deux seconds, puis fondu

Animateur :
C’étaient Kofi Nagbeet Eric, tous deux agents collecteurs pour l’ONG Environnement Plus, que nous avons rencontré sur le terrain. Retournons aux interviews, au bureau. Dites-nous, madame, messieurs, s’il y a eu des obstacles dans la réalisation de ce projet.

Bernard Messan Atakpa :
Nous avons quelques difficultés au niveau des points d’achats, surtout quand les clients viennent avec beaucoup de sacs. Une fois qu’ils ont épuisé l’argent réservé pour la journée, ils doivent attendre le lendemain. Ils n’aiment pas ça.

Animateur :
Voilà ce que nous ont dit vos agents collecteurs. Il y a donc quotidiennement plus de sachets à acheter que d’argent disponible?

Bernard Messan Atakpa :
Oui. Nous sommes dans notre quatrième mois d’activité. Nous avons un stock de 138 tonnes. On achète 1500 kilogrammes par jour.

Animateur :
Que faites-vous avec les sachets après les avoir achetés?

Bernard Messan Atakpa :
Actuellement, nous travaillons seulement à la collecte de ces déchets plastiques. Mais il y a une idée en arrière. Il y a des ONG et des entreprises qui achètent ces déchets plastiques et les recyclent.
Modeste Sedor :
Oui, il y a des projets qui sont mis en œuvre pour acheter les sachets que nous collectons et pour les recycler.

Animateur :
Quel est le but de ce recyclage?

Modeste Sedor :
Par exemple, la fabrication de pavés, la fabrication d’ardoises scolaires.

Animateur :
Des ardoises scolaires! Alors, qu’avez-vous constaté depuis que vous avez commencé cette activité? Est-ce que les gens de Lomé sont motivés?

Bernard Messan Atakpa :
Oui, je dirais qu’ils sont motivés, parce qu’ils comprennent le message. Nous constatons un changement sur certaines artères de la ville. Il y a une diminution du nombre de sachets dans nos rues. Et dans les quartiers où on a installé nos baraques, on voit que l’environnement est propre.

Modeste Sedor :
En plus de la collecte de déchets, nous avons aussi un programme de communication. Cela se fait en partie par le biais de la radio, en partenariat avec certaines stations locales. Les gens commencent à comprendre que les sachets en plastique ne sont pas juste des déchets, même ces gens qui ne sont pas proches des points de collecte. Les sacs en plastique deviennent un bien économique. Les gens peuvent collecter des sachets en plastique dans des zones très éloignées, et ensuite venir à nos points d’achats pour vendre leurs sachets.
On a déjà reçu quelques commentaires. Déjà, les gens, dans la rue, nous disent qu’il n’y a plus de sachets qui trainent ici et là. Ces « fleurs de la ville » ou « sachets voyageurs », comme les gens les appellent, on n’en voit plus tellement.

Animateur :
Avant d’enregistrer cette émission avec vous, Madame, Messieurs, nous avons interrogé quelques personnes, dans la rue, pour avoir leur avis sur votre initiative. Nous les écoutons à travers ce micro trottoir.
Bruits de rue (voitures, motos, conversations, etc). Fondu soutenu sous le micro trottoir.

Micro trottoir 1 :
Moi, je pense que c’est un bon projet, vu que cette action permet aux citadins que nous sommes d’être conscientisés et de faire attention aux sachets que nous trainons dans nos mains.

Micro trottoir 2 :
C’est une bonne chose; il faut les encourager à continuer. Ça rend la ville propre et c’est bien.

Micro trottoir 3 :
Cette activité nous concerne tous. Mais l’ONG ne couvre pas toute la capitale. Je ne sais pas comment elle va réussir à débarrasser la ville des centaines de milliers de sachets plastiques.

Micro trottoir 4 :
Écoutez, moi je ne sais pas où ces gens là trouvent de l’argent pour faire des choses pareilles. Est-ce qu’ils ne sont pas en train de nous tromper? Les élections locales approchent, vous voyez ce que je veux dire?

Montée de bruits de rue pendant deux secondes puis fondu

Animateur :
Que pensez-vous de ces réactions?

Madame Ester Oguki-Atakpa Ewoè :
Ce sont de bonnes réactions. Je crois que ces gens-là ont parfaitement raison. Il faut qu’on couvre toute la ville pour réduire le nombre des sachets plastiques de façon significative. Or vous voyez le petit nombre de baraques que nous avons. Je crois que c’est seulement peu à peu que nous allons conquérir toute la ville.

Animateur :
Où avez-vous trouvé l’argent pour réaliser cette noble activité ? Madame? Messieurs? Oui, Madame la Présidente.

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè :
Au début, on a commencé avec nos propres fonds. Plus tard, le Président de la République nous a aussi soutenus.

Animateur :
Cela a-t-il suffi à votre budget ?

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè :
C’est encore insuffisant, parce que la demande est tellement forte.

Modeste Sedor :
Présentement, on a seulement 12 points de collectes. Mais une centaine ne suffirait pas.

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè :
Oui, il nous faut au moins 100 baraques pour la ville de Lomé.

Animateur :
Est-ce que vous avez été déjà approchés par des personnes qui ont des projets de recyclage de sachets en plastiques?

Modeste Sedor :
Bien sûr. Il y a de la concurrence au niveau des ONG pour nous racheter ces déchets plastiques.

Animateur :
Eh bien, c’est une très bonne activité. S’il y a de la concurrence pour récupérer les sachets que vous rachetez, c’est très bien. Alors quelle requête allez-vous adresser aux décideurs pour que cette activité ne s’arrête en si bon chemin? Madame la Présidente?

Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè :
Nous demandons aux chefs d’entreprises de nous aider, de nous soutenir dans nos activités.

Bernard Messan Atakpa :
(Poursuivant la pensée de la présidente)… Pour que nous puissions évoluer, pour que nous atteignions notre objectif qui est d’avoir un Togo sans déchets plastiques.

Animateur :
Cette émission tire à sa fin. Merci à Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè, la présidente de l’ONG Environnement Plus, qui a bien voulu nous recevoir dans les bureaux de son association. Merci aussi à ses collaborateurs, Bernard Messan Atakpa, Modeste Sedor, Kofi Nagbé et Eric qui ont répondu à nos questions. Nous avons parlé de la gestion des déchets plastiques à Lomé avec l’ONG Environnement Plus. Cette ONG rachète des sachets plastiques de toutes sortes pour lutter contre la multiplication des déchets dans les rues de Lomé et l’obstruction des caniveaux, ce qui est une des causes des inondations dans notre pays. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis. Bonne journée à l’écoute de nos programmes.
Générique de fin

Acknowledgements

Rédaction: Bonaventure N’Coué Mawuvi, journaliste-reporter à Radio Légende FM
Révision: Mme. Tessa Goverse, Ph.D., Chef, PNUE Year Book Unit, Division of Early Warning and Assessment, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)

Information sources

ONG Environnement Plus
Merci particulier à:
Madame Esther Oguki-Atakpa Ewoè, présidente de l’ONG Environnement Plus
Bernard Messan Atakpa, gestionnaire à l’ONG Environnement Plus
Modeste Sedor, coordinateur de l’ONG Environnement Plus
Eric, collecteur de déchets plastiques dans le quartier de Nukafu
Kofi Nagbe, collecteur de déchets plastiques à Gbossimé
Amnesty International Togo, pour son réseau internet Wifi
Interviews réalisées le 4 octobre 2010.